- flageoler
- (fla-jo-lé) v. n.1° Jouer du flageolet. Il flageole à merveille.2° Se dit du cheval, lorsque les articulations du genou et du jarret tremblent et vacillent dans la marche. Ce cheval flageole.Par extension, se dit des jambes de l'homme qui lui font défaut.• Tout à coup, au milieu des flammes qui me dévoraient, je sens un froid mortel courir dans mes veines ; les jambes me flageolent, et, prêt à me trouver mal, je m'assieds et pleure comme un enfant, J. J. ROUSS. dans LAVEAUX.Il se dit aussi de l'homme lui-même. Il flageolait, il pouvait à peine se tenir.XIIIe s.• Car le vin si tue et assomme ; Nus [nul] homs n'en prent plus que sa somme, Qu'il n'en ait la teste plus fole ; Moins en a sens, plus en flajole, Plus se debat et plus parole, Guersai.• Tous jors ensemble flajolés ; Ne sai que vous entrevolés [entrevouloir], Que vous poés vous entre-dire, la Rose, 8571.XIVe s.• [Les oiseaux] S'en vont çà et là flagolant, Amours louant et relouant En leur latin, Lande dorée. Mais bien [je] croi qu'au derrain creüsse Barat, s'autre conseil n'eüsse ; Car si bel m'avoit flajolé, Que tout sus m'avoit affolé, BRUYANT dans Ménagier, t. II, p. 27.XVe s.• Ces deux ont partout l'avantaige, L'un en janglant, l'autre à corner Des instruments : lequel prandray-je ? Compains, apran à flajoler, EUST. DESCHAMPS Ballade, Métier profitable..• Et n'ont acoustumé que de flageoller en l'oreille et parler des choses de peu de valleur, COMM. V, 18.XVIe s.• Quelque oraison que des levres flajolles, Au cueur gist tout, J. MAROT V, 206.• Pasteur, qui conduiras en ce lieu ton troupeau, Flageollant une eclogue en ton tuyau d'aveine, RONSARD 263.Flageol (voy. flageolet 1) ; provenç. flaujolar, jouer du flageolet. La série des sens est : jouer du flageolet, puis babiller, puis flatter. Quant à celui de faiblir, chanceler, qui est moderne (du moins l'historique n'en offre pas d'exemple), ne viendrait-il pas de ce que des jambes grêles et par conséquent peu sûres ont été dites des flageolets ?
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.