tuer

tuer
(tu-é), je tuais, nous tuions, vous tuiez ; que je tue, que nous tuions, que vous tuiez v. a.
   Frapper, assommer ; sens primitif, aujourd'hui tout à fait oublié.
   Éteindre (voy. à l'étymologie comment frapper a passé au sens d'éteindre). Tuer le feu, la chandelle.
   On doute pour quelle raison Les destins si hors de saison De ce monde l'ont appelée ; Mais leur prétexte le plus beau, C'est que la terre était brûlée, S'ils n'eussent tué ce flambeau, MALH. VI, 14.
   Terme d'alchimie. Tuer l'eau philosophale, la fixer en continuant toujours le feu.
   L'un tue l'autre, le fixe et le volatil se détruisent l'un l'autre.
   Par généralisation de l'idée de frapper, d'assommer, ôter la vie d'une manière violente.
   Tant que personne ne leur résiste [aux Espagnols qui avaient pris Corbie], ils tiennent courageusement la campagne, ils tuent nos paysans et brûlent nos villages, VOIT. Lett. 74.
   Les gens que vous tuez se portent assez bien, CORN. Ment. IV, 2.
   Le voyage de Fontainebleau est rompu par une des plus cruelles nouvelles du monde qui vient d'arriver ce soir : un coup de canon a tué M. de Turenne le 27, sur les neuf heures du matin, PELLISSON Lett. hist. t. II, p. 379.
   Il [Abimélech] appela son écuyer, et lui dit : Tirez votre épée et tuez-moi, de peur qu'on ne dise que j'ai été tué par une femme ; l'écuyer, faisant ce qu'il lui avait commandé, le tua, SACI Bible, Juges, IX, 54.
   C'est un de ces braves de profession, de ces gens qui sont tout coups d'épée.... qui ne font non plus de conscience de tuer un homme que d'avaler un verre de vin, MOL. Scapin, II, 8.
   Pourquoi me tuez-vous ? Eh quoi ! ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais, puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste, PASC. Pens. VI, 3, édit. HAVET..
   Quand il est question de juger si on doit faire la guerre et tuer tant d'hommes, condamner tant d'Espagnols à la mort, c'est un homme seul qui en juge, et encore intéressé ; ce devrait être un tiers indifférent, PASC. ib. VI, 9.
   Au passage de l'Issel, sous les ordres de M. le Prince, M. de Longueville a été tué ; cette nouvelle accable, SÉV. 147.
   On tue beaucoup de fanatiques [protestants] et on espère en purger le Languedoc, MAINTENON Lett. au duc de Noailles, 14 mai.
   Ou qu'il voit la justice en grosse compagnie Mener tuer un homme avec cérémonie, BOILEAU Sat. VIII.
   Tuer un homme à terre, le tuer quand il est abattu.
   N'avez-vous pas reçu ma lettre où je vous donnais la vie [dans le duel entre Mme de Sévigné et Bussy], et ne voulais pas vous tuer à terre ?, BOILEAU à Bussy, 4 déc. 1668.
   Se faire tuer, périr dans un combat.
   Il se fera tuer comme mon frère ; il vaudrait bien mieux qu'il fût sous-diacre, VOLT. l'Ingénu, 7.
   Se faire tuer signifie aussi chercher la mort, de propos délibéré. Il s'est fait tuer plutôt que de se rendre.
   Impersonnellement, au passif. Il fut tué beaucoup de gens dans la dernière bataille.
   Absolument.
   Il [l'homme] tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer, J. DE MAISTRE Soirées de St-Pétersbourg, Entretien 7.
   Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu'ils ignorent ?, BEAUMARCH. Mar. de Fig. V, 12.
   Tue, tue, exclamation de gens qui en attaquent d'autres et ne veulent en épargner aucun.
   M. de Longueville et ceux qui le suivirent de plus près, croyant avoir trouvé un chemin pour forcer la barrière, commencèrent à crier : Tue, tue, sans quartier, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 143.
   Substantivement.
   Au premier bruit qu'ils firent d'un tue, tue, on leur répondit si bien par de grands cris de Vive le roi, qu'ils ne passèrent pas plus avant, PELLISSON ib. t. III, p. 172.
   Fig. À tuer chiens, s'est dit de prétextes, comme quand on veut tuer son chien.
   Des objections à tuer chiens, D'ARGENSON Mém. t. II, p. 299.
   Faire périr d'une manière quelconque, de mort violente ou par maladie. Une tuile lancée du haut d'un toit tua Pyrrhus. C'est une apoplexie qui l'a tué.
   La faim [dans Jérusalem assiégée] en tuait plus que la guerre, et les mères mangeaient leurs enfants, BOSSUET Hist. II, 8.
