- somme
- somme 1.(so-m') s. f.1° Terme de mathématiques. Résultat des quantités additionnées. La somme des unités. La somme des termes d'une équation.Dans le calcul aux différences finies, la différence prise en sens inverse.2° Particulièrement, une quantité d'argent.• Il avait dans la terre une somme enfouie, Son coeur avec, n'ayant autre déduit Que d'y ruminer jour et nuit, LA FONT. Fabl. IV, 20.• Anticipant tous les jours sur la somme Qu'il [Belphégor] ne devait dépenser qu'en dix ans, LA FONT. Belph..• Parcourrai-je les sommes incroyables que Mme d'Aiguillon a distribuées en divers temps, les fondations qu'elle a faites en divers lieux ?, FLÉCH. Mme d'Aig..• Celui qui a gagné un procès d'où on lui a compté une grosse somme, LA BRUY. VI.• Cet homme avait reçu de grandes sommes d'Adraste, pour lui mander tous les desseins des alliés, FÉN. Télém. XVI.• L'empereur était alors si pauvre, qu'il accordait les plus grandes choses pour les plus petites sommes, VOLT. Ann. Emp. Sigismond, 1434.• Petit à petit cela fait somme, DIDER. Entretien avec la maréchale.Par extension.• Étant accoutumés par notre courte existence à regarder cent ans comme une grosse somme de temps, BUFF. 1re ép. nat. Oeuvr. t. XII, p. 97.Somme totale, la quantité qui résulte de plusieurs sommes jointes ensemble.Adverbialement. Somme totale, en réunissant toutes les sommes. Somme totale, il en coûte tant.Terme de marine. Haute somme, dépense extraordinaire que fait un armateur.3° Fig. Ce qui est comparé à un total.• La somme des biens serait infiniment plus grande que celle des maux, si les hommes avaient le bon esprit de mettre dans la première classe et les sensations agréables, et les moments exempts de trouble et de chagrins, BARTHÉL. Anach. ch. 78.• Il faut toujours, dans nos tableaux, unir le bonheur à l'infortune, et faire la somme des maux un peu plus forte que celle des biens, comme dans la nature, CHATEAUBR. Génie, II, II, 3.4° Titre de certains livres qui traitent en abrégé de toutes les parties d'une science.• Chargés d'une somme de théologie qui eût été capable d'assommer, BALZ. Socr. Disc. 5.• Alain, ce savant homme, Qui de Bauny vingt fois a lu toute la Somme, BOILEAU Lutr. IV.• Il y a dans sa Somme ultramontaine [de saint Thomas d'Aquin] des décisions que les parlements de France feraient brûler, si on voulait s'en servir pour troubler l'État, VOLT. Louis XV, 38.5° Somme toute, en somme, et même, simplement, somme, loc. adv. et fig. Enfin, en résumé, pour conclusion.• Ce qui lui fit conclure en somme Qu'il avait à grand tort son village quitté, LA FONT. Fabl. VII, 12.• Somme, qu'enfin il ne lui manquait rien, LA FONT. Coc..• Somme toute, avec de belles paroles, il refuse l'épreuve proposée ?, J. J. ROUSS. 2e dial.." Puisque l'on ne veut plus recevoir en somme, on recevra moins somme pour en somme, dont nos meilleurs écrivains se servaient il n'y a pas longtemps, et beaucoup moins encore somme toute, " VAUGEL. Rem. t. I, p. 52. Cette décision de Vaugelas et des puristes n'a pas été consacrée par l'usage.XIIIe s.• La somme de leur conseil fu tiex [telle], que se Johannis li Blas venoit seur els, qu'il istroient fors, VILLEH. CXLII.• Ce est la somme de la chose [de l'histoire], la Rose, 1504.• Mes [mais] povres fames, povres hommes, Qui de deniers n'ont pas grans sommes...., ib. 11398.• Et quant toutes les parties sunt dites et somme fete, après doit estre fete la somme des despenses, BEAUMANOIR XXIX, 14.• En cort terme [il] set bien la somme De son avoir...., RUTEB. 31.XIVe s.• Ainsi appert [apparaît] en somme la sentence de ces deux chapitres, ORESME Éth. 66.XVIe s.• Il feit condemner Meneclides en une somme de deniers pour l'amende, AMYOT Pélop. 46.• La raison doibt tendre en somme à nous faire bien vivre, MONT. I, 69.• Somme, il feut certain que...., MONT. I, 96.Provenç. somma, suma, summa ; somme, comble, sommet ; espagn. suma ; ital. summa ; du lat. summa, de l'adj. summus, le plus haut (voy. sommet), pris substantivement au féminin.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. SOMME. Ajoutez :6° La somme des sommes, le point le plus essentiel.• La modestie est aussi requise au langage d'un homme d'honneur comme en son allure ; la somme des sommes, c'est que je veux que tu sois lent à parler, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..————————somme 2.(so-m') s. f.1° Charge d'un cheval, d'un âne, d'un mulet. Somme de blé.Bête de somme, bête propre à porter des fardeaux.• Le Sort, de sa plainte touché, Lui [à l'âne] donne un autre maître, et l'animal de somme Passe du jardinier aux mains d'un corroyeur, LA FONT. Fabl. VI, 9.Familièrement, être la bête de somme de tout le monde, être chargé de toutes les corvées.2° Se dit, chez les cloutiers, de 12 milliers de clous.Somme de verre, se disait d'un certain nombre de morceaux de verre faisant de 90 à 95 pieds carrés de vitrage.XIIIe s.• Li grant chameau sont bon pour porter grandismes somes, BRUN. LATINI Trésor, p. 231.