- entendre
- (an-tan-dr'), j'entends, tu entends, il entend, nous entendons, vous entendez, ils entendent ; j'entendais ; j'entendis ; j'entendrai ; j'en tendrais ; entends ; que j'entende ; que j'entendisse ; entendant ; entendu.1° V. n. Étymologiquement, tendre vers, d'où, avoir intention, dessein, avec un verbe à l'infinitif, ou que et le verbe au subjonctif ou quelquefois au conditionnel. J'ai toujours entendu que l'acte serait enregistré. J'entends qu'on m'obéisse et qu'on n'obéisse qu'à moi. J'entends être obéi. En disant cela j'entends parler de lui, non de vous.• J'entends qu'avec ma cour toute la ville en deuil Demain rende au dernier [Étéocle] les honneurs du cercueil, ROTR. Antig. IV, 1.• Non, s'il vous plaît, je n'entends pas que vous fassiez de dépense, et que vous envoyiez rien acheter pour moi, MOL. Pourc. I, 10.• Il nous faut ton moulin ; que veux-tu qu'on t'en donne ? - Rien du tout ; car j'entends ne le vendre à personne, ANDRIEUX Meunier..Avec le mot indéterminé le, il se prend activement. Je l'entends ainsi, c'est-à-dire je veux que la chose soit ainsi. Faites comme vous l'entendrez. Chacun fait comme il l'entend.• Mercure fait comme il l'entend, il ne vous est pas si nécessaire que moi, DANCOURT l'Amour charlatan, III, 17.Comment l'entendez-vous ? c'est-à-dire quelle est votre intention ?• Comment l'entend monsieur mon hôte ? Dit-elle, et de quel droit me donner comme il fait ?, LA FONT. Fiancée..2° Être occupé à. On n'entendit plus à autre chose qu'à faire toute la diligence possible.• De cette façon ayant à faire en deux lieux, et ne pouvant pas entendre partout, il en demeura une partie sur la place, l'autre jeta ses armes et s'enfuit, MALH. Le XXXIIIe livre de T. Live, ch. 9.• Cette femme n'entend qu'à donner des vapeurs, LA CHAUSSÉE Gouvern. I, 1.Vieilli en ce sens.3° Entendre à, consentir, acquiescer.• Elle ne veut entendre à nulle proposition, SÉV. 267.• Les raisons qu'il a de ne pas entendre à la demande..., LA BRUY. X..• Tandis qu'il vous restait quelque espérance de vie, aviez-vous voulu entendre à appeler le ministre de Jésus-Christ ?, MASS. Car. Impénit. fin..• La maréchale de Lorge aimait trop sa fille pour entendre à un mariage qui ne la pouvait rendre heureuse, SAINT-SIMON 28, 70.• Je savais bien que mon Hollandais n'entendrait à aucune proposition, VOLT. Lett. Prusse, 8.• Les conditions parurent si dures aux réformés qu'ils ne voulurent point y entendre, ANQUET. Ligue, I, 321.• Les uns disent que j'ai bien fait d'entendre à un arrangement, P. L. COUR. II, 316.4° V. a. Diriger son oreille vers, d'où recevoir l'impression des sons. Entendre du bruit. J'entends parler dans la chambre à côté. J'entends que vous me dites des nouvelles.• On n'entend pas toujours ce qu'on croit bien entendre, CORN. Perthar. III, 2.• Il entend arriver un carrosse, SÉV. 244.• J'entends déjà partout les charrettes courir, Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir, BOILEAU Sat. IV.• Le ciel dans tous leurs pleurs ne m'entend pas nommer, RAC. Brit. IV, 3.• J'entends que vous m'offrez un nouveau diadème, RAC. Bérén. II, 4.Il se fait tant de bruit qu'on n'entendrait pas Dieu tonner, se dit d'un très grand bruit.Entendre dire, apprendre par la parole, par ce qui se dit. J'ai entendu dire cette nouvelle. On entend dire dans la ville qu'il y a eu un incendie. La nouvelle que j'ai entendu dire.Entendre parler d'une chose, en être informé par la parole.Entendre parler, signifie aussi avoir dans l'idée. Quand je dis nature, j'entends parler de....Ne pas vouloir entendre parler d'une chose, la rejeter absolument sans vouloir même y prêter l'oreille.