   Dieu veuille que quelque gelée ne me tue pas à Berlin, comme le froid de Stockholm tua Descartes !, VOLT. Lett. Thiriot, 27 nov. 1736.
   Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée, V. HUGO Orient. 33.
   Fig. En termes de l'Écriture, tuer l'âme, la souiller, lui faire perdre le bonheur éternel.
   Je sais que le trouble intérieur est la peine de tout péché qui tue l'âme, MASS. Carême, Enf. prod..
   Causer la mort.
   Le bruit qui a couru de ma mort ne m'a point tué, BALZ. liv. IX, lett. 34.
   J'approuve extrêmement le dessein que vous faites de vous désabuser de la fortune, et de la quitter comme une dangereuse maîtresse ; ses caresses et ses mépris sont également à craindre ; d'une façon ou d'autre, elle tue tous ses amants, VOIT. Lett. 44.
   Ma vengeance est perdue, S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue, RAC. Andr. IV, 4.
   Il se dit d'un médecin qui, par inhabileté, cause la mort du malade.
   Le frère de Mme de Coulanges est mort ; on dit que c'est le cordelier qui l'a tué ; et moi, je dis que c'est la mort, SÉV. 466.
   Il se dit des animaux qu'on met à mort. La cuisinière a tué le poulet. Tuer des perdrix. Nous avons chassé toute la journée sans rien tuer.
   Non, j'ai tué fort peu, tout au plus trois levrauts, Autant de cailles, oui, peut-être dix perdreaux, COLLIN D'HARLEVILLE M. de Crac, sc. 9.
   Il se dit des bouchers qui égorgent ou assomment les animaux. Tuer des boeufs, des moutons.
   Dans le langage familier. Ce boucher tue de meilleure viande que tel autre. Les bouchers, en été, tuent leur viande pendant la nuit.
   Absolument. Ce boucher ne tue qu'une fois par semaine.
   Faire périr, en parlant des arbres, des plantes ou des insectes. Le grand froid a tué les oliviers. Il est recommandé de tuer les chenilles.
   Populairement. Tuer le ver, voy. ver.
   Par exagération, causer une fatigue, une peine excessive, compromettre la santé, la vie. Il porte de trop grands fardeaux, cela le tue. Vous tuez votre cheval de le mener toujours au grand galop.
   Albe vous a choisi, je ne vous connais plus. - Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue, CORN. Hor. II, 3.
   Deux heures durant, dans une posture qui tue la poitrine, SÉV. 5 nov. 1684.
   Elle [ma tante] me fait des caresses qui me tuent ; elle parle de sa mort comme d'un voyage, SÉV. 20 avr. 1672.
   Vous n'y êtes pas [auprès de moi], et c'est ce qui me tue ; vous faites du bien où vous êtes, et c'est ce qui me console, MAINTENON Lett. au duc de Noailles, 27 déc. 1710.
   Mais ne différez point : chaque moment vous tue, Réparez promptement votre force abattue, RAC. Phèdre, I, 3.
   On sent le vide du plaisir ; il est des moments de réflexion qui vous tuent, MASS. Mystères, Visitation..
   Son âme tuait son corps, VOLT. l'Ingénu, 19.
   Abrégeons cet entretien ; malgré tout le charme que j'y trouve, il me tue, GENLIS Théât. d'éduc. la Curieuse, IV, 7.
   Absolument.
   Cette vie me tourmente trop, il est trop question de moi, on ne se peut cacher, cela tue, SÉV. 24 juill. 1689.
   Se tuer le corps et l'âme, se donner beaucoup de peine.
   Il se dit des peines mortelles que cause l'amour Fuyez un ennemi qui sait votre défaut, Qui le trouve aisément, qui blesse par la vue, Et dont le coup mortel vous plaît quand il vous tue, CORN. Poly. I, 1.
10°   Fig. Importuner, incommoder. Le grand bruit me tue.
   Adieu, mon très cher comte, je vous tue par la longueur de mes lettres, SÉV. 13.
11°   Compromettre causer la chute, la ruine. Les acteurs ont tué l'ouvrage.
   On pourra regarder comme une espèce de paradoxe ce que nous venons de dire, que les Lettres Provinciales, publiées en 1656, ont tué les jésuites cent ans après, en 1760, D'ALEMB. Élog. Bossuet. note 14.
   C'est en France qu'on a dit ce mot : la légalité nous tue, LAUGEL Rev. des Deux-Mond. 15 mai 1872, p. 300.
   Tuer un auteur, tuer son original, son modèle, le surpasser au point de le faire oublier.
12°   Fig. Faire disparaître, annuler, écarter.
   Tuez ce qui vous tue, armez-vous de constance, ROTR. Bélis. II, 2.
   Cela tue l'effet du spectacle, cela tue tout le plaisir de la partie, cela le contrarie, le détruit, l'anéantit.
