coeur

coeur
(keur) s. m.
1°   Organe qui meut le sang.
2°   la poitrine.
3°   l'ensemble des facultés affectives et des sentiments moraux.
4°   mémoire des sentiments.
5°   sens moral, conscience.
6°   tempérament moral.
7°   la pensée intime, les dispositions secrètes.
8°   l'affection, la tendresse, l'amour.
9°   la personne elle-même qui éprouve ces divers sentiments.
10°   ardeur, vif intérêt.
11°   courage, fermeté.
12°   générosité.
13°   le principal agent, le principal intérêt.
14°   l'estomac.
15°   la partie centrale de quelque chose.
16°   ce qui a forme de coeur.
17°   terme de manége.
18°   terme de blason.
19°   terme d'astronomie.
20°   terme d'horticulture.
21°   terme de métier.
22°   terme de boucherie.
   Terme d'anatomie. Organe conoïde, creux et musculaire qui, renfermé dans la poitrine, est le principal agent de la circulation du sang. Les battements du coeur.
   Grande reine, je satisfais à vos plus tendres désirs, quand je célèbre ce monarque ; et ce coeur, qui n'a jamais vécu que pour lui, se réveille, tout poudre qu'il est, et devient sensible, même sous ce drap mortuaire, au nom d'un époux si cher, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Il ne se forma plus de nouveau sang au coeur ; Chaque membre en souffrit ; les forces se perdirent, LA FONT. Fabl. III, 2.
   Tout abattu qu'il fût, il demeura vainqueur ; Son sang fut en cent lieux le prix de sa victoire ; Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le coeur, Épitaphe du mar. de Rantzau, dans RICHELET.
   Tant que le coeur me battra, me battra au ventre, dans le ventre, c'est-à-dire tant que je vivrai.
   Fig. Le coeur me bat, je suis très inquiet.
   Faire la bouche en coeur, donner aux lèvres la forme d'un coeur, les resserrer d'une façon mignarde ; et fig. S'efforcer de paraître gracieux.
   Fig. Il voudrait lui manger le coeur, lui arracher le coeur, il le hait mortellement.
   Se ronger le coeur, se consumer d'un chagrin secret.
   Y a-t-il rien de plus sot que de vouloir porter continuellement un fardeau qu'on veut toujours jeter par terre ; d'avoir son être en horreur et de tenir à son être ; enfin de caresser le serpent qui nous dévore, jusqu'à ce qu'il nous ait mangé le coeur ?, VOLT. Candide, 11.
   Le coeur me saigne, je suis pénétré d'une vive douleur. Le coeur saigne en lisant le récit de ces cruautés.
   Avoir le coeur gros, éprouver le besoin de pleurer, de soupirer, de sangloter, ressentir un chagrin profond. Le coeur gros de soupirs.
   Je veux en avoir le coeur net, je veux savoir ce qui en est.
   Sacré-Coeur, dévotion au coeur de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est développée au commencement du XVIIIe siècle
   Congrégation de religieuses consacrées à l'adoration du coeur de Jésus-Christ et qui se dévouent aussi à l'éducation des jeunes filles.
   Par extension, la poitrine. Il le pressa tendrement contre son coeur.
   Jamais sans défiance avez-vous pu d'un frère Presser le sein sur votre coeur ?, GILBERT Ode à Salm..
   Riant et m'asseyant sur lui, près de son coeur, A. CHÉN. 70.
   L'ensemble des facultés affectives et des sentiments moraux, par opposition à esprit, qui est l'ensemble des facultés intellectuelles ; cet emploi du mot coeur provient d'une opinion ancienne et erronée qui plaçait le siége des passions dans le coeur, parce que cet organe en ressentait immédiatement des effets manifestes. Attendrir, toucher le coeur de quelqu'un. Avoir le coeur navré, oppressé.
   L'homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit ; et, pendant que par son esprit il tend à un but, son coeur l'entraîne insensiblement à un autre, LA ROCHEF. Max. 43.
   L'esprit est toujours la dupe du coeur, LA ROCHEF. ib. 102.
   Chacun dit du bien de son coeur, et personne n'en ose dire de son esprit, LA ROCHEF. ib. 98.
   Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits ; mais il n'en est pas de même quand les esprits bien faits ont des coeurs sensibles, VOLT. Lett. Chauvelin, 25 août 1763.
   Le coeur, dès qu'il est touché, ne tarit point, BOURD. Pensées, t. II, p. 90.
   Ils habitaient un bourg plein de gens dont le coeur Joignait aux duretés un sentiment moqueur, LA FONT. Phil. et Bauc..
   J'en ai le joie au coeur Par le chagrin qu'aura ce lâche déserteur, MOL. Femmes sav. V, 5.
   Et le plus sûr moyen de gagner leur faveur [des grands], C'est de flatter toujours le faible de leur coeur, MOL. D. Garc. II, 1.
   Il dit en soupirant que la nuit de sa vue Ne l'empêche pas tant que la nuit de son coeur, MALH. I, 4.
   Avec des vers bien faits, bien compassés, on ne tient rien si le coeur n'est ému, VOLT. Lett. d'Argental, 16 déc. 1760.
   Les coeurs sont-ils donc faits à Paris autrement que chez moi ?, VOLT. Lett. d'Argental, 17 sept. 1760.
   Le bel art de la déclamation, c'est-à-dire l'art de se rendre maître des coeurs, VOLT. Lett. Albergati, 14 fév. 1763.
   Il faut que le coeur seul parle dans l'élégie, BOILEAU Art poét. II.
   Dieu connaît le caractère de nos coeurs et jusqu'où va notre faiblesse, MASS. Avent, Afflict..
   Et déjà le chagrin pesait moins sur mon coeur, ST-LAMBERT Saisons, hiver..
   Pourquoi de mes loisirs accuser la langueur ? Pourquoi vers des lauriers aiguillonner mon coeur ?, A. CHÉN. Élég. VIII.
   Et les arts, dans un coeur de leur amour rempli, Versent de tous les maux l'indifférent oubli, A. CHÉN. ib. XVI.
   Parler, aller au coeur, toucher vivement, intéresser.
   Cette grâce qui m'allait droit au coeur, SÉV. 79.
   Le coeur me le disait bien, j'en avais le pressentiment.
   De coeur, par la disposition intérieure.
   Les dévots de coeur, MOL. Tart. I, 6.
   Mortifié dans l'abondance, pauvre de coeur au milieu des biens périssables, MASS. Avent, Afflict..
   La loi qui nous oblige à croire de coeur, MASS. Car. Culte..
   Qui la cherche de coeur [la vérité] un jour peut la connaître, VOLT. Henr. I.
   De coeur, avec un sentiment sincère. Attaché de coeur à la famille de ses rois.
   Ami de coeur, ami dévoué, sincère.
   De gaieté de coeur, de propos délibéré, et sans sujet.
   Le coeur considéré comme mémoire des sentiments. Vos bienfaits sont gravés dans mon coeur.
   Il faut ne rien garder sur votre coeur, SÉV. 509.
   Avoir quelque chose sur le coeur, garder, entretenir un ressentiment.