• Il n'en voulut jamais entendre parler, BOSSUET Var. 1.Faire entendre, faire parvenir à l'ouïe.• Dans cet oubli profond et de Dieu et d'elle-même où l'âme s'était plongée, ce grand Dieu sait bien la trouver ; il fait entendre sa voix, quand il lui plaît, au milieu du bruit du monde, BOSSUET La Vallière..• Si sans trop vous déplaire, .... J'osais vous faire entendre une timide voix, RAC. Bajaz. IV, 5.• Une voix me fit entendre ces paroles, FÉN. Tél. II.Se faire entendre, être ouï. Une voix se fait entendre. Au milieu de ce tapage je ne pouvais me faire entendre.• Mais le nom de Tarquin vient de se faire entendre, VOLT. Brut. IV, 7.Être dit de manière à être compris.• Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre, RAC. Iphig. IV, 4.Se faire entendre à, parler à.• Mais la gloire, madame, Ne s'était point encor fait entendre à mon coeur, RAC. Bérén. IV, 5.Absolument, entendre, avoir l'ouïe. Parlez plus haut, il n'entend pas.Entendre dur, entendre clair, avoir l'oreille dure, fine.Fig. N'entendre que par, être uniquement dirigé par.• Crésus ne voit, n'entend, n'agit que par vous-même, BOURSAULT Fabl. d'Ésope, v, 5.Fig. Il n'entend pas de cette oreille-là, il ne veut pas écouter la proposition qu'on lui fait.5° Prêter l'oreille. Que ceux qui m'entendent me jugent. Il est bon d'entendre les deux parties.• Loin de nous entendre, Ils demandent la paix et parlent de se rendre, RAC. Mithr. IV, 6.• Faut-il le condamner avant que de l'entendre ?, RAC. Iphig. III, 6.• On voit dans Grégoire de Tours qu'ils faisaient des meurtres de sang-froid, et faisaient mourir des accusés qui n'avaient seulement pas été entendus, MONTESQ. Espr. XXXI, 2.Entendre en confession, ou, simplement, entendre, se dit du prêtre qui entend la confession d'un pénitent.• Je veux bien vous entendre dans l'octave du St-Sacrement, BOSSUET Lett. Corn. 35.Entendre la messe, les vêpres, le sermon, assister à la messe, aux vêpres, au sermon.Aller entendre une pièce, un acteur, un prédicateur, assister à une pièce, au rôle d'un acteur, au sermon d'un prédicateur.Terme de pratique. S'entendre condamner, ouïr le prononcé du jugement qui condamne ; expression qui se trouve dans les assignations ; s'entendre condamner, c'est entendre condamner soi.À l'entendre, c'est-à-dire si on l'en croit, si on lui prête l'oreille. À l'entendre, il n'est pas coupable. À vous entendre, il s'agirait de quelque chose de fort grave.Absolument. Ne pas savoir auquel ou à qui entendre, c'est-à-dire ne pas savoir à qui ou à quoi il importe de faire attention.• Parmi tant de cris différents on ne sait auquel entendre, VAUGELAS Q. C. 536.• L'homme ne sait donc à qui entendre ; sa volonté est le jouet continuel de divers motifs opposés qui se disputent le droit de le déterminer, HOLBACH Essai sur les préj. ch. 13, dans DUMARSAIS, Oeuvres, t. VI, p. 316.On dit dans le même sens ne savoir à quoi entendre.• Le tyran ne savait à quoi entendre, ni quels ordres donner, ni où il fallait envoyer du secours, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. VIII, p. 316, dans POUGENS.Populairement. N'entendre ni à hu, ni à dia, ou ni à dia, ni à huraut, c'est-à-dire ne rien entendre du tout, être sourd, être bouché.6° Exaucer. Dieu entendit ses voeux. Entendez ma prière.7° Apprendre par la renommée.