- serment
- (sèr-man) s. m.1° Affirmation ou promesse en prenant à témoin Dieu, ou ce que l'on regarde comme saint, comme divin.• Je ne vous dis rien, monseigneur, dont je ne fasse des serments, BALZ. lett. 5, liv. IV.• Je n'en serai pas cru à mon serment, et l'on dira que je rêve, MOL. G. Dandin, II, 8.• Ce même jour, M. de la Feuillade fut reçu à la tête du régiment des gardes, et prêta le serment entre les mains d'un maréchal de France, comme c'est la coutume, SÉV. 109.• Mais la plupart des amants Sont sujets à faire Bien des faux serments, QUIN. Thés. I, 5.• Je fais mille serments de ne jamais écrire, BOILEAU Sat. II.• Sur un bouclier noir sept chefs impitoyables épouvantent les dieux de serments effroyables, BOILEAU Sublime, 13.• Mon coeur faisait serment de vous aimer sans cesse, RAC. Bérén. I, 4.• N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe, Et qui de ville en ville attestiez les serments Que d'Hélène autrefois firent tous les amants ?, RAC. Iphig. I, 3.• D'un amour éternel Nous irons confirmer le serment solennel, RAC. ib. V, 1.• Un serment solennel par avance les lie à ce fils de David qu'on leur doit révéler, RAC. Ath. I, 2.• Rien n'est moins selon Dieu et selon le monde que d'appuyer tout ce qu'on dit dans la conversation, jusqu'aux choses les plus indifférentes, par de longs et fastidieux serments, LA BRUY. V.• Celui qui trompe par un faux serment déclare ouvertement par là qu'il craint son ennemi, mais qu'il méprise Dieu, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 77, dans POUGENS.• Le serment eut tant de force chez ce peuple [les Romains], que rien ne l'attacha plus aux lois, MONTESQ. Esp. VIII, 13.• Il est à remarquer que tous ces serments [de fidélité] se faisaient à genoux, les mains jointes, et que c'est ainsi que les évêques prêtaient serment aux rois, VOLT. Ann. Emp. Othon II, 975.• C'est un second crime de tenir un serment criminel, J. J. ROUSS. Hél. VI, 8.• Il est certain que la religion du serment était en grande vénération chez ces peuples, DUCLOS Oeuvr. t. I, p. 304.• On a vu que les serments sur les reliques étaient fort en usage dans ces temps-là, et que Louis XI avait une foi particulière à la croix de Saint-Lo, DUCLOS Oeuv. t. II, p. 400.• Il semble que les serments ne soient pour certains princes qu'une expression du malheur, et que le succès absolve du parjure, DUCLOS Oeuv. t. II, p. 407.• Et malgré les serments que Louis de Valois, Que le roi très chrétien a prêtés sur la croix, C. DELAVIGNE Louis XI, II, 11.Rendre à quelqu'un son serment, l'en délier.• Moi-même je vous rends le serment qui vous lie, RAC. Iph. IV, 6.Familièrement. Faire serment de, déclarer que.• J'ai gagné doucement la porte sans rien dire, Avec un bon serment, que, si, pour l'avenir, En pareille cohue on me peut retenir, Je consens de bon coeur..., BOILEAU Sat III.Fig. Faire serment, s'entendre, se concerter.• De ne rien prendre à la lettre Nos juges ont fait serment, BÉRANG. Interprétations..On a dit dans le même sens : être de serment.• Comme les auteurs semblent être de serment de ne jamais rapporter les choses les uns comme les autres, BAYLE Dict. art. sur le second Pyrrhus, note h..PROVERBE Serment de joueur, serment d'ivrogne, serment d'amant, serment sur lequel il ne faut pas compter.2° Jurement, imprécation. Il fait des serments exécrables quand il est en colère.• Vous le verrez bientôt, les cheveux hérissés.... Ainsi qu'un possédé que le prêtre exorcise, Fêter dans ses serments tous les saints de l'Église, BOILEAU Sat. IV.• Après avoir fait des serments horribles qu'il poursuivrait cette affaire jusqu'à la mort, il marqua le jour que le peuple en devait prendre connaissance, VERTOT Révol. Rom. liv. III, p. 255.IXe s.• Si Lodhwigs sagrament que son fradre Karlo jurat, conservat, Serment.XIIe s.• Mais tous lor sairemanz [ils] fausserent de legier, Sax. IV.• Lai li [les laïques] en furent mis partut à serement, Th. le mart. 66.XIIIe s.• Li sairement qui furent juré ne furent mie bien tenu, VILLEH. LIV.• Le roy manda ses barons à Paris, et leur fist faire serement que foy et loiauté porteroient à ses enfans, JOINV. 209.• Le roy ama tant Dieu et sa douce mere, que touz ceulz que il pooit atteindre qui disoient de Dieu ne de sa mere chose deshoneste ne vilein serement, que il les fesoit punir griefment, JOINV. 293.XVe s.• Lor dis : vueilliez me pardonner ; Car je jure mon serement Que conseil vous cuide donner à mon povoir très loyaument, CH. D'ORL. Bal. 6.• Nostre seigneur, ny la mort, ne la chair, ne le sang, ne autre detestable serment ne le souffriroit jurer à nul autre de son hostel, Bouciq. IV, 3.XVIe s.• Les serments des quatre roys : Quant la pasque Dieu deceda [Louis XI], Par le jour Dieu luy succeda [Charles VIII], Le diable m'emporte s'en tint près [Louis XII] ; Foy de gentilhomme vint après [François Ier], BRANT. Cap. franç. t. I, p. 226, dans LACURNE.• [Dans la colère] l'inflammation du visage, les serments inusitez, MONT. III, 140.Bourguig. sarment ; wallon, sermain ; provenç. serment et sacrament ; espagn. sacramento ; ital. sagramento ; du lat. sacramentum, serment, de sacrare, rendre sacré (voy. sacrer) : d'abord chose consacrée, et, en particulier, la somme que les plaideurs deposaient et que perdait le perdant (on la consacrait à un usage religieux) ; puis enrôlement, serment militaire, et enfin le serment en général.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESERMENT. Ajoutez :3° Nom donné jadis à des confréries.• D'après cet auteur [E. Gachet], en creusant les fondations d'un mur de clôture, Rubens aurait anticipé sur le terrain du serment ou confrérie des arquebusiers ses voisins, J. DUMESNIL Histoire des amateurs étrangers.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.