- tirer
- (ti-ré) v. a.1° Attirer, mouvoir vers soi, quand on est soi-même immobile.2° Mouvoir après soi, vers soi, en marchant.3° Tirer à soi, amener de son côté. Tirer à soi la couverture.4° Tirer les yeux, faire mal aux yeux.5° Ce navire tire tant d'eau.6° Tirer le pied, la jambe. Tirer sa révérence.7° Faire sortir une chose d'un endroit ou d'une autre chose.8° Tirer du vin, de l'eau. Tirer au clair.9° Tirer la langue.10° Tirer les bas, les bottes à quelqu'un.11° Tirer pays.12° Tirer du sang.13° Tirer les vaches14° Faire sortir, au hasard, des billets, des numéros, des noms.15° Faire venir d'un lieu plus ou moins éloigné certains produits.16° Faire sortir en suçant.17° Extraire par voie de distillation ou d'expression.18° Tirer la racine d'un nombre.19° Faire sortir quelqu'un d'un endroit, l'éloigner de quelque chose.20° Délivrer, dégager quelqu'un soit d'un lieu où il est mal, soit de quelque état comparé à ce lieu.21° Étendre, allonger.22° Tirer l'or, l'argent, les étendre en fils déliés.23° Tirer au sec.24° Tirer un coup, l'assener.25° Er escrime, tirer des feintes, l'estocade.26° Lancer des armes de trait.27° Décharger une arme à feu.28° Viser avec une arme.29° Creuser en suivant une certaine direction.30° Tracer.31° Faire le portrait de quelqu'un.32° Tirer copie.33° Faire plusieurs exemplaires de ce qui est composé en caractères d'imprimerie.34° Tirer une lettre de change.35° Faire qu'une personne interrogée parle.36° Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir.37° Tirer tout, faire la vole.38° Fig. Puiser, emprunter.39° Faire sortir de, faire produire à.40° Inférer, conclure.41° V. n. Exercer une traction.42° Aller, s'acheminer.43° Tirer de long.44° Tirer à la mer.45° Remettre à la décision du sort.46° Tirer des armes.47° Tirer d'une arme de trait ou d'une arme à feu.48° Il se dit de l'arme à feu qui part et fait explosion.49° Faire éprouver une sensation de tiraillement.50° Tirer au volume. Tirer à la ligne.51° Tirer en longueur, se prolonger.52° Tirer à sa fin.53° Tirer à des conséquences, amener, entraîner certaines conséquences.54° Tirer à, avoir de la ressemblance avec.55° Tirer sur, avoir quelque rapport, quelque ressemblance.56° V. réfl. Se tirer, se délivrer, sortir. S'en tirer.57° Être ôté d'un lieu, en parlant d'un objet.58° Être mis hors.59° Être extrait de, par distillation ou expression.60° Être extrait de, par la mine, la pioche ou la pelle.61° Être obtenu, recueilli.62° Être l'objet d'un tir.63° Être imprimé.64° Être conclu comme conséquence.1° Attirer, mouvoir vers soi, quand on est soi-même immobile. Tirez cette porte. Il lui tirait les cheveux.• Comme un enfant qui est tiré par les voleurs d'entre les bras de sa mère, qui ne le veut point abandonner, PASC. Extr. des lettres à Mlle de Roannez, 8.• Ce fut un spectacle bien étrange de voir tirer un tribun ignominieusement par des licteurs et des affranchis hors de son tribunal, ST-RÉAL Conjur. des Gracques..• Il [le hocco] devient familier au point de heurter à la porte avec son bec pour se faire ouvrir, de tirer les domestiques par l'habit lorsqu'ils l'oublient...., BUFF. Ois. t. IV, p. 139.• Sa soeur cadette a beau la tirer par son vêtement, elle n'entend rien, DIDEROT Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 178, dans POUGENS.Fig.• Est-ce lui qui naguère aux dépens de sa vie Sauva des ennemis votre empereur Décie, Qui leur tira mourant la victoire des mains, Et fit tourner le sort des Perses aux Romains ?, CORN. Poly. I, 3.• Sa grâce et sa vertu sont de douces amorces, Qui, pour tirer les coeurs, ont d'incroyables forces, MOL. l'Ét. III, 2.Tirer le verrou, fermer une porte au verrou.Tirer la porte sur soi ou après soi, la fermer après l'avoir traversée.• Mon père est sorti brusquement, il a tiré sur lui la porte du cabinet, GENLIS Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 6.Tirer l'échelle, voy. échelle.Tirer l'oreille, les oreilles à quelqu'un, et fig. Se faire tirer l'oreille, voy. oreille.Populairement et fig. Tirer une dent, escroquer.Tirer la laine, voy. laine.Tirer l'eau, se dit de ce qui pompe l'eau par absorption.• Ce morceau d'aubier a repris de l'eau, et a continué d'en tirer pendant six jours, en sorte qu'au 10 avril il avait tiré 107 grains et demi d'eau, BUFF. Hist. nat. Introd. Oeuv. t. VIII, p. 338.Ce cuir tire l'eau comme une éponge, il s'en imbibe beaucoup,2° Mouvoir après soi, vers soi, en marchant. Tirer un cheval par la bride.• Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé.... Six forts chevaux tiraient un coche, LA FONT. Fabl. VII, 9.• Le champ est labouré, on n'a plus besoin des boeufs qui ont tiré la charrue, et on ne se soucie pas de les nourrir ; j'ai tiré, sire, la charrue le mieux que j'ai pu, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 8 nov. 1771.• En général, pour tirer un fardeau sur un terrain inégal et raboteux, comme ils le sont presque tous, il est plus avantageux de tirer un peu en haut, BRISSON Traité de phys. t. I, p. 380.Tirer un criminel à quatre chevaux, l'attacher par les pieds et par les mains à quatre chevaux qui le tirent chacun d'un côté et le démembrent.Par extension.• Je ne savais point du tout la manière dont était mort ce vieil Évreux ; je vois Dieu qui tourne les volontés de ce bonhomme d'une manière extraordinaire, pour le conduire à être déchiré et massacré, et tiré enfin à quatre chevaux [dans un accident de voiture], SÉV. 455.Fig. et familièrement. Tirer quelqu'un à quatre, lui faire les plus grandes instances pour le décider à quelque chose.Fig. Se faire tirer, se faire prier, se faire faire des instances.• Ce valet de pied se fit tirer d'abord, puis se laissa faire se mit à table], SAINT-SIMON 129, 175.Absolument.• Il [l'éléphant] tire également, continûment et sans se rebuter, pourvu qu'on ne l'insulte pas par des coups donnés mal à propos, BUFF. Quadrup. t. IV, p. 223.• Deux buffles attelés ou plutôt enchaînés à un chariot tirent autant que quatre forts chevaux, BUFF. Quadrup. t. v, p. 112.Fig. et familièrement. On aura bien à tirer dans cette affaire, on aura bien de la peine à la faire réussir.Il a encore bien à tirer pour en venir là, il a encore bien de la peine à avoir avant de parvenir à son but.Terme de manége. Ce cheval tire à la main, il résiste à l'action de la bride.3° Tirer à soi, amener de son côté. Tirer à soi la couverture.Fig. et familièrement. Tirer la couverture à soi, prendre plus que sa part.Fig. Tirer à soi, s'arroger.• Émilie : La mienne [gloire] se flétrit, si César te veut croire. - Cinna : Et la mienne se perd, si vous tirez à vous Toute celle qui suit de si généreux coups, CORN. Cinna, v, 2.• L'un soutient son oracle, et l'autre sa statue ; chacun veut tout tirer à soi, LAMOTTE Fabl. IV, 16.On dit de même : tirer de son côté.• Chacun les tire de son côté [les volontés des testateurs], et les interprète de sa manière, je veux dire selon ses désirs ou ses intérêts, LA BRUY. XIV.4° Tirer les yeux, faire mal aux yeux, en les forçant (expression provenant d'une fausse sensation : il semble que cette douleur tire les yeux hors de la tête). Cette écriture est trop fine, elle tire les yeux. Fermez les volets, le soleil me tire les yeux.En un autre sens. Cela tire l'oeil, cela attire le regard.5° Terme de marine. Ce navire tire tant d'eau, tant de pieds d'eau, il enfonce dans l'eau de tant.• Un vaisseau de 50 à 56 pièces qui tire seize à dix-sept pieds d'eau, SEIGNELAY à de Seuil, 21 déc. 1678, dans JAL.• Les navires des Indes, qui étaient de jonc, tiraient moins d'eau que les vaisseaux grecs ou romains, qui étaient de bois, et joints avec du fer, MONTESQ. Espr. XXI, 6.6° Tirer le pied, la jambe, les porter en arrière de soi pour faire une révérence.• Il y avait plus de politesse dans l'air ouvert et humain de son visage [d'un quaker], qu'il n'y en a dans l'usage de tirer une jambe derrière l'autre, et de porter à la main ce qui est fait pour couvrir la tête, VOLT. Dict. phil. Quakers..• Lubin tire le pied et ôte son chapeau avec les grâces naïves de la nature, MARMONTEL Cont. mor. Ann. Lub..