   J'aurai toujours ce coup-là sur le coeur, MOL. Fâch. II, 2.
   J'ai ce soufflet fort sur le coeur, MOL. Sicil. 13.
   J'ai cette insulte sur le coeur, MOL. Fourb. II, 27.
   J'ai quelque chose sur le coeur contre vous, SÉV. 296.
   Nous avons ces réponses sur le coeur, SÉV. 234.
   Elle emporta tout cela sur son coeur avec la rage pêle-mêle, SÉV. 35.
   Il avait encore sur le coeur la perfidie du Suisse, HAMILT. Gramm. 3.
   N'osant lui parler de ce qu'il avait sur le coeur, HAMILT. ib. 7.
   Il fut bien aise de dire une partie de ce qu'il avait sur le coeur, HAMILT. ib. 5.
   Une femme à qui l'on joue ce tour dit volontiers à son adverse partie ce qu'elle a sur le coeur, VOLT. Lett. d'Argental, 23 déc. 1762.
   Décharger son coeur, dire sans réticence ce qui préoccupe.
   Par coeur, de mémoire. Locution qui vient d'une extension de la mémoire du coeur à la mémoire de l'esprit.
   Le peuple apprit par coeur ce divin cantique, BOSSUET Hist. II, 3.
   Qui ont lu et appris par coeur le même livre, PASC. Persuad..
   Fig. Savoir un homme par coeur, connaître parfaitement son caractère et sa vie.
   Votre homme arrive ; je l'ai étudié une bonne grosse demi-heure, et je le sais déjà par coeur, MOL. Pourc. I, 4.
   Familièrement. Dîner par coeur, se passer involontairement de dîner. Cette locution paraît s'être dite d'abord de celui qui, au lieu de dîner, parlait, racontait, récitait, et de la sorte se passait de manger.
   Sens moral, conscience.
   Et renverser soudain la paix de votre coeur, Comme un enfant renverse un verre, V. HUGO Voix intér. IX..
   Pour juge il a son coeur, pour amis ses égaux, ST-LAMBERT Saisons, automne..
   Je n'ai point sur mon coeur de m'être divertie, SÉV. 21.
   Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur, RAC. Phèd. IV, 2.
   Sans coeur, sans sentiment moral.
   Et moi, reine sans coeur, fille sans amitié, RAC. Athal. II, 7.
   [Elle] Dit que j'étais sans foi, sans coeur, sans conscience, CORN. Médée, I, 1.
   Par extension.
   Tant de marbres réputés beaux sont sans âme, sans coeur, et vous laissent aride, VITET Marbres d'Éleusis. Revue des Deux-Mondes, t. XXVI, p. 221.
   Familièrement. Un sans coeur, un homme dépourvu de sentiment moral et d'énergie. C'est un grand sans coeur.
   Tempérament moral. Avoir bon coeur. Avoir un mauvais coeur. Coeur égoïste. Il a le coeur gâté, corrompu.
   Plus on vieillit, dit-on, plus on a le coeur dur, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 20 nov. 1765.
   C'est l'affaire dont vous avez parlé à Mme la duchesse de la Rochefoucauld, qui occupe actuellement ma vieille tête et mon jeune coeur, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 31 déc. 1774.
   Je reconnais cela, madame, avec ce coeur que vous savez que j'ai, VOIT. Lett. 16.
   Ce coeur qui est si fort au-dessus des sceptres et des couronnes, et ces grâces qui vous font régner sur toutes les volontés, VOIT. ib. 7.
   Coeur perfide, RAC. Andr. II, 5.
   Et mon coeur aussi fier que tu l'as vu soumis, RAC. ib..
   Coeur d'acier, CORN. Hor. III, 2.
   Son coeur né fier et qui jusqu'à ce temps Avait été nourri d'un doux encens, GRESSET Ver-vert, III.
   Coeur de vipère, caractère plein de méchanceté et de perfidie.
   Dans toutes les fureurs des siècles de tes pères, Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien, Que l'inhumanité de ces coeurs de vipères Ne renouvelle au tien ?, MALH. II, 12.
   Coeur d'airain, caractère impitoyable.
   Avec un coeur d'airain exerçant sa puissance, J'ai fait taire les lois et gémir l'innocence, RAC. Esth. III, 1.
   Et la religion, mère autrefois sensible, S'arme d'un coeur d'airain contre ses fils ingrats, GILBERT Jugem. dernier.
On dit dans un sens analogue, coeur de marbre, de pierre, de diamant, coeur de tigre.
   Avoir, porter un coeur d'homme, être sensible, avoir des sentiments humains.
   C'est un coeur d'or, c'est un excellent coeur.
   Il a le coeur haut et la fortune basse, se dit d'un homme qui est glorieux et pauvre.Prendre son coeur par autrui, se mettre en la place d'un autre.
   Le bon coeur, l'ensemble des sentiments qui constituent la bienveillance pour autrui.
   Le bon coeur est chez vous compagnon du bon sens, LA FONT. Fabl. XII, 23.
   Une certaine sensibilité qui est la marque d'un bon coeur, MASS. Car. Parole.
   Mauvaise tête et bon coeur, personne vive et emportée, mais dont, au fond, les sentiments sont pleins de bienveillance.
   Un bon coeur, un mauvais coeur, une personne qui a un bon, un mauvais coeur.
   De bon coeur, loc. adv. Volontiers, sincèrement.
   Jamais de si bon coeur je ne brûlai pour elle, MALH. V, 24.
   Je vous pardonnerai de bon coeur tout ce crime, TRISTAN M. de Chrispe, III, 4.
   Je baise de bon coeur les verges que tu tiens, ID. ib. V, 9.
   Elle est fort affligée et pleure de bon coeur, SÉV. 214.
   Je suis au monde unique en mon espèce. - Pauvre immortel ! je vous plains de bon coeur, MILLEV. le Phénix.
   De grand coeur, très volontiers.
   Voulez-vous m'écouter ? - Sans doute et de grand coeur, MOL. Éc. des maris, II, 3.
   Être tout coeur, être vif à obliger. Il est tout coeur pour ses amis, il est pour eux plein d'attachement et de désir de les servir.
   De tout son coeur, avec une pleine affection.
   Je salue madame votre soeur de tout mon coeur, BOSSUET Lett. abb. 47.
   Ils condamnent cette hérésie de tout leur coeur, PASC. Prov. 18.
   De tout coeur, avec la meilleure volonté du monde.
   Absolument, coeur dans le sens de bon coeur, de coeur bien doué.
   C'est le coeur qui fait tout ; que la terre et que l'onde Apprêtent un repas pour les maîtres du monde, Ils lui préféreront les seuls présents du coeur, LA FONT. Phil. et Bauc..
   Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime : C'est un coeur, mais un coeur.... c'est l'humanité même, GILBERT XVIIIe siècle..
   L'art des transports de l'âme est un faible interprète ; L'art ne fait que des vers, le coeur seul est poëte, A. CHÉN. Élég. XXI.