• Il l'écoute sans y avoir aucun intérêt notable, et par simple curiosité d'apprendre ce qu'il pouvait avoir su déjà en la cour d'Égypte, où il était en assez bonne position pour entendre des nouvelles assurées de tout ce qui se passait dans la Syrie, CORN. Ex. de Rodog..• Avez-vous jamais entendu une victoire plus glorieuse ?, BOSSUET II, Pent. 1.8° Diriger son esprit, d'où par extension, comprendre, saisir le sens.• Des mystères sacrés que nous n'entendons pas, CORN. Poly. IV, 6.• Et par un mouvement que je ne puis entendre, De ma fureur je passe au zèle de mon gendre, CORN. ib. v, 6.• Je commence, madame, enfin à vous entendre, CORN. Nicom. III, 7.• Dites qu'ils entendent mal Jansénius, PASC. Prov. 18.• Il entend fort finement tout ce qui est bon, SÉV. 453.• Ils n'entendent pas un mot de français, SÉV. 569.• Si nous entendons du Messie ce grand passage où Isaïe nous représente si vivement l'homme de douleurs frappé pour nos péchés et défiguré comme un lépreux, BOSSUET Hist. II, 10.• Vous n'aurez point pour moi de langages secrets ; J'entendrai des regards que vous croirez muets, RAC. Brit. II, 3.• J'ignore de son coeur les sentiments secrets ; Mais je m'y soumettrais sans vouloir rien prétendre, Si comme vous, Seigneur, je croyais les entendre, RAC. Mithr. I, 3.• Vous résistez en vain et j'entends votre faite, RAC. ib. III, 5.• Vous m'entendez assez si vous voulez m'entendre, RAC. Iphig. II, 5.• Les sots lisent un livre et ne l'entendent point ; les esprits médiocres croient l'entendre parfaitement ; les grands esprits ne l'entendent quelquefois pas tout entier, LA BRUY. I.• J'estime bien plus ceux qui ne comprennent pas ces mystères-là que ceux qui les comprennent ; mais malheureusement la nature n'a pas fait tout le monde capable de n'y rien entendre, FONTEN. Dial. 2, Morts mod..• Suivons l'avis de Quintilien, et faisons en sorte non-seulement qu'on nous entende, mais qu'on ne puisse pas même, le voulût-on, ne pas nous entendre, D'OLIVET Rem. sur Racine, § 65.• Tu pouvais de ses yeux entendre le langage, VOLT. Zaïre, III, 7.• Tacite est le livre des vieillards, les jeunes gens ne sont pas faits pour l'entendre, J. J. ROUSS. Ém. IV.Entendre à demi-mot, comprendre ce qui est dit d'une façon mystérieuse, voilée.Elliptiquement. Vous avez parlé d'une personne et j'ai entendu une autre, c'est-à-dire j'ai compris qu'il s'agissait d'une autre.• C'est, mon père, que je connais que vous avez parlé d'une personne et que j'ai entendu une autre, MOL. Mal. im. I, 5.Vous m'entendez bien, c'est-à-dire vous savez ce que je veux dire.• Bonhomme, c'est ce coup qu'il faut, vous m'entendez, Qu'il faut fouiller à l'escarcelle, LA FONT. Fabl. IV, 4.• Et s'il dit qu'il n'en fera rien, Qu'il aille.... vous m'entendez bien, SCARRON Virg. IV.Familièrement. Entendre l'apologue, comprendre ce dont il s'agit.Terme de manége. Entendre bien les jambes, les talons, se dit du cheval qui semble entendre ce que le cavalier lui demande.Donner à entendre, laisser entendre, faire entendre, insinuer, faire comprendre une chose. Il m'a donné à entendre que vous me blâmiez.• Je ne sais pas, seigneur, ce qu'on vous fait entendre, CORN. Théodore, IV, 4.• Combien était-il important de faire entendre qui vous êtes !, PASC. Prov. 15.• Je veux seulement vous en faire horreur [de votre malice] à vous-mêmes, et faire entendre à tout le monde qu'après cela il n'y a rien dont vous ne soyez capables, PASC. ib. 16.