• On veut être quelque chose : dès qu'un jeune homme sait faire la révérence, riche ou non, peu importe, il se met sur les rangs ; il demande des gages, en tirant un pied derrière l'autre : cela s'appelle se présenter, P. L. COUR. 2e lettre au Censeur..Tirer sa révérence à quelqu'un, le saluer.• Moi j'étais en train de tirer une révérence que je laissai à moitié faite, MARIV. Pays. parv. 2e part..Tirer la révérence, se dit aussi pour saluer en s'en allant, s'en aller. Je lui dis ma façon de penser, et je lui tirai ma révérence.Fig. Tirer sa révérence, exprimer un refus. Ce que vous me proposez ne me convient pas, et je vous tire ma révérence.7° Faire sortir une chose d'un endroit, ou d'une autre chose. Tirer une épine du pied. Tirer sa bourse de sa poche, une pièce de monnaie de sa bourse. Tirer de l'eau d'un puits, du vin d'un tonneau. Tirer l'or de la mine.• Ces dieux qu'ils honorent sont semblables à des pierres qu'on tire d'une montagne, SACI Bible, Baruch, VI, 38.• Il tire après ces mots une brillante épée, ROTR. Antig. I, 2.• Vous êtes de l'humeur de ces amis d'épée Que l'on trouve toujours plus prompts à dégainer Qu'à tirer un teston, s'il fallait le donner, MOL. l'Ét. III, 5.• Elle [Mlle de Guinée] eut des convulsions, on la crut morte ; on lui voulut tirer le coeur, pour le mettre dans un couvent qu'elle aimait ; elle cria quand on commença...., SÉV. 20 juill. 1694.• Et que du sein des monts le marbre soit tiré, RAC. Esth. III, 9.• Après avoir tiré du trésor quatre mille cent trente livres d'or, et quatre-vingt mille livres d'argent.... il [César] se mit en état de poursuivre Pompée et ses partisans, VERTOT Révol. rom. XIII.• Nous avons au Cabinet du roi un foetus de rhinocéros qui nous a été envoyé de l'île de Java, et qui a été tiré hors du corps de la mère, BUFF. Quadrup. t. IV, p. 347.Fig.• Ils ont tiré cet art du nombre des vertus, RÉGNIER Sat. IV.• Un de ces hommes en qui Dieu met ses dons d'intelligence et de conseil, et qu'il tire de temps en temps des trésors de sa providence pour assister les rois et pour gouverner les royaumes, FLÉCH. le Tellier..Tirer sa montre, regarder à sa montre l'heure qu'il est.• Dans l'impatience de me voir à son aise, elle tira sa montre à plusieurs reprises, et dit l'heure qu'il était, pour conseiller honnêtement la retraite à nos convives, MARIV. Pays. parv. 4e part..Tirer l'épée contre quelqu'un, se battre contre lui.Faire tirer l'épée à quelqu'un, le forcer à se battre.Fig. Tirer l'épée, prendre les armes, en venir aux armes.• On ne sait qui défendre, ou qui blâmer des deux, Qui des deux a tiré plus justement, l'épée : Les dieux servent César, mais Caton suit Pompée, BRÉBEUF Phars. I.• Des Espagnols lui ont dit à la Haye que le roi avait pris bien des places, mais que, pour eux, sans tirer l'épée, ils en avaient pris trois qui en valaient bien d'autres, Maestricht, Bréda et Bolduc, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 253.Tirer l'épée contre son prince, se révolter contre lui.Fig. Tirer son épingle du jeu, voy. épingle.Fig. Tirer à quelqu'un une épine du pied, voy. épine.Fig. Tirer les marrons du feu, voy. marron.Fig. et familièrement. Tirer pied ou aile, arracher quelque chose d'une personne, peu ou beaucoup.Fig. Tirer à quelqu'un les vers du nez, voy. ver.Fig. Tirer une plume de l'aile à quelqu'un, voy. plume.Fig. Tirer d'un sac deux moutures, voy. sac.Tirer des sons d'un instrument, lui faire rendre des sons.Tirer du feu d'un caillou, en faire jaillir du feu en le frappant.Tirer des larmes des yeux de quelqu'un, le toucher au point de le faire pleurer.• Pour me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez, BOILEAU Art p. III.• Nous nous en voulions, Mme Denis et moi, d'avoir tiré des larmes des plus beaux yeux qui soient actuellement à Turin ; ces yeux sont ceux de Mme de Chauvelin l'ambassadrice, VOLT. Lett. à Mme de Fontaine, 24 nov. 1757.On dit dans le même sens : tirer des soupirs.• L'image de l'empire en de si jeunes mains M'a tiré ce soupir pour l'État que je plains, CORN. Pulch. II, 1.8° Tirer du vin, tirer de l'eau, faire venir du vin d'un tonneau, de l'eau d'un puits.On dit dans le même sens : tirer bouteille.• Faites-moi toujours tirer chopine, je vous prie, DANCOURT Maison de camp. sc. 32.• Va-t'en m'attendre, ici près, aux Barreaux verts, et faire tirer bouteille, REGNARD Sérénade, 13.Tirer du vin au clair, le transvaser après l'avoir laissé reposer.Fig. Tirer une affaire au clair, l'éclaircir, la débrouiller.• Rien n'est, ce me semble, si facile, tout serait alors tiré au clair, sans que des personnes qui peuvent beaucoup me nuire eussent le moindre prétexte contre moi, VOLT. Lett. d'Arqental, 6 nov. 1767.• Je supplie très instamment mes anges de vouloir bien parler à le Jeune, et de tirer la chose au clair, VOLT. ib. 11 janv. 1773.• J'attends qu'un de mes amis.... soit de retour de la campagne, pour tirer au clair cette histoire abominable, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 9 nov. 1769.9° Tirer la langue, avancer sa langue hors de la bouche. Le médecin lui dit de tirer la langue. Les chiens, quand ils sont échauffés, tirent la langue.• Pour perdre la moitié de leurs dents dans la salivation mercurielle], en tirant la langue d'un demi-pied, et pour mourir de la poitrine au bout de six mois, VOLT. l'Homme aux 40 écus, Entretien avec un chirurgien.Tirer la langue à quelqu'un, est une sorte de manifestation d'injure et de moquerie.Fig. et populairement. Faire tirer la langue à quelqu'un d'un pied de long, le faire languir dans l'attente de quelque chose.Je lui verrais tirer la langue d'un pied de long, que je ne lui donnerais pas un verre d'eau, se dit en parlant d'une personne pour qui on n'a aucune compassion.10° Tirer les bas, les bottes à quelqu'un, les lui ôter des jambes.On a dit de même tirer un diadème.• Il lui faudrait du front tirer le diadème, CORN. Nic. v, 7.Tirer son chapeau, l'ôter pour saluer. Il ne m'a pas tiré son chapeau.Fig. et populairement. Tirer ses chausses, tirer ses grègues, s'enfuir.• Le galant aussitôt Tire ses grègues, gagne au haut, Mal content de son stratagème, LA FONT. Fabl. II, 15.• Donnez-moi vitement quelques coups de bâton, Et me laissez tirer mes chausses sans murmure, MOL. le Dép. I, 4.11° Tirer pays, tirer chemin, s'en aller, s'enfuir (c'est, comme gagner pays, mettre du pays, de l'espace derrière soi).• Vu que la fuite en est la fin la plus heureuse [d'un duel], Et qu'il faut que, l'un mort, l'autre tire pays, CORN. Suiv. IV, 5.• Ma foi, si vous ne tirez pays, j'irai chercher le commissaire, HAUTEROCHE Crispin méd. III, 13.• Et sans plus m'écouter, il a tiré chemin, TH. CORN. le Galant doublé, III, 3.12° Tirer du sang, saigner.• Je lui conseille de se faire tirer du sang, et lui promets de ne le lui échauffer jamais par mes façons de parler trop libres, SCARR. Lett. Oeuv. t. I, p. 256.Par exagération.• Je tremble comme une feuille ; on ne me tirerait pas une goutte de sang, TH. LECLERCQ Prov. t. II, p. 171, dans POUGENS.13° Tirer les vaches, les traire.14° Faire sortir, au hasard, de la boîte qui les contient, des billets, des numéros, des noms. Tirer les billets, les numéros d'une loterie. Le président a tiré au sort les noms des jurés. Ce jeune homme a tiré un mauvais numéro.• Le sort, dit le prélat, vous servira de loi ; Que l'on tire au billet ceux que l'on doit élire, BOILEAU Lutr. 1.• Tout était tiré rigoureusement au sort, RAYNAL Hist. phil. X, 10.Absolument.• Il tourne le bonnet ; l'enfant tire, et Brontin Est le premier des noms qu'apporte le destin, BOILEAU Lutr. I.Tirer une loterie, tirer les numéros d'une loterie, faire sortir par le sort les numéros.Tirer quelque chose à la courte paille, en décider par le hasard de la plus courte paille.• Tirez votre réponse à la courte paille, MARIV. Surpr. de l'amour, III, 4.Tirer le gâteau des Rois, ou, simplement, tirer les Rois, distribuer au hasard les parts d'un gâteau dans lequel il y a une fève, afin que celui à qui elle échoit soit le roi de la fête.15° Faire venir d'un lieu plus ou moins éloigné certains produits. On tire beaucoup de tabac de l'Amérique. Ce négociant tire ses étoffes de Lyon.