   Si, pauvre et généreux, son coeur vient de souffrir Aux cris d'un indigent qu'il n'a pu secourir, A. CHÉN. ib..
   La pensée intime, les dispositions secrètes.
   Montrant que dans le coeur ce voyage le fâche, MALH. I, 4.
   On s'est plus appliqué aux vices de l'esprit, aux replis du coeur et à tout l'intérieur de l'homme, LA BRUY. Disc. sur Théophr..
   Il ne faut pas juger des hommes sur une seule et première vue : il y a un intérieur et un coeur qu'il faut approfondir, LA BRUY. XII.
   Il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son coeur, parle, agit contre ses sentiments, LA BRUY. VIII.
   Connaître un bon visage, et juger si le coeur, Contraire à ce qu'on voit, ne serait pas moqueur, RÉGNIER Sat. III.
   Vous avez vu plus tôt que moi un sentiment qui était caché dans mon coeur, VOIT. Lett. 16.
   Ces enfants bien heureux.... Ayant Dieu dans le coeur, ne le purent louer, MALH. I, 4.
   La constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans leur coeur, LA ROCHEF. Max. 20.
   La sincérité est une ouverture de coeur, LA ROCHEF. ib. 62.
   Je veux qu'on soit sincère et qu'en homme d'honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du coeur, MOL. Mis. I, 1.
   Il est bon quelquefois de sentir des traverses Et d'en éprouver la rigueur, Elles rappellent l'homme au milieu de son coeur, Et peignent à ses yeux ses misères diverses, CORN. Imit. I, 12.
   C'est dans cette simplicité champêtre que se trouve la vérité et l'effusion du coeur, VOLT. Lett. Schouvalof, 19 déc. 1762.
   C'est du coeur que je vous demande cette grâce, SÉV. 395.
   Crois-tu.... Qu'Andromaque en son coeur n'en sera pas jalouse ?, RAC. Andr. II, 5.
   Il n'est que trop instruit de mon coeur et du vôtre, RAC. Brit. III, 7.
   Télémaque ouvrit son coeur à son ami, FÉN. Tél. XXII.
   En m'éveillant je reconnus l'embarras de Néoptolème ; il soupirait comme un homme qui ne sait dissimuler et qui agit contre son coeur, FÉN. Tél. XV.
   Et nous ouvrant son coeur nous ouvrit ses trésors, CORN. Pomp. I, 3.
   Dans l'entretien où, m'ayant ouvert votre coeur, j'y vis tant de résolution, de force et de générosité, VOIT. Lett. 34.
   Selon le coeur de Dieu, pieux, aimé de Dieu.
   David que Dieu trouva selon son coeur, BOSSUET Hist. II, 3.
   Un roi selon le coeur de Dieu, FLÉCH. Dauph..
   Dans le langage général, selon le coeur de, agréable à.
   La première chose que le roi fait avec ce nouveau pape qui est entièrement selon son coeur et au delà de nos espérances, c'est de lui rendre le Comtat, SÉV. 592.
   Dans le langage de l'Écriture, les coeurs des rois sont dans la main de Dieu.
   Mais, comme dit le Sage, autant que le ciel s'élève, et que la terre s'incline au-dessous de lui, autant le coeur des rois est impénétrable, BOSSUET le Tellier..
   À coeur ouvert, avec franchise, sincérité, effusion. Parler à coeur ouvert.
   Souffrez qu'à coeur ouvert, monsieur, je vous embrasse, MOL. Mis. I, 2.
   Avoir le coeur sur les lèvres, avoir le coeur sur la main, ne pas déguiser sa pensée, ses sentiments.
   Parler d'abondance de coeur, parler du coeur, parler avec épanchement.
   Pour chercher un ami qui me parle du coeur, RAC. Bérén. I, 4.
   Nous parlâmes du coeur, comme deux vieux amis, Au foyer l'un de l'autre à la campagne admis, LAMART. Harm. III, 6.
   Se parler coeur à coeur, se parler avec franchise.
   L'affection, la tendresse, l'amour. Se concilier tous les coeurs. Régner sur les coeurs.
   L'extrême joie qu'on m'a donnée en me mandant que j'étais tout entier dans le coeur de cet homme que vous savez qui est si fort selon le mien, VOIT. Lett. 42.
   Hyménée et l'Amour, par des désirs constants, Avaient uni leurs coeurs dès leur plus doux printemps, LA FONT. Phil. et Bauc..
   Sans mentir, mademoiselle, ce ne vous est pas peu de gloire d'avoir pu allumer le coeur d'un homme aussi froid que je suis, VOIT. Lett. 42.
   Ah ! si mon coeur osait encor se renflammer !, LA FONT. Fabl. IX, 2.
   Je veux encore un coup montrer un coeur de père, CORN. le Ment. V, 3.
   Ayons un coeur dont nous soyons les maîtres, MOL. le Fest. III, 6.
   Sévère lui avait gagné le coeur des soldats, BOSSUET Hist. I, 10.
   J'ai fort dans le coeur M. et Mme Scomberg, BOSSUET Lett. 45.
   Toutes les choses où j'ai mis mon coeur, PASC. Prière..
   Le petit cardinal a son oncle dans le coeur, SÉV. 219.
   Je ne vous demande que votre coeur, FÉN. Tél. IV.
   Un roi fait ce qu'il veut des coeurs : tous les protestants sont prêts à mourir pour son service, VOLT. Lett. Damilaville, 16 avril 1765.
   Emporter après lui tous les coeurs des soldats, RAC. Baj. I, 1.
   Pour m'arracher du coeur de ses soldats, RAC. ib..
   Sans me faire payer son salut [le salut de mon fils] de mon coeur, RAC. Andr. I, 4.
   J'attends avec la paix son coeur de votre main, RAC. ib. II, 4.
   Si vous faites ce petit voyage que vous avez projeté dans nos cantons, vous verrez tous les coeurs voler au-devant de vous, VOLT. Lett. Thiroux, mars 1763.
   Puis-je espérer encore Que vous accepterez un coeur qui vous adore ?, RAC. Andr. I, 4.
   Elle aura quelque trait qui, de mes sens vainqueur, Me passant par les yeux, me blessera le coeur, RÉGNIER Sat. VII.
   Il ira, le coeur plein d'une image divine, Chercher si quelques lieux ont une Clémentine, A. CHÉN. Élég. XIV.
   Ces deux personnes ne font qu'un coeur et une âme, elles sont liées par la plus étroite affection.
   Les deux princesses ne furent plus qu'un même coeur, BOSSUET Anne de Gonz..
   Son coeur commence à parler, son coeur a parlé, se dit d'une jeune personne qui éprouve les premiers sentiments de l'amour.
   Affaire de coeur, commerce de galanterie.
   La personne elle-même qui éprouve ces divers sentiments.
   Je me tiens très heureux d'avoir une si grande place dans le meilleur coeur de France, VOIT. Lett. 42.
   Deux démons à leur gré partagent notre vie ; Je ne vois point de coeur qui ne leur sacrifie, LA FONT. Fabl. X, 10.
