- proverbe
- (pro-vèr-b') s. m.1° Sentence, maxime exprimée en peu de mots, et devenue commune et vulgaire.• Il y a un proverbe garant de tous les autres qui dit que les proverbes ne mentent point, GARASSE Rech. des rech. p. 833, dans LACURNE.• Ne t'attends qu'à toi seul ; c'est un commun proverbe, LA FONT. Fabl. IV, 22.• De proverbes traînés dans les ruisseaux des halles, MOL. Femmes sav. II, 7.• [Des vers] Par le prompt effet d'un sel réjouissant Devenir quelquefois proverbes en naissant, BOILEAU Ép. x..• Le peuple dit que Paris n'a pas été bâti en un jour ; le peuple a souvent raison dans ses proverbes, VOLT. Dict. phil. Credo..• Ah ! voilà notre imbécile avec ses vieux proverbes ! hé bien ! pédant, que dit la sagesse des nations ?..., BEAUMARCH. Mar. de Fig. I, 11.• Ils [les Banians] répondaient, en secouant la tête, par un de leurs proverbes qui signifie que, si l'on approche le beurre trop près du feu, il est bien difficile de l'empêcher de fondre, RAYNAL Hist. phil. IV, 8.• On cite d'autres traits de barbarie non moins exécrables, et qui ont donné lieu à ce proverbe : à Sparte, la liberté est sans bornes, ainsi que l'esclavage, BARTHÉL. Anach. ch. 42.Fig.• Il faut se défier de ces axiomes absolus, de ces proverbes de physique que tant de gens ont mal à propos employés comme principes, BUFF. Hist. anim. II.• Comme le peuple a des proverbes, ces prétendus principes sont les proverbes des philosophes, ils ne sont que cela, CONDIL. Traité des syst. ch. 12.Faire des proverbes, donner lieu à des proverbes.• Le plus grand honneur qui puisse arriver à une comédie, c'est de faire des proverbes, FONTEN. Hist. théâtre franç. Oeuv. t III, p. 49, dans POUGENS..Faire proverbe, se dit d'un vers, d'une phrase d'un ouvrage qui devient proverbe.• Plusieurs de ses bons mots [de Pascal] ont même fait proverbe dans la langue ; et les Lettres provinciales seront éternellement regardées comme un modèle de goût et de style, D'ALEMB. Éloges, Bossuet, Note 14.Fig. Passer en proverbe, faire proverbe, se dit de quelque chose que l'on cite communément comme un modèle, comme un type.• Leur amitié passait en proverbe, LA BRUY. III.• Votre fraternité Fit proverbe autrefois dans l'université, C. DELAV. Éc. des vieill. I, 4.Jouer aux proverbes, se dit d'un jeu de société où l'on s'amuse à des applications de proverbes.• Voiture vous aurait dit que vous avez l'air à la danse ; mais je ne suis pas aussi familier que lui avec les grands hommes et avec les rois ; et il ne m'appartient pas de jouer aux proverbes avec eux, VOLT. Lett. au roi de Pr. 15 mai 1742.2° Les Proverbes, ouvrage de Salomon, qui contient un grand nombre d'instructions pour la conduite de la vie, ainsi dits parce qu'ils sont écrits en forme de sentences.3° Petite comédie qui est le développement d'un proverbe.• Il est vrai que M. de Florian, qui a une charmante petite maison dans Ferney, donna il y a quelque temps un grand souper à Mme de Suchet, où elle joua une ou deux scènes de proverbes, VOLT. Lett. d'Argental, 3 avr. 1775.Terme de musique. Proverbe musical (voy. proverbial).PROVERBE, ADAGE. Le proverbe peut être et est souvent une sentence revêtue d'une métaphore ou représentant une petite parabole. L'adage est une sentence directe qui n'implique ni métaphore ni parabole.XIVe s.• Et pour ce disons nous maintefoies en proverbe que justice est la plus très noble de toutes vertus, ORESME Eth. 142.• Il a en France un tel proverbe : de bon tourneeur [homme de tournoi] couart guerrier, ORESME ib. 79.XVe s.• On dit en un commun proverbe.... que oncques envie ne mourut, FROISS. II, II, 206.XVIe s.• La connoissance tant des mots que des proverbes nous apporte le plus du temps certaine connoissance de l'histoire, PASQUIER Rech. liv. VIII, p. 672, dans LACURNE.Bourguig. provarbe ; provenç. proverbi ; espagn. et ital. proverbio ; du lat. proverbium, de pro, en avant, et verbum, mot, parole (voy. verbe).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.