- meurtrir
- (meur-trir) v. a.1° Au sens primitif, actuellement inusité, tuer par un meurtre.• J'ai meurtri, j'ai volé, j'ai des voeux parjurés, RÉGNIER Élég. IV.2° Faire une meurtrissure.• Pourquoi foulez-vous aux pieds mon peuple, pourquoi meurtrissez-vous de coups le visage des pauvres, dit le Seigneur ?, SACI Bible, Isaïe, III, 15.Meurtrir un fruit, y faire une contusion.3° Meurtrir le cuir, l'assouplir.Terme de sculpture. Meurtrir le marbre, le frapper d'aplomb avec le bout d'un outil.Terme de peinture. Meurtrir les couleurs, en adoucir l'éclat par le moyen d'un glacis. On dit mieux éteindre.4° Se meurtrir, v. réfl. Se faire une meurtrissure. Il s'est meurtri contre la table.Être meurtri. Ce fruit s'est meurtri en tombant.XIIe s.• Quant il murdrist la gent, Emble l'altrui aveir e à force le prent, Th. le mart. 81.XIIIe s.• C'est uns diables, et, se vous le tenés longement, nous creinons qu'elle ne vous tace mourdrir, Chr. de Rains, 7.• Sunt en terre establi li juge Por ceus pugnir et chastoier Qui, par ceste amor renoier, Murdrissent les gens et afolent, la Rose, 5489.XVe s.• Honte vous est, non pas vaillance, D'un loyal cueur ainsi meurdrir Par vostre plaisant acointance, CH. D'ORL. Bal. 5.XVIe s.• Quand le barbier eut vu la jambe à nu, il ne trouva point de lieu entamé, ni meurdri, DES PÉRIERS. Contes, XIII.• Ce tyran qui sans pitié faisoit cruellement meurtrir tant de gents touts les jours, MONT. III, 109.• Il leur defendit aussi de soy esgratigner ny meurtrir à force de se battre ès enterremens des morts, AMYOT Solon, 41.• L'air.... Justice au juge sainct contr'eux [les persécuteurs] demandera, Disant : " Pourquoy, tyrans et furieuses bestes, M'empoisonnastes-vous de charongnes, de pestes, Des corps de vos meurtris ? ", D'AUB. Trag. éd. LALANNE, p. 324.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.