   Il peut trouver du moins, dans le cours de sa vie, Un coeur sans injustice, un ami sans envie, ST-LAMBERT Saisons, automne..
   Des coeurs séparés à regret Trouvent de se rejoindre aisément le secret, CORN. Othon, II, 4.
   Un coeur né pour servir sait mal comme on commande, CORN. Pomp. IV, 2.
   Que ne fait point un coeur Pour plaire à ce qu'il aime et gagner son vainqueur ?, RAC. Bérén. II, 2.
   Coeur accablé de déplaisirs, RAC. Andr. II, 1.
   Coeur épris de courroux, RAC. ib. I, 1.
   D'un coeur qui t'aime, Mon Dieu, qui peut troubler la paix ?, RAC. Athal. III, 8.
   J'aime mieux renoncer à tout cet embarras, Et ne veux point d'un coeur qui ne se donne pas, MOL. F. sav. V, 4.
   Avez-vous un secret important, versez-le hardiment dans ce noble coeur, BOSSUET Duch. d'Orl..
   Familièrement.
   Bien que d'un cabinet sortît un petit coeur, Avec son chaperon, sa mine de poupée, RÉGNIER Sat. XI.
   De s'entendre appeler petit coeur ou mon bon, BOILEAU Sat. X..
   Elle a eu l'effronterie de me dire que je ne suis point malade ; vous savez, mon coeur, ce qui en est, MOL. Mal. im. I, 6.
   Mon pauvre petit coeur, tu le peux si tu veux, MOL. Éc. des f. V, 5.
   Un joli coeur, un jeune homme qui prend un soin particulier de sa toilette.
   Faire le joli coeur, se donner des grâces.
10°   Ardeur, vif intérêt. Il a le coeur à l'étude.
   Amour enfin qui prit à coeur l'affaire, LA FONT. Coc..
   Il s'agit d'une affaire que j'ai fort à coeur, BOSSUET Lett. 109.
   Il prend trop de coeur à ce qu'il entreprend, PASC. Prov. III.
   Qui croyez-vous qui prenne les choses à coeur?, PASC. ib..
   Il n'eut plus de coeur que pour lui, FLÉCH. M. de Mont..
   Il avait mis son coeur à ce mariage, J. J. ROUSS. Hél. I, 40.
   Des haines qui, en refusant le coeur au devoir, ont assez d'empire sur elles, pour donner les apparences au monde, MASS. Car. Pardon..
   J'avais peur Que mon père ne prît l'affaire trop à coeur, RAC. Plaid. II, 6.
   Vous prenez la chose fort à coeur, MOL. les Préc. 1.
   Il avait le coeur trop au métier, RAC. Plaid. I, 1.
   Avoir à coeur quelque chose, y prendre un vif intérêt.
   Ils n'ont rien tant à coeur que de voir la concorde régner, MASS. Or. fun. Louis XIV.
Tenir au coeur, être l'objet d'un attachement, d'un désir, d'un intérêt.
   Le reste ne lui tenait plus au coeur, SÉV. 216.
   Cela est au premier rang de ce qui me tient le plus au coeur, SÉV. 202.
   On aime fort ce détail pour les choses qui tiennent au coeur, SÉV. 5.
   Les choses qui nous tiennent sensiblement au coeur, SÉV. 570.
   Une beauté me tient au coeur, MOL. Fest. I, 2.
   La Sicile ravie leur tenait au coeur, BOSSUET Hist. I, 8.
   Diantre ! l'amour vous tient au coeur de bon matin, RAC. Plaid. I, 5.
   Tenir au coeur, être l'objet d'une inquiétude, d'un tourment.
   Le Rhône me tient fort au coeur, SÉV. 23.
   Votre frère me tient fort au coeur, SÉV. ib..
   Ce maître d'armes vous tient bien au coeur, MOL. le Bourg. III, 3.
11°   Courage, fermeté. Homme de coeur, homme plein de courage.
   La rigueur de ses lois, après tant de licence, Redonnera le coeur à la faible innocence, MALH. II, 1.
   ... Vous vous troublez beaucoup ; Mon coeur n'est point du tout ébranlé de ce coup, MOL. F. sav. V, 4.
   À la fin je pris coeur, résolu d'endurer...., RÉGNIER Sat. XI.
   Non, non, j'ai trop de coeur pour lâchement me rendre, RÉGNIER Élég. I.
   Si tu connaissais tes péchés, tu perdrais coeur, PASC. Myst. 2.
   Rodrigue, as-tu du coeur?, CORN. Cid, I, 9.
   Nous vous laissons ici pour leur rendre du coeur, CORN. Hor. II, 7.
   Et ne vous flattez pas ni sur votre grand coeur Ni sur l'éclat d'un nom cent et cent fois vainqueur, CORN. Nicom. I, 1.
   ... Tant de fois vaincus ils ont perdu le coeur De se plus hasarder contre un si grand vainqueur, CORN. Cid, II, 7.
   Ces favorables mots vous ont rendu le coeur, CORN. Tois. d'or, IV, 5.
   Un orgueil noble et juste et digne d'une reine, Qui soutient avec coeur et magnanimité L'honneur de sa naissance et de sa dignité, CORN. Pomp. III, 1.
   Sans qu'on l'ose accuser d'avoir manqué de coeur, CORN. Cid, V, 1.
   [Il] m'a fait voir trop de coeur, CORN. le Ment. III, 2.
   En vain en l'attaquant [il] fait paraître un grand coeur, CORN. Hor. IV, 4.
   S'il avait moins de coeur, CORN. Cid, II, 7.
   S'il la sauve, peut-être on trouvera dans Rome Plus de coeur que de crime en l'ardeur d'un jeune homme, CORN. Théodore, V, 7.
   Antigone Gonatas reprit coeur, pendant que Pyrrhus, inquiet et ambitieux, faisait la guerre aux Lacédémoniens et aux Argiens, BOSSUET Hist. univ. I, 8.
   Ils ne voulaient pas qu'on s'y prît d'une manière à lui faire perdre coeur, BOSSUET Var. 10.
   Le parti a repris coeur et fait les derniers efforts, BOSSUET Lett. quiét. 341.
   Ce discours ébranla le coeur De notre imprudent voyageur ; Mais le désir de voir et l'humeur inquiète...., LA FONT. Fabl. IX, 2.
   Battre un homme à coup sûr n'est pas d'une belle âme ; Et le coeur est digne de blâme Contre les gens qui n'en ont pas, MOL. Amph. I, 2.
   Si l'heureux Amurat, secondant leur grand coeur, Aux champs de Babylone est déclaré vainqueur, RAC. Baj. I, 1.
   Surtout j'admire en vous ce coeur infatigable, RAC. Mithr. III, 1.
   Il faut du coeur et de l'action, FLÉCH. Serm. I, 169.
   Un dessein si hardi jeta les patriciens et le peuple dans une consternation générale ; tous manquent de coeur et de résolution, VERTOT Révol. rom. liv. II, p. 201.
   Familièrement. Prendre son coeur à deux mains, faire tous ses efforts, ou prendre son grand courage.
   Familièrement. Avoir le coeur de, pousser la dureté, l'indifférence jusqu'à.
