- fouet
- fouet 1.(fouè, comme on le voit par ces vers : Un laquais manque-t-il à rendre un verre net, Condamnez-le à l'amende, et, s'il le casse, au fouet, RAC. Plaid. II, 13 ; quelques-uns prononcent foi, mais cette prononciation est mauvaise et doit être évitée, d'autant plus qu'elle confond fouet avec foi ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : les fouè-z ensanglantés ; fouets rime avec traits, succès, paix, etc.) s. m.1° Longue cordelette de cuir ou de chanvre fixée au bout d'un manche, dont on se sert pour conduire et exciter les chevaux. Le fouet d'un postillon. Allonger un coup de fouet. Faire claquer son fouet.• Les Scythes, faisant réflexion que c'était faire trop d'honneur à leurs esclaves que de les traiter comme des soldats [se battre contre eux], marchèrent contre eux le fouet à la main pour les faire ressouvenir de leur condition, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 75, dans POUGENS.Fig. Faire claquer son fouet, exagérer son importance.• Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre, RAC. Plaid. I, 1.Fig. et familièrement. Donner un coup de fouet, menacer, presser, obliger quelqu'un de faire promptement ce qu'on exige de lui.Coup de fouet, impulsion, excitation. Cette affaire ne marche pas ; elle a besoin d'un coup de fouet.Le coup de fouet, ce qui fait valoir une chose. Lisez, ce n'est pas mal, le coup de fouet s'y trouve.Coup de fouet, insulte.• Il [le cardinal de Bouillon] venait d'éprouver un coup de fouet plus personnel, mais qui lui fut peut-être moins sensible, SAINT-SIMON 78, 3.Terme de pathologie et de vétérinaire. Coup de fouet, voy. COUP n° 1.2° Instrument de supplice autrefois usité.• Les fouets grossis de noeuds et tout hérissés de pointes, dont leurs bras sont armés, BOURDAL. Exhort. sur la flag. de J.-C. t. II, p. 90.• La loi veut qu'expirant par degré Vous tombiez sous les fouets sanglant et déchiré, LEGOUVÉ Épich. et Néron, V, 5.3° Fouet d'armes, arme offensive usitée dans le moyen âge.4° Coups de verge dont on châtie les enfants.• Ou je vais lui donner le fouet tout devant vous, MOL. Mélic. II, 1.• Il faut premièrement que vous ayez le fouet pour avoir menti, MOL. Mal. im. II, 11.Châtiment usité autrefois dans les colléges de l'université.• Il retourna en classe, on lui donna le fouet quelquefois, et il n'en fut pas plus savant, VOLT. Dict. phil. Ignace de Loyola..Fig.• Ou il vous prend Macrobe et lui donne le fouet, RÉGNIER Sat. X..5° Coups de verge dont la justice faisait châtier en France et fait encore châtier en certains pays quelques délinquants ou criminels.• Il n'y avait pas seulement assez d'indices pour faire donner le fouet à un crocheteur, RETZ III, 49.Il a eu le fouet sous la custode, se disait d'un criminel à qui la justice avait fait donner le fouet dans la prison.Fig. Donner le fouet sous la custode, réprimander en secret.Fig. Il se dit de toute punition morale infligée à un vice, à un travers. Le fouet de la satire. Le fouet du ridicule.6° Lanière de cuir qui, attachée au bout d'un manche, sert à frapper un sabot, ce qui le fait tourner.7° Ficelle tordue très serré et par là même très solide, que les cochers et les charretiers mettent d'ordinaire au bout de leur fouet. Cela est fort comme du fouet.Terme de marine. Bout de cordage qu'on détord pour le tresser. Fouet de mât, mâture haute et grêle.8° Le fouet de l'aile, le bout de l'aile des oiseaux.• Le fouet de l'aile est d'un bleu foncé et rembruni dans le mâle, et d'un brun verdâtre dans la femelle, BUFF. Ois. t. VII, p. 122, dans POUGENS.Chez certains mammifères, les poils longs ou en touffe qui garnissent le bout de la queue.• Le fouet de la queue est d'un poil brun approchant du noir, BUFF. Hermine..9° Coulant qui sort du collet de certaines plantes, et qui sert à les multiplier.Fouet de Neptune, nom donné par les marins à plusieurs espèces de fucus et de laminaires.10° Terme d'artillerie. Tir de plein fouet, tir horizontal.PROVERBE La corde et le fouet en sont dehors, c'est-à-dire cela ne mérite ni la corde ni le fouet ; on le dit pour excuser une faute légère.XIVe s.• Un fouet d'yvoire, à trois pommeaux d'or, esmaillés des armes de la royne Jeanne de Bourbon, à quatre chaiennes d'or, DE LABORDE Émaux, p. 321.XVe s.• Pour six grans fouez de nerfs de beuf, garniz de grosses sonnettes, delivrés aux varlès et gens de la chambre d'icelle dame [la royne] pour chasser les chiens, DE LABORDE ib..• Une espée d'armes, garnie de fouet blanc, et au pommeau a une Nostre Dame d'un costé et ung souleil de l'autre nommée l'espée de victoire, DE LABORDE ib. p. 482.• Et, qui pis est, lui ont tiré les membres, lié et serré à force le front de cordes de fouet nouées, Ordonn. 11 oct. 1486.XVIe s.• Crassus lui fait donner le fouet, MONT. I, 60.• La peine du fouet infame, LOYSEL 835.• L'artillerie que nous avons specifiée avoit le fouet pendu au collier pour aller trouver le duc de Nevers...., D'AUB. Hist. III, 158.• Lorsque tel excès se fait [rupture du tendon d'Achille], on oit un bruit en ceste partie, comme d'un coup de fouet, PARÉ VIII, 37.Bourguign. foi ; Hainaut, fouet, faisceau de branches ; milanais, foett ; catal. fuet, fouet. Huet l'a tiré de fou (voy. fou 3), hêtre, comme qui dirait petite branche de hêtre, et Diez l'approuve. Pourtant il est probable que c'est le masculin de fouée qui signifie aussi faisceau de branches et fagot (voy. fouée). Cette étymologie trouve un appui dans fouet 2.————————fouet 2.(fouè) s. m.Ouvrier verrier qui arrange les objets dans les fourneaux.Mottiré, comme fouée, du lat. focus, foyer.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFOUET. Ajoutez :11° Terme de turf. Cheval qui arrive au fouet, cheval que son jockey est obligé de stimuler de la cravache, du fouet, pour l'enlever dans les foulées finales.12° Terme de marine. Coup de fouet, agitation subite et violente de la mer.• Un orage se formait à l'horizon ; et les ondulations du large faisaient présager quelque coup de fouet, l'Indépendance belge, 20 et 21 juill. 1868.Dans l'artillerie, le tir de plein fouet est un tir à trajectoire tendue contre un but sur lequel on peut pointer directement.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.