• Et ne devais-je pas, quoi qu'il me fit entendre, Pénétrer les raisons qui vous faisaient attendre ?, TH. CORN. Ariane, III, 3.• Et ce fils si fidèle a dû vous faire entendre Que, des mêmes ardeurs dès longtemps enflammé, Il aime aussi la reine et même en est aimé, RAC. Mithr. III, 2.• Je vais de ce signal faire entendre la cause, RAC. Bajaz. III, 2.• Vous, que l'on cherche Aman et qu'on lui fasse entendre Qu'invité chez la reine il ait soin de s'y rendre, RAC. Esth. II, 7.• Elle voulut faire entendre que...., FÉN. Tél. I.• Je veux faire entendre à ces rois que...., FÉN. ib. XII.Se faire entendre, être compris. C'est un homme qui ne sait pas se faire entendre. Je ne sais si je me fais entendre.Absolument. Comprendre. En vain vous feignez de ne pas entendre.• J'entends et Dieu entend : Dieu entend qu'il est ; j'entends que Dieu est, et j'entends que je suis, BOSSUET Connaiss. IV, 8.• On n'entend jamais mieux que lorsqu'on entend sans secours étrangers, CONDIL. Log. t. XXII, p. 188, dans POUGENS.J'entends, je comprends bien. Nous entendons, nous comprenons ce que vous voulez dire. Vous entendez, vous voilà bien avertis.On dit dans un sens analogue entendez-vous ? Je suis de vous très mécontente.• Très mécontente, entendez-vous ?, MARMONTEL Amis de la maison, I, 1.Se dit simplement aussi pour appuyer un ordre, une menace. Sortez, entendez-vous ?9° Entendre, vouloir dire.• Qu'entendez-vous par ces paroles ? Entendant du temple de son corps ce que les juifs entendaient de celui de Salomon, BOSSUET Var. XI, § 144.• Quand les anciens disent le philosophe, ils entendent Aristote, DU MARSAIS Tropes, II, 4.Absolument.• Bientôt elle [la duchesse de Longueville] honora M. Dodart de sa confiance, j'entends de celle que l'on a pour un ami : la grande inégalité des conditions ne lui en retrancha que le titre, FONTEN. Dodart..10° Entendre, connaître, être habile dans.• Une personne de qui on peut dire en vérité qu'il n'y a jamais eu une dame qui ait si bien entendu la galanterie ni si mal entendu les galants, VOIT. Lett. 42.• Si j'ai bien entendu tantôt la politique, CORN. Cinna, v, 1.• Ici c'est un métier que je n'entends pas bien, CORN. Nicom. III, 1.• M. de la Reynie qui entend si bien la police, SÉV. 454.• Il ne suffit pas d'entendre la guerre, BOSSUET Hist. III, 6.• Il [Darius] en donna le commandement [de la flotte] à Scylax, Grec, qui entendait parfaitement la marine, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. III, p. 106, dans POUGENS.• Elle entend la cuisine et l'office, J. J. ROUSS. Ém. v..L'entendre bien, l'entendre mal, le comprendre bien, mal, y être habile, malhabile.• Ce prompt retour me perd et rompt notre entreprise. - Tu l'entends mal, Attale, il la met dans ma main, CORN. Nicom. 1, 4.• Je pensais faire bien. - Oui, c'était fort l'entendre, MOL. l'Étourdi, I, 5.• Vous l'entendez bien peu, me dit-il ; les Pères étaient bons pour la morale de leur temps ; mais ils sont trop éloignés pour celle du nôtre, PASC. Prov. 5.• Bon ! qui l'entendra mieux ne l'entendra pas mal, TH. CORN. le Charme de la voix, II, 2.• Ce n'est pas mal l'entendre, que d'être à la fois héros et chrétien, MAINTENON Lettres à Mme de Fontanes, 24 mai 1692.Entendre finesse à quelque chose, y vouloir comprendre plus que la chose ne signifie.• Monsieur n'y entend pas plus de finesse que moi, DANCOURT les Fonds perdus, III, 10.