   Vous n'aurez pas ce coeur-là, MOL. Mal. im. I, 5.
   Comment avez-vous le coeur de mêler avec leurs fruits des ossements ?, J. J. ROUSS. Ém. II.
   Un coeur de lion, un homme d'un extrême courage.
   Un coeur de poule, un poltron.
   Ah ! poltron ! dont j'enrage, Lâche ! vrai coeur de poule, MOL. Sganar. sc. 21.
   Mettre, remettre le coeur au ventre à quelqu'un, lui rendre le courage. Cette locution vient du langage du moyen âge, où le coeur est joint souvent à ventre, pris en un sens très général de tronc du corps ; locution qui provient elle-même de ce qu'on se sent plus de force et de courage après avoir bien mangé.
   Faire contre mauvaise fortune, ou, absolument, contre fortune bon coeur, ne pas se laisser abattre et aussi ne pas laisser paraître sur son visage le désappointement, la peine qu'on éprouve.
12°   Générosité. Être plein de coeur.
   Grand coeur, magnanimité.
   Seigneur, vous devez tout au grand coeur d'Exupère, CORN. Héracl. V, 4.
   Henriette d'un si grand coeur est contrainte de demander du secours ; Anne d'un si grand coeur ne peut en donner assez, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Un grand coeur, une personne magnanime.
   Mais de cette faiblesse un grand coeur est honteux ; Il ose espérer tout dans un succès douteux, CORN. Hor. I, 1.
   N'attendez point de moi de regrets ni de larmes : Un grand coeur à ses maux applique d'autres charmes, CORN. Pomp. V, 1.
   La grâce est aux grands coeurs honteuse à recevoir ; La menace n'a rien qui les puisse émouvoir, ID. Suréna, IV, 4.
   Un grand coeur cède un trône et le cède avec gloire ; Cet effort de vertu couronne sa mémoire, CORN. Rodog. II, 5.
   Au travers des périls un grand coeur se fait jour, RAC. Andr. III, 1.
   Jamais dans un grand coeur vit-on plus de faiblesse ?, RAC. Bérén. III, 2.
   Homme de coeur, homme qui a de la générosité, de la sensibilité.
   N'avoir point de coeur, être dépourvu de toute sensibilité, de toute noblesse d'âme.
13°   Le principal agent, le principal intérêt.
   Le parti du duc et de mon frère Dont l'un est votre coeur, si l'autre est votre bras, ROTR. Vencesl. I, 1.
   Quand à ton père usé je rendis la vigueur, J'avais encor tes voeux, j'étais encor ton coeur, CORN. Médée, III, 3.
   Le prince de Conti fut le coeur et le confident de M. de Luxembourg dans ses dernières années, SAINT-SIMON 220, 212.
14°   Par extension, l'estomac : dénomination qui vient de ce que, dans l'ancienne anatomie grecque, on donnait le nom de coeur à l'orifice cardiaque ou supérieur de l'estomac, et le nom de douleur de coeur aux douleurs de l'estomac. Des soulèvements de coeur. J'ai encore mon dîner sur le coeur.
   Avoir le coeur noyé, noyé d'eau, être incommodé pour avoir bu trop d'eau.
   Fig. Cela lui pèse sur le coeur, c'est quelque chose qui lui cause du chagrin, de la rancune.
   Ce vin va au coeur, il fait plaisir.
   Avoir mal au coeur, être pris de nausées. Sur mer j'ai mal au coeur.
   Celles qui ont dîné ont mal au coeur, SÉV. 185.
   Mal de coeur, envie de vomir.
   À moitié chemin, j'eus un grand mal de coeur, SÉV. 58.
   Fig. Cela fait mal au coeur, fait soulever le coeur se dit d'une chose qui excite le dégoût, l'aversion, le chagrin.
   Une douceur fade qui fait mal au coeur, MOL. Impr. 3.
   Avec un style si bourgeois et si ridicule, que cela fait mal au coeur, VAUVENARGUES. Du goût..
   Les violons de la cour font mal au coeur au prix de ceux-là, SÉV. 73.
   Il est d'une faiblesse à faire mal au coeur, SÉV. 44.
   Les louanges me font mal au coeur, SÉV. 235.
   Tout ce qui ressemble à une séparation fait bien mal au coeur, SÉV. 462.
   Ce qui vient de sa part lui fait soulever le coeur, BOSSUET Resp. 1.
   De ce raccommodement vint un fils qui réduisit la jeune princesse de Bade à l'état ordinaire pour les biens, dont sa belle-mère eut grand mal au coeur, SAINT-SIMON 168, 259.
   Si le coeur vous en dit, si vous avez envie d'en manger ; et fig. Si vous êtes disposé à cela.
   Avoir le coeur bon, avoir l'appétit bon, se dit d'un malade qui conserve de l'appétit.
   Cet homme a bon coeur, il ne rend rien, se dit d'un homme dont l'estomac ne rejette pas ce qu'il mange ; et, figurément, de celui qui ne rend pas ce qu'on lui prête.
   Avoir le coeur sur le bord des lèvres, et, simplement, sur les lèvres, être prêt à vomir.
   Avoir le coeur mort, se sentir très faible.
   Populairement. N'être pas malade de coeur, conserver un bon appétit.
   S'en donner au coeur joie, à coeur joie, jouir pleinement, se rassasier d'une chose.
   À coeur jeun, sans avoir mangé de la journée. Locution qui vieillit.
15°   Par analogie, la partie centrale de quelque chose. Il est logé au coeur de la ville. Le coeur d'un fruit, d'un chou.
   Je veux qu'elle me voie au coeur de ses États Soutenir ma fureur d'un million de bras, CORN. Nicom. V, 7.
   Dans le coeur de son empire, BOSSUET Hist. I, 8.
   Il y avait au coeur de la Judée des hommes choisis, PASC. Juifs, 20.
   Plus les chênes croissent vite, plus ils forment de coeur, et meilleurs ils sont pour le service, BUFF. Exp. sur les végét. 2e mém..
   Les vieilles souches [de vigne] sont pourries jusqu'au coeur, et le fruit n'en vaut guère, P. L. COUR. I, 272.
   Je relève sous l'eau les tiges abattues, Je secoue au soleil les coeurs de mes laitues, LAMART. Joc. IX, 281.
   Fig. Au coeur de l'été, de l'hiver, pendant les plus grandes chaleurs, les plus grands froids.
   Évitez le coeur de l'hiver pour revenir, SÉV. 355.
   On était au coeur d'un hiver extrêmement rude, HAMILT. Gramm. 8.
   Les Suédois faisaient la guerre au coeur de l'hiver comme dans l'été, VOLT. Charles XII, 2.
   Éveillés à minuit au coeur de l'hiver, J. J. ROUSS. Ém. II.
   Coeur de cheminée, le milieu de la cheminée, où est ordinairement une plaque. Il est noir comme le coeur de la cheminée.
   À coeur de journée, sans relâche. Locution qui paraît venir de ce que le coeur de la journée est pris pour le fort du travail.
