- voix
- (voî ; l'x se lie : une voî-z aiguë) s. f.1° En général et dans l'acception physiologique, production d'un son dans le larynx. La voix est produite par le passage de l'air dans le larynx, par suite de l'impulsion que communique à la colonne aérienne le mouvement d'expiration ; elle est destinée à mettre l'animal en relation avec les êtres doués du sens de l'ouïe.2° Particulièrement. Son qui est produit par le larynx humain.• Il n'y a pas moins d'éloquence dans le ton de la voix, dans les yeux et l'air de la personne, que dans le choix des paroles, LA ROCHEFOUC. Maximes, au mot éloquence..• Une traîtresse voix bien souvent nous appelle, LA FONT. Fabl. VIII, 21.• Le ton de voix impose aux plus sages, PASC. Pens. III, 3, édit. HAVET..• Ma triste voix était donc réservée à ce déplorable ministère, BOSSUET Duch. d'Orl..• Elle crut entendre une voix douce et paternelle qui lui disait : Je t'ai ramenée des extrémités de la terre, des lieux les plus éloignés, BOSSUET Anne de Gonz..• Il [Louis XIV] assemble dans un temple si célèbre ce que son royaume a de plus auguste, pour y rendre des devoirs publics à la mémoire de ce prince, et il veut que ma faible voix anime toutes ces tristes représentations et tout cet appareil funèbre, BOSSUET Louis de Bourbon..• Le prince se souvint de toutes es fautes qu'il avait commises, et, trop faible pour expliquer avec force ce qu'il en sentait, il emprunta la voix de son confesseur pour en demander pardon au monde, à ses domestiques, à ses amis, BOSSUET ib..• Je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint, BOSSUET Louis de Bourbon..• D'une voix entrecoupée de sanglots.... ils s'écrièrent : Comment est mort cet homme puissant ?, FLÉCH. Tur..• Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, RAC. Andr. I, 2.• Il m'a dit d'une voix qu'il poussait avec peine : S'il en est temps encor, cours et sauve la reine, RAC. Mithr. v, 4.• Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille, RAC. Iphig. I, 1.• Sa voix est douce et modérée, mais forte et insinuante, FÉN. Tél. XXIV.• On l'apprivoise sans peine [le cabiai] ; il vient à la voix, et suit assez volontiers ceux qu'il connaît et qui l'ont bien traité, BUFF. Quadrup. t. v, p. 472.• Sa voix est sonore, flexible, et légère, RICCOBONI Oeuv. t. IV, p. 27, dans POUGENS.• Cette voix argentée de la jeunesse qui fit toujours sur moi tant d'impression, qu'encore aujourd'hui je ne puis entendre sans émotion une jolie voix de fille, J. J. ROUSS. Conf. v..• L'homme a trois sortes de voix, savoir : la voix parlante ou articulée, la voix chantante ou mélodieuse et la voix pathétique ou accentuée qui sert do langage aux passions, et qui anime le chant et la parole, J. J. ROUSS. Ém. II.• Une figure imposante, une voix forte et, pour ainsi dire, impérieuse, donnaient à Charpentier toute la confiance nécessaire dans ces circonstances critiques, D'ALEMB. Élog. Charpentier..• Dans les commencements, lorsque Lysis [un enfant] parlait, qu'il lisait, ou qu'il déclamait quelque ouvrage, j'étais surpris de l'extrême importance qu'on mettait à diriger sa voix, tantôt pour en varier les inflexions, tantôt pour l'arrêter sur une syllabe ou la précipiter sur une autre, BARTHÉL. Anach. ch. 26.• Cléomède remarqua que, lorsque le roi de Perse porta la guerre dans la Grèce, on avait placé des hommes de distance en distance qui pouvaient entendre leurs voix, et faisaient passer des nouvelles d'Athènes à Suze, BAILLY Hist. astr. anc. p. 144.• Inexprimable émotion que la voix de ce qu'on aime, STAËL Corinne, XVII, 9.• D'autres buveurs, francs, militaires, Chantent l'amour à pleine voix, BÉRANG. Aveug. de Bagn..• Il [Dieu] prête sa parole à la voix qui le nie ; Il compatit d'en haut à l'erreur qui le prie ; à défaut de clartés il nous compte un désir ; La voix qui crie Allah, la voix qui dit mon père, Lui portent l'encens pur et l'encens adultère ; à lui seul de choisir, LAMART. Harm. I, 6.Voix cuivrée, voix éclatante et dont le timbre a quelque chose de celui de la trompette.Voix fêlée, celle qui ne se tient pas aux environs du son médium, et qui fait entendre des sons d'un diapason tout différent.Avoir des larmes dans la voix, avoir une voix qui semble entrecoupée de larmes et par conséquent dispose les auditeurs à l'attendrissement.