• Nous tirons encore aujourd'hui d'Athènes esclave du coton, de la soie, du riz, du blé, de l'huile, des cuirs, VOLT. Dict. phil. Espr. des lois..• Pour juger s'il y a du luxe dans l'usage des choses, il suffirait souvent de considérer l'éloignement des lieux d'où on les tire, CONDIL. Comm. gouv. I, 27.16° Faire sortir en suçant. Les sangsues ont tiré beaucoup de sang. L'enfant tire le lait de la mamelle.17° Extraire par voie de distillation ou d'expression. Tirer le suc des herbes. Tirer de l'huile sans feu.• Tirer cette huile sans feu, comme on tire l'huile vierge, GENLIS Maison rust. t. II, p. 293, dans POUGENS.Fig.• On se nourrit des anciens et des habiles modernes ; on les presse, on en tire le plus que l'on peut, on en renfle ses ouvrages, LA BRUY. I.Fig. Il tire la quintessence de tout, il est habile, adroit, et fait d'une chose tout ce qu'on en peut faire.Il tirerait de l'huile d'un mur, voy. huile, aux proverbes.18° Terme d'arithmétique. Tirer la racine carrée, cubique d'un nombre, trouver, par le calcul, la racine carrée, cubique de ce nombre.19° Faire sortir quelqu'un d'un endroit, et aussi de quelque emploi.• Je voulais avoir lieu d'abuser Émilie, Effrayer son esprit, la tirer d'Italie, CORN. Cinna, v, 3.• Jeux, conversations, spectacles, rien ne la tira [Mme la Dauphine] de sa solitude, FLÉCH. Dauphine..• J'appelai de l'exil, je tirai de l'armée Et ce même Sénèque, et ce même Burrhus, Qui depuis...., RAC. Brit. IV, 2.• Que les fonctions saintes du ministère fassent tout mon plaisir, comme elles font toute ma gloire ; que tout ce qui me tire de l'exercice de ces fonctions, me soit insupportable, MASS. Paraphr. ps. XXV, v. 12.• ... Pour fuir un éclat, monsieur, je vous conjure, De me tirer d'ici dès demain, dès ce soir, Pour que Valère et moi nous cessions de nous voir, DESTOUCH. Glor. I, 9.Tirer à part, voy. part 2, n° 10.Fig. On ne peut le tirer de là, il se tient attaché à son idée, il répond toujours la même chose.Fig. Tirer quelqu'un d'un mauvais pas, le dégager d'une affaire difficile, fâcheuse, embarrassante.• Et, loin de le tirer de ce pas hasardeux, Ma bonté ne ferait que nous perdre tous deux, CORN. Poly. v, 1.Fig. Tirer quelqu'un de la boue, de la poussière, le faire sortir d'un état misérable et bas.20° Délivrer, dégager quelqu'un soit d'un lieu où il est mal, soit de quelque état comparé à ce lieu.• Tirez-moi de ce trouble, ou souffrez que je meure, CORN. Rodog. v, 4.• Vous donc, mes vrais amis, qui me tirez de peine, CORN. Héracl. III, 4.• Vous ne les craindrez point, parce que le Seigneur votre Dieu, qui vous a tirés de l'Égypte, est avec vous, SACI Bible, Deutéron. XX, 1.• Eh ! mon ami, tire-moi du danger ; Tu feras après ta harangue, LA FONT. Fabl. I, 19.• Cet Anglais [Talbot, qui donnait le quinquina] vient de tirer de la mort le maréchal de Bellefonds, SÉV. 387.• M. de la Trousse aurait pu nous tirer, avec un peu d'amitié et de conduite, de l'embarras où nous sommes, SÉV. 451.• Cette duchesse [de Chaulnes] ne cesse de me dire que la belle comtesse sera ravie qu'elle m'ait tirée de ce mauvais air des Rochers, SÉV. 30 juill. 1689.• Les ennemis sont poussés partout ; Oudenarde est délivrée de leurs mains ; pour les tirer eux-mêmes de celles du prince, le ciel les couvre d'un brouillard épais, BOSSUET Louis de Bourbon..• Ils tremblent qu'un censeur.... N'aille du fond du puits tirer la vérité, BOILEAU Disc. au roi..• Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur, RAC. Phèdre, II, 5.• Il faut que sur le trône un roi soit élevé, Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres Dieu l'a fait remonter par la main de ses prêtres, L'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau...., RAC. Athal. I, 2.• Si je reviens si craint et si peu désiré, ô ciel ! de ma prison pourquoi m'as-tu tiré ?, RAC. Phèdre, III, 5.• Il ne rougit pas de leur raconter quand et de quelle manière il a tiré cet homme des ennemis, et l'a apporté dans sa tente, LA BRUY. Théophr. XXV.• Cent écus que feu votre époux, mon intime ami, me prêta pour me tirer d'une affaire d'honneur que j'eus autrefois à Bruges, LESAGE Diable boit. 4.• Cet abbé [Desfontaines] est un homme que j'ai, en 1724, tiré de Bicêtre, où il était renfermé pour le reste de ses jours, VOLT. Mél. litt. aux aut. Bibl. franç..• Ce fut Gustave Wasa qui, en tirant les Suédois de l'obscurité, anima aussi les Danois par son exemple, VOLT. Moeurs, 117.• Tire-moi, par pitié, de mon doute terrible, VOLT. Alz. IV, 5.• Voilà comme vous êtes : une plaisanterie vous tire d'affaire, quand vous n'avez pas de bonnes raisons à donner, GENLIS Théât. d'éduc. Fausse délicat. I, 2.21° Etendre, allonger. Tirer du linge sur la platine. Tirer une courroie.Fig. Tirer la courroie, et, absolument, tirer, employer beaucoup d'économie pour soutenir une dépense jusqu'à une certaine époque. Il faut qu'il tire bien la courroie pour gagner le bout de l'an. Il a bien à tirer pour suffire à son ménage.Tirer une corde, la tirer ferme, la bander le plus qu'on peut.Tirer bien ses bas, ses gants, les étendre bien sur la jambe, sur le bras, de manière qu'ils ne fassent point de plis.• Elle [Mlle Temple] rougit d'abord, pâlit ensuite.... tira ses gants l'un après l'autre jusques au coude, HAMILT. Gram. 10.Tirer le cordon, se dit du portier qui ouvre la porte extérieure de la maison au moyen du cordon placé dans sa loge.Tirer à poil une étoffe de laine, de soie, de coton, en faire sortir, en faire paraître le poil, en le tirant avec une espèce de carde.Tirer les rideaux, les ouvrir ou les fermer.Fig. Tirer le rideau, écarter ce qui empêche de voir, de savoir.• En un mot, le petit démon qui nous tirerait les rideaux, nous divertirait extrêmement, SÉV. 197.Fig. Tirer le rideau sur quelque chose, et, absolument, tirer le rideau, ne plus s'occuper d'une chose, la mettre en oubli.• Sur les noires couleurs d'un si triste tableau Il faut passer l'éponge, ou tirer le rideau, CORN. Rodog. II, 3.Fig. Tirer en longueur, prolonger, allonger.• L'attention de l'auditeur déjà lassée se rebute de ces conclusions qui traînent et tirent la fin en longueur, CORN. Hor. exam..• Ce général du sénat [Pompée], qui voulait tirer la guerre en longueur pour avoir le temps d'amasser de plus grandes forces, passa d'Italie en Épire, VERTOT Révol. rom. XIII.Tirer une affaire en longueur, en éloigner la conclusion.• Elle me dit franchement que, ses intentions étant conformes aux miennes, elle n'avait pas dessein de tirer les choses en longueur, LESAGE Guzm. d'Alf. IV, 16.22° Tirer l'or, tirer l'argent, les étendre, les allonger en fils déliés.Tirer l'épingle, faire passer le laiton par la filière.Tirer le cierge, le fabriquer à la main.23° Tirer au sec, faire sécher une confiture.24° Tirer un coup, le porter, l'assener (emploi qui vieillit ; cette acception provient du sens que tirer a d'étendre, allonger).• Le mulet prend le temps, et du grand coup qu'il tire Lui enfonce la tête, RÉGNIER Sat. III.Terme de manége. Tirer la ruade, ruer, en parlant d'un cheval.25° Terme d'escrime. Tirer des feintes, faire des mouvements simulés, pour tromper son adversaire.Tirer une estocade, un coup d'estocade, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes (phrase qui a vieilli).Fig. Tirer l'estocade, une estocade à quelqu'un, lui demander de l'argent à emprunter, sans avoir l'intention de le lui rendre (phrase qui a vieilli).26° Lancer des armes de trait (cette acception provient de l'emploi de tirer un coup).• C'est pourtant maintenant qu'il se faut assurer, Et lui tirer des traits qu'il ne puisse parer, MAIRET Sophon. III, 2.• Je tirerai contre eux toutes mes flèches, SACI Bible, Deutéron, XXXII, v. 23.27° Décharger une arme à feu. Tirer un coup de fusil. Tirer des salves d'artillerie.• Méli, capitaine de Livry, ayant voulu tirer un fusil chargé depuis longtemps, le fusil lui creva dans la main, et on a été obligé de lui couper le bras, SÉV. 8 nov. 1688.