- miel
- (mièl) s. m.1° Substance sucrée que les abeilles forment avec le suc des fleurs et qu'elles déposent dans les alvéoles de leurs ruches comme réserve alimentaire. Miel d'été. Miel de printemps. Miel blanc. Miel jaune.• Le refus des frelons fit voir Que cet art passait leur savoir, Et la guêpe adjugea le miel à leurs parties, LA FONT. Fabl. I, 21.• Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille, BOILEAU Sat. I.• Aaron adore le veau d'or avec la foule, et Jonathas ne peut se défendre de goûter, du moins en passant, le miel funeste qu'il trouve sur son chemin, MASS. Panég. St Bernard..• Le miel n'est autre chose que le nectar ou le suc sucré et aromatique que les abeilles ramassent dans les fleurs, et qu'elles portent dans leurs rayons pour leur propre nourriture dans la saison froide et pour celle de leurs petits, FOURCROY Connaiss. chim. t. VII, p. 170, dans POUGENS.• Le miel est la seule matière sucrée connue et employée dans l'antiquité, qui en faisait beaucoup de cas ; on a prétendu que les anciens savaient, par des procédés de purification analogues à ceux qu'on pratique pour le sucre, en extraire une matière solide et concrète susceptible de se conserver, ID. ib. p. 169.Miel vierge, miel blanc qui a été tiré des ruches sans feu, et aussi miel qu'on recueille des jeunes abeilles.• La manière d'extraire le miel est fort simple : après avoir enlevé avec un couteau les petites lames de cire qui ferment les alvéoles, on expose les gâteaux sur des claies à une chaleur douce : bientôt la partie la plus pure du miel s'écoule goutte à goutte, on l'appelle miel vierge, THENARD Traité de chimie, t. III, p. 178, dans POUGENS.On dit dans le même sens : miel de goutte.Dans le commerce, miel vierge, nom du miel le plus pur.Fig. et familièrement. Être tout sucre et tout miel, être plein de douceur, avoir la douceur qu'ont le sucre et le miel.• Hé ! qu'il est doucereux ! c'est tout sucre et tout miel, MOL. Éc. des m. I, 2.• Le croyant sur la parole de Brancas tout sucre et tout miel ; mais.... le temps se brouilla, SÉV. 452.• Parlons un peu de Pauline, ....je n'eusse jamais cru qu'elle eût été farouche, je la croyais toute de miel, SÉV. 524.• Voilà, pour la duchesse de Noailles, une lettre toute pleine de miel et de sucre, MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, 11 juin 1717.Doux comme miel, plus doux que miel, extrêmement doux.• Tant bien sut dire et prêcher, que la dame, Séchant ses yeux, rassérénant son âme, Plus doux que miel à la fin écouta, LA FONT. Richard..• Avec des mots choisis aussi doux que le miel, Sur les gens d'un mérite à craindre, On répand à grands flots le fiel, DESHOULIÉRES Épître chagrine..Fig. Cet orateur a toujours le miel sur les lèvres, ses paroles sont douces et flatteuses.Un parler de miel, un langage doux et flatteur.• Et d'un parler de miel se va préconisant, RÉGNIER Sat. X..2° Fig. et poétiquement. Extrême douceur d'une chose.• C'est sans doute, madame, une douceur extrême Que d'entendre ces mots d'une bouche qu'on aime ; Leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits Une suavité qu'on ne goûta jamais, MOL. Tart. IV, 5.• Le miel qu'ici l'abeille eut soin de déposer, Ne vaut pas à mon coeur le miel de son baiser, A. CHÉN. Élég. VIII.• Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ; Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel, LAMART. Méd. I, 29.Ils sont encore dans la lune de miel, ils ne connaissent du mariage que le plaisir.4° Terme de pharmacie. Miel mercurial, médicament composé de parties égales de suc de mercuriale et de miel.Miel rosat, médicament préparé avec des pétales secs de roses rouges que l'on fait infuser dans de l'eau bouillante.5° Miel indien, miel de roseau, noms donnés primitivement au sucre.Miel aérien, voy. manne 1, n° 4.PROVERBE On prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre, c'est-à-dire on réussit mieux dans les affaires par la douceur que par la rigueur.XIIe s.• [Je ferai] La char oindre de miel et lecher à mes ours, Sax. XXVII.XIIIe s.• Miel en tonnel li muiz doit trois oboles, la some un denier, Liv. des mét. 292.• De la roche leur venoit li mieus, Psautier, f° 100.XVe s.• Qu'ils ne faisoient compte des menaces d'un varlet [Artevelle], fils d'un brasseur de miel, FROISS. II, II, 160.XVIe s.• Voici nager vers nous les syrenes riantes.... Et, contre les vaisseaux commençant les doux sons, Elles jetoient vers nous le miel de leurs chansons, CERTON Odyssée, ch. XII.• J'ay veu secher mes fleurs en leur prime saison, Le doux miel de mes jours se changer en poison, DESPORTES Épitaphes, Diane, 9.• Puisque le miel d'amour, si comblé d'amertume, N'altere plus mon coeur comme il fit autrefois, DESPORTES Oeuvres chrest. Sonnets, 3.• Celuy gouverne bien mal le miel qui n'en taste, COTGRAVE .• Qui n'a argent en bourse ait du moins du miel en bouche, COTGRAVE .• Trop achepte le miel, qui sur espines le leche, COTGRAVE .• Une abeille morte ne fait plus de miel, COTGRAVE .• Nul miel sans fiel, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 357.• Les flatteurs de l'amour ne chantent que leurs vices, Que vocables choisis à peindre les delices, Que miel, que ris, que jeux, amours et passe-temps, Une heureuse folie à consommer son temps, D'AUB. Tragiques, Princes..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.