- civière
- (si-viê-r') s. f.1° Engin propre à transporter des fardeaux, qui a quatre bras et est porté par des hommes.• Brissac me mit sur une civière à fumier et il me fit porter par deux paysans, RETZ IV, 324.2° Terme de marine. Cordage tenant lieu de racage, à la vergue de civadière. Sorte d'élingue pour changer les canons d'affût.3° Nom du bouvreuil, dans quelques cantons.4° Dans la papeterie, sorte de filtre.PROVERBE En cent ans bannière, en cent ans civière, ou cent ans bannière, cent ans civière, se dit pour exprimer que les plus illustres familles rentrent, à la longue, dans la foule vulgaire, en un mot que toutes les fortunes changent.XIIIe s.• C'est com le jeu de la civiere, L'un va devant, l'autre derriere, C'en est l'usage, Choses qui faillent en menage.XIVe s.• Et buvons tant de vins, parmi no cherveliere [vins qui nous portent à la cervelle, à la tête], Qu'il nous convient porter dormir à la chiviere, Baud. de Seb. I, 897.XVIe s.• Il y a un vieil proverbe françois qui dit, en cent ans banniere, en cent ans civiere : qui a esté inventé pour signifier, chacune chose avoir son acroissement et sa declinaison, LANOUE 225.• Un laquais, qui roulle une civiere et une malle verte dessus, D'AUB. Faen. IV, 13.• Et ceux qui [les peuples nomades] toutes saisons Leurs maisons Roulent sur une civiere, RONS. 442.• Nostre Jacques, roy de Naples et de Sicile, qui, beau, jeune et sain, se faisoit porter par pays en civiere, couché sur un meschant oreiller en plume, MONT. III, 287.Picard, chivière ; bourguig. seveire, civeire ; vénitien, civiera ; milanais, scivera ; ital. civéo, civéa ; du bas-lat. coeno-vehum, de coenum, boue, et vehere, porter (voy. véhicule), la civière servant d'ordinaire à porter du fumier. L'italien, civéo, civéa, représente directement le bas-latin, dont les autres formes proviennent par dérivation.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.