- parc
- (park) s. m.1° Espace considérable, environné de murs ou de palissades, pour y conserver des bêtes fauves, ou pour le seul agrément d'une maison de campagne. Un parc anglais. Un parc français.• Tous parcs étaient vergers du temps de nos ancêtres ; Tous vergers sont faits parcs ; le savoir de ces maîtres Change en jardins royaux ceux des simples bourgeois, LA FONTAINE Psyché, I, p. 104.• Tel est, par exemple, le parc célèbre de Milord Cobham à Slaw ; c'est un composé de lieux très beaux et très pittoresques dont les aspects ont été choisis en différents pays, et dont tout paraît naturel, excepté l'assemblage, comme dans les jardins de la Chine dont je viens de vous parler, J. J. ROUSS. Hél. IV, 11.• La terre n'y est pas surchargée de ces parcs, de ces forêts immenses qui fournissent moins de bois aux besoins de l'homme, qu'ils ne détruisent de guérets et de moissons en faveur des bêtes qu'on y enferme pour le plaisir des grands et le désespoir du laboureur, RAYNAL Hist. phil. I, 20.• Moi-même, comparant le parc anglais au nôtre, J'hésitai, je l'avoue, entre Kent et Le Nôtre, DELILLE. Hom. des ch. II.• Les parcs de Versailles, où il y a tant d'art qu'il n'y a plus de nature, VILLEM. Litt. fr. 18e siècle, 2e part. 2e leçon..Terme d'ancienne coutume. Devoir le parc, être soumis à l'obligation de garder des bêtes enfermées dans un parc.2° Pâtis entouré de fossés où l'on met les boeufs pour les engraisser.Clôture faite de claies, où l'on enferme les moutons quand ils couchent dans les champs. On distingue le parc fixe ou domestique et le parc mobile ou des champs. Le parc des champs est établi sur une terre que l'on veut fumer, jachère, prairie, céréale levée, etc.• Pour conserver l'herbe, on ne livre chaque jour au troupeau que ce qu'il peut consommer ; on le retient dans un parc, où il trouve assez d'herbe pour le nombre des moutons, GENLIS Maison rust. t. I, p. 245, dans POUGENS.• On donne ordinairement dix pieds carrés pour chaque mouton ; afin que tout profite, on n'établit le parc qu'après un ou deux labours, pour que l'urine et même la transpiration du corps de l'animal couché sur la terre et la vapeur de son suint la pénètrent plus facilement, DAUBENTON Instit. Mém. scienc. t. I, p. 398.Coup de parc, durée du séjour des moutons dans un parc mobile. Chaque coup de parc dure quatre à cinq heures, après quoi les troupeaux sont changés de place.3° Il s'est dit aussi des abeilles.• Des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l'ombre, le long des flancs de l'Hymette, et annonçaient les parcs ou les chalets des abeilles, CHATEAUBR. Itin. 1re part..4° Terme de chasse. Enceinte de toiles, où l'on enferme et court les bêtes noires.5° Parcs de mer, ou, simplement, parcs, pêcheries environnées de filets, dont les mailles sont réglées par l'ordonnance de la marine.• ....Des filets appelés hauts et bas parcs, ravoirs, courtines et venets.... les mailles des bas parcs.... auront 2 pouces en carré ; et ils seront attachés à des pieux plantés à cet effet dans les sables, sur lesquels le rets sera tendu, sans qu'il y puisse être enfoui ; les mailles des hauts parcs auront un pouce ou 9 lignes au moins en carré, et ils seront tendus en telle sorte, que le bas du filet ne touche point aux sables, Ordonn. août 1681.En Normandie, synonyme d'étalier 2.6° Parc aux huîtres, lieu préparé pour y mettre des huîtres ; elles s'y engraissent et deviennent meilleures.7° Terme de guerre. Le parc des vivres, le lieu où sont les munitions de bouche.Parc d'artillerie, la partie d'un camp où l'on met le canon et les poudres, et qui est gardée ordinairement par des troupes, pour prévenir les accidents du feu.Réunion de voitures qui font le transport du matériel d'une armée (artillerie, génie, administration).• Son parc [du visir Kara Mustapha], c'est-à-dire l'enclos de ses tentes, était aussi grand que la ville assiégée [Vienne] ; il y avait des bains, des jardins, des fontaines ; on y voyait partout l'excès du luxe, avant-coureur de la ruine, <
