- souffler
- (sou-flé) v. n.1° Pousser l'air d'une façon quelconque.2° Faire du vent en poussant de l'air par la bouche.3° Souffler sur, éteindre en soufflant.4° Souffler sur, se dit aussi des sorciers.5° Respirer avec peine, avec effort.6° Souffler aux oreilles de quelqu'un.7° Se dit des taupes dans la saison où elles travaillent.8° Dans les moulins à poudre, le mortier ou la matière souffle.9° Chercher la pierre philosophale.10° V. a. Faire du vent sur une chose.11° Souffler les canons, y brûler de la poudre.12° Souffler le verre, l'émail.13° Souffler l'orgue.14° Souffler un veau, un mouton.15° Appliquer un soufflage à un navire.16° En termes de chasse, souffler le poil au lièvre.17° Envoyer par le souffle.18° Souffler quelque chose à l'oreille de quelqu'un.19° Suggérer, inspirer.20° Dire tout bas à celui à qui la mémoire manque.21° Souffler une dame, au jeu de dames.22° Boire d'un trait.23° V. réfl. Se souffler, être soufflé.1° Pousser l'air d'une façon quelconque. Ce soufflet est percé, il ne souffle plus.• Annibal [à Cannes].... avait rangé ses troupes de sorte que le vent Vulturne, qui se lève dans un certain temps réglé, devait souffler directement contre le visage des Romains pendant le combat, et les inonder de poussière, ROLLIN Traité des Ét. 3e part. I, Cannes..Impersonnellement.• Par un hasard assez singulier, il soufflait des vents opposés en Savoie et en Piémont, SAUSSURE Voy. Alpes, t. V, p. 142.Fig. Regarder de quel côté le vent souffle, observer les conjonctures.• Je ne sais de quel côté le vent va souffler pour la philosophie, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 9 juill. 1764.Terme de l'Écriture. L'esprit souffle où il veut, Dieu communique ses grâces à qui il lui plaît.2° Particulièrement. Faire du vent en poussant de l'air par la bouche. Souffler dans un instrument à vent.• Trois fois en vain elle souffla Pour rendre vie à sa chandelle, SCARR. Poésies div. Oeuvr. t. VII, p. 290, dans POUGENS.• D'abord avec son haleine Il se réchauffe les doigts ; Puis sur le mets qu'on lui donne, Délicat, il souffle aussi, LA FONT. Fabl. V, 7.• Le même soir où il [le chasseur] a juré, en soufflant dans ses doigts, de ne plus retourner à son poste glacé [chasse aux canards sauvages], il fait des projets pour le lendemain, BUFF. Ois. t. XIII, p. 182.• Qu'il lui faille en décembre Souffler, faute de bois, Dans ses doigts, BÉRANG. Pet. h. gris..• Ouvrir, comme disait un ancien, une grande bouche pour souffler dans une petite flûte, J. J. ROUSS. Dict. de mus. Effet..Fig. Ne pas souffler, ne dire mot.• On lui arrache [à Jésus] les cheveux et la barbe ; il ne dit mot, il ne souffle pas, BOSSUET 1er sermon, sur la Passion, 2.• Arrive-t-il vers lui [l'hypocrite] un homme de bien et d'autorité, qui le verra et qui peut l'entendre, non-seulement il prie, mais il médite, il pousse des élans et des soupirs ; si l'homme de bien se retire, celui-ci, qui le voit partir, s'apaise et ne souffle pas, LA BRUY. XIII.• Nous savons tout, et nous ne soufflons pas, J. J. ROUSS. Ém. III.N'oser souffler, ne pas souffler, ne pas oser ouvrir la bouche pour se plaindre ou pour s'excuser.• Je voudrais bien qu'elle eût soufflé devant moi, et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurais résolu, HAUTEROCHE Crisp. médec. I, 2.• Quoi ! parce qu'elle est demoiselle, il faut qu'elle ait la liberté de me faire ce qui lui plaît, sans que j'ose souffler ?, MOL. G. Dand. II, 9.• M. d'Épinay n'oserait souffler devant moi, Mme D'ÉPINAY Mém. t. I, p. 323, dans POUGENS.Ne pas souffler d'une chose, n'en rien dire.• Elle me conta qu'en Danemark il y avait un prince allemand qui s'enfonça une épingle dans le côté, mais c'était dans une étrange occasion qu'il avait rencontré cette épingle : il n'en souffla pas, et deux mois après la gangrène s'y mit, SÉV. 21 août 1680.