- serviette
- (sèr-viè-t') s. f.Linge dont on se sert à table et pour la toilette. Donner la serviette pour essuyer les mains, ou, simplement, donner la serviette.• Entra, serviette au bras et fricassée en main, RÉGNIER Sat. X..• Jetons nos chapeaux et nous coiffons de nos serviettes, Et tambourinons de nos couteaux sur nos assiettes, SCARRON Chanson à boire..• De ta défunte mère est-ce là la leçon ?... Elle eût du buvetier emporté les serviettes, Plutôt que de rentrer au logis les mains nettes, RAC. Plaid. I, 4.• S'il conte un fait, la dame du logis De ses bons mots pâme sur son assiette, Et le laquais en rit sous sa serviette, J. B. ROUSS. Épît. I, 3.Prendre la nappe pour serviette, s'essuyer avec la nappe faute de serviette.• L'amour nous fait la leçon : Partout ce dieu sans façon Prend la nappe pour serviette, BÉRANG. Bon vin et fillette..Donner la serviette au roi, aux princes, présenter au roi, aux princes une serviette mouillée par un bout, afin qu'ils s'en servent pour laver et essuyer leurs mains.• M. de Chaulnes lui donna la serviette [à Jacques II], et voulut le servir à table ; le roi ne le voulut jamais, et le fit souper avec lui, SÉV. 529.• On apporte à boire à Mademoiselle, il faut donner la serviette : je vois Mme de Gêvres qui dégante sa main maigre ; je pousse Mme d'Arpajon : elle m'entend et se dégante, et, d'une très bonne grâce, elle avance un pas, coupe la Gêvres, et prend et donne la serviette, SÉV. 13 mars 1671.• Il [Marlborough] allait flatter la fierté de l'électeur de Brandebourg, lorsque ce prince voulut être roi ; il lui présentait la serviette à table, pour en tirer le secours de sept à huit mille soldats, VOLT. Louis XIV, 18.XIVe s.• Ris et amandes frictes ; petites serviettes [pour le dessert], Ménagier, II, 4.• Orenges, vertjus, et à ce fraiches touailles ou serviettes, ib..XVe s.• ....Le maistre d'hostel print le chenevas du pain, la serviete, et sur l'espaulle Jehan de Saintré la mist, Petit Jehan de Saintré, chap. XIV.XVIe s.• Estre servie à rudes serviettes, J. MAROT V, 39.• Adieu devises et caquets, Où plus y a de beau langage Que de serviette d'ouvrage, Et moins de vraie affection Que de dissimulation, MAROT II, 121.• Les medecins m'ont ordonné de me presser et cengler d'une serviette le bas du ventre, pour remedier à cet accident [le malaise causé par le mouvement d'un bateau], MONT. IV, 5.• Le geolier se defendoit de l'ordonnance des prisons pour laquelle la serviette tient lieu et place des absens, NOEL DUFAIL Cont. d'Eutrap. ch. XXIII, f° 128, dans POUGENS.• En un festin public qui me fut fait, il y avoit dix-sept tables, dont la moindre avoit seize serviettes [couverts], SULLY Mém. t. VII, p. 158.Espagn. servilleta ; ital. salvieta. Ménage, à cause de l'italien, croit que ce mot vient du lat. salvare, la serviette préservant le vêtement ; cela est bon pour l'italien. D'après Diez, serviette est pour servitette, et vient du participe servit, provenç. servit, ital. servito. Il est plus simple d'y voir, comme pour serviable, une dérivation du faux thème servi. On remarquera que, dans J. Marot et Cl. Marot, serviette paraît signifier service, petit service.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESERVIETTE. Ajoutez :2° Enveloppe en chagrin, en parchemin, dans laquelle on peut placer et porter avec soi des manuscrits, des papiers. Serviette d'avocat.3° Sorte de portefeuille servant de porte-mouchoirs.• C'est un porte-mouchoirs en satin, que j'ai brodé.... c'était un de ces grands portefeuilles à double poche qu'on appelle serviettes, et dans lesquels les femmes élégantes serrent leurs mouchoirs, P. DE MUSSET Rev. des Deux-Mondes, 1er août 1875, p. 623.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.