- peut-être
- (peu-tê-tr') adv.1° Marque le doute, la possibilité.• Mais peut-être au défaut de la fortune, les qualités de l'esprit, les grands desseins, les vastes pensées pourront nous distinguer du reste des hommes, BOSSUET Duch. d'Orl..• Pour la dernière fois je vous parle peut-être, RAC. Andr. IV, 5.• La mort, c'est le sommeil ; c'est un réveil peut-être.... Peut-être ! ah ! c'est ce mot qui glace épouvanté L'homme au bord du cercueil par le doute arrêté, DUCIS Hamlet, IV, 2.2° Quand peut-être est placé en tête de la phrase, on peut mettre le sujet après le verbe, si ce sujet est un pronom. Peut-être irons-nous.3° Il est souvent suivi de que.• Peut-être qu'il prétend, après la mort d'Octave, Au lieu d'affranchir Rome, en faire son esclave, CORN. Cinna, III, 1.• Peut-être que, parmi tous ceux qui m'entendent, il ne se trouvera pas dix justes, peut-être s'en trouvera-t-il encore moins, MASSILLON Carême, Élus..Quand peut-être doit être doit être répété dans deux membres de phrase, on peut dans le second le remplacer par que.• Peut-être a-t-il dans l'âme autant que moi de crainte, Et que le drôle parle ainsi Pour me cacher sa peur sous une audace feinte, MOL. Amph. I, 2.4° Peut-être pas, sûrement non.• J'ai mon champ à labourer, je n'irai peut-être pas employer mon temps à terminer vos différends, et à travailler à vos affaires, tandis que je négligerai les miennes, MONTESQ. Lett. pers. 11.5° S. m. Un peut-être, une chose fort douteuse.• Peut-être qu'il le dit, mais c'est un grand peut-être, CORN. Ment. IV, 9.• Je regarde ma postérité et mon nom. - Mais peut-être que ta postérité n'en jouira pas. - Mais peut-être aussi qu'elle en jouira. - Et tant de sueur, et tant de travaux, et tant de crimes, et tant d'injustices, sans pouvoir arracher de la fortune, à laquelle tu te dévoues, qu'un misérable peut-être !, BOSSUET Sermons, Ambition, 2.• À peine il est sorti, tous les peut-être les plus sinistres s'emparent de mon imagination, MARMONTEL Mém. VI.Il n'y a pas de peut-être, se dit à quelqu'un qui vient de se servir du mot peut-être, pour lui déclarer que la chose est très certaine.C'est une négligence de style de mettre le verbe pouvoir avec peut-être, parce que ce mot, exprimant une idée de possibilité, ne saurait modifier un verbe qui l'exprime également, ou, si l'on veut, parce que, comme le dit Lemare, ce mot n'est qu'un temps du verbe pouvoir à l'impersonnel avec être. Cependant une telle condamnation n'est pas absolue ; et, dans la première phrase de Bossuet citée ci-dessus, si peut-être y eût été supprimé, l'auteur eût affirmé le pouvoir de distinguer, ce qui serait contraire à la pensée, puisqu'il n'a voulu faire qu'une objection dubitative. Des cas de ce genre abondent dans les auteurs.XIIe s.• Puet cel estre, s'il fuissent à cele hure passé, Il eüssent fait el [autre chose] qu'il n'unt puis demunstré, Th. le mart. 136.XVIe s.• Peut-estre engarde les gens de mentir, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 371.Peut, 3e personne du présent du verbe pouvoir, et être : cela peut être (ce qui fait comprendre qu'on dise peut-être que) ; bourg. petétre. L'ancienne langue disait espoir pris adverbialement au lieu de peut-être. On peut aussi employer possible en ce sens.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.