• La pauvre Warmestré vient d'accoucher tranquillement au milieu de la cour, sans que vous en ayez soufflé, HAMILT. Gramm. 7.Fig. Il croit qu'il n'y a qu'à souffler et à remuer les doigts, se dit d'un homme qui s'imagine qu'une chose est aisée, bien qu'elle soit difficile.3° Souffler sur, éteindre en soufflant.• Souffle sur ton amour, ami, si tu me crois, Ainsi que pour m'éteindre elle a soufflé sur moi [c'est une lampe qui parle], A. CHÉN. Élégies, XXXVII.Fig. Souffler sur, détruire, faire disparaître.• Qu'ils aient le courage de s'élever au-dessus de l'instant où ils vivent, ils verront de loin la postérité souffler sur ces nuages, et condamner à un mépris éternel ceux qui ont eu la honte de les rassembler, D'ALEMB. Él. Bossuet, note 11.• Les revers ont soufflé sur la fleur de son âge, MASSON Helvét. VI.• L'âge a soufflé sur mes croyances, BÉRANG. F. follets..Terme de l'Écriture. Dieu a soufflé sur cette race impie et en a fait sécher la racine, il a détruit, exterminé cette race.• Vous souhaiteriez que l'orgueil des impies fût humilié, et que le Seigneur soufflât sur ce colosse de grandeur et de puissance qui les élève, MASS. Carême, Mélanges..• Le Seigneur a toujours soufflé sur les races orgueilleuses, MASS. Pet. carême, Respect que les gr. doivent à la relig..Dans le même langage : Le Seigneur a soufflé sur l'amas de leurs richesses, et l'a dissipé comme de la poussière.• Le Seigneur a soufflé sur ces superbes édifices et sur notre fortune, et l'a dissipée comme de la poussière, MASS. Carême, Aumône..4° Souffler sur, se dit aussi des sorciers qui se servaient de leur souffle comme d'un moyen d'enchantement.• Tous les prétendus sorciers soufflaient et soufflent encore sur ceux qu'ils imaginent ensorceler, VOLT. Philos. Déf. Bolingbr. 38.• Camille : Si le curé de votre paroisse soufflait sur un verre d'eau, et vous disait que c'est un verre de vin, le boiriez-vous comme tel ? - Perdican : Non. - Camille : Si le curé de votre paroisse soufflait sur vous, et me disait que vous m'aimerez toute votre vie, aurais-je raison de le croire ?, A. DE MUSS. On ne badine pas avec l'amour, II, 5.Les fées ont soufflé sur lui, il a reçu de la fortune toute sorte d'avantages.• J'embrasse le laborieux Grignan, le seigneur Corbeau, le présomptueux Adhémar et le fortuné Louis-Provence, sur qui tous les astrologues disent que les fées ont soufflé, SÉV. 106.• Que dites-vous de ce mariage de la princesse de Conti, sur qui toutes les fées avaient soufflé ?, SÉV. 7 juill. 1680.5° Respirer avec peine, avec effort. Il souffle après avoir chanté.• L'attelage suait, soufflait, était rendu, LA FONT. Fabl. VII, 9.On dit qu'un cheval souffle, quand il a de l'essoufflement.Reprendre haleine. J'ai besoin de souffler un peu. Laissez souffler les chevaux.• Je leur demanderais volontiers qu'au lieu de leur course impétueuse ils voulussent plusieurs fois reprendre haleine, souffler un peu, et laisser souffler leurs auditeurs, LA BRUY. XV.6° Souffler aux oreilles de quelqu'un, lui parler souvent pour le gagner, pour le séduire. Les flatteurs lui soufflent sans cesse aux oreilles.7° Terme rural. Se dit des taupes dans la saison où elles travaillent.8° Dans les moulins à poudre, lorsque les matières ne sont pas assez humectées dans les mortiers, elles en sortent en poussière sous les coups du pilon ; on dit alors que le mortier ou la matière souffle, Aide-mémoire d'artillerie du général de Gassendi.9° Chercher la pierre philosophale ; locution qui vient des fourneaux que les alchimistes entretenaient en soufflant.• Bréanté se maria médiocrement, et se ruina en plein ; on prétendit que ce fut à souffler, SAINT-SIMON 212, 111.10° V. a. Faire du vent sur une chose. Souffler le feu.