• Je ne sais pas la finesse qu'elle y a entendue, et tout cela retombe sur moi pourtant, MARIVAUX Pays. parv. part. 5.Ne pas y entendre finesse, n'être pas malin, ne pas vouloir faire une malice.Ne pas entendre malice à quelque chose, faire ou dire quelque chose sans mauvaise intention.Entendre raillerie, prendre bien les choses dites en plaisantant, ne pas s'en offenser.Il n'entend pas raillerie, c'est-à-dire il est susceptible ou bien il est sévère.Entendre la raillerie, entendre la plaisanterie, avoir la facilité, l'art, le talent de bien railler.Entendre raison, acquiescer à ce qui est juste et raisonnable.Il n'entend pas raison là-dessus, sur ce point il est opiniâtre, inflexible.N'entendre ni rime, ni raison, ne pas écouter les objections, refuser par entêtement, par humeur.11° S'entendre, v. réfl. Être entendu, perçu par l'oreille. Sa voix ne s'entend pas.• Mille cris aussitôt de tous côtés s'entendent, CORN. Héracl. v, 7.• Au pied du trône même une voix s'entendit, VOLT. Henr. VII.• Un bruit affreux s'entend, VOLT. ib. VIII.S'entendre, s'entendre l'un l'autre. Le bruit est si grand qu'on ne peut s'entendre.12° Être compris. Ce mot peut s'entendre de diverses manières.• Il est vrai que, dans un autre de ses dialogues [de Perrault], s'il vient à la preuve, et prétend montrer que le commencement de la première ode de ce grand poëte [Pindare] ne s'entend point, c'est ce qu'il prouve admirablement par la traduction qu'il en a faite, BOILEAU Longin, Subl réfl. 8.Cela s'entend, cela s'entend bien, cela se suppose ainsi, cela doit être ainsi.S'entend, c'est-à-dire bien entendu, cela va sans dire, locution familière qui se dit par parenthèse.• Ne connaîtrais-tu pas quelque honnête faussaire, Qui servît ses amis, en le payant, s'entend ?, RAC. Plaid. I, 5.• Je me crois libre (jusqu'à un certain point s'entend), VOLT. Lett. Prusse, 37.• Je ne regrette rien de cette Babylone impure que vous habitez ; s'entend, je n'en regrette que vous, P. L. COUR. Lett. I, 323.Se comprendre l'un l'autre. Nous nous entendons à demi-mot. Nous ne nous entendons point.• Vous vous entendiez à merveilles, SÉV. 353.• Ils s'entendaient sans rien dire, FÉN. Tél. XXII.Entendons-nous, comprenons bien ce que chacun de nous dit.S'entendre, se comprendre soi-même.• Tu feras ce que je veux, ou.... suffit, je m'entends bien, DANCOURT les Trois cousines, II, 8.13° Se concerter, être d'accord, d'intelligence.• Vous vous êtes entendu avec elle à me nuire, VOIT. Lett. 1.• D'où vient que mon coeur même à demi révolté Semble vouloir s'entendre avec ta lâcheté ?, CORN. Tois. d'or, II, 2.• Je ne veux point m'entendre avec vos ennemis, SÉV. 529.• Dans la première ruine de Jérusalem les Juifs s'entendaient du moins entre eux : dans la dernière, Jérusalem, assiégée par les Romains, était déchirée par trois factions ennemies, BOSSUET Hist. II, 8.• Mais si dans son devoir votre coeur affermi Voulait ne point s'entendre avec son ennemi, RAC. Brit. III, 1.Nous nous entendons bien, nous vivons bien ensemble.Entendons-nous bien, soyons bien d'intelligence. Entendons-nous bien, et nous réussirons.S'entendre comme larrons en foire, se dit de gens qui se concertent pour quelque chose de blâmable ou de suspect.• Et toutes [les femmes], se liguant pour nous en faire accroire, S'entendent contre nous comme larrons en foire, VOLT. la Femme qui a raison, II, 6.14° Être habile dans une chose, se connaître à une chose. Il s'entend en musique, en tableaux. Il s'entend à la culture.