   Payer jusqu'aux sourires des femmes ! c'est tuer le plaisir, et non le temps, P. DE MUSSET Rev. des Deux-Mond. 1er déc. 1854, p. 963.
   Tuer un poëte, ôter, en le traduisant, tout éclat poétique. Hic gelidi fontes... traduisez ave l'abbé Desfontaines : Que ces clairs ruisseaux, etc.
   et vantez-vous d'avoir tué un poëte, DIDER. sur Térence..
   Tuer le temps, s'occuper de choses futiles pour échapper à l'ennui.
   [Des vers] Que, pour tuer le temps, je m'efforce d'écrire, RÉGNIER Sat. VIII.
   On dit aussi quelquefois : tuons le temps qui nous tue.
13°   Terme de peinture. Se dit quelquefois de l'effet d'une couleur, d'une lumière, qui en détruit, en affaiblit une autre.
   On dit de même qu'une figure en tue une autre.
   Se dit aussi dans le langage ordinaire. Si vous mettez votre robe bleue, je ne mettrai pas la mienne ; la vôtre est d'un bleu plus vif et tue la mienne complétement.
14°   Absolument. La lettre tue, quand on s'attache servilement aux mots, on ne saisit pas la pensée.
   La lettre tue : tout arrivait en figures, il fallait que le Christ souffrît, PASC. Pens. XVI, 8 bis, éd. HAVET..
   Répétez souvent que la lettre tue, et que c'est l'esprit qui vivifie, FÉN. t. XVII, p. 70.
   Cela se dit aussi d'un traducteur servile.
15°   Se tuer, v. réfl. Se donner la mort, par accident ou volontairement. Il s'est tué en tombant de cheval.
   Brutus et Cassius se tuèrent avec une précipitation qui n'est pas excusable, MONTESQ. Rom. 12.
   Il n'y avait point de loi civile à Rome contre ceux qui se tuaient eux-mêmes, MONTESQ. Esp. XXIX, 9.
   Il y a une loi de Marc-Aurèle qui ordonne de ne point confisquer les biens de ceux qui se sont tués, VOLT. Lett. Thibouville, 10 nov. 1777.
   On ne se tue point pour les douleurs de la goutte ; il n'y a guère que celles de l'âme qui produisent le désespoir, J. J. ROUSS. Ém. I.
   Se donner la mort l'un à l'autre. Les deux adversaires, tirant en même temps, se tuèrent l'un l'autre.
   Par exagération, on s'y tue, se dit d'un endroit où l'affluence est excessive.
16°   Nuire au corps, à la santé. Vous vous tuez à mener une pareille vie. Il se tue à boire.
   Je vous demande la grâce de ne vous point tuer pour moi, et que je n'aie point la douleur de contribuer à détruire une vie pour laquelle je donnerais la mienne, SÉV. 378.
   J'ai pensé me tuer depuis trois mois, afin d'achever un morceau que je veux y mettre [dans l'Esprit des lois].... je vous jure que cela m'a coûté tant de travail, que mes cheveux en ont blanchi, MONTESQ. Lett. à Mgr Cerati, 18 mars 1748.
   Faudra-t-il que M. le marquis se tue à calculer une éclipse, quand il la trouve à point nommé dans l'almanach ?, VOLT. Jeannot et Colin..
   Se tuer à plaisir, faire sans nécessité des choses qui nuisent à la santé.
17°   Se donner beaucoup de peine.
   Les autres [les érudits] se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu'ils les savent, PASC. Pens. IV, 2, éd. HAVET.
   On dit ordinairement se tuer à.
   On se tue à vous faire un aveu des plus doux, MOL. Tart. IV, 5.
   Pour moi, je ne me tue point à écrire ; je lis, je travaille, je me promène, je ne fais rien, SÉV. 224.
   Il [Chapelain] se tue à rimer : que n'écrit-il en prose ?, BOILEAU Sat. IX..
   Montesquieu, dans ses Lettres persanes, se tue à rabaisser les poëtes, VOLT. Lett. Saurin, 28 déc. 1768.
   Figurez-vous ce que c'est que de faire imprimer à la fois son Siècle et une nouvelle édition de ses pauvres oeuvres ; de se tuer du soir au matin à tâcher de plaire à ce public ingrat, VOLT. Lett. d'Argental, 28 août 1751.
   Pour moi, quand je me tuerais par mes travaux, le nom de Durand n'en deviendrait pas plus célèbre, GENLIS Théât. d'éduc. le Magistrat, II, 4.
18°   Se tuer de, faire incessamment.
   Je me tuais moi-même à tous coups de lui dire Que mon âme pour lui n'a que de la froideur, CORN. Veuve, III, 4.
   Le bruit est grand autour d'elle [une dame à qui on prétendait que Monsieur faisait la cour] ; Monsieur en est au désespoir ; il se tue de dire qu'elle ne prétend à rien, SÉV. t. x, p. 148, dans POUGENS.
