- conserver
- (kon-sèr-vé) v. a.1° Préserver de la destruction.• Vauban étant le maître et n'étant point pressé, il conservera les hommes encore plus qu'il n'a accoutumé de le faire ; et vous savez combien il est admirable dans le soin continuel qu'il en prend, SÉV. 471.• Et par où l'un périt un autre est conservé, CORN. Cinna, II, 1.• Ceux qui de leur sang m'ont acheté l'empire, Et qui m'ont conservé le jour que je respire, CORN. ib. V, 1.• Craignez.... Que dans votre sein ce serpent élevé Ne vous punisse un jour de l'avoir conservé, RAC. Andr. I, 2.2° Maintenir en état. Conserver des fruits. Conserver des habits.3° Ne pas perdre. L'histoire conserve la mémoire des grands hommes. Il n'a conservé aucun de ses enfants.• Empêchez-les, mes pères, de voir mes lettres, puisque c'est le seul moyen qui vous reste pour conserver encore quelque temps votre crédit, PASC. Prov. 13.• Prodigue, dépensier, il ne conserve rien, RÉGNIER Sat..• V.... Ô siècles, ô mémoire, Conservez à jamais ma dernière victoire, CORN. Cinna, V, 3.• Ce reste malheureux [de vie] serait trop acheté, S'il le faut conserver par une lâcheté, RAC. Baj. II, 3.• Par là ils conservent tous leurs amis, et se défendent contre tous leurs ennemis, PASC. Prov. 5.• Afin de conserver tout ensemble deux choses aussi opposées en apparence que la piété et l'honneur [le point d'honneur], PASC. ib. 7.• L'ancienne philosophie n'a pas toujours eu tort : elle a soutenu que tout ce qui était dans l'esprit avait passé par les sens ; et nous n'aurions pas mal fait d'avoir conservé cela d'elle, FONTEN. Fragm. Connaiss. de l'esprit humain..• Il n'y a rien que les hommes aiment mieux à conserver et qu'ils ménagent moins que leur propre vie, LA BRUY. XI.Familièrement, conserver toute sa tête, posséder ses facultés soit dans un âge avancé, soit dans une maladie qui les trouble d'ordinaire.Fig. Conservez-moi votre amitié. Je conserverai toujours la mémoire de ce bienfait.Absolument. Ce n'est pas le tout que d'acquérir, il faut savoir conserver.4° En parlant des choses, avoir la propriété de préserver. Cette pommade conserve le teint. Ces lunettes conservent la vue. Une vie réglée conserve la santé.5° Ne pas se défaire de. Il a conservé ses anciens domestiques. à la paix on ne conserva que tant de régiments. Je conserve cela pour vous.• C'est un rare trésor qu'elle devrait garder En conservant chez soi sa chère nourriture [son cher élève] Ou pour le consulat ou pour la dictature, CORN. Nicom. II, 3.6° Terme de marine. Conserver un vaisseau, naviguer de manière à ne pas le perdre de vue.Conserver l'avantage du vent, lutter de manoeuvre avec un bâtiment qui veut s'élever au vent.7° V. n. Terme de trictrac. Jouer son coup sans dégarnir aucune des cases qui forment le plein.8° Se conserver, v. réfl. Demeurer en bon état. Les fruits ne se conservent pas cette année.Se conserver, garder sa beauté, ses forces. Cette femme se conserve bien. Cet homme vieillit bien vite, il ne se conserve pas.Continuer d'être tel ou tel. Se conserver pur au milieu de la corruption générale.Se maintenir, durer. Cet usage s'est toujours conservé.• Si Périandre voulait se conserver dans la tyrannie, FÉN. Pittacus..• Comme l'Église d'Espagne s'était conservée sous les Ariens, les Mahométans ne purent l'abattre, BOSSUET Hist. I, 11.Être gardé dans la mémoire.• Et si mon nom encor s'est conservé chez eux, Dis-leur ce que tu vois, et de toute ma gloire, Phédime, conte-leur la malheureuse histoire, RAC. Mithr. V, 2.Ne pas exposer sa vie, ne pas compromettre sa santé. Un père doit se conserver pour ses enfants.• En nous formant, nature a ses caprices : Les uns à s'exposer trouvent mille délices ; Moi, j'en trouve à me conserver, MOL. Amph. II, 1.Se bien conduire en un temps difficile, se ménager avec sagesse entre plusieurs partis, entre plusieurs personnes ennemies.• On a bien de la peine à se conserver entre deux partis si animés l'un contre l'autre, Académie.• Il savait se conserver dans la créance de tous les partis, BOSSUET le Tellier..IXe s.• Si Lodhwigs sagrament, quae son fraire Karlo jurat, conservat, Serment.XVIe s.• Ce bruvage ne se conserve que deux ou trois jours, MONT. I, 237.• Les gentils-hommes portent à leur costé les espées ceintes, pour conserver leurs propres personnes de tous outrages, LANOUE 202.• Ils eurent pareil dessein d'aller vivre chacun sur le païs de son ennemi, pour conserver le sien des ravages extremes que font les armées, LANOUE 648.• En conservant la Normandie des Anglois, elle estoit doublement travaillée par les reistres et lanskenets, CASTELNAU 111.Bourguig. consarvai ; provenç. et espagn. conservar ; ital. conservare ; du latin conservare, de cum, et servare, sauver.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.