o

o
o 1.
s. m.
   La quinzième lettre de l'alphabet et la quatrième voyelle. Un grand O. Un petit o.
   Il est vrai qu'on a fort longtemps prononcé en France l'o simple comme s'il y eût eu un u, comme chouse pour chose, foussé pour fossé, arrouser pour arroser, et ainsi plusieurs autres ; mais, depuis dix ou douze ans, ceux qui parlent bien disent arroser, fossé, chose, VAUGEL. Rem. t. II, p. 536, dans POUGENS.
   Comment voulez-vous qu'une nation puisse subsister avec honneur, quand on imprime je croyois, j'octroyois, et qu'on prononce je croyais, j'octroyais ? comment un étranger pourra-t-il deviner que le premier o se prononce comme un o, et le second comme un a ?, VOLT. Disc. Velches, Suppl..
   L'o bref, celui qui n'est marqué d'aucun signe et qui se prononce comme dans hotte ; l'ô long, celui qui est marqué d'un accent circonflexe et qui se prononce dans hôte.
   Dans les chiffres romains, lettre numérale qui signifiait onze.
   Avec un tiret dessus, dans cette ferme, O signifiait onze mille.
   Sur les anciennes monnaies de France, O indique celles qui ont été frappées à Riom.
   Dans l'ancienne musique, signe qui marquait le temps parfait, c'est-à-dire la mesure en trois temps ; la moitié de ce signe, ou un C indiquait le temps imparfait ; cette dernière indication est seule restée en usage.
   Dans le calendrier républicain, O marque le 8e jour de la décade, octidi.
   O désignait l'alun dans l'ancienne chimie ; OO désignait l'huile.
   O désigne maintenant l'oxygène.
   En géographie, astronomie et marine, O signifie ouest ; S. O., sud-ouest ; N. O., nord-ouest.
   Terme de commerce. Abréviation du mot ouvert : C/O, compte ouvert.
   Parmi les anciens, la lettre O était le symbole de l'éternité, à cause qu'elle figure un cercle qui n'a pas de fin.
10°   Se dit d'une ouverture ronde. Ainsi on appelle quelquefois O l'ouverture faite à la nef d'une église pour communiquer avec les combles.
   Il se dit plus fréquemment de la rose ou fenêtre circulaire qui se trouve au-dessus du portail des anciennes églises.
11°   L'O du Giotto, se dit d'une figure parfaitement ronde, tracée, dit-on, par le Giotto d'un seul coup de pinceau, pour donner au pape Benoît IX une preuve de son habileté ; c'est le pendant de l'histoire d'Apelle et de Protogène.
   XIIIe s.
   O est roons comme li mons [le monde] ; O est maniere d'arester, D'estanchier et de coi ester, Etde mal faire cesser rueve [demande]{{}}; Lceste lettre bien le prueve, Senefiance de l'A B C, < t. II, p. 282.
   Lat. o ; grec, o et oméga.
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o 2.
s. m.
   Caractère ou figure numérique qu'on appelle zéro. Il faut deux 0 [zéro] après 5 pour faire cinq cents.
   Fig. C'est un 0 [zéro] en chiffre, se dit d'un homme, d'une chose inutile.
   Dans le commerce et la banque, deux 0, ainsi disposés % signifient cent : 5 pour %, cinq pour cent.
   Terme de musique. O désigne la corde à vide sur le violon et la guitare, et quelquefois le pouce.
   Dans la notation chiffrée proposée par J. J. Rousseau, O est le signe général des silences ; dans ce sens il est employé comme zéro.
   Dans l'art de lire l'harmonie représentée par des chiffres, on marque par O la note qui ne doit pas être accompagnée.
   Un petit 0 après un chiffre et au-dessus de la ligne signifie degré, en parlant d'une échelle ou d'un cercle. 15°, quinze degrés.
   XVIe s.
   Que M. de Guyse se devoit saisir de sa personne [Henri III], et que de là en avant il ne serviroit plus que d'un 0 en chiffre, Particularités concern. l'assass. du duc de Guyse, Châlons, 1589, p. 41.
   O, zéro.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
2. O. - ÉTYM. Ajoutez : D'après M. Eman Martin, Courrier de Vaugelas, 1er juin 1875, p. 19, les paysans de la Beauce et du Perche disent encore aujourd'hui : c'est un o en chiffre ; et zéro ne se serait substitué à o que dans le commencement du XVIIIe siècle.
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o 3.
préposition
Ancienne préposition qui signifie avec et qui est encore usitée dans quelques provinces. Viens o moi.
   XIe s.
   Que jel suivrai od mil de mes fedelz, Ch. de Rol. VI.
   XIIe s.
   Guiteclins va par terre o sa grant baronie, Sax. VII.
   O est une altération des formes romanes, ob, od, ab, qui proviennent du latin apud, chez ; apud avait, dans la basse latinité, le sens de avec.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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