• Il [un navire] tire du canon pour demander du secours ; car la mer est bien mauvaise, BERN. DE ST-P. Paul et Virg..• En Europe, nous tirons le canon en signe d'allégresse pour annoncer la destruction de plu sieurs milliers d'hommes, CHATEAUBR. Génie, IV, VI, 3.On dit dans un sens analogue : tirer un feu d'artifice, tirer des pétards, des fusées.Bien tirer le pistolet, être très adroit au tir du pistolet.Pour les armes portatives, on dit : tirer le fusil, la carabine, le pistolet, et tirer au pistolet, au fusil, à la carabine.Dans les bouches à feu, on emploie toujours le régime direct : tirer le canon, le mortier, l'obusier ; avec cette nuance toutefois que tirer le canon a une signification tout à fait universelle, tandis que, dans le cas général, on dira plutôt pour les autres pièces : tirer des bombes, des obus.Pour les projectiles, on dit : tirer des boulets ou à boulets, tirer des obus ou à obus, tirer des bombes.Fig. Tirer sa poudre aux moineaux, perdre sa peine et son temps.• Force godelureaux à vendre, Devant Héro faisant les beaux, Tirèrent leur poudre aux moineaux ; Ce que ne faisait pas Léandre, SCARR. Poés. div. Oeuv. t. VII, p. 280.28° Diriger une arme à feu sur.• La ville était prise.... ce petit chevalier [de Longueville] monte sur le revers de la tranchée.... un soldat veut tirer une bécassine, et tire ce petit garçon ; il en est mort le lendemain, SÉV. 8 nov. 1688.• Il [un oiseau] est difficile à tirer, BUFF. Ois. t. VI, p. 110.• Allons tirer des grives, c'est assez pousser d'arguments, J. J. ROUSS. Hél. v, 7.Fig.• Je lui dis : Vraiment, madame, vous avez tiré de bien près ce bon père, vous aviez peur de le manquer, SÉV. 284.• Le voilà pourtant ce seizième [d'août] que nous avons suivi depuis deux mois, je pars demain ; je n'eusse jamais cru.... qu'un jour visé de si loin pût être tiré si juste, SÉV. 15 août 1677.Fig. et familièrement. Pour lui parler, il faut le tirer au vol, le tirer en volant, il est difficile de le joindre et de trouver le moment de lui dire un mot.29° Creuser en suivant une certaine direction.• Les canaux que l'on tire pour arroser des pays qui en ont besoin, FONTEN. Guglielmini..• Bientôt après, il [Pierre le Grand] tira ce canal qui joint la mer Caspienne au golfe de Finlande et à l'Océan, VOLT. Russie, II 11.• Au delà était un marais, et derrière le marais les Russes avaient tiré un retranchement d'un quart de lieue, VOLT. ib. I, 16.30° Tracer. Tirer une ligne. Tirer une allée au cordeau. Tirer un plan sur du papier. Tirer une raie sur ce qu'on a écrit.Tirer en ligne de compte, employer, comprendre dans un compte.On dit plus ordinairement : mettre en ligne de compte.31° Faire le portrait de quelqu'un, soit en peinture, soit en sculpture (emploi qui vieillit). On l'a tiré en cire, en plâtre.• Je vous enverrai celui [le portrait] que vous me demandez ; je faisais difficulté d'y faire commencer sitôt ; car cette absence m'a tellement changé, que, si l'on me tire bien, je ne serai pas reconnaissable, VOIT. Oeuv. t. II, p. 232.• Il n'y a pas longtemps que je me suis fait tirer par Rigaud, me dit-il, c'est un des meilleurs peintres de Paris, et tous ceux qui voient ce portrait, disent que j'y suis fort bien tiré : - un homme du monde.... ne se serait pas servi du mot tirer qui n'a aucun usage dans ce sens que parmi la bourgeoisie, CAILLIÈRES Du bon et mauvais usage, convers. 1re..• On sait que ce prince [Alexandre] avait défendu.... à tout autre peintre qu'Apelle de tirer son portrait, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. XI, 1re part. p. 97, dans POUGENS..• De se faire tirer certain homme eut envie ; Chacun veut être peint une fois en sa vie, LAMOTTE Fabl. IV, 4.Fig. Tirer en exemple, proposer pour modèle.• Ces choses qu'il faut souffrir au théâtre, parce qu'elles ont un éclat dont la surprise éblouit, et qu'il ne ferait pas bon tirer en exemple pour conduire une action véritable sur leur plan, CORN. Héracl. Examen..• On a vu des génies extraordinaires passer tout d'un coup de la méditation du cabinet aux charges les plus difficiles ; mais ces gens-là ne peuvent être tirés en exemple, SAINT-ÉVREMOND De l'étude et de la conversation.32° Tirer copie, tirer une copie, tirer la copie, copier. Tirer copie d'un acte.• Un fameux grammairien nommé Tyrannion, qui demeurait alors à Rome, ayant grande envie d'avoir les oeuvres d'Aristote, obtint du bibliothécaire de Sylla la permission d'en tirer une copie, ROLLIN Hist anc. Oeuv. t. x, p. 175, dans POUGENS.• D'après son grand tableau, lorsqu'elle fut sortie, Vous fîtes l'autre jour tirer cette copie, DORAT Feinte par amour, I, 4.Tirer les parties d'une partition, les extraire et les copier, pour que chaque concertant ait la sienne, tandis que le chef d'orchestre a la partition complète sous les yeux.• Réellement cela m'occupait, et beaucoup, pour rassembler la musique, les concertants, les instruments, tirer les parties, J. J. ROUSS. Confess. v..33° Faire plusieurs exemplaires de ce qui est composé en caractères d'imprimerie. Tirer une feuille, un volume, une gravure. Cet ouvrage a été tiré à cinq cents exemplaires.• Attendez.... c'est depuis vingt ans, On en tira cent exemplaires, BOILEAU Epigr. 5.• Il [Louis XV] fit imprimer au Louvre un petit livre de la géographie pour le cours des fleuves, qu'il composa en partie sous les leçons de M. de Lisle, et dont on tira cinquante exemplaires, VOLT. Él. fun. Louis XV.• La planche d'étain ne saurait tirer proprement beaucoup plus de huit à neuf cents exemplaires, CAMUS Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. v, p. 297.Absolument. Bon à tirer.• Il faut mettre de l'encre et tirer avec soin ; dites cela à votre imprimeur, P. L. COUR. Lett. VI.34° Terme de commerce. Tirer une lettre de change, faire un billet qui doit être payé au porteur par un correspondant. Tirer une lettre de change payable à deux mois de vue, à vue.Tirer une lettre de change sur quelqu'un, ou, absolument, tirer sur quelqu'un, lui adresser une lettre de change.• L'on tire sur les pays étrangers pour les payer [ces dépenses], MONTESQ. Esp. XXII, 10.• Qu'à Paris on me charge de faire passer à Amsterdam mille onces d'argent, lorsque l'échange est à six pour cent au-dessus du pair, et supposons qu'alors il soit de quatre pour cent au-dessus du pair de Paris à Londres et de deux pour cent au-dessous de Londres à Amsterdam ; dans une pareille circonstance, on voit qu'il y a un bien plus grand profit à tirer d'abord sur Londres, pour tirer ensuite de Londres sur Amsterdam, qu'à tirer directement de Paris sur Amsterdam, CONDIL. Comm. gouv. I, 17.On dit de même : tirer une somme sur quelqu'un.• Vous pouvez tirer sur moi de petites sommes, BOSSUET Lett. quiét. 214.Tirer une lettre de change par première, seconde, troisième, la tirer en deux ou plusieurs exemplaires, soit afin que, l'un étant perdu, l'autre puisse le remplacer, soit afin que, l'un étant envoyé à l'acceptation du tiré, l'autre puisse être négocié pendant ce temps-là.35° Faire qu'une personne interrogée parle.• Cinna vient, et je veux en tirer quelque chose, CORN. Cinna, EI, 1.• Donnez-vous la peine de tirer la vérité, et de m'empêcher d'être trompée, SÉV. 21 déc. 1692.• Il tire d'un déserteur, d'un transfuge, d'un prisonnier, d'un passant ce qu'il veut dire, ce qu'il veut taire, ce qu'il sait, et, pour ainsi dire, ce qu'il ne sait pas, BOSSUET Louis de Bourbon..• Feignons ; et de son coeur, d'un vain espoir flatté, Par un mensonge adroit tirons la vérité, RAC. Mithr. III, 4.• Elle tira le secret de ses compagnes, Mme DE CAYLUS Souven. p. 144, dans POUGENS.• Tout ce que je pus tirer de lui ne fut que des conjectures vagues, aussi propres à confirmer qu'à détruire mes craintes, GRAFFIGNY Lett. péruv. 29.Ne pouvoir tirer un mot de quelqu'un, ne pouvoir rien tirer de quelqu'un, n'en pouvoir obtenir de réponse, d'éclaircissement.• Valère : Que t'a dit Marine ? - Scapin : Marine ? rien du tout ; c'est une fille dont on ne saurait tirer une parole, REGNARD Sérén. 