- allonger
- allonger ou alonger(a-lon-jé. Devant un a ou un o, le g prend un e : il allongea) v. a.1° Rendre plus long. Allonger une table, une robe. Allonger une rue.• Six chevaux pour allonger un équipage, LA BRUY. 7.Fig.• Sidrac, à qui l'âge allonge le chemin, BOILEAU Lutr. I.Allonger le visage, rendre triste ou penaud.• J'allonge les visages de ceux qui attristaient le mien, VOLT. Lett. à Cath. 48.Allonger le pas, presser sa marche.• Notre suisse, allongez le pas, BÉRANG. Bedeau..Fig. Allonger la courroie, traîner en longueur une affaire, ou tirer parti de ressources médiocres.Allonger le parchemin, faire de longues écritures pour en tirer plus de profit ; tirer un procès en longueur.2° Déployer, étendre, en parlant de certaines parties du corps. Allonger le bras, le cou. L'éléphant peut raccourcir, allonger, courber sa trompe et la tourner en tous sens.Absolument. Retarder, apporter des longueurs.• Une lettre de M. de Cambrai qui ne sert qu'à allonger, BOSSUET Quiét. 218.Familièrement. Allonger un coup d'épée, de poing, de pied ; le donner. Un cheval allonge la ruade, il rue.3° En langage culinaire, allonger une sauce, c'est y ajouter du bouillon ou de l'eau, et en diminuer ainsi la force.4° En termes de chasse, Ce cerf a tout allongé, il a poussé sa nouvelle tête après avoir mis bas. Cet oiseau s'allonge, il se revêt de ses grosses plumes.5° En termes de marine, allonger la ligne, augmenter les distances entre les vaisseaux qui la forment.6° S'allonger, v. réfl. Devenir plus long. Les jours s'allongent du solstice d'hiver au solstice d'été.7° S'étendre. Un serpent s'allonge sur l'herbe.• Là les heures, pour moi, s'allongeaient dans l'attente, DELAV. Paria, II, 5.8° Terme de manége. Baisser la main et augmenter progressivement l'effet des jambes.Allonger pris absolument ou comme verbe neutre, signifie retarder, apporter des longueurs, et non devenir plus long. C'est donc une locution vicieuse que : les jours allongent ; dites : les jours s'allongent.ALLONGER, PROLONGER. C'est rendre plus long. Allonger, c'est ajouter de la longueur ; prolonger, c'est ajouter de la longueur dans un sens déterminé. Au propre, on allonge un chemin, quand on fait le chemin plus long, sans autre indication ; on prolonge un chemin, quand on le poursuit dans la direction qui lui est donnée. Au figuré, on allonge une discussion, quand on la rend plus longue ; on la prolonge, quand, à dessein, on la fait durer. Allongement et prolongement offrent les mêmes distinctions.XIIe s.• Grant demi pié [il] les a fait alongier, Ronc. p. 189.• Fors seul itant qu'ele ne me fait don De lui [l'] amer pour alongier ma vie, Couci, II.XIIIe s.• Garsions s'enfoï, por sa vie alongier, Amont el haut castel qui siet en haut rochier, Ch. d'Ant. VI, 1017.• Se ses sergans avoit le bois vendu et le premier terme assis, n'avoit il pas pooir ne autorité du terme alongier, BEAUMANOIR XXXIV, 7.• Li ples ne doit mie por ce demorer ne alongier, par le [la] coustume de le [la] cort laie, BEAUMANOIR V, 20.• Et si alonge et met en delay moult de coses par se [sa] parece, lesqueles il deüst haster, BEAUMANOIR XXXIV, 20.• Noz traiterons eche [en cet] endroit de le [la] division des lignages, et comment et en quel maniere lignages s'alonge, BEAUMANOIR XIX, 1.XVIe s.• Que ceux qui avoient alongé le serment à la mesure des bonnes moeurs, l'avoient mis à usage d'estrivieres, D'AUB. Hist. III, 150.• Des vins pressés, trempés, allongés, et autres de mesnage, O. DE SERRES 219.Bourguign. elongé ; provenç. alongar, alongnar, alonjar, alunhar ; anc. catal. alongar ; ital. allungare ; de a (voy. à) et long (voy. long).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.