   Murce avait un jeune valet qu'il appelait marcassin et qui se moquait de lui à coeur de journée, SAINT-SIMON 164, 168.
16°   Ce qui a la forme d'un coeur. Une croix d'or surmontée d'un coeur.
   Le coeur, une des couleurs du jeu de cartes. Le coeur est atout. J'ai tous les coeurs.
   Nom vulgaire d'un grand nombre de coquilles bivalves.
17°   Terme de manége et de fauconnerie. Être en coeur, se dit d'un cheval, d'un oiseau qui se montrent pleins d'ardeur. Un cheval de deux coeurs, est celui qui répond mal aux aides et qui ne manie pas volontiers.
18°   Terme de blason. Le milieu de l'écu, dit aussi abîme.
19°   Terme d'astronomie. Coeur du Lion, étoile de première grandeur qui fait partie de la constellation du Lion, dite aussi Régulus.
   Coeur de Charles, petite constellation entre la Grande Ourse et le Lion.
   Coeur de l'Hydre, étoile de la constellation de l'Hydre.Coeur du Scorpion ou Antarès.
20°   Terme d'horticulture. Coeur de pigeon, espèce de prune et espèce de pomme.
   Coeur de boeuf, espèce de prune.
   Coeur de Saint-Thomas, nom vulgaire d'un fruit d'Amérique ou mieux d'une graine, dite aussi châtaigne de mer (entade gigalobion).
   Nom d'une espèce de bigarreau.
21°   Pièce d'horlogerie qui dégage la détente de la sonnerie.
   Milieu d'une verge de plomb dans un vitrage.
22°   Terme de boucherie. Maniement pair ou double chez le boeuf et la vache, placé au-dessous et à quelque distance du paleron, en arrière et vers le milieu de la masse musculaire olécrânienne, et répondant à peu près à la place qu'occupe le coeur dans l'intérieur du thorax.
PROVERBES
   Il dit cela de bouche, mais le coeur n'y touche, c'est-à-dire il parle contre sa pensée.
   De l'abondance du coeur la bouche parle, c'est-à-dire on parle volontiers de ce qu'on désire, de ce qui captive.
   Loin des yeux, loin du coeur, c'est-à-dire l'absence refroidit.
   Le langage populaire dit quelquefois : joli comme un coeur. Cela ne signifie rien et ne peut rien signifier ; c'est une confusion avec joli coeur.
   Avoir à coeur et tenir au coeur, sont deux locutions toutes faites et dans lesquelles rien ne peut être interverti. Avoir au coeur et tenir à coeur seraient des fautes contre l'usage, du moins aujourd'hui ; car, au XVIIe siècle, on trouve tenir à coeur dans de bons écrivains.
   Les nouvelles de la guerre me tiennent fort à coeur, SÉV. 752.
   J'ai un extrême chagrin que vous fassiez tant de cas de toutes ces niaiseries [romans et comédies] qui ne doivent tout au plus servir qu'à délasser quelquefois l'esprit, mais qui ne devraient point vous tenir autant à coeur qu'elles font, RAC. Lettr. à son fils, XI.
   COEUR, COURAGE, disposition qui fait mépriser le danger. Courage est dérivé de coeur; par conséquent, la nuance entre ces deux mots ne peut être que dans cette dérivation même. En effet, le courage, à proprement parler, est le produit du coeur. On a du coeur ou on en manque ; on signale son courage, on combat avec courage ; <
   XIe s.
   Se [il] son queur li purportast e soun conseil li donast, Lois de Guill. 12.
   Charles respont : trop avez tendre coer, Ch. de Rol. XXIII.
   Mal seit du coer qui au piz [poitrine] se couarde, ib. LXXXV.
   Franc ont feru de coer et de vigur, ib. LX.
   Si esclargiez vos talenz [satisfaites vos désirs] et vos coers, ib. CCLXV.
   XIIe s.
   Dit à son oncle son cuer et sa pensée, Ronc. p. 19.
   Li emperere ot mout le cuer iré, ib. p. 35.
   L'aigue [eau] du cuer lui est es els [yeux] montée, ib. p. 48.
   [à] Vos compaignons [ils] feront les cuers partir, ib. p. 60.
   Mout [il] ot le cuer dolent et irascu, ib..
   Du sanc qu'il laisse lui va li cuer faillant, ib. p. 100.
   [Il] Fit sa priere de cuer, fort en pleurant, ib. p. 152.
   Plus [j'] en auroie le cuer du ventre clair [satisfait], ib. p. 158.
   Par vasselage [courage] [il] a son cor [sa fermeté] recouvré, ib. p. 169.
   Li cuers lui part, l'ame s'en est alée, ib. p. 176.
   Ah ! Dex ! dist Charles, comme ai le cuer grevé !, ib. p. 183.
   Tant s'est amors affermée En mon cuer, à long sejor, Couci, I.
   Que cele où j'ai mon cuer et mon penser, ib. VI.
   Ele a mon cuer, que jà [je] n'en quier oster, ib. X.
   Je ne me sai tenir ne conforter De vous, beaus cuers, servir entierement, ib..
   Si que souvent [je] chant là où de cuer [je] plor [pleure], ib. XVI.
   Onques vers lui [elle] [je] n'oi [n'eus] faus cuer ne volage, ib. XIX.
   Car traï m'a et mort à escient Mes jolis cuers, que je doi tant haïr, ib. XX.
   Se nuls morist [mourut] pour avoir cuer dolent, ib. XXII.
   Se li cors va servir nostre seigneur, Li cuers remaint du tout en sa baillie [de ma dame], QUESNES Romancero, p. 93.
   L'aigue lui cort [court, coule] du cuer parmi les oilz à rais, Sax. XV.
   Tel cinq cent chevalier Qui n'ont cuer ne courage de Saisnes guerroier, ib. XVI.
   [Le roi] Qui assez vous salue de bon cuer, sans feintise, ib. XXIII.
   De grant outrage faire nuls hom ne monteplie, Ainz se monte et essauce qui son cuer humelie, ib. XXXII.
   Il n'en venront à chief [viendront à bout], mes cuers le senefie [l'annonce], ib..
   À la nef sunt venu, e entrerent en mer ; Rogiers del Punt l'Evesque n'i pout sun quer celer : Thomas, Thomas, fait-il, mal m'i faites passer, Th. le mart. 133.
   XIIIe s.
   Dist li rois : Dame, puet bien estre verté ; J'en ai le cuer al ventre si serré Que ne me puis aidier ne conforter, Chanson du vilain Hervi..
   Il ne creoient mie les Grieus à qui il avoient pais fete, que de cuer leur deussent aidier, VILLEH. CLXI.
   Et sachiés que li cuers des gens ne fu mie en pais, quar une partie de l'ost se travelloit à ce que il se volsissent bien departir, VILLEH. LIV.
   Il estoit de moult grant cuer, VILLEH. XL..
   Einsi dura la guerre grant piece, jusques au cuer d'iver, VILLEH. XLV.
   Forment lui doult li cuers, mout fut en grand esmoi, Berte, VII.