• Ah ! que les hommes s'entendent mal en gloire !, FÉN. Tél. XXII.Familièrement. Il s'y entend comme à ramer des choux, comme à faire un coffre, il ne comprend rien à ce qu'il fait.PROVERBESQui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son, il faut entendre les deux parties.Il n'est pire sourd, ou il n'est point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, se dit d'un homme qui feint de ne pas ouïr ou de ne pas comprendre.1. Je l'ai entendu dire à différentes personnes, est une locution à laquelle il faut prendre garde ; car elle est amphibologique. Elle peut signifier : j'ai entendu qu'on le disait à différentes personnes, ou que différentes personnes le disaient. Il faut donc, quand on en use, bien considérer si le sens est suffisamment déterminé par le contexte.2. Même observation pour la phrase : Je lui ai entendu dire cela ; car elle peut signifier : j'ai entendu qu'il disait cela, ou qu'on lui disait cela.3. S'il y avait deux régimes, l'amphibologie disparaîtrait.• Je lui ai entendu dire à un homme d'État fort célèbre, VOLT. Louis XIV, Écrivains, Villars.Cette phrase, peu élégante d'ailleurs, signifie sans ambiguïté : j'ai entendu qu'il disait à un homme....4. Régnier a mis de avec entendre dans le sens de avoir l'intention. Je n'entends, quant à moi, de la prendre à partie, Sat. II.5. Pour peu qu'on y réfléchisse, on trouvera que, grammaticalement, s'entendre à quelque chose pour y être habile est de difficile explication. Si on prend la locution telle qu'elle se présente, on a : entendre soi ; ce qui, manifestement, ne signifie rien. C'est un archaïsme qui en rend compte ; entendre est proprement un verbe neutre ; il l'est encore aujourd'hui, il l'était dans l'ancienne langue. Or dans cette ancienne langue les verbes neutres avaient la propriété de se construire avec le pronom personnel. S'entendre, en cet emploi, est donc entendre au neutre construit avec se (voy. SE pour cette construction ; voy. aussi APERCEVOIR).1. ENTENDRE, CONCEVOIR, COMPRENDRE. Entendre et comprendre signifient saisir le sens ; ce qui les distingue de concevoir qui signifie embrasser par l'idée : j'entends ou je comprends cette phrase ; et non je la conçois. Au contraire dans le vers de Boileau : Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, entendre ou comprendre ne conviendrait pas. La nuance est autre entre comprendre et entendre. Au fond, l'idée d'entendre est de faire attention à, être habile dans, tandis que celle de comprendre est prendre en soi : j'entends l'allemand, je le sais, j'y suis habile ; je comprends l'allemand dirait moins. D'un autre côté, pour une démonstration, comprendre est le mot propre.2. ENTENDRE, OUÏR., Ces deux mots, très différents dans l'origine, sont complétement synonymes aujourd'hui. Ouïr était le mot propre, peu à peu écarté par entendre qui est le mot figuré. Ouïr c'est percevoir par l'oreille ; entendre c'est proprement faire attention ; l'usage seul lui a donné le sens détourné d'ouïr. La seule différence qu'il y ait, c'est que ouïr est devenu verbe défectif et d'un usage restreint. Quand le sens peut être louche, il faut, sans hésiter, employer ouïr. Ainsi ce mot de Pacuvius sur les astrologues : Magis audiendum quam auscultandum censeo, se traduira par : Il vaut mieux les ouïr que les écouter. Entendre ferait un contre-sens.3. ENTENDRE, ÉCOUTER., Entendre c'est être frappé des sons ; écouter c'est prêter l'oreille pour les entendre. Quelquefois on n'entend pas quoiqu'on écoute, et souvent on entend sans écouter.XIe s.