5.• C'est une petite fille si niaise qu'on n'en peut rien tirer, GENLIS Voeux téméraires, t. I, p. 25, dans POUGENS.Tirer de la bouche, faire dire.• Je pense qu'il vaut mieux que de sa propre bouche Je tire avec douceur l'affaire qui me touche, MOL. Éc. des f. II, 2.• Luther n'en a jamais tant dit, et tout ce que ses emportements lui ont tiré de la bouche n'approche pas de ce que Calvin dit froidement de lui-même, BOSSUET Var. IX..On ne peut parvenir à tirer la vérité de sa bouche, se dit d'un accusé qui ne veut rien avouer.Tirer un éclaircissement de quelqu'un, faire en sorte qu'il donne l'éclaircissement qu'on désire de lui.36° Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir. Il tire dix mille francs de rente de sa terre. On a tiré beaucoup d'argent du nouvel impôt.• On peut tirer du fruit de tout ce qui fait peine, CORN. Pulch. III, 1.• M. le Prince n'a de force contre Votre Majesté que celle qu'il tire de la haine qu'on a contre M. le cardinal, RETZ Mém. t. II, liv. III, p. 364, dans POUGENS.• Je tirai l'autre jour à Rennes, du milieu du tourbillon, une heure de conversation avec M. de Chaulnes, SÉV. 18 août 1680.• Ceux qui tirent des pensions, gages, appointements et dons du roi, VAUBAN Dîme, p. 70.• Je suis ravie qu'il n'ait tiré aucun avantage de son artifice, LESAGE Diable boit. 4.• On tire peu de service des vieillards, VAUVENARGUES. Max. LXXX..• Les registres de la chambre des comptes des Pays-Bas, qui sont actuellement à Lille, déposent que Philippe II ne tirait pas quatre-vingt mille écus des sept Provinces-Unies, VOLT. Pol. et lég. Idées républ. 47.• Vous trouverez que la cour de Madrid tire annuellement 55 084 450 livres de ses provinces du nouveau monde, RAYNAL Hist. phil. VIII, 28.Tirer race, faire couvrir des juments pour en avoir des produits.Tirer de l'argent de quelqu'un, se faire donner de l'argent par supercherie ou par sollicitation.• Fais-nous un peu ce récit, qu'on m'a dit qui est si plaisant, du stratagème dont tu t'es avisé pour tirer de l'argent de ton vieillard avare, MOL. Scapin, III, 1.• La duchesse de Lude leur donne cinquante écus tous les ans : n'en saurait-on tirer davantage ?, MAINTENON Lett. à M. de Caylus, t. VI, p. 97, dans POUGENS.• Vous aviez trouvé là une nouvelle manière de tirer de l'argent des princes, FONTEN. Auguste, Aretin..• Pour deux ou trois personnes qui voudront bien payer, il y en aurait cinquante dont je ne tirerais jamais un sou, DANCOURT Désol. des joueuses, sc. 9.• Henri III tira d'Aaron, juif d'York, quatorze mille marcs d'argent, et dix mille pour la reine, MONTESQ. Esp. XXI, 20.Tirer quelque grâce de quelqu'un, en obtenir quelque grâce par adresse ou par instance. Il a tiré de lui une donation.Tirer promesse, tirer parole de quelqu'un, faire en sorte qu'il promette, qu'il donne sa parole.On ne saurait tirer raison de cet homme, on ne peut obtenir de lui qu'il fasse ce qu'il doit.Tirer raison, tirer satisfaction d'une injure, d'une offense, faire réparer l'injure, l'offense.• Mourir sans tirer ma raison !... Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison, CORN. Cid, I, 9.Tirer vengeance, se venger.• Je vous déclare que ma santé est assez bonne.... pour tirer de vous la vengeance la plus complète, VOLT. Diatr. du docteur Akakia..Tirer parti de quelqu'un, de quelque chose, en tirer des services, de l'avantage.Tirer avantage d'une chose, la tourner, l'interpréter à son avantage.Tirer vanité d'une chose, s'en prévaloir.• Ne rougissez-vous point de mériter si peu votre naissance ? êtes-vous en droit, dites-moi, d'en tirer vanité ?, MOL. Don Juan, IV, 6.On dit dans le même sens : tirer gloire.• On exposait une peinture Où l'artisan avait tracé Un lion d'immense stature Par un seul homme terrassé ; Les regardants en tiraient gloire, LA FONT. Fabl. III, 10.37° Terme de jeux. Tirer tout, faire la vole.38° Fig. Puiser, emprunter. Le pouvoir tire son droit de la nation. Les mots que nous avons tirés du latin. L'instruction qu'on tire de l'histoire.• La maison de France, la plus grande sans comparaison de tout l'univers, et à qui les plus puissantes maisons peuvent bien céder, puisqu'elles tâchent de tirer leur gloire de cette source, BOSSUET Duch. d'Orl..• Fontenelle ne le traduisit pas [le livre de Van Dale sur les oracles] ; mais il en tira ce qu'il crut de plus convenable à sa nation, qui aime mieux les agréments que la science, VOLT. Dict. phil. Oracles..• Ce n'est guère qu'à Paris que je pourrai trouver ces immenses recueils dont je tire quelques gouttes d'élixir, VOLT. Lett. au roi de Pr. novembre 1742.C'est de là que cette ville, cette rivière tire son nom, elle doit à telle circonstance le nom qu'elle porte. Ce vin tire son nom du territoire qui le produit.Tirer son origine, tirer sa source de, provenir. Cette rivière tire sa source de telle montagne. Il tire son origine de telle famille.On dit aussi : Les généalogistes tirent l'origine de cet homme de telle maison, ils prétendent que cet homme provient de telle maison.39° Faire sortir de, faire produire à.• Quelque sinistres qu'ils [les événements] nous paraissent, nous devons espérer que Dieu en tirera la source de notre joie, si nous lui en remettons la conduite, PASC. Lett. Sur la mort de son père.• La manière dont il [Dieu] produit l'âme est beaucoup plus merveilleuse : il ne la tire point de la matière ; il l'inspire d'en haut ; c'est un souffle de vie qui vient de lui-même, BOSSUET Hist. II, 1.• On tirait un autre chef d'accusation contre lui des forts qu'il avait bâtis près de la ville de Byzance, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 51.• Pythagore croit que Dieu est une âme répandue dans tous les êtres de la nature, et dont les âmes humaines sont tirées, ROLLIN Hist. anc. liv. XXVI, ch. III, 1, 2.• Savant dans cet art enchanteur de tirer de la plus petite situation les sentiments les plus délicats, VOLT. Oreste, Ép..40° Inférer, conclure.• Et de là nous pouvons tirer des conséquences, Qu'on n'acquiert point leurs coeurs sans de grandes avances, MOL. Mis. III, 5.• Ils [les anciens] doivent être admirés dans les conséquences qu'ils ont bien tirées du peu de principes qu'ils avaient, et ils doivent être excusés dans celles où ils ont plutôt manqué du bonheur de l'expérience que de la force du raisonnement, PASC. Préface sur le traité du vide.• Il aurait pu encore tirer cet autre argument, VOLT. Dict. phil. Vérité..On dit de même : tirer une conjecture de. Tirer un bon, un mauvais augure, un bon, un mauvais présage de quelque chose.• Les présages qu'on tire du vol des oiseaux et des entrailles des victimes, FÉN. Tél. XXIII.Tirer l'horoscope d'une personne, faire son horoscope en vertu des préceptes de l'astrologie judiciaire.Tirer les cartes à quelqu'un, lui prédire sa destinée d'après l'arrangement fortuit des cartes que l'on consulte.Absolument et familièrement. Je ne tire pas les cartes, je ne me mêle pas de prédire ce qui adviendra.41° V. n. Exercer une traction. On tirait fortement sur la corde pour amener le lourd fardeau.Cette corde tire, elle est bandés extrêmement ferme.Terme de vénerie. Tirer sur le trait, se dit en parlant du limier qui trouve, la voie et veut avancer.Terme de manége. Tirer au renard, se dit du cheval qui se jette violemment en arrière, lorsqu'il est attaché.Terme de fauconnerie. Faire tirer l'oiseau, le faire becqueter en le paissant, et surtout en lui donnant un pât nerveux pour exciter son appétit.Dans une corderie, tirer au premier brin, peigner ou travailler le chanvre de manière à en obtenir les fibres du premier brin.42° Terme familier. Aller, s'acheminer.• Nous sommes découverts, tirons de ce côté, MOL. l'Ét. III, 13.• Quel caquet est le vôtre ! Tirez de cette part ; et vous, tirez de l'autre, MOL. Tart. II, 4.• M. de Bouillon tira droit en Bourgogne d'où il était venu, SAINT-SIMON 200, 176.• Nous prîmes congé d'eux le lendemain matin après avoir fait un partage égal de nos espèces, et nous tirâmes vers Valence, LESAGE Gil. Bl. VI, 2.