- pan
- pan 1.(pan) s. m.1° Partie considérable d'un vêtement, robe, manteau, habit.• D'un des pans de sa robe il couvre son visage, à son mauvais destin en aveugle obéit, CORN. Pomp. II, 2.• De ses bras elle se dérobe, Lui laissant un pan de sa robe, SCARRON Virg. IV.• L'un d'eux [ambassadeurs romains, à Carthage] montrant un pan de sa robe qui était plié : je porte ici, dit-il d'un ton fier, la paix et la guerre ; c'est à vous de choisir l'un des deux, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 380, dans POUGENS.On dit aussi un pan de tapisserie.Pan de cuirasse, partie qui couvrait le haut des reins.2° Terme de chasse. Sorte de filet que l'on tend autour d'un bois.Pan de rets, ceux avec lesquels on prend les grosses bêtes.3° Par comparaison avec un pan de vêtement, partie d'un mur.• Quand on y était parvenu [sous la muraille, par la mine, dans les siéges anciens], on étayait et on soutenait les murailles par de gros pieux de bois, auxquels ensuite les mineurs mettaient le feu et se retiraient ; et bientôt l'on voyait tomber de longs pans de muraille, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VIII, p. 74, dans POUGENS.• En tournant de là vers la gauche, fabriques ruinées, colonnes qui tombent de vétusté, et grand pan de vieux mur, DIDER. Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 409, dans POUGENS.Par analogie.• Quand les tempêtes ont abattu des pans entiers de forêts, CHATEAUBR. Atala, Prologue.4° Chacun des côtés d'un ouvrage de maçonnerie, de menuiserie, d'orfévrerie, etc.• Il fit [Salomon] à l'entrée de l'oracle deux petites portes de bois d'olivier, et des poteaux qui étaient à cinq pans, SACI Bible, Rois, III, VI, 31.• Prismes éblouissants, dont les pans azurés, Défiant le soleil dont ils sont colorés, Peignent de pourpre et d'or leur éclatante masse, DELILLE Hom. des ch. III.• Les pilastres des cloîtres et les pans de la tour des cloches sont les parties qui ont le plus résisté aux efforts du temps, CHATEAUB. Génie, III, V, 5.Pan de comble, un des côtés de la couverture d'un comble.Long pan, le plus long côté d'un comble, d'une lucarne.5° Pan de bois, clôture de charpenterie qui sert à séparer des chambres.Terme de menuiserie. On appelle pans les quatre pièces de bois ou traverses qui forment la couchette.Pan de canon, partie aplatie d'un canon, d'un fusil ou d'une carabine.Dans une lame de sabre ou d'épée, les pans creux sont des évidements assez larges relativement à leur profondeur, ménagés le long de la lame pour l'alléger.Terme de marine. Face d'une pièce de bois dans le sens de sa longueur.6° Pan coupé, figure dont les angles sont coupés.Pan coupé, surface qui remplace l'angle à la rencontre de deux pans de mur.7° À pan, tout à pan, locution usitée dans quelques provinces et signifiant en plein, à même. Mettre quelqu'un à pan d'un panier de fruits. Vendanger tout à pan.XIe s.• De son haubert [il] lui a rompu les pans, Ch. de Rol. XCIX.• En ses granz plaies les pans [les morceaux de son vêtement] [il] li a boutet, ib. CLIX.• Je vous durrai [donnerai] un pan de mon pays, ib. CCXXXI.XIIe s.• La couele et l'estamine out desuz cel [là-dessous, sous ce vêtement] li ber, Mais de pans e de mances les out fait escurter ; Car ne voleit al siecle sa vie demustrer, Th. le mart. 155.• Et riches trez [tentes] de soie à girons et à pans, Sax. v.• À tant David vers le rei s'apreschad, e tut privéement un pan de sun afublail colpad., Rois, 93.• De sous la boucle li perce le blazon ; El cors li met le pan del confanon, Tant con tint l'anste ; l'abat mort el sablon, Raoul de C. 99.• Ne li valut li haubers un bouton ; Ausi li ront com un pan d'auqueton, Bat. d'Aleschans, v. 6753.XIIIe s.• Et li quens de Pierche i fu mors par un ribaut, qui li leva le pan dou haubiert et l'ocist d'un coutiel, Chr. de Rains, p. 157.• Qui corust tous jors sans paresce, Tant cum porroit grant aleüre, Les pans laciés à sa ceinture...., la Rose, 5400.• Chascuns des pans [du mur] cent toises dure, Si est autant lons comme lés [large], ib. 3826.• Nus seliers ne puet metre poil en sele garnie de cordouan [cuir], c'est à dire de coi li sieges et li pan soient de cordouan, Liv. des mét. 209.