• Mlle Gaussin y avait souvent triomphé [dans Bérénice] à l'aide d'une mélodie perpétuelle et de cette musique, de ces larmes dans la voix, dont l'expression a d'abord été trouvée pour elle par La Harpe lui-même, SAINTE-BEUVE Rev. des Deux-Mondes, 15 janv. 1844, p. 362.À demi-voix, en baissant sa voix.• Puis il [le prêtre] récita une prière à laquelle les chrétiens répondaient à demi-voix de toutes les parties de l'édifice, CHATEAUBR. Mart. v..De vive voix, avec la parole, par opposition à par écrit.• Durant ces temps malheureux les prophètes faisaient retentir de tous côtés, et de vive voix et par écrit, les menaces de Dieu et le témoignage qu'ils rendaient à sa vérité, BOSSUET Hist. II, 4.Fig. Élever la voix, parler avec plus de hauteur, plus d'assurance qu'on n'en a le droit ; faire valoir ses droits. Il ne vous convient pas d'élever ici la voix.Fig. Élever la voix pour quelqu'un, en faveur de quelqu'un, contre quelqu'un, parler hautement pour quelqu'un ou contre quelqu'un.• Ma soeur, pour la triste innocence Qui voudrait élever la voix ?, RAC. Athal. III, 8.Dans un sens analogue :• Crois-tu que quelque voix ose parler pour lui ?, RAC. Esth. II, 1.Fig. Apprendre quelque chose par la voix de la renommée, l'apprendre par le bruit public.Poétiquement. La déesse aux cent voix, la Renommée.Fig. La voix de la guerre, les appels guerriers.• Et, lorsque la trompette et la voix de la guerre Du Nil au Pont-Euxin font retentir la terre, VOLT. Zaïre, I, 2.3° Il se dit, en médecine, des modifications pathologiques de la voix.Voix croupale, altération de la voix qui caractérise le croup.Voix convulsive, névrose de la voix qui consiste dans la difficulté de parler, puis dans la succession de sons discordants que l'on s'efforce en vain de ramener au ton naturel ; affection qui paraît dépendre des muscles du larynx.Voix chevrotante, l'égophonie.Voix thoracique soufflée, voix qui ne se produit que lorsqu'il existe une respiration avec souffle bronchique ou caverneux dans la partie du poumon où la voix soufflée est perçue.4° Il se dit de certains animaux. La voix du perroquet.• À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ; Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie, LA FONT. Fabl. I, 2.• Une voix extraordinaire retentit : c'est celle de cette grenouille qui imite les mugissements du taureau, CHATEAUBR. Voy. en Amér. Journal sans date..• Toi qui donnes sa voix à l'oiseau de l'aurore, Pour chanter dans le ciel l'hymne naissant du jour, LAMART. Harm. I, 1.• Près de leur nid, des vives hirondelles J'entends déjà les matinales voix, P. LEBRUN Poés. t. I, 17.5° Terme de chasse. Aboiement. La voix des chiens.• .... Quand aux bois Le bruit des cors, celui des voix N'a donné nul relâche à la tremblante proie, LA FONT. Fabl. x, 1.Donner de la voix, aboyer.• En hiver, le renard ne cesse de donner de la voix ; il est presque muet en été, BUFF. Morceaux choisis, p. 244.6° Faculté de parler. Il demeura sans voix et sans mouvement.• Mais voici ce qui glacera le coeur, ce qui achèvera d'éteindre la voix, BOSSUET Anne de Gonz..• Le zélé Gilotin, qui prend part à sa gloire, Pour lui rendre la voix fait rapporter à boire, BOILEAU Lutr. I.• J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue, RAC. Brit. II, 2.• Tant de coups imprévus m'accablent à la fois, Qu'ils m'ôtent la parole et m'étouffent la voix, RAC. Phèdre, IV, 2.• Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, L'affreuse vérité me serait échappée, RAC. ib. IV, 5.7° La voix modifiée pour le chant. Voix juste. Voix fausse. Voix étendue. Voix de basse-taille.