   Son ami [de Matha] se tuait de lui dire, qu'ils [ses procédés de galanterie] étaient insolents plutôt que familiers, HAMILT. Gram. 4.
   Je me tue de vous faire signe que j'ai quelque chose à vous dire, BRUEYS Muet, IV, 7.
19°   Ces deux nuances se tuent mutuellement, elles se ternissent l'une l'autre.
20°   On dit que le cidre se tue ou est tué, lorsque, restant en vidange, il prend une teinte brune et perd de sa saveur.
21°   À tue-tête, loc. adv. Très fort, en parlant de la voix (si fort que l'on tue, casse la tête).
   Ils parlent tous à tue-tête, SCARR. Virg. VI.
   Un jour d'audience, où se trouvaient les ambassadeurs et nombre de gens distingués, le cardinal [Dubois], importuné par quelqu'un, l'envoya promener en termes grenadiers, jurant et criant à tue-tête, DUCLOS Oeuv. t. VI, p. 135.
   Dans l'instant, nous avons commencé un duo que nous avons chanté un peu faux, mais à tue-tête, GENLIS Ad. et Th. t. II, p. 284, dans POUGENS.
PROVERBE Tel fiert qui ne tue pas, tous les coups ne sont pas mortels.
   On ne se sert pas du verbe tuer en parlant des morts violentes par exécution de justice, ni en parlant de ceux qui ont été noyés, étouffés ou empoisonnés
   XIIe s.
   Icel orage e cel tempiz Lur dura tant que port unt pris En Engleterre, ceo m'est vis, Morz e tuet e esturdiz, BENOIT I, v. 1874.
   Si bruit li cox [le coup] com foudre contre oré ; De trente maux [maillets] ne fust il miex tué, Et li chevals par desoz asomé, Bat. d'Aleschans, v. 5775.
   E tuout [tuait] à glaive les enfanz e les vielz par tutes les citez, Rois, p. 19.
   XIIIe s.
   Paor ai ne vous tue, si me puist Diex aider, Berte, XI.
   XVe s.
   Or ne fait rien, et si se tue, Fors soy partout faire escharnir [moquer], E. DESCH. Miroir de mariage. p. 64.
   Homs qui se marie se tue, E. DESCH. Ball..
   Item à maistre Jacques James, Qui se tue d'amasser biens, VILLON Gr test..
   Ils trouverent devant St-Mery un nommé Jehan le Prestre qu'ils tuerent [percèrent de coups] plus de dix fois, Journal de Paris, Paris sous Charles VI et VII, an. 1438.
   XVIe s.
   Si ma chambriere m'en eust fait autant, je me fusse levée, et lui eusse tué la chandelle sur le nez, MARG. Nouv. LIX..
   Ils tuent le feu à une pipe de vinaigre defoncée, D'AUB. Hist. III, 14.
   L'ambition se tue en se faisant cognoistre, D'AUB. Tragiques, édit. LALANNE, p. 135.
   De sept tuez sur la terre gisans, Mille en y a les tueurs s'en disans, AMYOT Galba, 33.
   Tel tue qui ne pense que blesser, et tel cuide frapper qui tue, COTGRAVE .
   Tuez, il fait bon saler, OUDIN Curios. franç..
   Berry, cuer le feu, cuer la chandelle ; wallon, touwé ; provenç. tuar, tuer ; tudar, éteindre, étouffer ; bas-lat. tutare, éteindre. Du grec, tuer, n'a pu être indiqué que quand on ignorait les règles de l'étymologie ; il faut un mot qui rende compte du t ou d (tutare, tudar). Diez, écartant le germanique (goth. dauthjan, anc. haut-allem. tôtan, qui aurait donné en provençal daudar ou taudar, et en français touer), tire tuer du latin tutari, protéger, recouvrir pour protéger, puis étouffer : tuer le feu, qui serait l'emploi primitif, était, à l'origine le couvrir de cendres pour le maintenir ; d'où le sens d'étouffer qui s'est généralisé dans l'acception tuer. Mais tous les intermédiaires manquent pour appuyer un pareil écart de signification. L'origine est le latin tuditare, frapper, choquer, ou même tudare ; du moins du Cange a tudatus, marteau. Ici la forme et le sens sont d'accord. Le sens fondamental est frapper, assommer. Pour passer à éteindre, on a l'ancien texte qui dit : tenens cannam unam in manu sua, tutat lampadem unam, il frappe une lampe et l'éteint ; du langage ecclésiastiqne tutare a passé au sens d'éteindre dans le parler vulgaire ; de là le tudar, provençal, l'at-tutare, italien, lequel, figurément, a pris le sens d'amortir, apaiser. Enfin frapper est devenu sans peine donner la mort d'une manière violente.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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