- teint
- teint 1.(tin) s. m.Manière de teindre. Drap bon teint. Cette étoffe est mauvais teint.• Des trois couleurs primitives que la teinture emploie, le rouge, le jaune et le bleu, il n'y a plus que le jaune qui ne présente pas un degré de solidité suffisant pour qu'on puisse le regarder comme couleur fixe ou bon teint, CHAPTAL Instit. Mém. scienc. t. II, p. 507.Le grand teint, ou le bon teint, le teint qui est fait avec des drogues chères et propres à donner une couleur solide, et résistant à la détérioration exercée par le soleil. Le petit teint, ou le mauvais teint, ou le faux teint, teinture faite avec de mauvaises drogues et qui s'altère facilement.• Il sera libre à tous fabricants de teindre et peindre, faire teindre et peindre les étoffes, toiles ou toileries en grand ou en petit teint ou en couleur mélangée de grand et petit teint.... le plomb de bon teint ne sera apposé que sur celles teintes en bon teint ; et, à l'égard de celles teintes en petit teint ou en couleur mélangée, il ne pourra y être mis que le plomb de petit teint, Lett. patent. 5 mai 1779, art. 8.• Fixer sur les tissus plusieurs couleurs qu'on regardait comme faux teint, CHAPTAL Instit. Mém. Acad. scienc. t. I, p. 348.• Ces mêmes auteurs [grecs] distinguent les couleurs en couleurs fugaces et couleurs permanentes, comme nous les distinguons aujourd'hui en couleurs de grand teint et couleurs de petit teint, AMEILHON Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. III, p. 362.Grand-teint, titre d'une communauté de teinturiers qui ne pouvaient employer que des drogues de première qualité.XIIe s.• De loin reluit li teinz et li blasons, Ronc. p. 132.XIIIe s.• Dame, c'est uns tains de folie, Qui par le païs est espars, Lai du conseil.XVIe s.• La campagne recolorée Du teint de ses plus belles fleurs, DU BELLAY Oeuvres, p. 322, dans LACURNE.Teint 1 ; provenç. tenh ; catal. tint ; espagn. tinte ; ital. tinto.————————teint 2.Le coloris du visage.• Sur l'éclat d'un beau teint qu'on voit si périssable, CORN. Mélite, I, 1.• Comme dans ces prisons son teint s'est altéré !, ROTR. Herc. mour. II, 4.• Soudain son visage a changé, son teint s'est éclairci, ses yeux se sont animés, MOL. Am. méd. III, 6.• Jamais je ne vous vis un teint si frais et si gaillard, MOL. l'Av. II, 6.• C'est un grand déplaisir que votre beau teint ne puisse pas soutenir l'air de Provence, SÉV. 80.• La reine [ femme de Jacques II] maigre et des yeux qui ont pleuré, mais beaux et noirs, un beau teint, un peu pâle, SÉV. 505.• Elle a la taille fort belle, les yeux beaux, le teint fort uni, mais un peu trop chargé de rouge, FLÉCH. les Grands jours d'Auv..• Qu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie Semblait d'ortolans seuls et de bisques nourrie ?, BOILEAU Sat. III.• Attends, discret mari, que la belle en cornette Le soir ait étalé son teint sur la toilette, Et dans quatre mouchoirs, de sa beauté salis, Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis, BOILEAU ib. x..• L'or même à la laideur donne un teint de beauté, BOILEAU ib. VIII.• Qu'il paraît bien nourri ! quel vermillon ! quel teint !, BOILEAU ib. X..• La pâleur de la mort est déjà sur son teint, RAC. Phèdre, v, 5.• Dieux puissants ! quelle étrange pâleur De son teint tout à coup efface la couleur !, RAC. Esth. II, 7.• Si les femmes étaient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, qu'elles perdissent en un moment toute la fraîcheur de leur teint..., LA BRUY III.• Elle [Mme de Jarnac] avait, disait-on, un beau teint pour éclairer sa laideur, Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 146, dans POUGENS.XVIe s.• Adieu à qui gueres ne chaut D'armer son tainct contre le chaut, MAROT II, 122.• Leurs beaux visages et leurs beaux teincts, AMYOT Pomp. 98.• Joye au coeur fait beau teint, COTGRAVE .• Au dernier coin se sied la miserable crainte.... Son visage sans feu a le teint du trespas, D'AUB. Tragiques, édit. LALANNE, p. 142.Teint 3.————————teint, einte 3.1° À quoi on a donné une certaine couleur. Une robe teinte en noir.Drap teint en laine, drap dont la laine a été teinte avant d'être employée à la fabrication de l'étoffe.2° Qui offre une certaine teinte.• Il [le petit râle de Cayenne] a le devant du cou et la poitrine d'un blanc légèrement teint de fauve et de jaunâtre, BUFF. Ois. t. XV, p. 259.3° Qui a reçu une couleur qu'il est difficile de faire disparaître. Des mains teintes de sang.• De tous les deux côtés on me donne un mari, Encor tout teint du sang que j'ai le plus chéri, CORN. Cid, v, 5.Fig. Il est encore teint du sang de ses victimes, ses mains sont teintes de sang, se dit d'un homme qui a commis ou ordonné des meurtres.• Ce prince [le duc d'Anjou], teint du sang répandu à la journée de la Saint-Barthélemy, VOLT. Ann. Emp. Maximilien II, 1573.Dans un sens favorable.• La liberté ! j'ai vu cette déesse altière, Avec égalité répandant tous les biens, Descendre de Morat en habit de guerrière, Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens Et de Charles le Téméraire, VOLT. Ép. au lac de Genève..4° Fig. Qui a reçu une certaine manière d'être.• Des idées teintes de la sagesse humaine, L'ABBÉ HAUTEVILLE dans DESFONTAINES.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.