• Nus seliers ne doit fere soume ne sele garnie de cordouan ne de bazane noire, se li cuiriens n'en est conréez bien et soufisanment, Liv. des mét. 209.XVe s.• Et renvoyerent leurs garçons, leurs harnois, sommes, malles et habits par mer, FROISS. I, I, 44.XVIe s.• Nostre mere es, et nous tes enfants sommes, Prestz de porter de la guerre les sommes, J. MAROT V, 18.• Le vrai thresor est le contentement, Non les grands biens, lourde et fascheuse somme, RONS. 400.• Servir à sac et à somme, COTGRAVE .Environs de Paris, sôme ; génev. saume, ânesse ; provenç. sauma ; espagn. salma ; ital. soma ; du bas-lat. salma, qui vient du lat. sagma, qui est le grec selle, bât, charge. La vraie prononciation conservée encore dans quelques campagnes est sôme ; ici comme en bien d'autres mots il s'est fait un vicieux travail d'assimilation, et la prononciation a confondu sôme avec somme.————————somme 3.(so-m') s. m.1° Synonyme de sommeil.• À la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus : Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, Et reprenez vos cent écus, LA FONT. Fabl. VIII, 2.• Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?, LA FONT. ib. XI, 4.• Belle nécessité d'interrompre mon somme !, LA FONT. ib. VI, 11.• Le laboureur, l'artisan, qui chaque soir prend somme et répare la nuit les fatigues du jour, P. L. COUR. Lett. VIII.Avec personnification.• Ces pavots qu'ici-bas pour leur suc on renomme, Tout fraîchement cueillis dans les jardins du Somme, LA FONT. Songe de Vaux, Fragm. 7.2° Particulièrement. Moment assez court que l'on donne au sommeil soit le jour soit la nuit.• Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme, LA FONT. Fabl. IX, 4.• La nuit revient, et l'une et l'autre était Au premier somme..., LA FONT. Herm..• Il faut donc en ce lieu que j'attende le jour, Et que dessus ce lit je fasse un petit somme, BOURSAULT le Mort vivant, III, 2.• C'est là que le prélat, muni d'un déjeuner, Dormant d'un léger somme, attendait le dîner, BOIL. Lutr. I.• Certes je n'ai jamais dormi d'un si bon somme, RAC. Plaid. III, 3.D'un somme, sans que le somme soit interrompu.• La Fable imagina qu'un Épiménide avait dormi d'un somme pendant vingt-sept ans, et qu'à son réveil il fut tout étonné de trouver ses petits enfants mariés qui lui demandaient son nom, VOLT. Dict. phil. les Sept dormants.Familièrement. Il a fait la nuit tout d'un somme, il a dormi toute la nuit sans se réveiller.On dit dans le même sens : Il n'a fait qu'un somme toute la nuit.• Il [Amazan] lui expliqua le système qui fut, après tant de siècles, celui de Pythagore, de Porphyre, de Jamblique ; sur quoi, milord s'endormit, et ne fit qu'un somme, jusqu'à ce qu'on fût arrivé à sa maison, VOLT. Pr. de Babyl. 8.• Frontin : Je ne pouvais dormir ; Oh ! maintenant la nuit je ne fais plus qu'un somme, IMBERT Jaloux sans amour, IV, 4.3° Haut somme, nom que l'on donne quelquefois par euphémisme à l'apoplexie.1.• Les premiers qui se sont servis de somme sont Ronsard et Belleau... ces deux auteurs disaient somne quand ils voulaient parler de l'action de dormir, et somme quand ils voulaient signifier le dieu du sommeil, VAUGEL. Nouv. Rem. observ. de M***, p. 395, dans POUGENS.Cela n'est pas exact ; dès le XIIIe siècle on a dit some ou soume.2.• Je dors d'un bon somme est bien mieux dit que d'un bon sommeil, qui néanmoins ne serait pas mauvais ; il est vrai que l'usage de sommeil a plus d'étendue, et qu'on le dit en beaucoup de lieux où il ne faudrait pas dire somme, par exemple quand on dit : accablé de sommeil, et non de somme, VAUGEL. Nouv. Rem. p. 394, dans POUGENS.XIIe s.• Quant li songes suet [a coutume] les homes porpenre, Job, p. 479.XIIIe s.• Et la nuit dou premier soume issirent dou castiel et vinrent as loges des garnisons...., Chr. de Rains, p. 139.XVIe s.• ....en noz yeux il [Mercure] envoye Ores le somme, et ores le reveil, Ores les clost d'un eternel sommeil, DU BELLAY IV, 13, recto..• Et eux la nuict, environ le premier somme, se partirent de Thebes, AMYOT Lysand. 53.Saintong. songhe ; poitev. faire un songe ; prov. som, son ; cat. son ; esp. sueño ; portug. somno, sono ; ital. sonno ; du lat. somnus ; de même radical que le grec, le sanscrit svapna, le gaélique suain, sommeil, et le vieux norrois svefn.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE3. SOMME. - REM. Ajoutez :3. Malherbe a dit : Sommeil est désir de dormir, et somme est le dormir même, Lexique, éd. L. Lalanne. Cette distinction que Malherbe veut établir n'est point ratifiée par l'usage ; en lisant attentivement les divers exemples rapportés à somme et à sommeil il ne paraît pas que les auteurs aient admis une différence sensible entre les deux. Mais le fait est que sommeil a quelquefois le sens d'envie de dormir, sens que somme n'a jamais (voy. sommeil, n° 2).————————somme 4.(so-m') s. f.Terme de marine. Banc de gravier, de sable, ou de vase, situé au dehors d'un port ou de l'embouchure d'un fleuve.————————somme 5.(so-m') s. f.Synonyme de jonque.• Sommes ou champans, LAPÉROUSE Voy. t. II, p. 388.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.