• Et dist al rei : bien l'avez enten. dud, Ch. de Rol. XVI.• Un en i ad à qui li autre entendent, ib. CCLXXV.XIIe s.• Beau sire Guene, devers moi entendez, Ronc. p. 31.• Or me refait Amors à lui entendre, Couci, v.• Ele voit bien et conoist et entent Qu'il n'en est plus qui aimt [aime] si leaument, ib. v.• Quant plus est li bernages à grant joie antandanz, Atant es un paien qui ot nom Margulanz, Sax. v.• Sire, dit li messages, antandez ma raison, ib. XIV.• Pour lor bonté [je] le di, ne nul mal n'i antant, ib. XXI.• Laienz entra Thomas od mult poi conpaignuns : Poi i mena des suens, si cum nus l'entenduns [nous l'apprenons], Th. le mart. 38.XIIIe s.• Fille, se vous vouliez entendre à mariage, Fil de roi [je] vous donroie, riche et de haut parage, AUDEFR. LE BAST. Romancero, p. 17.• Bele Doette, es fenestres seant, Lit en un livre, mais au cuer ne l'entent [maisson coeur n'y est pas], ib. p. 48.• Par huit jors se sont entendu Li baron à grant feste faire ; Puis vait cascuns à son repaire Molt lié [très content], quant le congié a pris, Roman de Mahomet, p. 64.• Chacun qui s'entent jugera C'on doit miex mauvese pugnir Que li loial lessier languir, Bibl. des Chartes, 4e série, t. v, p. 476.• Et Loeys estoit sages et entendans, Chr. de Rains, p. 2.• Cui conscience ne reprent, plus tost au mal qu'au bien entent, ib. 235.• Einsi te voloie essaier ; Quar certes je n'i entent mie Ne traïson ne felonie, Ren. 1803.• Lors estuet [il convient] jones gens entendre à estre gais et amoureus, la Rose, 78.• Plait de murtre est moult soutil, et moult le peut on soutilment plaider qui faire le set, mais que l'on seit bien entendu, Ass. de Jér. I, 132.• Lou conseil li loa, si comme l'en [l'on] me donna à entendre, que il s'en venist à Damiete en galies, JOINV. 192.• Et sachiez que, se il se feussent pris garde de nous, il nous eussent touz mors [tués], mes il entendoient [faisaient attention] au roy et aux autres grosses batailles, JOINV. 227.• Et me dist ainsi, que il n'entendoit mie [comprenait pas] comment li roys eut pooir de demourer, JOINV. 255.XIVe s.• [Oeuvre de chirurgie qui doit être désirée] et de ceux qui s'entendent moiennement, et des ydiots qui se mesconnoissent, H. DE MONDEVILLE f° 32, verso..• Aristote entent tousjours pour fors ceulx qui ont la vertu de fortitude, ORESME Eth. 79.• Bienfais n'est point perdus à chelui [celui] qui s'entent, Baud. de Seb. XII, 770.XVe s.• Quand ces chevaliers de Bretagne virent venir les Anglois, et qu'ils s'ordonnoient pour eux assieger, si n'en furent mie trop effrayés ; mais entendirent premierement au chastel et puis aux guerites et aux portes, FROISS. I, I, 197.• Quand vint le matin, de rechef ils commencerent à assaillir fort et appertement en plusieurs lieux, et ensonnierent [inquiétèrent] si ceux de la ville, qu'ils ne savoient auquel entendre, FROISS. I, I, 224.• On leur donnoit tant à faire que on ne savoit, par dedans, auquel lez [côté] entendre, FROISS. II, II, 215.• [Les Écossais parlant des Français] Ils ne nous entendent point, ni nous eux, FROISS. II, II, 228.• Sur ce, s'advise qui a sens, Soit en jeunesse ou en vieillesse ; Et qui ne m'entend, je m'entens, Monstrant que suis dame et maistresse, CH. D'ORL. Ball. 90.