• Pour arriver à son pied [d'une montagne], je tirai plus à l'ouest que je n'avais fait la veille, SAUSSURE Voy. Alpes, t. III, p. 186, dans POUGENS.En ti-ant vers, à, sur, se dit en parlant des localités, pour en désigner la direction.• L'Arabie s'étend du désert de Jérusalem jusqu'à Aden, vers le quinzième degré, en tirant droit du nord-est au sud-est, VOLT. Dict. phil. Arabes.• Au delà de ces îles, en tirant sur les Moluques, il y en a d'autres..., ID. Moeurs, 149.Tirer au large, s'enfuir.Tirez, allez-vous-en, n'approchez pas, éloignez-vous.• Tirez, tirez, vous dis-je, ou bien je vous assomme, MOL. l'Ét. IV, 8.• Tirez, tirez, monsieur le bailli, et rengainez vos procédures, le défunt n'est pas mort ; le voilà que je vous amène, DANCOURT Mari retrouvé, sc. 23.Tirez, tirez, terme dont on se servait autrefois pour chasser un chien.• Dandin : Tirez, tirez, tirez. - L'Intimé : Notre père, messieurs... - Dandin : Tirez donc ! quels vacarmes ! Ils ont pissé partout, RAC. Plaid. III, 3.Terme de vénerie. Tirez, tirez, chiens ! cri dont on se sert pour faire suivre les chiens quand on les appelle.43° Tirer de long ou le long, se dit de la bête qui s'en va sans s'arrêter.Dans le langage général, tirer de long, s'enfuir.• La colombe l'entend, part et tire de long, LA FONT. Fabl. II, 12.Tirer de long, signifie aussi apporter des délais dans une affaire.44° Terme de marine. Tirer à la mer, prendre le large.Tire avant ! commandement qu'on adresse aux rameurs pour qu'ils nagent avec plus de vigueur.45° Remettre à la décision du sort. On les fit tirer au sort. Ils tirèrent tous deux à la courte paille. On les fit tirer au doigt mouillé.• Tenez donc, voici deux bûchettes ; Accommodez-vous, ou tirez, LA FONT. Fabl. III, 8.Tirer à qui..., décider par la voie du sort qui....• J'admirais la brutalité de quelques Anglais, de ces marauds sans doute qui tirent au billet pour un teston à qui sera pendu ; monsieur, ils fumaient nonchalamment dans un si grand danger, ST-EVREM. Sir Politick, II, 1.• N'avez-vous point trouvé qu'il [l'historien Josèphe] jouait d'un grand bonheur dans cette cave où ils tiraient à qui se poignarderait le dernier ?, SÉV. 12 janv. 1676.Tirer à la conscription, et, absolument, tirer, prendre un des numéros qui, à la conscription, décident si on sera soldat ou non. Il tire cette année.Terme de jeu. Tirer à qui fera, décider par le sort qui jouera le premier.Fig. et familièrement. Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu'un, contester avec lui d'égal à égal (locution vieillie, se disant d'un homme qui était inférieur dans la chose dont on conteste, à celui avec qui il conteste). Il ne vous appartient pas de tirer au bâton avec lui.46° Tirer des armes, ou, simplement, tirer, faire des armes, s'exercer au maniement du fleuret, de l'épée, du sabre. Tirer au mur, à la muraille. T er de tierce, de quarte. Tirer en tierce, en quarte. Il tire bien.• Et moi, je leur soutiens à tous deux que la science de tirer des armes est la plus belle et la plus nécessaire de toutes les sciences, MOL. Bourg. gent. II, 4.• Après trois mois de leçons je tirais encore à la muraille, hors d'état de faire assaut, J. J. ROUSS. Conf. v..• Les fers une fois engagés, je n'ai plus songé qu'à ma besogne ; car Daligny tire au moins de ma force, CH. DE BERNARD la Peau du lion, XII.Tirer la main plate, enlever la main avec les ongles en l'air.Tirer dans le fer, tirer dans le côté où l'adversaire est couvert.Tirer dans les armes, allonger un coup d'épée entre les bras de son adversaire, ou, ce qui est la même chose, du côté gauche de son épée.Tirer hors les armes, allonger un coup d'épée hors des bras de son adversaire, ou, ce qui est la même chose, du côté droit de son épée.Tirer sur les armes, porter une botte à son adversaire, dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessus son bras.Tirer sous les armes, porter une botte à son adversaire dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessous son bras.Tirer sur le temps, tirer au moment où l'adversaire va tirer.Fig. Tirer sur le temps, profiter prestement de l'occasion.47° Tirer d'une arme de trait ou d'une arme à feu, la faire partir. Tirer de l'arc, de l'arbalète. Tirer de l'arquebuse. Tirer aux perdrix, au blanc. Tirer en l'air. Tirer juste. Tirer à boulet, à boulets rouges, à coups perdus. Tirer à poudre, à balle, à plomb. Poudre à tirer. En parlant des bouches à feu, tirer d'écharpe, d'enfilade, à revers, de plein fouet, à ricochet, à toute volée, sur plate-forme, à embrasure. Sur mer, tirer à fleur d'eau, en plein bois [dans le corps du navire].• Ils [les Hollandais] doivent avoir plus de monde tué que nous, d'autant qu'au lieu qu'eux tirent à démâter, nous tirons au corps du vaisseau, Relation du combat de Lipari, 18 juin 1676, dans JAL..• Fais les avances ; nous serons de moitié du prix, et je tirerai pour ton compte, DANCOURT le Prix de l'arquebuse, sc. 17.• C'est de là, des fenêtres d'une maison qui subsiste encore [hôtel qui avait appartenu au connétable de Bourbon], qu'un jeune monarque... tira, la nuit de la Saint-Barthélemy, sur ses propres sujets qui passaient l'eau pour se sauver au faubourg Saint-Germain, SAINT-FOIX Ess. Paris, Oeuv. t. III, p. 25, dans POUGENS.• Il avait appris à tirer chez les Bulgares, et il aurait abattu une noisette dans un buisson sans toucher aux feuilles, VOLT. Candide, 16.• Il [un habit simple] l'empêchait d'être remarqué et d'être choisi par les ennemis, qui eussent tiré à sa personne, VOLT. Charles XII, 2.• On a vu les Suisses au service de la Hollande tirer sur les Suisses au service de la France, VOLT. Dict. phil. Bala..• Tirant de temps en temps sur quelques oiseaux, et souvent tenté de tirer sur lui-même ; mais il aimait encore la vie, à cause de Mlle de Saint-Yves, VOLT. l'Ingénu, VII.• Le canon tirait sur eux à cartouche ; mais le roi, qui se découvrait davantage, était le plus exposé, VOLT. Charles XII, 8.• Mes amis, fâché de la peine ; Surtout ne tirez point trop bas, BÉRANG. Vieux caporal..• Ils [les Russes] tirèrent mal, il est vrai, la plupart en l'air et comme des gens troublés, mais de si près, que la fumée, les feux et le fracas de tant de coups épouvantèrent les chevaux wurtembergeois et les renversèrent pêle-mêle, SÉGUR Hist. de Nap. VI, 2.Fig.• C'était [l'évêque d'Avranches].... un saint évêque qui avait si peur de mourir hors de son diocèse, que.... il n'en sortait point du tout ; il y en a d'autres qu'il faudrait que la mort tirât bien juste pour les y attraper, SÉV. 9 mai 1689.• Il faudrait voir comme on [une coquette] tire sur tout, sans distinction et sans choix, SÉV. 26 mai 1676.Tirer de loin, lâcher un coup à une grande distance de l'objet.Fig.• Le jour viendra, je l'espère, que nos discours seront un peu plus justes ; on tire de si loin, qu'il est impossible de tirer droit, SÉV. 8 sept. 1680.Tirer au vol, ou en volant, tirer sur un oiseau lorsqu'il vole.• Et quand un gentilhomme.... Sait tirer en volant, boire et signer son nom, REGNARD Ménechm. III, 8.Fig.• Il [le duc de Richelieu] a de beaux éclairs, quand la rapidité des affaires et des plaisirs lui laisse des moments pour tirer en volant aux choses de littérature et de goût, VOLT. Lett. d'Argental, 28 janv. 1773.Tirer au juger, faire feu sur le gibier sans le voir, mais en jugeant par certains indices la place qu'il occupe.Tirer à l'oiseau, chercher à abattre un oiseau de bois placé au haut d'une perche.Fig. Tirer sur, jeter ses vues.• Il y avait un parent de l'abbé Bayard, qui était avec nous à Langlar ; s'il y eût été en même temps que la duchesse, il eût été fort digne qu'elle eût tiré dessus, SÉV. 289.Fig. Tirer sur quelqu'un, dire du mal de quelqu'un, ou bien en faire l'objet de plaisanteries.• La satire entraîne toujours plus loin qu'on ne veut ; c'est un si doux plaisir pour certaines gens de tirer sur d'autres, Mme DE PUISIEUX Ridic. à la mode, p. 240, dans POUGENS.