calembour

calembour
(ka-lan-bour ; au pluriel : des kalan-bour insipides ; d'autres lient l's : des ka-lanbour-z insipides) s. m.
Jeu de mots fondé sur des mots se ressemblant par le son, différant par le sens, comme quand M. de Bièvre disait que le temps était bon à mettre en cage, c'est-à-dire serein (serin).
   Il n'est sorte de calembours et de mauvaises plaisanteries qu'on n'ait faits là-dessus, P. L. COUR. Lettr. I, 142.
   D'après Chasles (Études sur l'Allemagne, 1854), l'origine de ce mot est le nom de l'abbé de Calemberg, personnage plaisant de contes allemands ; comparez espiègle pour une dérivation semblable. Au XVIe siècle, les calembours se nommaient équivoques (voy. DES ACCORDS, Bigarr. équivoques françois).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
   CALEMBOUR. Ajoutez : - REM. Une note que nous communique M. Félix Bovet, a le mérite de fixer à peu près l'époque où le mot s'est introduit, il y a tout juste un siècle : Vous ne savez peut-être pas ce que c'est que des calembours, espèce de jeux de mots, sans mérite, selon moi, et que l'on se permet pourtant très fréquemment dans nos sociétés ; le marquis de Bièvre est surtout fameux pour sa facilité prodigieuse en ce genre, Lettre du 18 février 1775, dans Correspond. secrète, polit. et litt. ou Mémoires pour servir à l'histoire des cours, des sociétés de la littérature en France depuis la mort de Louis XIV, t. I, p. 200.
   Ajoutez : M. Sardou rattache ce mot au bois de calambour ; voici comment : il a trouvé dans des papiers provenant de Favart un manuscrit de Fuzelier contenant les Montgenettes, recueil de chansons composées à Montgent par de bons vivants de la société d'autrefois. On improvisait, sauf l'abbé Chérier, censeur royal, qui restait court au milieu de ces improvisateurs intrépides. Un jour l'abbé accourt, criant qu'il venait d'enfanter une jolie chanson, et il chanta d'abord sur l'air, Plaignons le malheur de Lulli, etc.... Pleurons tous en ce jour.... Après ce beau vers, sa muse, fatiguée de cet effort spirituel, fit une pause prudente et nécessaire. La compagnie, charmée d'un si heureux début, le presse d'achever. Le poëte léger recommença : Pleurons tous en ce jour.... et s'arrêta là une seconde fois.... On le conjura de continuer un ouvrage qui promettait tant. Enfin, après avoir invoqué Apollon et remonté sa lyre, il entonna pour la troisième fois avec une emphase digne du sujet : Pleurons tous en ce jour... Du bois de calambour.... Son Pégase essoufflé ne peut faire un pas de plus, il s'arrête court. - Ce poëme ébauché risquait d'avoir le sort de l'Énéide et de n'être pas achevé, si Mareuil, osant suivre ce nouveau Virgile, n'avait pas sur-le-champ terminé cette importante affaire comme il suit : Pleurons tous en ce jour Du bois de calambour.... Crioit d'une voix emphatique Un abbé qui n'est pas éthique ; Aussitôt en choeur on lui dit : Il a mal à l'esprit. Et, après avoir reproduit ces vers de fermier général, Fuzelier ajoute : " Ce mot de calambour fut tant répété ce jour-là et depuis par la société de Montgent, pour signifier comiquement et allégoriquement fadaise, baliverne, pauvreté, qu'il a fait fortune et est devenu proverbe. " Mareuil d'ailleurs fit incontinent la chanson suivante : Sur l'air : Tout cela m'est indifférent : Pour ne jamais demeurer court, Prenez gaule de calambour ; Touchez avec cette baguette Le stupide ou l'homme d'esprit, Vous verrez que d'une sornette Ainsi que d'un bon mot il rit. M. Sardou conclut de là que, franchissant les limites de Montgent, et propagée au dehors par les gens de tout rang auxquels Fuzelier fait allusion, la locution nouvelle s'est insensiblement transformée sur la route ; et que, s'écartant de plus en plus de sa signification première, elle en est venue tout doucement à ne plus désigner seulement une sottise, mais aussi, et par la ressemblance des deux mots, une calembredaine, puis le coq-à-l'âne, l'équivoque, et enfin le jeu de mots tout spécial qu'elle caractérise aujourd'hui, et qui, depuis longtemps, attendait une expression qui lui fût propre. - De telle sorte qu'ayant enfin vers 1760 son droit de bourgeoisie, le calembour n'attendait plus que M. de Bièvre pour obtenir de lui ses titres de noblesse (le Temps, 2 fév. 1875). D'un autre côté, M. Darmesteter, Formation des mots composés en français, p. 114, pense que calembourdaine, autre forme de calembredaine, donne l'étymologie de calembour, qui se trouve être ainsi la forme masculine de calembredaine (calembour, aux environs de Châteaudun, se dit au sens de calembredaine). Cette conjecture a l'avantage de rattacher calembour à un mot déjà connu. Toutefois nous inclinons à croire que c'est M. Chasles qui a raison, et que Calemberg est bien l'origine de ce mot. On a objecté que, pour l'autoriser, il faudrait que ce personnage de contes allemands eût été connu en France ; ce dont on n'a pas de trace. Or des traces de ce genre existent. En effet on trouve, dans un auteur du XVIe siècle, mention de Calemberg à côté d'Eulenspiegel :
   Un filz qui n'estoit si habille que un Ulyspiegel ou un curé de Kallenberg, BONIVARD de Noblesse, p. 252.
Ce document est important dans les discussions que calembour soulève.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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