• En le faisant détoner [le salpêtre], on le voit souffler son propre feu, comme le ferait un soufflet étranger, BUFF. Introd. à l'hist, des min. 1re part..Fig. Souffler le feu, l'incendie, exciter la dissension.• Les jésuites et maints autres ambitieux et brouillons soufflaient sans cesse le feu, SAINT-SIMON 423, 124.• Les jésuites soufflant secrètement l'incendie, les jansénistes criant avec fureur, le schisme paraissant près d'éclater, VOLT. Hist. Parl. 66.Fig. et populairement. Il souffle des pois, il ronfle d'une manière très bruyante.• Il soufflait des pois, ou faisait d'autres grimaces mortelles pour le statuaire, GRIMM Corresp. t. I, p. 223.Souffler une chandelle, souffler sur la flamme d'une chandelle pour l'éteindre.En un sens analogue.• Et mon corps est encore si faible, qu'il ne faudrait que le souffler pour l'abattre, BALZ. liv. I, lett. 13.Souffler quelque chose, l'enlever en soufflant.• La marge de l'in-quarto où je gratte un point jaune, je souffle un poil, je détache une paille, TÖPFFER Nouv. génev. Bibl. de mon oncle, 2.11° Terme d'artillerie. Souffler les canons, y brûler une petite quantité de poudre pour en faciliter le nettoyage.12° Souffler le verre, souffler l'émail, former du verre ou de l'émail, en soufflant avec la bouche dans un tuyau de fer pour la verrerie, et de verre pour l'émail, tuyau dont on trempe le bout dans la matière liquide.• Je pensai que les anciens.... ignoraient l'art de le couler [le verre] pour en faire de grandes glaces, qu'ils n'avaient tout au plus que celui de le souffler et d'en faire des bouteilles et des vases, BUFF. Hist. min. Introd. Part. exp. Oeuv. t. VII, p. 152.13° Souffler l'orgue, donner du vent aux tuyaux d'orgue par le moyen des soufflets.Jouer en soufflant.• Un marouffle, Mis à neuf, Joue et souffle, Comme un boeuf, Une marche De Luzarche, V. HUGO Ball. 12.14° Souffler un veau, un mouton, faire pénétrer de l'air entre la chair et la peau, afin d'en séparer celle-ci plus aisément.Fig.• Ce n'est pas tout d'agencer des paroles, Et de souffler de froides hyperboles, J. B. ROUSS. Épît. I, 6.• Note, style lapidaire n'est bon qu'à souffler des nains, J. J. ROUSS. Ém. II.15° Terme de marine. Appliquer un soufflage à un navire (ce qui est en quelque sorte le souffler)....Que le côté du vaisseau où on a employé du bois vert est beaucoup plus léger que l'autre, qu'ainsi il ne peut pas bien porter la voile, et qu'on est obligé de le souffler ou de lui faire de grands radoubs, Corresp. de Colbert, III, 2, p. 306. J'armai à Rochefort l'Ambitieux ; et, comme c'était un vaisseau neuf qui ne portait point du tout la voile, je me trouvai dans la nécessité de le faire souffler, Mém. de Villette, 1692, dans JAL.16° Terme de chasse. Ce chien a soufflé le poil au lièvre, il a presque appuyé le museau dessus et il l'a manqué.On dit aussi : Il lui soufflait au poil, il le suivait de très près.Fig. et familièrement. Souffler au poil de quelqu'un, le poursuivre de très près. Il faillit être pris, les gendarmes lui soufflaient au poil.Terme de maréchalerie. La matière souffle aux poils, du pus apparaît sur la couronne, cela indique un décollement du sabot du cheval.17° Envoyer par le souffle.• Vous savez tout ce que la fortune a soufflé sur la duchesse de Fontanges ; voici ce qu'elle lui garde...., SÉV. 1er mai 1680.• Il y a certaines choses.... sur quoi on se trouve disposé à souffler du bonheur, comme du temps des fées, SÉV. 29 déc. 1679.• La discorde souffle dans tous les coeurs un venin mortel, FÉN. Tél. v..• C'est moi qui souffle de la malice à l'un, de la présomption à l'autre, DANCOURT Diable boit. Prol..