• Josquin [célèbre musicien du XVIe siècle] a fait voir qu'une voix inflexible et mauvaise peut chanter sa partie ; car, ayant promis à Louis XII, dont il était musicien, de lui faire chanter sa partie, quoiqu'il eût la voix discordante et très mauvaise...., MERSENNE Traité de la voix, I, 35.• M. Dodart découvrit que, dans la voix du chant, il y a de plus que dans celle de la parole un mouvement de tout le larynx, DUCLOS Oeuv. t. IX, p. 343.• Entre le son le plus grave de la voix de basse et le son le plus aigu de la voix de premier dessus, il n'y a que vingt-trois notes ou degrés ; chaque voix a de onze à treize notes ou sons, BUSSET la Musique simplifiée, t. I, p. 29.• Les prêtres ont brisé leurs voix dès l'âge le plus tendre, en voulant suivre le ton des chantres, qui est en dehors de la portée ordinaire des voix humaines, DANJOU Rev. de la mus. relig. février 1845.• On peut, en ne sachant pas la musique, avoir une voix très souple, très sonore et beaucoup de goût, P. GALIN Expos. d'une nouv. méth. p. 12.• La voix se distingue entre les instruments comme en étant un dont tout le monde sait jouer, P. GALIN ib. p. 13.• Si vous possédez une bonne voix, n'hésitez pas un moment à la cultiver, en la considérant comme un des plus beaux dons que le ciel vous ait accordés, FRANZ LISTZ Trad. des conseils aux jeunes musiciens de Rob. Schumann.Avoir de la voix, avoir des dispositions naturelles pour le chant.• Te montrer la musique ! as-tu de la voix ?, DANCOURT Coméd. des coméd. III, 7.Être en voix, n'être pas en voix, avoir, n'avoir pas le gosier disposé à chanter.Voix de poitrine, étendue des sons produits par la situation naturelle des organes de la voix, avec la poitrine pleine et la bouche ouverte, à la différence de ces sons plus aigus que l'on appelle voix de tête ou fausset.Voix de tête, espèce de voix surlaryngienne nommée anciennement fausset, qu'un homme fait entendre lorsque, sortant à l'aigu du diapason de sa voix naturelle dite voix de poitrine, il imite la voix de femme ou d'enfant.• Les ressources de la voix de tête et de la voix mixte étaient tout à fait inconnues [au temps de Rameau], et les notes les plus élevées s'exécutaient toujours à plein gosier, AD. ADAM Souven. d'un music. Un musicien au XVIIIe siècle.Voix blanche, se dit de certaines voix de ténor, claires, ouvertes, mais manquant de timbre et de mordant.• M. Viteaux, qui débutait le même soir, a une voix blanche assez agréable, et qui convient au rôle d'Elvino, TH. GAUTIER Feuilleton du Monit. univ. 17 juin 1867.Voix blanche se dit aussi d'un même chanteur par opposition à voix voilée ou sombrée. Prendre la voix blanche.Voix humaine, jeu de l'orgue qui imite la voix de l'homme quand il chante.Voix humaine, se dit, en Italie, du cor anglais.S'est dit dans le même pays du violon de concerto.Voix angélique, jeu d'orgue qui donne l'octave au-dessus du jeu appelé voix humaine.8° Partie vocale d'une pièce de musique. Un canon à trois voix.Voix principale, partie d'une composition qui en exprime plus particulièrement le caractère propre ; toute voix qui, dans un morceau, se distingue des autres par une mélodie qui lui est propre.Voix extérieures, nom des voix principales les plus aiguës ou les plus graves d'une composition musicale ; on dit, par opposition, voix intermédiaires.Voix solo, voix principale d'un morceau de musique exécuté par une seule personne.9° Un chanteur ou une chanteuse.• Zadig envoya à ce seigneur un maître de musique avec douze voix et vingt-quatre violons, VOLT. Zadig, 6.• Une très belle voix que Dieu nous a envoyée dans nos déserts, nous a chanté des morceaux d'Iphigénie et d'Orphée, qui nous ont fait un extrême plaisir, VOLT. Lett. Delisle, 10 juill. 1774.• Cafarelli disait, en parlant de Farinelli, qu'il avait été premier ministre en Espagne, et ajoutait : il le méritait bien, car c'est une voix admirable, DUCLOS Oeuvres, t. VII, p. 176.On dit simplement une voix pour dire un homme possédant une belle voix. à notre époque les voix sont rares. Lablache et Tamburini n'étaient pas seulement des artistes d'un très grand talent ; c'étaient aussi deux voix de premier ordre.10° Terme de marine. Se dit pour commandement.