- cerf
- (sèr : un cerf dix cors, dites : un sèr dix cors ; l'Académie ne dit rien sur la prononciation de ce mot, qui est loin d'être bien fixée ; au singulier plusieurs font entendre l'f ; Ménage écrivait cêr, preuve que, de son temps, l'f ne se prononçait pas ; quelques-uns veulent que l'f se fasse entendre seulement quand cerf est isolé ou final : le chien a forcé le sèrf ; mais cette exception ne paraît pas fondée sur un véritable usage ; au pluriel l'f ni l's ne se prononcent : les sèr ; l's ne se lie pas : les cerfs et les daims, dites les sèr et les daims ; cependant quelques-uns disent : les sèr-z et les daims) s. m.1° Nom de genre d'un ruminant à cornes pleines ou osseuses, et caduques, rondes, ramifiées ; et, en particulier, nom d'une bête fauve de nos forêts, cerf commun (cervus elaphus, L.). Le bois ou la tête d'un cerf. Les andouillers de la tête d'un cerf. Lancer, détourner, courre, prendre le cerf. Être à la mort du cerf. Un cerf bien donné aux chiens est à demi pris.• Le carnage du cerf se préparant aux chiens, ROTROU Vencesl. I, 1.• Dans le cristal d'une fontaine Un cerf se mirant autrefois Louait la beauté de son bois Et ne pouvait qu'avecque peine Souffrir ses jambes de fuseaux, LA FONT. Fabl. VI, 9.• Et nous conclûmes tous d'attacher nos efforts Sur un cerf qu'un chacun nous disait cerf dix cors ; Mais moi, mon jugement, sans qu'aux marques j'arrête, Fut qu'il n'était que cerf à sa seconde tête, MOL. Fâch. II, 7.Les petits se nomment faons, pendant un an entier ; daguets, la seconde année ; cerfs à leur première tête, pendant la troisième ; cerfs à leur seconde et troisième tête, pendant la quatrième et la cinquième ; cerfs à dix cors jeunement, pendant la sixième ; cerfs à dix cors, pendant la septième ; grands cerfs, à huit ans ; et grands vieux cerfs, à neuf. Voy. tête et cors.Familièrement. C'est un cerf, il court avec une très grande rapidité. Il a des jambes de cerf, il a des jambes rapides ou minces comme celles du cerf.Os de coeur de cerf, os qui, se trouvant dans le coeur du cerf, a été employé jadis dans les maladies du coeur, mais qui est tout à fait inerte.Terme de blason. Cerf sommé, cerf ramé de 9, 10, 13 cors et quelquefois davantage.Fig. Un cerf, un couard, un lâche. Je craindrais plus, disait un militaire, une armée de cerfs commandée par un lion, qu'une armée de lions commandée par un cerf.2° Terme de vétérinaire. Mal de cerf, nom vulgaire donné au tétanos chez le cheval, à cause de la roidure de l'encolure.3° Parc aux cerfs, petite maison où Louis XV avait une espèce de sérail.XIe s.• Si com li cers s'en va devant les chiens, Ch. de Rol. CXXXIX.• Les mains [ils] lui lient à courreies de cerf, ib. CCLXXII.• [Il] met lui au poing de cerf le destre gant, ib. CCLXXX.XIIe s.• Si com li cers fuit devant le levrier, Roncisv. 87.XIIIe s.• Sur un bon chaceour [cheval] le cerf tant [il] parsuivi, Berte, CVIII.XIVe s.• Car un proverbe dit par vraie auctorité : Nature fait le cerf tracier au bois ramé, Guesclin, 20969.• Le col estendu comme cerf en lande, Ménagier, I, 3.• Quand le lion voit ou treuve un serf ou une chievre salvage, ORESME Eth. 93.XVIe s.• Au cerf la biere, au sanglier le miere [c'est-à-dire les plaies faites par le cerf sont mortelles ; celles que fait le sanglier reclament le médecin ; proverbe qu'on trouve aussi sous la forme : au cerf la bierre, au sanglier le barbier], LE ROUX Dict. comique..• Sers comme serf, ou fuy comme cerf, LEROUX DE LINCY Proverbes, t. I, p. 155.Bourguig. çar ; provenc. cerv, cer ; espagn. ciervo ; ital. cervo ; du latin cervus ; comparer le bas-breton, karô ou karv, cerf ; l'anc. haut allem. hir-uz ; allem. mod. Hirsch.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.