   .... De grant joie fu ses cuers esmeüs, ib. XXIV.
   ... Se [vous] saviez orendroit à quel meschief je sui, li cuers vous partiroit, ib. XXVIII.
   Mais li cuers lui failloit, ib. XXXI.
   Mais il avoit le cuer si plein de loyauté, ib. XLV.
   Si que l'eaue du cuer sur sa face en descent, ib. XLVII.
   Chascuns eut cuer certain, piteus et fin et sain, ib. XLIX.
   Ne cuida pas mes peres li rois au cuer hardit...., ib. LIII.
   Ainçois [elle] se lairroit traire le cuer sous la poitrine, ib. LVI.
   Ahi ! mere, faitele, com auriez cuer marri Se vous saviez...., ib. LIX.
   Il l'amoient [Berte] de cuer come bien enseignée, ib. LX.
   En la serve [il] avoit mis cuer et cor et desir, ib. LXIII.
   Sachiez que mout [il] les hait de cuer entierement, ib. XCV.
   Lasse ! pourquoi ne creve mes cuers sous ma chemise ?, ib. C..
   D'amor et de desir tout li cuers lui esprent, ib. CX.
   Renart, fet-il, par le cuer bé [corbleu], Tu m'as hui honi et gabé, Ren. 4641.
   Moult ai iré le cuer au ventre, la Rose, 3752.
   Mes pren bon cuer, et si t'avance De recevoir en pacience Tout quanque Fortune te donne, ib. 6875.
   Mès, par mon chief, or i parra [paraîtra], Se tu de bon cuer serviras, ib. 2049.
   Que chascuns si bien i entende.... Que tout par cuer le retengniés, ib. 20113.
   La reson pourquoy, que il en donroit cuer à ses ennemis, JOINV. 214.
   Et quant sa gent virent que le roy metoit deffense en li, il pristrent cuer, et laisserent le passage du flum, JOINV. 227.
   XIVe s.
   .... Tu sembles l'oisel de proie, Qui vuet le cuer tant seulement ; Se le cuer has tant seulement, Aras le corps et la chevance, MACHAULT p. 111.
   Se il est juste, il n'est autre chose quelconque que il ait principalement à cuer, ORESME Eth. 155.
   Enfans qui ont recordé par cueur aucunes choses, ORESME ib. 198.
   Je ne puis pas savoir lor sens ne lor folie ; Car ce qui est au cuer, homme ne le dit mie, Guesclin. 10940.
   Et li bons coerz fait l'oevre, non mie le lonc jour, Baud. de Seb. IV, 184.
   Le dain est une belle beste et bien plaisant, quant elle est en cueur de saison, Modus, f° XXVIII.
   XVe s.
   Il en ot grand joie en son coeur, FROISS. II, III, 19.
   Le comte d'Asquesuffort, qui estoit pour ce temps tout le coeur et le conseil du roi, FROISS. II, II, 237.
   Les chemins que il fait, je les sais tous par coeur, car en sa compagnie et sans lui je les ai esté trop de fois, FROISS. II, III, 17.
   Louis Rambaud avoit une trop belle femme à amie et l'aimoit de tout son coeur parfaitement, FROISS. II, III, 17.
   Quand le noble roi Charles de France eut ouï sa soeur ainsi lamenter, et qui de coeur et en plorant lui montroit sa besogne, FROISS. I, I, 8.
   Et y laissa mort son neveu que moult aimoit ; dont il estoit en coeur et fut depuis ce moult destroit et courroucé, mais amender ne le put, FROISS. I, I, 181.
   Le comte de Hainaut avoit si pris en coeur cette guerre, FROISS. I, I, 128.
   Gens qui ont encore au coeur la felonnie et le mautalent sur les François, FROISS. II, II, 207.
   Et je feray volontiers et de bon coeur ce que vous me commandez...., FROISS. I, I, 47.
   Il alla voir la fierte [la châsse] saint Thomas à coeur jeun et y fit offrande belle et riche, FROISS. III, IV, 15.
   Les seigneurs regarderent que il estoit le mois de decembre le droit coeur d'hiver, FROISS. II, II, 203.
   Se ne montrez.... Que vous ayez mon fait à cueur, CH. D'ORL. Rondel de Frédet..
   Par cueur retiens ce que j'en ay apris, Car plus ne sçay lire ou livre de joye, CH. D'ORL. Rondel..
   Le dessus dit comte de Waleran et ceux qui s'estoient sauvés de sa compagnie eurent au coeur très grand tristesse, non pas sans cause, MONSTREL. liv. I, chap. 24.
   Certes, de bouche et non de cueur plusieurs gens parlent, MONSTREL. liv. I, chap. 9.
   Comme qui bien avoit le cuer à la besoigne, CHASTEL. Chron. des ducs de Bourg. III, ch. 28.
   Lié [joyeux] sui, quant il est en ce point ; Car je le hay de tout mon cuer, la Pass. de N. S. J. C.
   Et quelque semblant qu'ilz luy montrassent, si le haioient-il en cueur comme il fu de puis apparent, FENIN 1413.
   Le mareschal, qui le coeur n'avoit à aultre chose fors à toujours grever les Sarrazins, Bouciq. I, ch. 23.
   Et pour ce, nous qui desirons de tout nostre coeur l'honneur de son noble estat avons advisé une haute emprise, ib. III, ch. 15.
   Si fist Chasteaumorant au coeur vaillant e fier, ib. II, ch. 20.
   Hée, mon ami, revenez si vous voulez ; vous savez que nous femmes avons les cuers tendres, Jeh. de Saintré, ch. 26.
   Pour son sallaire d'avoir esté offrir à l'eglise de Sainct-Esperit-lezRue deux coeurs d'or, DE LABORDE Émaux, p. 217.
   Laquelle tenoit entre ses deux mains ung coer, qui se ouvry à l'eure que le roy entra en ladite porte, et dedans ledit coer y avoit une fleur de lis signiffiant la loyaulté de la Cité, DE LABORDE ib. p. 217.
   Il leur sembla honte et peril et que ce seroit donner cueur à ceulx de Paris, COMM. I, 9.
   Le roy n'avoit point fort la matiere à cueur, COMM. IV, 11.
   On croyait qu'Ascaigne faisoit ceste feinte, et qu'au coeur estoit content du Pape, COMM. VII, 13.
   Et si [Charles VIII] avoit son coeur, tousjours, de faire et accomplir le retour en Italie, COMM. VIII, 18.
   Coeur pensif ne sait où il va, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 275.
   Dieu nous veuille garder et defendre de toute malaventure ! le coeur ne me gist pas bien de cette vision, LOUIS XI Nouv. LXXII.
   XVIe s.
   Ils recoloyent par cueur quelques plaisans vers de Virgile, RAB. Garg. I, 24.
   Il se saisit du baston de la croix, qui estoit de cueur de cormier, RAB. ib. I, 27.
   Dieu vous doint ce que vostre noble cueur desire, RAB. Pant. II, 16.
   Je boy à luy de bien bon cueur, et à vous aussy, messieurs les recordz, RAB. ib. IV, 15.