Être à portée de voix d'un bâtiment, pouvoir s'en faire entendre avec un porte-voix.11° Terme de grammaire. L'air vocal devenu pleinement sonore, pleinement appréciable à l'oreille, et susceptible d'être soutenu dans toute sa plénitude pendant un temps plus ou moins long, JULLIEN., Voix articulée. Voix nasale. Il ne faut pas confondre la voix et la voyelle ; la voix est le son ; la voyelle est le signe destiné à représenter la voix.12° Fig. et dans le langage élevé et poétique. Bruit, son. La voix de l'orage. La voix argentine d'une cloche.• La voix de votre tonnerre a éclaté pour renverser les roues des Égyptiens, SACI Bible, Psaum. LXXVI, 18.• Une lyre aux sept voix lui faisait écouter Les sons que Pausilippe est fier de répéter, A. CHÉNIER Élégies, I, 12.• Par intervalle, il [le fleuve Meschacebé] élève sa voix en passant sous les monts, et répand ses eaux débordées...., CHATEAUBR. Atala, Prologue..• Le bruit de la foudre qui gronde Et s'éloigne en baissant la voix, Le sifflement des vents sur l'onde, Les sourds gémissements des bois, LAMART. Harm. I, 8.• Si la voix du torrent qui gémit dans l'abîme Et se brise en sanglots de rocher en rocher, LAMART. ib. I, 11.• Entendez-vous la voix de la foule lointaine, Que l'air calme du soir à notre oreille amène ?, P. LEBRUN le Cid d'And. II, 3.13° Dans le langage biblique. Ce qui semble parler.• Allez présentement en la grande ville de Ninive, et y prêchez, parce que la voix de sa malice s'est élevée jusqu'à moi, SACI Bible, Jonas, I, 2.• Malgré la voix du sang qui parle à ma douleur..., VOLT. Alz. v, 5.• Pourquoi y a-t-il une voix dans le sang, une parole dans la pierre ?, CHATEAUBR. Génie, I, VI, 2.14° Fig. Suggestion intérieure. La voix de la raison. Résister à la voix des passions. La voix de la conscience.• Écoutez un peu mieux la voix de la nature, RAC. Théb. I, 5.• La fortune t'appelle une seconde fois ; Narcisse, voudrais-tu résister à sa voix ?, RAC. Brit. II, 8.• La voix de tes bienfaits est encore entendue, VOLT. Alz. v, 5.• Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix !, J. J. ROUSS. Ém. V.15° Conseil, avertissement, appel, supplication. Ne soyez pas sourd à la voix des malheureux.• Dans cet oubli profond et de Dieu et d'elle-même, où elle [l'âme] s'était plongée, ce grand Dieu sait bien la trouver ; il fait entendre sa voix, quand il lui plaît, au milieu du bruit du monde, BOSSUET la Vallière..• Crois-tu qu'ils [les janissaires] me suivraient encore avec plaisir, Et qu'ils reconnaîtraient la voix de leur vizir ?, RAC. Baj. I, 1.• La porte du sérail à ma voix s'est ouverte, RAC. ib. III, 2.• N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe ?, RAC. Iphig. I, 3.• Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse, RAC. Athal. IV, 3.• Ou l'orageux forum d'un peuple de héros, Dont la voix des tribuns précipitait les flots, LAMART. Harm. II, 3.16° Suffrage, vote. Recueillir les voix. Aller aux voix. à la pluralité des voix. Il l'a emporté de tant de voix.• Seigneur, votre suffrage a réuni les nôtres ; Votre voix a plus fait que n'auraient fait cent autres, CORN. Pulch. II, 2.• Donnez-moi votre voix pour me faire élire provincial, PASC. Prov. XII.• Il y a un cardinal vénitien, nommé Barbarigo, évêque de Padoue, qui avait plus de voix qu'il ne lui en fallait au scrutin pour être pape ; mais l'accessit gâta tout, SÉV. 589.• Un autre conseiller nous a dit que nous avions gagné tout d'une voix : tout d'une voix est une circonstance qui nous a fait plaisir, SÉV. 16 mars 1689.• Parmi tant de beautés qui briguèrent son choix [de Claude], Qui de ses affranchis mendièrent les voix, RAC. Brit. IV, 2.• Il vaudrait mieux, s'il était possible, peser les voix que de les compter, c'est-à-dire qu'il vaudrait mieux suivre l'avis de ceux qui sont les plus savants et les plus sensés, que de se laisser entraîner au sentiment aveugle du plus grand nombre, DUMARS. Trop. I, 6.