- haie
- haie 1.(hê) s. f.1° Clôture faite d'arbres ou d'arbustes ou d'épines entrelacées, et destinée à protéger ou à limiter un champ, un jardin. Couper une haie.• Les haies de citronnier épaisses et tirées au cordeau, plus importantes et moins pénétrables que les clôtures de nos champs ; c'est là ce qui fait la plus grande différence de perspective, entre les campagnes de l'Amérique et celles de l'Europe, RAYNAL Hist. phil. XIII, 49.Fig.• Si elle mit une garde de prudence sur ses lèvres pour les fermer à la médisance, elle mit aussi, selon le conseil du sage, une haie d'épines autour de ses oreilles pour arrêter et pour piquer les médisants, FLÉCHIER Dauphine..Haie vive, haie formée d'arbustes épineux en pleine végétation.Haie sèche ou haie morte, haie faite avec des branches de bois mort ou des morceaux de bois fendu.Terme de sport. Course de haies, course de chevaux où il faut franchir des haies.Fig. Trouver quelqu'un entre la haie et le blé, le trouver dans un endroit peu fréquenté.Anciennement, chasse à la haie, procédé de chasse dans lequel, formant entre des haies une voie qui conduisait à des filets, on forçait le gibier à l'aide de batteurs à s'engager entre ces haies.2° Fig. Ce qui fait un obstacle comparé à une haie.• L'inégalité du terrain, et la grande étendue du front de la bataille, ne permettant pas à l'ennemi de continuer partout cette haie de boucliers et de piques, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IX, p. 129, dans POUGENS.• Ses frontières ne furent plus qu'une haie de places fortes, RAYNAL Hist. phil. XIII, 58.3° Fig. File de personnes ou de soldats, rangés comme l'est une haie.• Entre deux haies de troupes victorieuses, FLÉCH. Mar.-Thér..• Il est en haie quand ils [les ambassadeurs] reviennent de leur audience, LA BRUY. VII.• Apparemment que mon histoire avait éclaté dans la maison ; car j'y trouvai tous les domestiques assemblés qui me reçurent en haie sur l'escalier, MARIVAUX Pays. parv. 3e part..• En sorte que Sémiramis éperdue et l'ombre de Ninus sortant du tombeau étaient obligées de traverser une épaisse haie de petits maîtres, MARMONTEL Mém. IV.Border la haie et aussi former ou faire la haie, être rangé en haie, en parlant de troupes qui forment une longue ligne d'un seul côté ou de deux côtés sur le passage d'un personnage important, d'un cortége, etc. Quand le prince passe, les troupes bordent la haie.4° Corvée qui consistait à réparer les haies du seigneur.5° La disposition donnée aux briques qu'on veut faire sécher.6° Terme de marine. Long banc d'écueil. Une haie de rochers.PROVERBE Plus la haie est basse, plus on y passe, c'est-à-dire une humeur trop facile encourage les gens malintentionnés.XIIIe s.• En de sa li heughes [les haies] des fossés tout entour là ù li castiaus [château] fu jadis...., TAILLIAR Recueil, p. 114.• Les Sarrazins ont tant trait de leurs pyles [javelots] que il a aussi comme une grant haye qui vient ardant [brûlant] vers nostre chastel, JOINV. 223.XIVe s.• Pourra la comtesse de Roucy haier et faire haies pour la chasse desdits bois, PEIGNÉ DE LA COURT Chasse à la haie, p. 15.XVe s.• Comme il et ses gens chevauchoient entre haies et buissons, FROISS. II, II, 235.XVIe s.• Les hayes d'Allemaigne [sorte de danse], frisques, Passe pieds, bransles, tourdions, MAROT I, 189.• On luy dressoit des sentiers au travers des hayes de leurs bois, MONT. I, 247.• On est surprins entre la haie et le fossé ; il fault tenter fortune...., MONT. III, 16.• L'esquadron ne pourra au plus renverser que quinze ou seize chevaux de la troupe qui est en haye, LANOUE 288.• Il n'y avoit ni haye ni buisson qui donnast empeschement, LANOUE 569.• Tout le monde estoit logé à l'estoille, et campoit à la haye, à faulte de trouver villaiges, CARLOIX IV, 25.• Par le moien d'une haie morte faite auprès de la vifve, on preservera les aubespins de la morsure des bestes, O. DE SERRES 743.Wallon, hâie ; bas-lat. haia, haga, de l'anc. h. allem. haga, haie ; allem. Hag ; angl. hedge ; flamand, haeghe. Ce mot n'a pas pénétré dans les autres langues romanes.————————haie 2.(hê) s. f.Terme de laboureur. Synonyme d'age, c'est-à-dire la pièce de bois arrondie qui reçoit l'attelage à son bout et les étançons soutenant le sep.Bas-lat. haia carrucae, haie de charrette, ainsi dit par une assimilation quelconque, dans la charrette, avec la haie d'un champ. Au mot age il a été fait sur l'étymologie une conjecture qu'il faut remplacer par celle-ci plus probable : age peut être une altération, aussi bien pour la forme que pour le sens, du bas-lat. haga, haie ; haie, ayant le sens de age, montre un rapport entre ces deux mots.————————haie 3.(ha-ye !) interj.Exprime la douleur physique. Un enfant à qui on tire les cheveux dit haie ! haie !Elle exprime aussi le chagrin.• Célie : Avoir ainsi traité Et la même innocence et la même bonté ! - Sganarelle : Haie !, MOL. Sgan. 16.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREHAIE. Ajoutez :7° Terme de turf. Un des obstacles usités dans les courses d'obstacles.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.