- broder
- (bro-dé) v. a.1° Faire avec l'aiguille, sur une étoffe, des dessins, des ouvrages en relief. Broder un chiffre, une fleur. Broder de soie, d'or. Broder au crochet, au tambour.Absolument. Elle s'use la vue à broder.Fig.• La fleur capucine brode de ses chiffres de pourpre les murs sacrés, CHATEAUBR. Génie, III, V, 2.2° Écrire d'une écriture perlée et parfaitement formée, de manière à flatter l'oeil.3° Fig. et familièrement, amplifier, embellir un récit. Broder une histoire, un conte.• Cette princesse vous écrit de sa belle écriture, elle m'a montré la belle morale qu'elle vous a brodée, SÉV. 443.• Qu'un autre.... Brode encor des fables antiques, Je veux de neuves vérités, VOLT. Ép. 47.• Ne se permettre aucune fiction, ne broder aucune circonstance, J. J. ROUSS. Prom. 4.Absolument. Il brode à merveille, il sait embellir ses récits. Broder sur un texte, amplifier un récit, une nouvelle.• Même on dit que l'hymen d'elle et de son amant, De cette intrigue enfin fut l'heureux dénoûment. - Ah ! vous brodez, monsieur, ANDRIEUX les Étourdis, II, 12.Wallon, brosder ; provenç. broydar ; catal. brodar ; espagn. bordar ; bas-latin, brusdus, brustus, brosdus, brodé, dans de très anciens textes. On a rapporté broder à bord, parce que la broderie est une bordure. Mais il y a dans le celtique : bas-breton, broud, aiguillon, brouda, aiguillonner, piquer, broder ; kymri, brodio ; anglais, broider ; ce qui donne une étymologie suffisante pour la forme et pour le sens. Le wallon brosder, le bas-latin brustus, brosdus, ont un autre radical, mal déterminé, qui est peut-être, d'après Diez, le gothique bruzdôn, piquer.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.