• Qui entend mal, raporte mal, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 390.• Comme vous entendrez cy après, COMM. I, 1.• Or il fault entendre que monseigneur du Magne estoit avec sept ou huyt cens hommes d'armes au devant des ducs, COMM. I, 3.• Que on tyreroit vers Paris pour essayer si on pourroit reduyre la ville à vouloir entendre au bien public du royaulme, COMM. I, 5.• Et y en a assez qui ne parlent que après les autres, sans gueres entendre aux matieres, COMM. II, 2.• Il [Louis XI] estoit assez lettré ; il aymoit à demander et à entendre de toutes choses, COMM. II, 6.• À riens ne voulut ledit duc entendre, COMM. v, 1.• Ung des plus sages chevaliers et plus entendus que je cogneus jamais, COMM. II, 2.• Elle se delibera de soy appareiller pour honnestement faire son messaige ; car bien convenoit le faire de bonne sorte, entendu que les pucelles à qui il falloit qu'elle feist les messaiges estoient de grand estat, Perceforest, t. VI, f° 79.XVIe s.• J'entendz et veulx que tu apprennes les langues parfaictement, RAB. Pant. II, 8.• Mon amy, je n'entendz point ce barragouin ; pourtant, si voulez qu'on vous entende, parlez aultre languaige, RAB. ib. II, 9.• Vous y amenerez vostre femme, s'il vous plaist, avecques ses voisines, cela s'entend, RAB. ib. III, 31.• Vous l'avez ouy, l'avez-vous entendu ?, RAB. ib. v. Prol..• Ny n'entendent les stoïciens que l'ame de leur sage puisse...., MONT. I, 50.• Le seigneur de Langey, très entendu en telles choses, MONT. I, 58.• Croesus lui feit entendre qu'il verifioit lors à ses despens l'avertissement de Solon, MONT. I, 65.• Il leur semble bien faire les moderez et les entendus quand...., MONT. I, 204.• Et encores se moquent-ils des autres qui n'entendent pas le tour du baston, et les appellent lourdauts, LANOUE 106.• L'art militaire est aussi mieux entendu qu'il n'estoit, LANOUE 402.• La plupart de la noblesse, ayant entendu l'execution de Vassy, se delibera de venir près Paris, LANOUE 547.• Chacun s'incitoit à paix, et à persuader les grands d'y entendre, LANOUE 558.• En quelque style qu'il soit mis, pourveu qu'il s'entende, il ne peut faillir à estre bien receu, AMYOT Épit..• Je ferois moins de doute de la volonté du pape à nous assister en ceste occasion que de celle du roy catholique ; car sa Sainteté s'est déjà laissé entendre [a donné à entendre] qu'il falloit choisir un prince du sang catholique pour beriter du royaume, après le decès de M. le cardinal de Bourbon, VILLEROY Mém. t. II, p. 170, dans LACURNE.• À bon entens-tu il ne faut qu'un mot, COTGRAVE .• Equivoques par amphibologie, vulgairement appellées des entends-trois, DES ACCORDS Bigarrures, ch. 6.• On peut faire l'habile, l'empesché et l'entendu, c'est-à-dire le sot et miserable, CHARRON Sagesse, I, 41.Bourguig. entarre ; provenç. entendre ; catal. entendrer ; espagn. entender ; ital. intendere ; du latin intendere, diriger vers, appliquer, de in, en, et tendere, tendre (voy. tendre), et, par extension, dans les langues romanes, ouïr et comprendre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREENTENDRE. Ajoutez :15° Entendre haut, locution provinciale signifiant avoir l'oreille dure.Ajoutez :6. On a dit : à double entendre, pour : à double entente.• On a ordonné aux comédiens italiens de retrancher de leurs pièces tous les mots à double entendre qui sont trop libres, DANGEAU t. II, p. 101, janv. 1688.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.