- écueil
- (é-keull, ll mouillées, et non é-keuye) s. m.1° Rocher et, par extension, banc de sable, de roches, de coquillage, de corail, qui, élevé à la surface ou près de la surface des eaux, présente aux navires qui passent le danger de s'y échouer ou même d'y périr, JAL. Donner sur un écueil. Ce port est fermé par des écueils. Relever un écueil, prendre note de sa situation.• Le coeur ingrat de ce héros Braverait l'effort de mes larmes Comme un superbe écueil brave celui des flots, TRISTAN M. de Chrispe, II, 1.• Sûr que tous les siens seront ralliés par sa victoire, par l'appât de ce riche butin, par l'étonnant spectacle de Moscou prisonnière, et par lui surtout, dont la gloire, du haut de ce grand débris, attirait encore comme un fanal sur un écueil, SÉGUR Hist. de Napol. VIII, 9.2° Fig. Il se dit de tout ce qui est dangereux pour la vertu, l'honneur, la fortune, etc.• Combien à cet écueil se sont déjà brisés ?, CORN. Cinna, I, 2.• Et voir leur fier amas de puissance et de gloire, Brisé contre l'écueil d'une seule victoire, CORN. Sertor. II, 1.• La haine et la flatterie sont des écueils où la vérité fait naufrage, LA ROCHEFOUCAULD Mém. dans RICHELET.• Voilà des écueils à ma constance, et ces écueils se rencontrent souvent, SÉV. 19.• Cet écueil qu'on trouve sur la fin de sa vie, SÉV. 236.• Ce tombeau fatal, écueil des grandeurs humaines, FLÉCH. le Tellier..• Des écueils de la cour ils sauvent sa vertu, BOILEAU Sat. v..• ....Va pâlir sur la Bible, Va marquer les écueils de cette mer terrible, BOILEAU Sat. VIII.• La fausse gloire est l'écueil de la vanité, LA BRUY. XI.• Tes yeux, sur ma conduite incessamment ouverts, M'ont sauvé jusqu'ici de mille écueils couverts, RAC. Brit. I, 4.• Rhodes, des Ottomans ce redoutable écueil, RAC. Baj. II, 1.• La foi qui paraît l'écueil de la raison, MASS. Car. Vér. de la relig..• Tout deviendra tentation ou écueil à votre faiblesse, MASS. ib. Voc..• Ainsi que saint Augustin, saint Jérôme trouva son écueil dans les voluptés du monde, CHATEAUB. Génie, III, IV, 2.XIVe s.• Nature apprend au doigt à l'oeil, à se tirer de cest escueil, Traité d'alch. 390.Provenç. escuelh, escueyll ; anc. catal. escoll ; espagn. escollo ; portug. escolho ; ital. scoglio ; du latin scopulus. Il y a dans l'ancien français un autre escueil, qui signifie action de rassembler, accueil, élan, et qui vient d'ex-colligere.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.