• Notre intelligence n'échappa pas au marquis ; il n'en tirait pas moins sur moi : au contraire il me traitait plus que jamais en amoureux transi, martyr des rigueurs de sa dame, J. J. ROUSS. Conf. VI.Fig. Tirer à cartouches, à boulets rouges sur quelqu'un, en dire les choses les plus offensantes.Fig. Tirer sur quelqu'un à bout portant, lui dire en face des choses dures, ou lui lancer des épigrammes.Fig. Vous tirez sur vos troupes, sur vos gens, sur vos pigeons, vous attaquez ceux qui sont dans vos intérêts.48° Il se dit aussi de l'arme à feu qui part et fait explosion. Son fusil vint malheureusement à tirer.• Les cloches sonnent, le canon tire, cent mille voix lui répondent, VOLT. Amabed, Lett. 15.Fusil qui tire juste, fusil qui ne fait pas dévier la balle ou le plomb dont il est chargé.49° Faire éprouver une sensation de tiraillement.• La peau du visage me tire ; Et je ressens par tout le corps Certains frémissements que je ne saurais dire, DANCOURT Céphale et Procris, II, 5.50° Tirer au volume, se dit d'un libraire, d'un auteur qui grossit un ouvrage pour avoir un plus gros volume, ou plus de volumes.• On tire au volume, non pas pour la raison qu'en donne Pline, qu'il en est d'un bon livre comme de toute autre chose, et que plus il est grand, meilleur il est ; mais parce que les plaideurs, dit-on, mesurent le prix du plaidoyer à son étendue et à sa durée, MARMONTEL Oeuv. t. v, p. 318.Tirer à la ligne, allonger un article, un écrit, pour qu'il contienne plus de lignes et soit plus payé.51° Tirer en longueur, se prolonger, ne pas se terminer.• Il me paraît que cette affaire va tirer en longueur, et prendre un tour assez désagréable, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 5 janv. 1696.• Le siége tirant en longueur, DUCLOS Oeuv. t. III, p. 3.52° Tirer à sa fin, être près de finir, d'être terminé. Cet ouvrage tire à sa fin. On espère que la maladie tire à sa fin.• Ayant dîné ce jour-là fort sobrement à mon auberge, pour mieux ménager ma pistole qui tirait à sa fin, LESAGE Guzm. d'Alf. III, 1.Ce malade tire à sa fin, à la fin, il est près de mourir.• Trois neveux qui se sont assemblés chez lui, dès qu'ils ont appris qu'il tirait à sa fin, LESAGE Diable boit. 12.• Je ne sais si Votre Majesté est informée que M. Thiriot, chargé de sa correspondance littéraire, tire absolument à sa fin, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 9 oct. 1772.Tirer à des conséquences, amener, entraîner certaines conséquences.• Laissez-moi ce discours [sur l'âge] ; quand vous le faites, il me pousse trop loin, et tire à de grandes conséquences, SÉV. à Mme de Grignan, 17 juin 1685.Tirer à conséquence, se dit d'une chose qui peut avoir des suites graves, dont on pourrait s'autoriser, se prévaloir pour quelque chose de pareil. C'est une grâce que vous pouvez lui accorder, elle ne tire pas à conséquence.• Il assura la fée que les bontés qu'il avait témoignées à Canadine ne tiraient point à conséquence, COMTE DE CAYLUS Oeuv. t. IX, p. 250.54° Tirer à, avoir de la ressemblance avec.• Et l'air de son visage a quelque mignardise Qui ne tire pas mal à celle de Dorise, CORN. Clit. II, 9.Avoir le caractère de.• Vous avez grande raison de ne me point mettre au rang de ces oncles trop oncles, et je n'ai pour vous que des sentiments qui tirent droit au paternel, BOILEAU Lett. à la Chapelle, 3 janv. 1700.• Le monument ne me semble pas de fort grand goût, et a une pesanteur, à mon avis, tirant au gothique, BOILEAU Lett. à Brossette, 14 mai 1707.• Le style de Marguerite [Reine de Navarre] n'était pas des meilleurs, il s'en faut de beaucoup ; il est lâche, diffus et embarrassé, tirant à la manière et au précieux, quand il n'est pas tendu, lourd et mystique, NODIER Rev. des Deux-Mondes, 1839, p. 351.S'approcher de, en parlant d'une teinte.• Mlle de Scudéry était laide ; son teint surtout, tirant au noir, ôtait à sa figure toute prétention à la beauté, V. COUSIN Journ. des sav. avril 1858, p. 245.55° Tirer sur, avoir quelque rapport, quelque ressemblance.• Un peu tanné, sauf votre honneur, Et tirant sur le ramoneur, SCARR. Virg. IV.• Un portier rustre, farouche, tirant sur le Suisse, LA BRUY. VI.• Crosat revint à la cour avec une physionomie entièrement changée et qui tirait sur le niais, SAINT-SIMON 67, 110.• Délicats sentiments tirant sur la fadeur, DUFRÉNY Mar. fait et rompu, III, 4.• Je remarquai qu'il écoutait le récit qu'on lui faisait, d'un maintien froid, pensif et tirant sur l'austère, MARIV. Pays. parv. 2e part..Il se dit particulièrement des couleurs, des nuances.• Couleur de marron tirant au gris cendré, BUFF. Ois t. v, p. 192.• Un brun tirant sur le roux, BUFF. ib. t. v, p. 440.56° Se tirer, v. réfl. Se délivrer, se dégager, sortir. Il s'est tiré de prison avec beaucoup de peine.• Il sait bien se tirer d'un pas si hasardeux, CORN. Hor. IV, 2.• Ma foi, quand j'y songe, j'ai fait fort sagement de me tirer de cette affaire, MOL. Mar. forcé, 15.• Je retiens toujours ce que vous m'avez mandé : on se tire de l'ennui comme des mauvais chemins ; on ne voit personne demeurer au milieu d'un mois, pour n'avoir pas le courage de l'achever : c'est comme de mourir, vous ne voyez personne qui ne sache se tirer de ce dernier rôle, SÉV. à Mme de Grignan, 28 août 1675.• Vivent les gens d'esprit ! ils se tirent de tout, TH. CORN. D. Cés. d'Avalos. I, 1.• Pour se tirer de peine Chacun promet assez : Mais la promesse est vaine Lorsque les périls sont passés, QUIN. Thés. III, 5.• J'ai su par adresse me tirer des mains du duc de Bourgogne, FÉN. Dial. Louis XI, Louis XII.• C'est un calme dont vous aurez plus de peine à vous tirer que de la tempête même, MASS. Avent, Délai de la conv..• Il [d'Aubigné] se tirait des réprimandes qu'elle lui faisait, par des plaisanteries qui réussissaient presque toujours avec Mme de Maintenon, quand elles étaient faites avec esprit, Mme DE CAYLUS Souven. p. 253, dans POUGENS.• Comme il n'y avait que ma conduite qui pût dépendre de moi, et que d'ailleurs je savais que les princes se tirent toujours d'affaire, STAAL Mém. t. II, p. 125.• Je ne me tirai pas mal du rôle de vieillard [dans une tragédie], attendu que malheureusement je le joue d'après nature, VOLT. Lett. Tressan, 3 févr. 1758.• Croyez-vous de bonne foi que, si vous eussiez eu un compte rapide à rendre d'un aussi grand nombre d'artistes et d'ouvrages, vous vous en seriez mieux tiré que lui ?, DIDER. Lett. à Falconet, sept. 1766.• Elle avait tous les talents nécessaires pour se bien tirer d'une négociation, J. J. ROUSS. Confess. III.Il se tirerait d'un puits, se dit d'un homme qui vient de sortir de quelque danger, de quelque embarras très grand, et, en général, qui est ordinairement très heureux ou très habile.Familièrement. S'en tirer, s'en bien tirer, sortir heureusement d'une maladie, d'une affaire fâcheuse.• Que dis-tu de l'histoire et de mon artifice ? Le bonhomme en tient-il ? m'en suis-je bien tiré ?, CORN. le Ment. II, 6.• Je crains bien que ce ne soit ton maître. - Qu'importe ? il s'en faut tirer, HAUTEROCHE Crisp. médec. II, 7.• L'autre aussitôt de s'excuser, Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire Sans odorat ; bref, il s'en tire, LA FONT. Fabl. VII, 7.• Vous ai-je mandé que la bonne marquise d'Uxelles a la petite vérole ? on espère qu'elle s'en tirera : c'est un beau miracle à nos âges, SÉV. 30 sept. 1676.On dit de même : il s'est fort bien tiré de là. Vous aurez quelque peine à vous tirer de là.S'en tirer mal, ne pas sortir heureusement, avec habileté, d'une affaire, d'un embarras.• Il oublie de dire ce qu'il sait, ou de parler d'événements qui lui sont connus ; et, s'il le fait quelquefois, il s'en tire mal, LA BRUY. VI.Comment vous en tirez-vous ? comment s'en tire-t-il, se dit pour s'informer comment on mène quelque affaire, quelque occupation.• Et le jeu ? comment vous en tirez-vous ?, SÉV. 455.Se tirer de la presse, de la foule, se mettre hors du rang des autres.• Quelques hommes importants à la cour qui s'étaient persuadés que Son Altesse Sérénissime [le comte de Clermont] ne pouvait paraître à l'Académie sans y occuper une place qui le tirât, disaient-ils, de la foule, dont il se tirait bien mieux en cherchant à s'y cacher, D'ALEMB. Oeuv. t. XI, p. 410.Se tire du pair, se tirer de pair, s'élever au-dessus des autres, avoir quelque avantage particulier.57° Être ôté à un lieu en parlant d'un objet.