- étrenner
- (é-trè-né) v. a.1° Donner des étrennes à quelqu'un. Il a étrenné d'une poupée cette petite fille.Fig.• Autrefois l'amour vainqueur Dans mon coeur Aujourd'hui t'eût étrennée, Mais il est mort l'autre année De douleur, CHAULIEU à Mme D. Étrennes..• La nature en vous faisant naître Vous étrenna de ses plus doux attraits, VOLT. Ép. I.2° Par extension, faire usage d'une chose pour la première fois. Étrenner une robe. Cela n'a pas encore servi, vous l'étrennerez.• Enguerrand de Marigny, qui les fit bâtir [les fourches patibulaires], les étrenna, SAINT-FOIX Ess. Paris, Oeuvres, t. IV, p. 61, dans POUGENS.3° Être le premier qui achète à un marchand. Étrennez-moi, je n'ai encore rien vendu aujourd'hui. Bénie soit la main qui m'étrenne, formule dont beaucoup de marchands ambulants se servent au premier argent qu'ils reçoivent dans la journée.4° V. n. Faire une première vente, en parlant des marchands. Je n'ai pas encore étrenné d'aujourd'hui.• Apollon avec sa lyre S'en alla sans étrenner pas, BOURSAULT Ésope à la cour, I, 5.Fig.• Ne craignez rien, cette canaille ne fera pas fortune ; le dogme qu'ils prêchent et la morale qu'ils enseignent sont trop absurdes pour étrenner, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 2 mars 1764.XIIe s.• Bapteiez fu li vasletons [l'enfant] ; Aveirs trop beaus e riches dons Li a sis parreins presentez ; De lui fu primes estrenez, BENOIT II, 10769.XIIIe s.• L'aloete cante d'amor, Si estrine l'aube del jor, Partonopeus, v. 21.• Et maintenant ce chapelet, S'il vous plest, [à] Bel acueil portés, Et de par li le confortés, Et l'estrenés d'ung biau salu, la Rose, 12647.XVe s.• Elle luy pria qu'il l'estrenast le jour des estraines, Arresta amorum, p. 204, dans LACURNE.XVIe s.• Mais de communiquer son honneur, et d'estrener aultruy de sa gloire, il ne se veoid gueres, MONT. I, 321.• À vous qui avez tout, je ne sçaurois donner Présent, tant soit-il grand, qui vous puisse estrener, RONS. 668.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.