- desserrer
- (dè-sè-ré) v. a.1° Relâcher ce qui était serré. Desserrer sa ceinture. Desserrer un lien.Desserrer un noeud, le rendre moins serré ; et, figurément, desserrer les noeuds de l'amitié, rendre l'amitié moins étroite.• Apprends de cet exemple à desserrer les noeuds Par qui l'affection, par qui le sang te lie, CORN. Imit. II, 9.Terme de typographie. Desserrer une forme, chasser les coins dans le sens rétrograde au moyen d'un décognoir et d'un marteau. Desserrer la lettre. Desserrer une forme de distribution.Desserrer les dents, ouvrir la bouche. La convulsion des mâchoires était si forte qu'on ne put lui desserrer les dents.• Car, lâchant le bâton en desserrant les dents, Elle tombe...., LA FONT. Fabl. X, 3.Fig. et familièrement. Desserrer les dents de quelqu'un, le faire parler.• Quel intérêt assez pressant lui fait faire une telle école, desserre les dents d'un tel homme ?, BEAUMARCHAIS Mère coupable, II, 7.Desserrer les dents, parler.• .... à peine ai-je eu le temps De dire quatre mots, de desserrer les dents, BOISSY Babillard, sc. 15.Ne pas desserrer les dents, ne pas dire un mot dans une société, se taire obstinément.• Je ne desserre pas la bouche seulement, MOL. le Dép. II, 7.• Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot, j'en conviens : mais que faut-il donc faire ? Parler de loin ou bien se taire, LA FONT. Fabl. X, 2.• Si je puis desserrer mon gosier qui n'est pas en état de chanter, SÉV. 423.• Vous nous dites les plus belles choses du monde ; quand vous serez devant elle, vous ne pourrez desserrer les dents, BARON Homme à bonnes fortunes, III, 1.2° Desserrer un coup de pied, un coup de fouet, un soufflet, l'appliquer soudainement et avec violence.• Maître Aeneas un coup desserre D'épée ou bien de cimeterre, SCARRON Virg. trav. VI.• .... Le cheval lui desserre [au loup] Un coup et haut le pied, LA FONT. Fabl. XII, 17.3° Se desserrer, v. réfl. Devenir moins serré. Le noeud se desserre. Cette tresse s'est desserrée.Fig. Avoir moins d'angoisse. à cette bonne parole, mon coeur s'est desserré.XIIe s.• Li venz vanta devers la terre, Qui les nefs tost del port deserre, BENOÎT II, 1067.XIIIe s.• Veez com Hersent est ci prise ; Se je l'aïde à desserrer Et dou pertuis à destouper, Por ce si estes esfraez, Ren. 629.• À grant joie chevauchent la gent qui Dieu vont querre, Et costoient un val dusqu'à la plaine terre, à un pont à arvolt [à arche voûtée] où une aigue desserre, Ch. d'Ant. III, 38.XVe s.• Quand vint le soir, la poterne fut desserrée [ouverte], LOUIS XI Nouv. I.XVIe s.• Et permettez que ce bras angevin Par l'air françois desserre un traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre pole, DU BELLAY III, 3, recto..• .... France durant la guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre, DU BELLAY III, 7, recto..• Quand l'obscurité desserre Ses ailes dessus la terre, DU BELLAY III, 79, recto..• Le tout inventé pour la commodité des gens de pied, et pour desserrer [tirer, lancer] balles et dragées, PARÉ IX, Préf..• Puis un grand coup de maillet luy desserre Entre les yeux : le taureau tombe à terre, RONS. 603.Des.... préfixe, pour dé.... avec une s de prononciation, et serrer ; bourg. dessarai ; provenç. dessarrar, deyssarrar, desserrar ; ital. disserrare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.