- vieillesse
- (vié-llè-s', ll mouillées, et non vié-yè-s') s. f.1° Le dernier âge de la vie, ou période de la vie humaine, dont on fixe le commencement à la soixantième année, mais qui peut être plus ou moins retardée ou avancée, suivant la constitution individuelle, le genre de vie et une foule d'autres circonstances. Verte vieillesse.• La vieillesse est un tyran qui défend, sous peine de la vie, tous les plaisirs de la jeunesse, LA ROCHEFOUC. Max. 461.• L'excès de la vieillesse est affreux et humiliant, SÉV. 6 janv. 1687.• Elle était naturellement libérale, même dans son extrême vieillesse, quoique cet âge ordinairement soit souillé des ordures de l'avarice, BOSSUET Yolande de Monterby..• C'est un fameux problème qui a été souvent agité dans les écoles des philosophes, lequel est le plus désirable à l'homme, ou de vivre jusqu'à l'extrême vieillesse, ou d'être promptement délivré des misères de cette vie, BOSSUET ib..• Adieu, mon cher frère ; je crois que nous passerons une assez jolie vieillesse, s'il peut y en avoir de jolie, MAINTENON Lett. à d'Aubigné, 16 oct. 1674.• L'on craint la vieillesse, que l'on n'est pas sûr de pouvoir atteindre, LA BRUY. XI.• À parler humainement, la mort a un bel endroit, qui est de mettre fin à la vieillesse, LA BRUY. XI.• Sur l'aile du temps amenée, La vieillesse arrive étonnée De nous trouver encore enfants, LAMOTTE Odes, t. I, p. 268, dans POUGENS.• Je n'avais point d'idée du bonheur réservé à la vieillesse dans la retraite, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 6 mars 1761.• Je trouve que la vieillesse rend l'amitié bien nécessaire ; elle est la consolation de nos misères et l'appui de notre faiblesse, VOLT. ib. 20 nov. 1765.• Je ne sais rien de si ridicule qu'un médecin qui ne meurt pas de vieillesse, VOLT. Lett. d'Argental, 6 nov. 1767.• Les montagnes d'Écosse, de Galles, d'Auvergne, de Suisse ont fourni plus d'exemples de vieillesses extrêmes que les plaines de Hollande, de Flandre, d'Allemagne et de Pologne, BUFF. Hist. nat. hom. Oeuv. t. IV, p. 358.• C'est à regret que je quitte ces précieux monuments de la vieille nature [les ossements fossiles], que ma propre vieillesse ne me laisse pas le temps d'examiner, BUFF. Hist. des min. Fossiles..• Aimez-moi, et tâchez d'améliorer votre santé ; l'espoir de passer nos vieillesses ensemble n'est pas au rang des choses impossibles, GALIANI Lett. à Mme d'Épinay, 20 mars 1779.• Le plus puissant des maux, l'incurable vieillesse, M. J. CHÉN. Oedipe-roi, IV, 3.• M. Suard avait pour les faiblesses et les variations d'autrui l'indulgence que donnent et la vieillesse et l'expérience de beaucoup de changements autour de soi, VILLEMAIN Souv. contemp. les Cent-Jours, ch. VII.• Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse Fera parler les soirs ma vieillesse conteuse, Comment...., V. HUGO Feuill. d'aut. I.Une belle vieillesse, une vieillesse où l'on se porte bien.Fig. Bâton de vieillesse, un enfant, un jeune parent qui sert à soutenir un vieux père, un vieux parent.2° Chez les animaux, dernière période de la vie, pendant laquelle ils perdent graduellement leurs forces physiques et leur résistance à la fatigue.Il se dit des végétaux.• Les amandiers et les poiriers, dont la vieillesse rend les fruits meilleurs, dit Aristote, Dial. d'Orat. Tubero, t. II, p. 385.3° En parlant des choses, vétusté, ancienneté. Cette maison tombe de vieillesse.• Certes est beau dans sa vieillesse, et a encore de la force sur son déclin, LA BRUY. XIV.Fig. La vieillesse de l'année, l'hiver.• On y voit [en Andalousie] tout d'une vue les montagnes chargées de neige et les campagnes couvertes de fruits... l'hiver et l'été y sont toujours mêlés ensemble ; et, quand la vieillesse de l'année blanchit la terre partout ailleurs, elle est ici toujours verte de lauriers, d'orangers et de myrtes, VOIT. Lett. 39.État suranné.• Je trouve tout ceci d'une vieillesse affreuse, GRESS. le Méch. III, 9.4° Collectivement. Les vieilles gens.• On voit par ta rigueur [de la mort] tant de blondes jeunesses, Tant de riches grandeurs, tant d'heureuses vieillesses, En fuyant le trépas au trépas arriver, MALH. I, 4.• Il faut avouer que, quand la vieillesse se met l'amour en tête, elle fait cent fois plus d'extravagances que la jeunesse, HAUTEROCHE Crispin méd. II, 4.• La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir ; La vieillesse est impitoyable, LA FONT. Fabl. XII, 5.• La vieillesse chagrine incessamment amasse, BOILEAU Art p. III.• Les soins de la santé si chers à la vieillesse, MASS. Or. fun. Villeroy..• La vieillesse, toujours prête à raconter ses exploits passés, MASS. Or. fun. Conti..XIIIe s.• Mes dous fils ieres [tu étais] et majoie, Et mes solas et ma hauteche, Et li bastons de ma vielleche, GUI DE CAMBRAI Barl. et Jos. p. 145.• Sachez, cil sont trop honni qui n'iront [à la croisade], S'il n'ont poverte ou viellesse ou malage, QUESNES Romanc. p. 94.XIVe s.• Le connestable, voir, à qui Fiennes apent, Veut rendre au roi l'espée ; viellesce le surprent, Guesclin. 17239.• Combien que lors aucuns eussent congié pour leur viellesse, Charte, mai 1757, Arch. nation. jj85, p. 120.XVIe s.• Les variables accidents que la vieillesse du temps a produits dès l'origine du monde, les establissements des empires, ruines des monarchies...., AMYOT Préface.• Il m'a promis d'estre bien tost de retour ; et moy à luy, que, s'il vous servoit lealement, je ferois tant envers vous, que vous lui donneriez pour repouser sa vieillesse, MARGUER. Lett. CXX..• Jeunesse oiseuse, vieillesse disetteuse, COTGRAVE .• Cherche la faim la soif, les glaces et le chaud, La sueur et les coups aime-les, car il faut Ou que tes jeunes ans soien l'heur de ta vieillesse, Ou que tes cheveux blancs maudissent ta jeunesse, D'AUB. Tragiques, éd. LALANNE, p. 124.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.