- difficulté
- (di-fi-kul-té) s. f.1° Qualité de ce qui est difficile. La difficulté des chemins. La difficulté d'un travail. La difficulté d'un problème.• On dira que je cède à la difficulté, MOL. l'Étour. III, 1.• J'avoue, en la commençant [l'histoire des malheurs d'Henriette], que je sens plus que jamais la difficulté de mon entreprise, BOSSUET Reine d'Anglet..• Télémaque trouva de grandes difficultés pour se ménager parmi tant de rois jaloux, FÉN. Tél. XVI.Manque de facilité. Il ne parle qu'avec difficulté. Ce blessé éprouve de la difficulté à marcher.2° Chose difficile.• Je crus donc qu'il [le cardinal de Richelieu] surmonterait toutes sortes de difficultés, et que celui qui avait pris la Rochelle malgré l'Océan, prendrait encore bien Corbie en dépit des pluies et de l'hiver, VOIT. Lett. 74.• ... les difficultés sont le champ des vertus, ROTROU Vencesl. II, 3.• Et les difficultés dont on est combattu Sont les dames d'atour qui parent la vertu, MOL. l'Étour. V, 11.Obscurité d'un texte. Les difficultés de Thucydide.Passage difficile d'un morceau de musique. Les difficultés de cette sonate.3° Traverse, opposition. Je n'y vois point de difficulté. Une grave difficulté. Cette affaire est pleine de difficultés. Apporter une difficulté. Il passa par-dessus la difficulté. Faire naître des difficultés.• Les hommes.... sont.... si hérissés de difficultés.... que je ne sais par où et comment se peuvent conclure les mariages, les contrats, les acquisitions, la paix, la trêve, les traités, les alliances, LA BRUY. XI.• Il y a de nouvelles difficultés sur la paix ; je la recommande à vos prières, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 19 oct. 1697.Cela peut souffrir, peut éprouver des difficultés, de grandes difficultés, c'est-à-dire il est possible que la chose dont il s'agit soit empêchée, ne réussisse pas. Dans le sens contraire, cela ne reçoit pas, ne souffre point de difficulté.Cela ne fait aucune difficulté, je n'y vois point de difficulté, il n'y a pas de difficulté, locutions qui s'emploient familièrement pour exprimer l'acquiescement.4° Objection, chose embarrassante.• Les difficultés qui pouvaient m'être faites par les athées, DESC. Rép. II.• Mais avant que d'entrer en ces difficultés, Souffrez que je réponde à vos civilités, CORN. Sertor. III, 2.• J'ai besoin de conseil dans ces difficultés, CORN. Héracl. II, 7.• Il me vient une difficulté dans l'esprit, PASC. Prov. 5.• Pour lever les plus grandes difficultés, PASC. ib. 6.• Que cet éclaircissement était nécessaire et qu'il lève de difficultés !, PASC. ib. 18.• Nous avons résolu les deux premières difficultés, BOSSUET Or. 8.• Ce qui tranche, en un mot, toute difficulté, BOSSUET Hist. I, 7.• Dieu a tranché la difficulté, BOSSUET ib. II, 4.• Une autre fois l'un du conseil des douze élève une difficulté ; et, comme on ne tombait pas d'accord, il propose de la consulter en Sorbonne, ANQUET. Ligue, III, 200.• Malgré toutes les difficultés que le mal répandu sur la terre fait naître dans mon esprit, je m'affermis pourtant dans l'idée qu'un Dieu préside à notre globe, VOLT. Dial. XXIX, 5.• Couvrez le reste de la toile, et cette figure ne vous montrera plus qu'un pharisien qui propose quelque difficulté à Jésus-Christ, DIDEROT Salon de 1765, Oeuvres, t. XIII, p. 22, dans POUGENS..• L'éclaircissement d'une difficulté dépend souvent de la solution d'une autre, et celle-ci d'une précédente, BERN. DE ST-PIERRE Chaumière ind..Faire de la difficulté, faire difficulté, être sujet à objection, en parlant des choses.• Je ne présume pas tant de moi que de croire pouvoir prévoir tout ce qui pourra faire de la difficulté à un chacun, DESC. Médit. Préf. 10.Faire difficulté de quelque chose, élever des objections à l'encontre, y avoir de la répugnance ; éprouver du scrupule à s'en mêler.• Vous ne faites pas difficulté de permettre l'autre, PASC. Prov. 13.• M. Arnaud ne fera pas de difficulté de l'admettre, PASC. ib. 16.• Les difficultés qu'ils ont faites de les recevoir, PASC. ib..• Vous n'en devez faire aucune difficulté, SÉV. 106.• Je ne fais nulle difficulté de vous parler des Rochers, SÉV. 225.• Le sénat ne fit point difficulté de leur déclarer, BOSSUET Hist. III, 6.• .... Je ferais quelque difficulté D'abaisser jusque-là votre sévérité, RAC. Brit. III, 1.• On dit qu'un pape, pénétré de son incapacité, fit d'abord des difficultés infinies, MONTESQ. Espr. II, 5.5° Différend, contestation. Avoir une difficulté avec quelqu'un.6° Sans difficulté, loc. adv. Sans empêchement, sans faire d'objections.• .... Et je tiens, quant à moi, Que tous tels sorts sont recettes frivoles ; Frivoles sont, c'est sans difficulté, LA FONT. Or..• Elle était, sans difficulté, la plus ancienne ville du monde, BOSSUET Bonté, 2.• J'ai des amis, je les conserverai, puisqu'ils n'auront rien à me disputer ; je n'aurai jamais d'humeur avec eux ni eux avec moi, cela est sans difficulté, VOLT. Memnon..PROVERBE Cet homme est le père des difficultés, c'est-à-dire il fait naître sans cesse des difficultés, on ne peut rien conclure, terminer avec lui.DIFFICULTÉ, OBSTACLE. La difficulté implique qu'une chose est difficile à faire. L'obstacle n'implique pas cette idée et signifie qu'une chose est debout devant nous et s'oppose.XVe s.• Pour avoir repos, et leur fille, qu'on faisoit difficulté de leur rendre, COMM. VII, 3.XVIe s.• Le regret et difficulté que feit Grandgousier d'entreprendre guerre, RABEL. Garg. I, 28.Berry, diffigulté ; provenç. difficultat, defecultat ; espagn. dificultad ; portug. difficuldade ; ital. difficultà ; du latin difficultatem, de difficilis (voy. difficile et faculté).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDIFFICULTÉ. Ajoutez :7° Terme de turf. Être en difficulté, se dit d'un cheval qui a de la peine à garder son avance.• Au dernier tournant, Gladius était en difficulté pour conserver son rang à côté de Bivouac, qui prenait le dessus dans la ligne droite et gagnait de deux longueurs, Journ. offic. 14 mai 1872, p. 3235, 3e col..Difficulté se dit avec de et un verbe à l'infinitif : La difficulté de pénétrer en cette contrée.• Je sentirais bientôt les difficultés de concilier tout cela, J. J. ROUSS. Lettre au Prince de Wirtemberg, 10 nov. 1763.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.