- fâcheux
- fâcheux, euse(fâ-cheû, cheû-z') adj.1° Qui fâche, qui cause du chagrin, en parlant des choses.• Ce fut pour empêcher ce fâcheux hyménée Que Syphax fit la guerre à cette infortunée, CORN. Sophon. I, 2.• Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles, CORN. Hor. III, 5.• Mais n'examinons point ces questions fâcheuses, CORN. Sertor. III, 2.• Je ne suis point d'humeur fâcheuse, CORN. Agésil. IV, 4.• Rien n'use tant l'ardeur de ce noeud qui nous lie, Que les fâcheux besoins des choses de la vie, MOL. F. sav. V, sc. dern..• Il ne lui dit rien de fâcheux et n'ose le reprendre, BOSSUET Lett. 62.• Il échappait toujours à Luther quelque mot fâcheux contre Zuingle, BOSSUET Var. I, § 1.• De quel front soutenir ce fâcheux entretien ?, RAC. Brit. II, 2.Fâcheux à, suivi d'un infinitif.• Mais ces secrets pour vous sont fâcheux à comprendre, CORN. Polyeucte, v, 2.• Pardonnez-moi ce mot, il est fâcheux à dire, CORN. Nic. IV, 3.Un air fâcheux, un visage fâcheux, air, visage qui annonce de mauvaises dispositions.• Il n'a pas mauvaise mine, mais il a pourtant quelque chose de fâcheux dans le visage, HAUTEROCHE Crispin méd. II, 4.• D'où vient ce sombre accueil et ces regards fâcheux ?, RAC. Théb. IV, 3.Il est fâcheux de ou que, c'est une chose triste, regrettable de, que.... Il est fâcheux de voir de telles choses. Il est fâcheux que vous ne vous soyez pas trouvé avec nous.• Il est fâcheux que les moyens de prospérité aient été anéantis par l'impossibilité où se trouvaient peut-être les Espagnols de contenir un peuple si enclin aux soulèvements, RAYNAL Hist. phil. v, 15.S. m. Ce qu'il y a de fâcheux. Le fâcheux de l'affaire est que....2° Pénible. Un chemin fâcheux. Un passage fâcheux.• Les incommodités d'un climat fâcheux et d'une nourriture grossière, BUFFON Quadrup. t. VII, p. 219, dans POUGENS.3° Qui est d'humeur difficile, qui gêne, en parlant des personnes.• La fâcheuse [la raison] a pour nous des rigueurs sans pareilles, BOILEAU Sat. IV.• Et n'ayant point au trône un fâcheux concurrent, RAC. Théb. I, 3.• Fâcheux pour sa maîtresse et froid pour ses amis, BOISSY Deh. tromp. II, 6.• Sans objet de jalousie, sans raison aux yeux du monde, je devins fâcheuse, parce que je me trouvais à plaindre, GENLIS Théât. d'éduc. l'Amant anony. I, 6.4° Rigoureux, sévère, cruel (dans le sens élevé du verbe fâcher).• Cette pensée adoucit les peines de la sujétion ; et sous des maîtres fâcheux, l'obéissance n'est plus fâcheuse au vrai chrétien, BOSSUET Hist. II, 6.• Après ces bienheureux jours, Rome eut des maîtres fâcheux, et les papes eurent tout à craindre tant des empereurs que d'un peuple séditieux, BOSSUET Polit. VII, VI, 14.5° Importun, incommode.• Quel fâcheux personnage ! Que tous ces jeunes fous me paraissent fâcheux !, MOL. Éc. des mar. III, 9.• Que le ciel te confonde, Homme, à mon sentiment, le plus fâcheux du monde, MOL. Fâcheux, I, 3.Substantivement.• Faut-il qu'aujourd'hui fâcheuses et fâcheux Conspirent à troubler les plus chers de mes voeux ?, MOL. Fâch. II, 6.• Ah ! marquis, que l'on voit de fâcheux tous les jours Venir de nos plaisirs interrompre le cours !, MOL. ib. II, 7.• Sous quel astre, bon Dieu, faut-il que je sois né Pour être de fâcheux toujours assassiné ?, MOL. ib. I, 1.• Au lieu de quatre amis qu'on attendait le soir, Quelquefois de fâcheux arrivent trois volées, BOILEAU Épît. VI.• Un fâcheux est celui qui, sans faire à quelqu'un un fort grand tort, ne laisse pas de l'embarrasser beaucoup, LA BRUY. Théophraste, XX..XVIe s.• Ils tenoient leurs chevaux tousjours entravez, tant ils estoient fascheux et farouches, MONT. I, 365.• Essayant d'estouffer dans le vin cette fascheuse pensée, MONT. II, 37.• Or fut d'adventure l'hyver fort fascheux et maladif en Sardaigne, AMYOT les Gracques, 34.• On dit que Paracelse, medecin allemand, a guery grand nombre de ladres par le moyen de l'or potable, combien qu'il soit fascheux à croire que l'or soit medicamenteux et alimenteux, BOUCHET Serées, liv. III, p. 292, dans LACURNE.• Fascheux à ferrer [homme difficile à conduire, à persuader], COTGRAVE .Voy. fâcher.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.