• Il y a un sénat à Londres dont quelques membres sont soupçonnés, quoiqu'à tort sans doute, de vendre leurs voix dans l'occasion, comme on faisait à Rome ; voilà toute la ressemblance, VOLT. Dict. phil. Parlement d'Angleterre..• Il [Socrate] eut deux cent vingt voix pour lui ; cela fait présumer qu'il y avait deux cent vingt philosophes dans ce tribunal ; mais cela fait voir que, dans toute compagnie, le nombre des philosophes est toujours le plus petit, VOLT. Dict. phil. Socrate..• J'ai répondu que cette place [à l'Académie française] devait vous être destinée, et que je me ferais un honneur de vous céder le peu de suffrages sur lesquels j'aurais pu compter, si votre mérite ne vous assurait de toutes les voix, VOLT. Lett. la Chaussée, 2 mai 1736.• Elle [l'Académie française] arrêta d'une voix unanime que cette lettre [du roi de Prusse] serait insérée dans ses registres, comme un monument honorable pour vous et pour les lettres, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 11 août 1770.Fig. Donner sa voix à quelque chose, y consentir.• Je ne saurais nier.... Que tu ne sois Sosie, et j'y donne ma voix, MOL. Amph. I, 2.17° Droit de suffrage. Voix délibérative.• La république des Lyciens était une association de vingt-trois villes : les grandes avaient trois voix dans le conseil commun ; les médiocres, deux ; les petites, une, MONTESQ. Esp. IX, 3.• Si les sénateurs n'ont pas voix comme tels à la diète, J. J. ROUSS. Pologne, 6.Il a voix consultative, on entend son opinion, mais on ne la compte pas.Voix active, le pouvoir d'élire ; voix passive, la capacité d'être élu. Il n'a que voix active. Il a voix active et passive.Fig. et familièrement. Avoir voix au chapitre, en chapitre, avoir du crédit dans une compagnie, dans une famille.• Dans ces occasions-là les mères n'ont pas beaucoup de voix au chapitre, SÉV. Lett. à Bussy, 28 août 1668.Fig.• Ni l'honneur, ni la conscience n'ont plus de voix au chapitre, BOISGUILLEB. Factum de la France, I.18° Sentiment, jugement, opinion.• Le ton d'aujourd'hui, c'est l'innocence des nommées [dans l'affaire des poisons] et l'horreur du scandale ; peut-être que demain ce sera le contraire ; vous connaissez ces sortes de voix générales, SÉV. 31 janv. 1680.• La voix publique et celle de votre prince, c'est pour vous la voix de Dieu, BOURDAL. Domin. 10e dim. après la Pentec. État de vie, p. 207.• Et, si de ses amis j'en dois croire la voix, RAC. Bérén. I, 4.• Vous-même vous m'avez avoué mille fois Que Rome le louait [Néron] d'une commune voix, RAC. Brit. II, 6.• J'eus soin de vous nommer par un contraire choix Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix, RAC. ib. IV, 2.• Je n'entends pas ici par voix publique celle de la populace qui est presque toujours absurde ; ce n'est point une voix, c'est un cri de brutes ; je parle de cette voix de tous les honnêtes gens réunis qui réfléchissent et qui, avec le temps, portent un jugement infaillible, RAC. Pol. et lég. la Méprise d'Arras..• Toutes les voix s'unissaient pour louer le comte Ernest, RICCOBONI Oeuv. t. v, p. 130, dans POUGENS.Absolument. La voix publique, se dit quelquefois pour approbation. Il a la voix publique.La voix publique signifie encore la commune renommée.• Tous veulent qu'il soit mort, et c'est la voix publique, CORN. Othon, v, 3.Il n'y a qu'une voix sur, tout le monde est d'accord sur.• Il n'y avait qu'une voix sur mon compte, à commencer par celle de l'ambassadeur, J. J. ROUSS. Confess. VII.• Il n'y a qu'une voix sur le compte de Mlle votre soeur, GENLIS Théât. d'éduc. la Curieuse, II, 6.• Il n'y eut qu'une seule voix dans l'assemblée pour qu'on laissât le merveilleux serpent s'échapper, CHATEAUBR. Génie, I, III, 2.N'avoir qu'une voix, être unanimement d'accord.• Ces divers sentiments [à l'égard des Horaces et des Curiaces prêts à en venir aux mains] n'ont pourtant qu'une voix ; Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix...., CORN. Hor. III, 2.