   Le dyable se represente on lieu, accompaigné d'ung escadron de petitz dyableteaulx de cueur, RAB. ib. IV, 46.
   Je croy qu'il s'addoucira, Ou sera Plus dur que le coeur d'un arbre, DU BELLAY IV, 29, recto..
   Au coeur de l'hiver, MARG. Nouv. XXXVIII.
   Le peuple n'eut pas le coeur de prendre seulement les balotes en main, MONT. I, 3.
   Faulte de coeur [courage], MONT. I, 26.
   Non en leur action seulement, mais surtout en leur coeur, MONT. I, 108.
   Faire mal au coeur [donner des nausées], MONT. I, 110.
   Sçavoir par coeur n'est pas sçavoir, MONT. I, 163.
   Ayant extreme peur de faillir une chose qu'il avoit tant à coeur, MONT. I, 196.
   Il leur remeit par ce moyen le coeur au ventre, MONT. I, 353.
   Aulcun homme de coeur ne daigne s'advantager de...., MONT. II, 66.
   Nous prenons trop à coeur ces substitutions, MONT. II, 86.
   Il a disné par coeur pour l'affection qu'il avoit de medire des femmes, YVER p. 555.
   Montrer qu'ilz n'avoient point le cueur failly, AMYOT Péric. 62.
   Sans s'arrester aux larmes des passagers qui se tourmentent d'effroy et tirent du cueur, AMYOT ib. 63.
   Au cueur d'esté, AMYOT ib. 66.
   La perte de celuy là seul luy attendrit le cueur, AMYOT ib. 69.
   Avoir le cueur [courage] bon, AMYOT P. Aem. 43.
   Il n'y eut si dur cueur en toute la ville de Rome, à qui ce grant accident ne feist pitié, AMYOT ib. 57.
   Quant à moy, je n'aurois jamais le cueur de vendre le boeuf qui auroit longuement labouré ma terre, AMYOT Caton, 41.
   Homme de bas et petit cueur, AMYOT Crassus, 133.
   Du filz autant m'est la personne chere, Comme j'av eu à contre-coeur le pere, AMYOT Pomp. 1.
   Homme du tout fait à la devotion et selon le cueur de Pompeius, ID. Caton d'Ut. 45.
   Elle ne pardonnoit jamais, depuis qu'elle avoit pris une chose à cueur, AMYOT Artax. 24.
   Monsieur, j'ai sur le coeur tant de sang versé des nostres, D'AUB. Hist. I, 132.
   Venons au coeur de la France et des affaires, D'AUB. ib. I, 139.
   Le vaivode fait attaquer la ville avec la chaleur de coeur que la victoire passée donnoit à ses gens, D'AUB. ib. II, 198.
   Quand on vous decouvriroit implacable, tenant votre coeur [rancune] et inexorable, CARLOIX I, 38.
   Ils avoient promis la garder ou y mourir ; mais le coeur leur devint foye, et se rendirent leurs vies sauves, M. DU BELLAY 80.
   Ceste gresse est trouvée principalement au mesentere, et base du coeur, PARÉ I, 6.
   Le ventricule a deux orifices, à sçavoir un superieur nommé l'estomach et vulgairement coeur ; et l'autre inferieur nommé pylorus, PARÉ I, 14.
   La figure du coeur est pyramidale, à sçavoir large en sa base et estroite sur sa pointe, PARÉ II, 11.
   Et où il failloit, coups de baston ne luy manquoient pas, luy diminuant sa portion, le faisant souvent jeusner par coeur, PARÉ Animaux, 18.
   Coeurs ou cerises heaumées, O. DE SERRES .
   Baise moy donc, mon coeur [m'amie], car j'aime mieux Ton seul baiser, que si quelque deesse..., RONS. 109.
   J'aime de tout mon coeur, je veux aussi qu'on m'aime, O. DE SERRES 254.
   Ils sont toujours après pour lui [à la jeunesse] faire apprendre par cueur (ainsi parlent-ils) ce que les livres disent...., CHARRON Sagesse, I, 14.
   Il a eu le coeur de ce faire, PASQUIER Recherches, liv. VIII, p. 675, dans LACURNE.
   Estant allé à Bergame, il trouva son maistre qu'il salua joyeusement ; et le maistre luy rendit le salut en disant : que dit le coeur [comment va la santé] ?, Nuits de Straparole, t. I, p. 258, dans LACURNE.
   Sans davantage nous tuer le coeur et le corps, ib. t. II, p. 386.
   Prenez vostre coeur à autruy, OUDIN .
   Coeur content, et manteau sur l'espaule, COTGRAVE .
   Le coeur fait l'oeuvre, et non pas les grands jours, OUDIN .
   Le coeur ne veut douloir ce que l'oeil ne peut voir, ID. .
   À coeur dolent, l'oeil pleure, OUDIN. .
   À povre coeur petit souhait, ID. .
   Belle chere, et coeur arriere [semblant d'amitié, sans que le coeur y soit], OUDIN. .
   Qui n'a coeur [mémoire] ait jambes, ID. .
   Le coeur me dit qu'il faut que je meure, l'Amant ressuscité, p. 533, dans LACURNE.
   Au tresor gist le coeur, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 233.
   Bruler ne peut cueur Qui par venin meurt, LEROUX DE LINCY ib. p. 254.
   Coeur blessé ne se peut ayder, LEROUX DE LINCY ib. p. 275.
   Coeur de verre, coeur loyal et ouvert, LEROUX DE LINCY ib..
   Quand bien vient, coeur fault, LEROUX DE LINCY ib. p. 377.
   Item plus, est necessaire de sçavoir tout de cueur la multiplication d'une chascune des dix figures par soy mesme et aussi par une chascune des aultres, DE LAROCHE Arismetique, f° 8, verso..
   Bourguig. coeu ; picard (environs d'Amiens), tcheur ; provenç. cor ; ital. cuore ; du latin cor, cordis ; allem. Herz ; angl. heart ; goth. hairtô ; gaél. chridhe ; sanscrit, hrid. Coeur a pris le sens de mémoire, parce qu'il s'est étendu à l'âme tout entière ; et l'on voit nettement comment il l'a pris, dans cette phrase provençale : En vostre cor devetz saber que tuit li adjectiu.... [en votre coeur devez savoir que tous les adjectifs....], Gramm. provençales, publiées par GUESSARD, p. 78. Dans l'ancien français, au nominatif singulier li cuers, au régime le cuer ; au nominatif pluriel li cuer, <
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
COEUR. Ajoutez :
23°   Une personne objet de tendresse.
   Je craignais encore Mme de Caylus, sa nièce [de Mme de Maintenon], son goût et son coeur, qui la connaissait parfaitement, SAINT-SIMON t. VIII, p. 225, édit. Chéruel..
24°   Terme de turf. On dit qu'un cheval manque de coeur, quand il ne fait pas son possible pour triompher.
25°   Coeur vert, espèce d'arbre.
   Le mora (mora excelsa) et le coeur vert (hectandra Rodeii) de la Guyane anglaise, Rev. Britann. fév. 1876, p. 283.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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