- sifflet
- (si-flè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des si-flè-z aigus ; sifflets rime avec traits, succès, paix, etc.) s. m.1° Petit instrument avec lequel on siffle Les machinistes sur les théâtres se servent d'un sifflet pour commander les manoeuvres.• Gai voyageur, j'ai mes pipeaux à prendre, Pipeaux qu'un sourd a traités de sifflet, BÉRANG. Cordon..Jeu du sifflet, jeu qui consiste à faire passer un sifflet de main en main, tandis qu'une personne cherche à le saisir.Dans la marine, les maîtres d'équipage des vaisseaux, les patrons de chaloupe ou de canot sifflent pour commander les manoeuvres ; le sifflet dont ils se servent est en métal, en argent ou en cuivre.• Les maîtres d'équipage porteront toujours, lors qu'ils seront de service, une chaîne d'argent au col avec la plaque aux armes du roi, et le sifflet de commandement, Ordonn. du 1er février, 1762, art. 21.2° Coup de sifflet, l'action de souffler dans cet instrument, et le bruit qui en résulte.• Un bon coup de sifflet va vous être lâché, PIR. Métrom IV, 11.• Je m'en tiens à mon lot, qui est un peu de gloire et quelques coups de sifflets, VOLT. Lett. Moussinot, oct. 1737.• Puis un souffle d'en haut se lève, et toute chose Change, tombe, périt, fuit, meurt, se décompose, Comme au coup de sifflet des décorations, LAMART. Harm. IV, 13.Fig. On les rassemblerait d'un coup de sifflet, se dit de personnes, éloignées à la vérité les unes des autres, mais se pouvant réunir facilement au premier signal.• Nous espérons que toute cette noblesse pourra bientôt être renvoyée ; on la rassemblerait dans le besoin avec un coup de sifflet, SÉV. 564.3° Improbation manifestée par des coups de sifflet ou par quelque autre marque de mépris.• Au mauvais goût public la belle y fait la guerre ; Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre, BOILEAU Sat. X.• Mais quand sifflets prirent commencement, C'est (j'y jouais, j'en suis témoin fidèle), C'est à l'Aspar du sieur de Fontenelle, RAC. Épigr. VIII.• Même on m'avait pronostiqué Ce sifflet tant épouvantable, Avec quoi le public choqué Régale un auteur misérable, VOLT. Zaïre, Lett..• On n'entend point à cent lieues le bruit des louanges ; celui des sifflets est perçant et porte au bout du monde, VOLT. Lett. Mme Dubocage, 3 sept. 1758.4° Fig. et populairement. Le conduit par lequel on respire.• Ce conduit qu'on nomme le sifflet, par où entre l'air de la respiration, DESC. Méth. V, 5.• Ouf ! hai ! je n'en puis plus, vous serrez le sifflet, REGNARD le Distr. V, 6.Couper le sifflet, couper la gorge, tuer.• Arme-toi d'une sainte rage, Et, coupant le sifflet au roi, Venge Rome, l'État et moi, Henriade travestie, V.Fig. Couper le sifflet, interrompre, interloquer, mettre hors d'état de répondre.• Si vous voulez que je dise des merveilles, que monsieur ne me vienne pas couper le sifflet, Trad. de Don Quichotte, dans LEROUX, Dict. comique.5° Ce qui a la forme d'un coin, d'un biseau, par analogie avec l'extrémité d'un sifflet. Tailler une pièce de bois en sifflet, lui donner cette forme.Terme de jardinage. Greffe en sifflet, voy. anneau.Terme de vétérinaire. Échancrure faite sous la pince d'un cheval atteint d'une seime, pour empêcher l'appui du fer sur la partie de la paroi qui est fendue.6° Terme d'artillerie. Défaut de fabrication des bouches à feu en bronze. Les traces ou sillons formés par les gaz se nomment sifflets, Traité d'artillerie du gén. Piobert.7° Terme de maréchalerie. Ouverture que les ignorants ont imaginé de pratiquer sous la queue du cheval poussif, pour faciliter sa respiration.8° Fig. Style qui ne flatte pas l'oreille.• Le style marotique a depuis quelque temps gâté un peu la poésie.... on entend dans quelques pièces de morale les sons du sifflet de Rabelais parmi ceux de la flûte d'Horace, VOLT. Dict. phil. Style, 2.9° Au plur. Terme de métallurgie. Scories qui s'attachent au ringard.PROVERBE Si vous n'avez point d'autre sifflet, votre chien est perdu, vos chiens sont perdus, si vous n'avez pas d'autre moyen de succès, vous ne réussirez pasAutrefois on disait aussi chifflet : Guénaut dit que ce livre [de Chifflet, sur le quinquina] est un coup de chifflet qui a étourdi les cailles, GUI PATIN, Lett. 15 fév. 1654.XIIIe s.• Maintenant que il vit le voy sur le flum, il sonna un siblet, et au son du siblet..., JOINV. 249.XVe s.• Ipsi supplicantes audierunt aliquos sibulos, sive sifflez gallice, DU CANGE sibulus..XVIe s.• ....Tous ces mots allechans Font souvenir de l'oyseleur des champs, Qui doucement fait chanter son sublet, Pour prendre au bric l'oiseau nyce et foiblet, MAROT I, 254.• Ces glandes humectent non seulement la langue, mais aussi toutes les autres parties de la bouche, comme le sifflet et l'estroit de la gorge, PARÉ IV, 2.• Sifflet [cabaret], gentil secours de nostre vie, Avale-soing, chasse-melancolie, Quant par ton bruit, sans bouchon, l'on entend Aussi soudain où le bon vin se vend, R. BELLEAU Berger. t. I, p. 162, dans LACURNE.Diminutif d'un substantif supposé, siffle, représentant le lat. sibilus ; norm. sublet ; picard, chiflot ; bourguig. sublô ; Berry, chifflet, sublet.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESIFFLET. Ajoutez :10° Sifflet à cloche, sorte de sifflet qui sert à donner des signaux en mer.• Il estime qu'avec un sifflet dont la cloche aurait 30 centimètres de diamètre, les sons seraient perceptibles à une dizaine de kilomètres.... la distance entre la cloche et la coupe du sifflet varierait selon les degrés de tension de la vapeur employée, Journ. offic. 21 octob. 1876, p. 7613, 2e col..Ajoutez :Trop donner pour le sifflet, follement dépenser pour une chose dont on ne doit retirer qu'un très médiocre avantage ; ne donnons pas trop pour le sifflet, ne faisons pas un sacrifice disproportionné avec le prix qui nous en adviendra ; locution venue de la Science du bonhomme Richard, où Franklin raconte que, étant enfant, il acheta pour tout ce qu'il avait d'argent, un sifflet qu'il aurait pu avoir bien meilleur marché, et qu'on lui remontra combien il aurait pu avoir de bonnes choses pour le surplus de son argent, s'il ne l'avait pas mis tout niaisement en cet inutile sifflet (voy. MIGNET, Vie de Franklin).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.