• Je te communique pour toute la soirée mes facultés et mes talents, et je te souffle une partie de mon esprit. - Marton : L'esprit du diable, DANCOURT les Fêtes du cours, sc. 3.• Esprits contagieux, tyrans de cet empire, Qui soufflez dans nos murs la mort qu'on y respire, VOLT. Oedipe, I, 2.Souffler le froid et le chaud, diriger son souffle de manière qu'à volonté il rafraîchisse ou réchauffe.• Arrière ceux dont la bouche Souffle le chaud et le froid, LA FONT. Fabl. V, 7.Fig. Souffler le froid et le chaud, parler pour et contre une chose ou une personne, être tour à tour d'avis contraires.• Le président Talon alla en l'autre monde voir s'il est permis de souffler le froid et le chaud comme M. de Luxembourg le lui avait fait faire, SAINT-SIMON 55, 157.• Elle fait comme les traîtres, elle souffle le chaud et le froid en même temps, TH. LECLERCQ Prov. t. IV, p. 12, dans POUGENS.18° Souffler quelque chose à l'oreille de quelqu'un, lui dire quelque chose tout bas.Ne pas souffler mot, ne pas souffler un mot, ne rien dire.• Je leur enjoindrai bien de ne vous pas souffler un mot de moi, ni à moi un mot de vous, DIDER. Lett. à Mlle Voland, 28 août 1768.• Chevasse est un bon homme que je mène par le nez, et qui, la chose faite, ne soufflera mot, CH. DE BERNARD Un homme sérieux, XX..19° Fig. Suggérer, inspirer.• Ce n'est pas seulement prédire, c'est souffler la rébellion, que de parler de la sorte, BOSSUET 5e avert. 11.• Qui vous a pu souffler une si folle audace ?, BOILEAU Sat. IX..• Dans le fond de la Thrace un barbare enfanté Est venu dans ces lieux souffler la cruauté, RAC. Esth. III, 4.• Si un amour outré de la gloire les enivre [les princes], tout leur souffle la désolation et la guerre, MASS. Pet. carême, Exemples..• Astarté entre dans la grotte d'Eudore, et commence à lui souffler les pensées d'un amour purement humain, CHATEAUBR. Mart. XIV.20° Souffler quelqu'un, lui dire tout bas, quand la mémoire lui manque, ce qu'ils doit répéter tout haut.• Il récita six fois le même vers, sans pouvoir trouver en sa mémoire celui qui devait suivre ; pensant que je m'en souviendrais mieux que lui à cause que je l'avais ouï répéter, il me disait : comment est-ce qu'il y a après ? Francion, souffle-moi, Francion, IV, p. 141.• Mais je ne sais pas lire. - Hé, l'on te soufflera, RAC. Plaid. II, 14.Il se dit de la chose que l'on souffle.• Il y avait un théâtre où l'on jouait souvent des pièces ; on me chargea d'un rôle que j'étudiai six mois sans relâche, et qu'il fallut me souffler d'un bout à l'autre à la représentation, J. J. ROUSS. Conf. VII.• Dans nos études, je lui soufflais la leçon, quand il hésitait, J. J. ROUSS. ib. 1.Absolument. Il souffle bien.• Oh ! prenez-le plus bas ; Si vous soufflez si haut, l'on ne m'entendra pas, RAC. Plaid. III, 3.Fig. Souffler quelqu'un, lui apprendre ce qu'il doit dire.• Elle répète sa leçon ; mais, dans les circonstances où elle n'aura pas été soufflée, son génie n'y suppléera pas, Mme DU DEFFANT Lett. à H. Walpole, t. II, p. 32, dans POUGENS.21° Terme de jeu de dames. Souffler une dame, l'ôter à son adversaire, parce qu'il ne s'en est pas servi pour prendre une autre dame qui était en prise.On dit aussi : souffler le joueur même. Vous n'avez pas pris ; je vous souffle.Absolument. Souffler n'est pas jouer, après avoir soufflé, on a le droit de jouer.Fig. Il lui a soufflé le pion, il lui a enlevé une affaire qu'il croyait faire.Fig. et familièrement. Souffler quelque chose à quelqu'un, le lui enlever, le lui dérober.• Je pourrai bien tantôt lui souffler cette proie, MOL. l'Ét. III, 6.• Les affaires qui tenaient de l'important lui avaient été soufflées [à Pontchartrain] par d'Argenson, en qui le roi avait toute confiance, SAINT-SIMON 242, 220.