- cloître
- (kloî-tr') s. m.1° Dans un monastère, galerie intérieure couverte, et formant un carré, au milieu duquel est ordinairement un petit jardin. Les processions des religieux se font autour de leurs cloîtres.On dit, en architecture, qu'une maison est bâtie en cloître, quand il y a des bâtiments sur les quatre côtés de la cour.2° Le monastère même. Se retirer, s'ensevelir dans un cloître.• Qu'en un cloître sacré je pleure incessamment...., CORN. Cid, V, 7.• La perfection n'est pas de se jeter dans un cloître, BOSSUET II, Vêtur. 2.• Cruels et lâches persécuteurs, faut-il donc que les cloîtres les plus retirés ne soient pas des asiles contre vos calomnies ?, PASC. Prov. 16.• Les cloîtres renfermaient plus de cinq cent mille personnes, VOLT. Moeurs, 139.• Trop resserré dans les bornes d'un cloître, Un tel mérite au loin se fit connoître [connaître], GRESSET Ver-vert, II.3° La vie monastique.• Elle est par l'indigence au cloître condamnée, M. J. CHÉN. Fénel. IV, 4.4° Enceinte de maisons où logeaient les chanoines des églises cathédrales et collégiales. Le cloître Notre-Dame.5° Terme de jardinage. Grand carré entouré d'allées taillées en arcades, imitant un cloître.6° Terme de construction. Voûte en arc de cloître, sorte de voûte formée de plusieurs portions de voûte qui s'appuient sur des murs, et se coupent de manière à former entre elles des angles rentrants.CLOÎTRE, COUVENT, MONASTÈRE. Le cloître est une clôture ; le couvent est un lieu où l'on se réunit pour vivre en commun ; le monastère est un lieu de retraite et de solitude. Voilà l'étymologie. L'usage a attaché primitivement à cloître le sens de galerie intérieure dans un couvent ; c'est pour cela qu'on ne dit pas, d'une manière déterminée et en laissant au mot l'idée commune de résidence de moines : établir, détruire des cloîtres. Cloître et couvent s'emploient l'un et l'autre pour désigner la vie monacale : on se jette dans le cloître ; on met une fille au couvent ; dans ces phrases on ne se servirait pas de monastère ; le monastère ne se disant pas, d'une façon générale, comme le cloître ou le couvent.XIIe s.• As altres chambres ont une chambre ajustée, Par unt la veie esteit al cloistre plus privée, Mais à cele ure esteit à un grant loc fermée, Th. le mart. 145.XIIIe s.• Quant il fu tiels qu'il puet aprendre, à ses letres un poi atendre, Li abes l'a en conrei pris, E en la cloistre à letres mis, Grégoire le Grand, p. 41.• Qui Faus semblant vodra congnoistre, Si le quiere au siecle ou en cloistre, la Rose, 11044.• L'en ne preesche mès en cloistre De Jesu Christ ne de sa mere, Ne de saint Pol, ne de saint Pere, RUTEB. 219.• Et les hales sont faites à la guise des cloistres de ces moinnes blans, JOINV. 205.XVe s.• Aux seculiers et en l'estat de cloistre, E. DESCH. Poésies mss. f° 46, dans LACURNE.XVIe s.• Ou sur les monts d'Auvergne, ou sur le plus haut mont Des cloistres [barrières] Pyrenez, quand la neige se fond, RONS. 865.• Hardis furent les coeurs qui les premiers monterent Au ciel, et d'un grand soin les astres affronterent ; Là sans avoir frayeur des cloistres enflamez Du monde...., RONS. 899.• En cloistre, ne rien cognoistre, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 8.• [Les passions] ne nous abandonnent point pour changer de contrée, elles nous suyvent souvent jusques dans les cloistres et dans les escholes de philosophie, MONT. I, 275.Provenç. claustra ; anc. espagn. claustra ; espagn. mod. claustro ; ital. chiostro, cloître, chiostra, demeure, habitation ; du latin claustrum, qui, se disant le plus souvent au pluriel, claustra, barrières, a donné les deux formes chiostro et chiostra, et, dans le vieux français, le cloitre et la cloitre ; les noms pluriels neutres du latin donnent souvent, dans les langues romanes, un nom féminin singulier.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.