• Les chrétiens et les païens qui nous ont transmis son histoire et ses malheurs [d'Hypatie], n'ont qu'une voix sur sa beauté, ses connaissances et sa vertu, DIDER. Opin. des anc. philos. (Éclectisme).N'avoir qu'une voix, signifie aussi avoir toutes les voix, tous les suffrages.Il n'y a pas deux voix différentes sur ce personnage, tout le monde en porte le même jugement.19° Terme de grammaire grecque et latine. Nom donné à différentes formes du verbe employées pour marquer si le sujet fait l'action du verbe ou la reçoit. Voix active. Voix passive. Voix moyenne.• La voix ou forme du verbe : elle est de trois sortes : la voix ou forme active, la voix passive et la forme neutre, DUMARS. Oeuv. t. IV, p. 68.20° Terme de monnayage. Son que rendent les pièces jetées sur le tas, et d'après lequel on les apprécie. Voix sourde. Voix fêlée.PROVERBE La voix du peuple est la voix de Dieu, le sentiment général est ordinairement bien fondé.Corneille l'a employé pour promesse, parole donnée.• Oedipe : La parole des rois doit être inviolable. - Thésée : Elle est toujours sacrée et toujours adorable, Mais ils ne sont jamais esclaves de leur voix, Et le plus puissant roi doit quelque chose aux rois, CORN. Oed. I, 3.XIe s.• Halt sunt li pui, et la voiz [du cor] est mult lunge, Ch. de Rol. CXXXI.• Puis si s'escriet [Charlemagne] à sa voiz grand e halte, ib. CCXII.• Sunent ces graisles, les voiz en sunt mult cleres, ib. CCXL.XIIe s.• La douce voix du loussignol sauvage, Couci, XIX.• Il parla hautement, bien fist oïr sa vois, Sax. XVIII.• Li rois s'assist tantost, que finée ot sa vois, ib. XXXIII.• Pur ço que tu es inobedient à la voiz nostre Seigneur...., Rois, p. 328.XIIIe s.• À cest mot chet [tombe] pasmée sans vois et sans haleine, AUDEFR. LE BAST. Romancero, p. 16.• Ciaus [ceux] qui n'ont vois ni respons en court, Ass. de Jerus. 96.• Bien pou [peu] vaut la voix qu'on n'escoute, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 250.XIVe s.• Et pour ce que il est voix et commune renommée que...., Ordonn. des rois, t. v, p. 649.• Ceulx qui se esjoissent et delettent superhabundamment et trop en melodies de vois humaines et de vois faites par instrumens, ORESME Éth. 92.• La vois d'un commun peuple, qui par le monde va, Que c'est la vois de Dieu qui le monde crea, Guesclin. v. 6678.XVe s.• L'evesque de Lincolle, qui là estoit present, leva sa voix et dit...., FROISS. I, I, 81.• La voix estoit toute commune aval Londres, que il [le comte de Bourquinghem] estoit avec ce peuple, FROISS. II, II, 109.• Et firent si grand bruit de sonner de leurs grands cors tout à une fois, et de huer après tout à une voix, que...., FROISS. I, I, 42.• Il fit courir une voix [bruit] en ses pays, qu'il avoit bulles du pape, MATH. DE COUCY Hist. de Charles VII, p. 694, dans LACURNE.• Voix de peuple, voix de Dieu ; mais je dis que souventes feis est voiz de diable, Bouciq. III, 14.XVIe s.• Je voudrois savoir à qui mademoiselle Oisille donnera sa voix [passera la parole]. - Je la donne, dit-elle, à Simontault, lequel, je sais bien, n'epargnera personne, MARG. Nouv. XXXII.• Sans espandre ni voix ni pleurs, MONT. I, 8.• D'une voiz tremblante, MONT. I, 127.• Cette syllabe frappoit trop rudement leurs aureilles, et cette voiz [le nom de la mort] leur sembloit malencontreuse, MONT. I, 72.• La voix [la faculté de parler] que la nature lui avoit refusée, MONT. I, 92.• Il faut juger ces choses par la voye de raison, non par la voix commune, MONT. I, 230.• Ont le lit nuptial trois fois environné : Puis d'un charme à sous-vois l'ayant empoisonné, Et fasciné la chambre en tournant leurs caroles...., RONS. 824.• Sans, durant ce long temps, avoir onques ouy ny vent ny voix de son mary, Nuits de Straparole, t. II, p. 64.• Ô combien d'efficace a la voix qui console, Quand le conseiller joinct l'exemple à la parole !, D'AUB. Tragiques, les feux..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.