• Au lieu de m'armer contre le Pâris qui m'avait soufflé mon Hélène, je lui sus bon gré de m'en avoir défait, LESAGE Gil Blas, I, 17.• Le livre de Boulanger est très rare ici ; nous en avons fait venir par la poste deux ou trois exemplaires, qu'on nous a soufflés, DIDER. Lett. à Mlle Voland, 25 juill. 1762.• Souffler une maîtresse à son ami, c'est une rouerie trop commune pour moi, A. DE MUSSET Capr. de Mar. II, 4.Souffler une dépêche, ne pas la communiquer à celui qui devrait en avoir communication.• L'abbé d'Estrées commença à lui souffler quelques dépêches, SAINT-SIMON 131, 199.Souffler un exploit, voy. exploit.22° Boire d'un trait.• Il y a un Tigillin qui souffle ou qui jette en sable un verre d'eau-de-vie, LA BRUY. XIII.• Oh ! nous avons, ma foi, soufflé d'excellent jus, DANCOURT Métemps. III, 3.Souffler la rôtie, s'est dit pour avaler un verre de vin. C'est moi qui soufflais la rôtie Et qui buvais plus d'hippocras, les Aventures de M. d'Assoucy, IX.23° Se souffler, v. réfl. Être soufflé. Le verre se souffle.PROVERBE On ne peut souffler et humer ensemble, on ne peut faire à la fois deux choses opposées.XIIe s.• Sufflerad li espiriz de lui, e decurrunt les ewes, Liber psalm. p. 229.XIIIe s.• Li espirites de lui sofflera, et corront eves, Psautier, f° 177.• Il soufloit les foux [feux] dudit fevre [forgeron] à alumer la forge, Miracles St Loys, p. 139.XIVe s.• Ainsi besongnai sans sejour, Jusqu'à tant que je vy le jour ; Lors ma chandelle alay soufler, BRUYANT dans Ménagier, t. II, p. 38.• Li hom qui souffle contre vent, à ensient [escient] sa paine pert, J. DE CONDÉ t. III, p. 134.XVe s.• Le pouete Virgilius, Es estoiles Tholomeus, Ypocras le phisicien, De la mort n'est eschappez nulz ; Souflez, nostre vie n'est rien, E. DESCH. Poés. mss. f° 444.• Chascun parle de divers jeux jouer, De cliner l'oeil, de porter male honte, Et de la briche aux compaignons donner, Et de souffler le charbon...., E. DESCH. ib. f° 215.• Il ne vault rien aujourd'hui qui ne souffle [ne mente, ne se vante], E. DESCH. ib. f° 222.• Quelque haut bien qui fust en elle [une belle dame], Puisque une fois la mort l'a prise, Il en faut souffler la chandelle, Et en choisir une autre belle, G. CHASTELAIN l'Oultré d'amour, t. VI, p. 142, Oeuvres, édit. de Bruxelles..XVIe s.• C'est souffler de mesme bouche le chauld et le froid, MONT. I, 249.• Salomon n'a point escrit avoir en soufflant trouvé ce secret, LANOUE 476.• Ce pauvre aprentif estoit un que je conoissois, qui avoit soufflé en trois ans une belle maison sienne accompagnée de mille ou douze cens livres de rente, LANOUE 480.• Je pense qu'ils eussent soufflé en leurs doigts, car il faisoit grand froid, LANOUE 625.• Le vent commençant à souffler à bon esciant de devers les montaignes, AMYOT Cam. 58.• Disans que Hannibal, tant comme il eust vescu, estoit un feu pour l'empire romain, qui n'avoit besoing que de quelqu'un qui le soufflast, AMYOT Flam. 44.• Jamais on n'en veit un qui suast, ne qui soufflast, encore que le premier choc eust esté fait en courant, AMYOT Marius, 45.• Il se leva un petit vent du costé d'une belle prairie, qui leur souffla grande quantité de fleurs, AMYOT Sylla, 58.• Il leur estoit defendu qu'ilz n'eussent ès assemblées aucuns protecolles pour leur souffler aux oreilles les noms des particuliers citoyens, AMYOT Cat. d'Utiq. 14.• Il luy souffloit tous les jours aux oreilles, que...., AMYOT Artax. 41.• Mieux vault soufler que brusler, GÉNIN Récr. t. II, p. 244.Bourguig. sofflai ; wallon, soflé ; provenç. sofflar, sufflar ; espagn. soplar ; portug. soprar ; ital. soffiare ; du lat. sufflare, de sub, sous, et flare, souffler, de même radical que l'anglais to blow, souffler, et l'all. blasen.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.