• Raron, franc Sarrazin, or oiez ma pensée, Crestien ont grant pan de ma terre gastée, Plus qu'on ne peut aler en une grant journée, Ch. d'Ant. IV, 162.• Et quant il fu monté sur son cheval, l'escu au col, le hyaume en la teste, il fist lever les pans de son paveillon et feri des esperons pour aler aus Turs, JOINV. 217.XVe s.• Le chevalier me monstra un pan de mur de la ville, FROISS. II, III, 7.• Seoir sur le pan [le bord] du lit, Perceforest, t. III, p. 132.XVIe s.• Menans des chiens de chasse, et portans en leurs mains des estançons à tendre les pans des retz, AMYOT Pélop. 14.• Il recueillit dedans un pan de sa robbe l'aire d'un aigle, dedans laquelle y avoit sept petits aiglets, AMYOT Marius, 66.• Neron ayant une fois fait faire un pavillon à huit pans, beau, sumptueux..., AMYOT Comm. refrén. la colère, 35.• À meilleur marché bastissés-vous le colombier rond, que quarré ni à pans, O. DE SERRES 382.• Fosses, trapes, rets, pants, amorces, etc., ID. 995.• Quiconque veut edifier maisons et les mettre de pan les unes contre les autres, Nouv. coust. génér. t. I, p. 346.Prov. pan ; esp. paño ; port. pano, panno ; ital. panno ; du lat. pannus ; en grec, morceau d'étoffe. Le sens est passé, de morceau d'étoffe, à une pièce d'étendue quelconque : pan de muraille, et, dans l'ancienne langue, pan de terre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. PAN. Ajoutez :8° Pan de roue, dispositif employé pour franchir les obstacles qui arrêtent les roues d'une voiture ; on fixe un cordage à un rais près d'une jante, on entoure le cercle de la roue avec ce cordage et on tire.9° Terme de boucherie. Le cuissot avec le rognon et le carré.• Veau, 1re qualité, de 1 fr. 68 à 1 fr. 84 ; 2e qualité, de 1 fr. 18 à 1 fr. 66 ; 3e qualité, de 0 fr. 80 à 1 fr. 16 ; pan, cuissot, de 1 à 2 fr. [le kil.], Journ. offic. 14 sept. 1874, p. 8284, 3e col..————————pan 2.(pan) s. m.1° Terme de polythéisme gréco-latin. Le dieu des bergers, compagnon de Bacchus dans son expédition de l'Inde.• Mais souvent dans le style [l'églogue] un rimeur aux abois Jette là, de dépit, la flûte et le haubois.... De peur de l'écouter Pan fuit dans les roseaux, Et les nymphes d'effroi se cachent dans les eaux, BOILEAU Art p. II.• De chasser les Tritons de l'empire des eaux, D'ôter à Pan sa flûte, aux Parques leurs ciseaux...., BOILEAU ib. III.• Ô ma fille ! s'écrie-t-elle, quelle douleur tu m'as causée !... j'ai cru que Pan t'avait enlevée : le dieu dangereux est toujours errant dans les forêts ; et, quand il a dansé avec le vieux Silène, rien ne peut égaler son audace, CHATEAUB. Mart. liv. I.Flûte de Pan, instrument composé de morceaux de roseaux de grandeurs inégales.2° Le grand Pan, personnage mythologique, dont un récit, apocryphe d'ailleurs, fait raconter la mort qui excita de longs gémissements.• Prophéties : le grand Pan est mort, PASC. Pens. XXV, 164, éd. HAVET.Le grand Pan, nom sous lequel les panthéistes ont désigné la nature.• Le dieu qu'adore Harold est cet agent suprême, Ce Pan mystérieux, insoluble problème, Grand, borné, bon, mauvais, que ce vaste univers Révèle à ses regards sous mille aspects divers, LAMART. Harold, x.Fig. Le grand Pan, surnom donné à différents personnages du XVIIe siècle, Richelieu, Saumaise, et que Mme de Sévigné appliqua à Bourdaloue.• Tous ceux [prédicateurs] de cette année, quand le grand Pan ne prêche pas ; ce grand Pan c'est le grand Bourdaloue, SÉV. 28 mars 1689.Lat. Pan, mot dont l'origine est inconnue, mais auquel on a attribué, par erreur, le même sens que le grec, d'où le grand Pan, avec l'acception panthéistique.————————pan 3.(pan)Onomatopée qui exprime soit le bruit occasionné par un corps qui tombe subitement ou frappe sur un autre corps, soit le bruit de quelque chose qui éclate.————————pan 4.(pan) s. m.Abréviation de empan, mesure de longueur usitée dans le Midi, et qui est de 24 centimètres.XVIe s.• Si n'avoit pas les cheveulx plus longs deux pans qui luy recerceloient tout autour du chapellet, Perceforest, t. I, f° 91.Voy. empan.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.