• Il couchait dans une chambre haute où l'on montait par une échelle qui, apparemment, se tirait quand il y était entré, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. v, p. 432, dans POUGENS.58° Être mis hors.• Les enfants des dieux, pour ainsi dire, se tirent des règles de la nature, et en sont comme l'exception, LA BRUY. II.59° Être extrait de, par distillation ou expression. L'huile se tire des olives.60° Être extrait de, par la mine, la pioche ou la pelle. Ce marbre se tire de telle carrière.61° Être obtenu, recueilli.• Tire le bien du mal, lorsqu'il s'en peut tirer, RÉGNIER Sat. XV.• C'est principalement de ce concile [de Trente] que se tireront des éclaircissements qui devront contenter les protestants, BOSSUET Projet de réunion, Lettre 40.• Louis XIII avait prédit à mon père le grand parti qui se pouvait tirer de Blaye, SAINT-SIMON 9, 112.62° Être l'objet d'un tir.• Tout le monde est rassemblé dans les avenues où se tire le prix, DANCOURT le Prix de l'arqueb. sc. 15.63° Être imprimé. Cet ouvrage se tire à mille exemplaires.64° Être conclu comme conséquence.• La grandeur de l'homme est si visible, qu'elle se tire même de sa misère, PASC. Pens. I, 4.PROVERBE On tirerait plus tôt un pet d'un âne mort qu'un sou de sa bourse, se dit d'un avare duquel on ne peut rien obtenir.On dit de même : On tirerait plutôt de l'huile d'un mur, que de tirer de l'argent de lui.XIe s.• [Il] Tiret sa barbe cum hum ki est iret, Ch. de Rol. CLXXIII.XIIe s.• Bien savez e veez à quei il [le roi] tent e tire, Th. le mart. 36.• Tant ont erret et lor voie tirerent, Qu'à Ribuemont à quinze jors revinrent, Raoul de C. 261.XIIIe s.• Si tost com l'achoisist, a sa resne tirée, Berte, XLVI.• Après le roi mon pere si fort li cuers [coeur] me tire, ib. LXXXVIII.• Mainte paume batue et mains cheveus tirés, ib. CXXXII.• Lors a pris s'espée à tirer Du fuerre [fourreau], si l'en volt ferir, Ren. 4227.• Et sa femme vers soi le tire, Qui bien voit qu'il est à mesaise, la Rose, 16602.• Ces nefs, qui vont amont ce flun, se font tirer, pour ce que l'aigue court trop fort ; car autrement ne pourroient-elles monter, MARC POL p. 478.• À ce tirons sor tote rien, Qu'el se marit et bel et bien, Partonop. v. 6533.• Tant comme la chose est plus pesanz, tant se tire ele plus vers abisme, BRUN. LATINI Trésor, p. 113.• Seigneurs, ne regardez qu'à main senestre, pour ce que chascun i tire, JOINV. 224.• Vous orrez tout en un tirant [vous entendrez tout de suite], Hist. des trois Maries, ms. p. 74, dans LACURNE.XIVe s.• En la ville [de la Rochelle] n'i ot si petit ne si grant, Qui à estre françois n'alast moult desirant ; à sa nature va li lieux tousjours tirant, Guesclin. 18770.XVe s.• Après ce que les barons du royaume lui eurent faict feauté et hommage, excepté le jeune roi d'Angleterre, qui encores ne s'estoit tiré avant, FROISS. I, I, 51.• [Jacques d'Artevelle voulait s'échapper par derrière] mais son hostel estoit jà rompu et effondré par derriere, et y avoit plus de quatre cents personnes qui tous tiroient à l'avoir, FROISS. I, I, 248.• [Je] deis la cause qui me menoit et le desir qui me tiroit de servir et plaisir faire à sa haultece, CHRIST. DE PISAN Charles V, I, 2.• Le menu peuple tire tantost la vie des souverains en exemple, Bouciq. IV, 6.• Le suppliant aperçut des oultardes, esquelles il se adressa pour y tirer, DU CANGE cavalcare..• Au partir de la porte, il n'avoit que six lances, mais tout le monde commencea à tirer après luy, Hist. d'Artus III, p. 766, dans LACURNE.• Atant picquerent les deux chevaliers l'ung à l'encontre de l'autre tant que les deux chevaulx povoient tirer, Perceforest, t. VI, f° 63.• Le cheval sur quoy Lancelot estoit monté estoit ung pou trop tirant, si le portoit oultre sa volonté mainteffois, Lancelot du lac, t. I, f° 127, dans LACURNE.• Et lors madame, tout en riant et par maniere de farce, tout à part le tira, et puis coiement luy dit...., Jeh. de Saint. ch. IX.• Lors tira son chemin devers Noyon, COMM. I, 2.• Disant que l'on estoit en peril, et conseilloit tirer à l'aube du jour le chemin de Bourgongne, COMM. I, 4.• Il [Louis XI] tyra en Normandie pour assembler ses gens, COMM. I, 5.• Le cueur leur tyra plus à la paix que à la guerre, COMM. IV, 6.• Et croy que il disoit vray, se les choses se fussent tirées oultre, COMM. IV, 1.• Leurs conseils estoient longs ; et cependant le roy tiroit avant, COMM. VII, 15.XVIe s.• Tant testonné, tant bien tiré, tant bien espousseté, RAB. Garg. I, 15.• Et lors cessoit de manger quand le ventre luy tiroit, RAB. ib. I, 21.• Tirans les langues comme levriers, RAB. ib. I, 33.• Les coupz d'artillerye que l'on tiroyt du chasteau, RAB. ib. I, 34.• Le froc tire à soy les opprobres, comme le vent dit cecias attire les nues, RAB. ib. I, 40.• Je vous envoye son pourtraict tyré sur le vif, RAB. Ép. 9.• Les plus ordinaires occasions se tirent de cette practique, MONT. I, 25.• À quoy faire y reculez vous, si vous ne pouvez tirer arriere ?, MONT. I, 89.• J'advisay d'en tirer quelque usage, MONT. I, 95.• Quoy qu'il en soit, nature tirera cependant son train, MONT. I, 99.• Il tire le bonnet [il salue]...., MONT. I, 109.• Ils tirent seurement de leurs arcs en nageant, MONT. I, 112.• Tirer une promesse de quelqu'un, MONT. I, 120.• Des chariotes tirées par des boeufs, MONT. I, 238.• Tirer à quelqu'un force coups de traicts, MONT. I, 239.• Un parler sec, qui tire un peu vers le desdaigneux, MONT. I, 292.• Il tira le ver du nez à un certain ambassadeur que...., MONT. II, 13.• Quand les peintres nous tirent, aprez le naturel, un subject qui nous est familier, MONT. II, 282.• Du sang tiré soubs l'aile droite d'un pigeon, MONT. II, 213.• Tout le plaisir qui se peult tirer de leur art, MONT. II, 104.• Les brigands, pendant qu'il passoit par les lieux où ilz se tenoient, se cachoient de peur et se tiroient arriere, AMYOT Thés. 7.• AEgeus tira au sort les autres enfans qui devoient aller quand et luy, AMYOT ib. 19.• La police de Lycurgus estoit austere et plus tirant au gouvernement de la noblesse, AMYOT Lyc. et Num. comp. 4.• Sans s'arrester aux larmes des passagers qui se tourmentent d'effroy et tirent du cueur..., AMYOT Péric. 63.• Tirer une guerre en longueur, AMYOT Fab. 20.• Il tiroit un vent impetueux et bruslant comme un estourbillon de foudre, AMYOT ib. 32.• Evalcus luy tira un coup d'espée.... et Pyrrhus tout aussitost luy tira un coup de javeline, dont..., AMYOT Pyrrh. 70.• Le roy luy feit mener après luy quatre vingts vaches pour les tirer, et en avoir le laict frais par chacun jour, AMYOT Artax. 31.• Quelques vaisseaux qui tiroient moins d'eau passent entre la terre et Barbarico, D'AUB. Hist. II, 80.• Tu estimois la mort en liberté plus chere Que tirer en servant une haleine precaire, D'AUB. Tragiques, éd. LALANNE, p. 116.• Et quand dans les ruisseaux jusqu'à la rive pleins Les hommes tiroient l'eau dans le creux de leurs mains, RONS. 935.• Calvin.... le laissa comme tirant à la mort et ne parlant plus, BÈZE Vie de Calvin, p. 91.• Les petits enfants à la mamelle de leurs meres allangouries, tirants pour neant et ne trouvants que succer, Sat. Mén. p. 110.• Il a du tout perverty et tiré au poil [tiré par les cheveux] les passages de l'Escriture, Dialogues de Tahureau, p. 129, dans LACURNE.• Bref, qui veut en tableau tirer la poesie, Deesse qui du ciel tombe en la fantaisie, Qu'il tire de Ronsard seulement le portrait, AM. JAMYN Poésies, p. 234, verso, dans LACURNE.• Ce qu'assemble pille pille, desassemble tire tire, COTGRAVE .• On touche tousjours sur le cheval qui tire, COTGRAVE .• Il [Charles IX] prist une grande harquebuze de chasse qu'il avoit, et en tira tout plein de coups à eux [aux protestants], mais en vain, car l'harquebuze ne tiroit si loin, BRANTÔME Hommes illustres, Charles IX..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.