Ann. Emp. Léopold, 1683. 8° Terme de marine. Le lieu où sont renfermés les magasins, et où l'on construit les vaisseaux de l'État.Enceinte de planches, entre deux ponts, pour enfermer les bestiaux que les officiers font embarquer pour leur consommation.Partie d'un vaisseau où sont placés les boulets.Parc en gobelet, espèce de parc à boulets formé d'un retranchement en planches.9° Se dit des endroits des marais salants où l'on fait séjourner l'eau de la mer pour en extraire le sel.10° Lieu où se livraient les combats judiciaires, dans le moyen âge. Les gens de justice gardaient le parc, et, dans le cas où une des parties aurait parlé de paix, ils avaient grande attention à l'état actuel où elles se trouvaient toutes les deux en ce moment, pour qu'elles fussent remises dans la même situation, si la paix ne se faisait pas.Par extension.• Du temps de Plutarque, les parcs où l'on combattait à nu rendaient les jeunes gens lâches, les portaient à un amour infâme...., MONTESQ. Espr. VIII, 11.11° Parc aux cerfs, nom d'un ancien quartier de Versailles, bâti sur l'emplacement d'un ancien parc aux cerfs qui tenait aux bois de Satory, et faisant partie du quartier Saint-Louis ; Louis XV y a possédé une petite maison (rue Saint-Médéric), et y a entretenu quelques jeunes filles.12° Terrain à jouer aux quilles.XIIe s.• Son seignor [il] vit en presse mal mener ; Cele part vint corant toz eslessiez [élancé] ; En son poing tint le brant forbi d'acier ; Là fist tel parc comme as chiens li sangliers, Li charrois de Nymes, V. 355.XIIIe s.• Quiconques veut estre bateres d'or et d'argent en feuille à parc, estre le puet franchement pour tant que il face bone euvre et loial, Liv. des mét. 77.• Ne li pastors qui n'est pas nices, Qui le bestail garde et les lices En ce biau parc, c'est chose voire, Ne lerroit entrer beste noire, la Rose, 20445.• Donques en un mois de fevrier Si vit on deux solaus raier [rayonner], Et si avoit entour un parc Qui de coulor resanbloit l'arc Qui s'apert en signe de plueve [pluie], PH. MOUSKES ms. p. 418, dans LACURNE.XIVe s.• Ung parc fist entour lui et un si grant esploit [en parlant d'un chevalier qui fait autour de lui comme une enceinte en combattant], Guesclin. 1008.• [Avril].... qui florist de toutes parts Les prés, les bois et les chams et les pars, MACHAUT p. 130.• Quant li roys de France vendra [viendra] en parlement, que le parc [l'enceinte] soit tout vide, Ord. des rois, t. II, p. 228.• Se mes bestes ont esté en vos prez et vous ont fait aucun dommaige, prenez icelles bestes et les mettez en parc ou en tect, ainsi comme accoustumé est en tel cas, DU CANGE parcus..• Mout tost en fu [de la foule] li pars emplis, J. DE CONDÉ t. III, p. 21.XVe s.• Et fit faire le dit roi [d'Angleterre] un grand parc près d'un bois derriere son ost ; et là mettre et retraire tous chars et charrettes, FROISS. I, I, 284.• Onques pour ce ne desista ; En derrain part s'est embatu ; Des quilles toutes y getta, E. DESCH. Poésies mss. f° 280.XVIe s.• Ô puissant Pan, qui seul de toutes parts Vas conservant nos loges et nos parcs, MAROT I, 310.• Quelquefois une maladie survenant tue miserablement tout un parc de bestail, le mieux nourri qu'il est possible, LA BOÉTIE 148.• Si alla jusques au parc des exercices, et là monta sur un tribunal hault elevé, AMYOT Anton. 103.• Comme les foulles de soldats passoient pour le rafraichissement contre le parc des poudres, le feu s'y mit, D'AUB. Hist. I, 292.• Fais rentrer dans le parc ta brebis esgarée, DESFORTES Oeuv. chrest. XVIII, Plainte..• Pareillement cognoissent de parc brisé et des excès faits à leur prevost en faisant ses exploits, Coust. gén. t. I, p. 1006.Picard, perc ; provenç. parc ; espagn. parque ; ital. parco ; anc. h. allem. pfarrich, pferrich ; allem. Pferch ; anglo-sax. pearruc, pearroc ; gaél. pairc ; kimry, parc et parwg ; bas-bret. parc ; bas-lat. parcus. Mot d'origine obscure. Dans l'allemand et dans le celtique il est isolé, de sorte qu'on n'est pas sûr qu'il appartienne à ces langues. Diez rejette l'allemand bergen, cacher, attendu que le p est partout ; il conjecture une origine latine, parcere, épargner ; de sorte que parcus serait l'adjectif latin parcus, qui épargne, pris substantivement pour désigner le lieu où l'on met en réserve. Ajoutons que presque tous les mots allemands commençant par pf sont d'origine latine.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.