vanité

vanité
(va-ni-té) s. f.
   Caractère de ce qui est vain, vide, sans solidité, sans durée.
   Tous les hommes qui n'ont pas la connaissance de Dieu ne sont que vanité, SACI Bible, Sagesse, XIII, 1.
   Qu'une chose aussi visible qu'est la vanité du monde soit si peu connue...., PASC. Pens. VI, 59, édit. HAVET..
   Le sentiment de la fausseté des plaisirs présents, et l'ignorance de la vanité des plaisirs absents causent l'inconstance, PASC. ib. VI, 45.
   Vanité des vanités, et tout est vanité.... j'ai pris sans étude et sans choix les premières paroles que me présente l'Ecclésiaste, où, quoique la vanité ait été si souvent nommée, elle ne l'est pas encore assez à mon gré pour le dessein que je me propose, BOSSUET Duch. d'Orl..
   Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées !, BOSSUET ib..
   Si M. de Turenne n'avait su que combattre et vaincre ; s'il ne s'était élevé au-dessus des vertus humaines.... je laisserais à la vanité le soin d'honorer la vanité, FLÉCH. Tur..
   Vanité des vanités ! mais tout n'est pas vanité ; ma tendre reconnaissance pour mes amis, et surtout pour vous, madame, n'est pas vanité, VOLT. Lett. Mme Necker, 21 juin 1770.
   Je me félicite, sire, de penser comme Votre Majesté sur la vanité et la futilité de la métaphysique, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 17 sept. 1764.
   Un roi, je dirai plus, un sage Écrit que tout est vanité, Tout, y compris la majesté, Même l'amour, et c'est dommage, M. J. CHÉNIER la Retraite..
   De toutes les couronnes que j'avais rêvées, l'amour d'une grande dame était celle qui flattait le plus ma vanité, REYBAUD Jér. Patur. II, 16.
   Au plur.
   Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre ; C'est Dieu qui nous fait vivre, C'est Dieu qu'il faut aimer, MALH. I, 3.
   La princesse palatine se montre au monde cette fois, mais c'est pour lui déclarer qu'elle avait renoncé à ses vanités, BOSSUET Anne de Gonz..
   Il ne s'apaise et il ne revient de ce grand fracas, que pour bredouiller des vanités et des sottises, LA BRUY. V.
   Désir d'approbation qui se manifeste au dehors, désir de produire de l'effet.
   La vertu n'irait pas si loin, si la vanité ne lui tenait compagnie, LA ROCHEFOUC. Max. 200.
   Si la vanité ne renverse pas entièrement les vertus, du moins elle les ébranle toutes, LA ROCHEFOUC. ib. 388.
   La vanité nous fait faire plus de choses contre notre goût que la raison, LA ROCHEFOUC. ib. 467.
   Curiosité n'est que vanité ; le plus souvent on ne veut savoir que pour en parler, PASC. Pens. II, 6.
   Un dénombrement exact de tous les ornements de la vanité, BOSSUET la Valliere..
   Quoique Dieu et la nature aient fait tous les hommes égaux, en les formant de même boue, la vanité humaine ne peut souffrir cette égalité, ni s'accommoder à la loi qui nous a été imposée de les regarder tous comme nos semblables, BOSSUET Gornay..
   On ne voit point mieux le ridicule de la vanité, et combien elle est un vice honteux, qu'en ce qu'elle n'ose se montrer, et qu'elle se cache souvent sous les apparences de son contraire, LA BRUY. XI.
   Que faut-il donc penser de la vanité ? à un certain point, c'est vice ; un peu en deçà, c'est vertu, FONTEN. Dial. I, Morts mod..
   La vanité qui se montre n'est ni la plus habile, ni la plus à craindre, MASS. Or. fun. Villars..
   L'orgueil d'un Espagnol le portera à ne pas travailler ; la vanité d'un Français le portera à savoir travailler mieux que les autres, MONTESQ. Esp. XIX, 9.
   Il y a bien des sortes de vanité ; mais la plus belle est celle qui, ne s'arrogeant aucun titre, rend presque tous les autres ridicules, VOLT. Dict. phil. Quakers..
   La vanité, exigeant tout et n'accordant rien, est toujours inique, au lieu que l'amour, donnant autant qu'il exige, est par lui-même un sentiment rempli d'équité, J. J. ROUSS. Ém. v..
   La vanité est la mère des ridicules, comme l'oisiveté est la mère des vices, MARMONTEL Oeuv. t. IX, p. 352.
   Au plur.
   Mes vanités jusque-là ne se montent, CORN. Suiv. III, 6.
   Que le souvenir de sa modestie et de son humilité [de J. C.]... vous guérisse de vos vanités, de vos projets, de vos prétentions frivoles, MASS. Avent, Disp. à la comm..
   Combien de petites vanités intérieures devaient m'amuser et me distraire du souci que j'aurais pu prendre !, MARIV. Marianne, 4e part..
   Les folles vanités, l'orgueil ambitieux, VOLT. Scythes, II, 2.
   Faire vanité, tirer vanité, prendre vanité d'une chose, s'en glorifier.
   Peu, même des grands coeurs, tireraient vanité D'aller par ce chemin à l'immortalité, CORN. Hor. II, 3.
   Quelque favorable accueil que Sa Majesté ait daigné faire à cet ouvrage, je n'en dois pas faire grande vanité, puisque je n'en suis que le traducteur, CORN. Poëme sur les vict. du roi, Au lecteur..
   La solide vertu dont je fais vanité, CORN. Hor. II, 3.
   On fait souvent vanité des passions, même les plus criminelles, LA ROCHEFOUC. Réflex. 27.
   Ce style figuré dont on fait vanité, MOL. Mis. I, 2.
   Il est certain que cette affaire-là était épineuse, et que, si la personne en sort, il y a sujet d'en prendre quelque vanité, PASC. Lett à Mlle de Roannez, 7.
   Quand il ferme la bouche à un libertin qui fait vanité du vice, BOSSUET Panég. Ste Catherine, 3.
   Si, avant que de tirer vanité d'une chose, ils voulaient s'assurer bien qu'elle leur appartînt, il n'y aurait guère de vanité dans le monde, FONTEN. Dial. 2, Morts mod..
   Gilbert : Vous êtes philosophe ? - Psaphon : Oui, j'en fais vanité, Et mes écrits moraux prouvent ma probité, GILB. Apologie..
   Sans vanité, sans vouloir me vanter, locution dont on se sert quand, disant de soi quelque chose d'avantageux, on veut le faire passer.
   Je puis dire sans vanité, que, dans tout Paris, il n'y a point de cocher qui prenne tant de soin de ses chevaux que moi, HAUTEROCHE le Coch. 3.
   Pour le petit marquis.... C'est moi-même, messieurs, sans nulle vanité, MOL. Mis. v, 4.
   Pour le coeur, dont surtout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n'en manque pas, MOL. ib. III, 1.
   Acte de vanité.
   Ceux que l'opinion fait plaire aux vanités Font dessus leurs tombeaux graver des qualités Dont à peine un dieu serait digne, MALH. V, 8.
   Mettre des bornes à son jeu, à ses dissipations, à ses vanités, à son attachement au monde, BOURDAL. 2e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 73.
   Qu'on me permette ici une vanité sur mon ouvrage, LA BRUY. Préf. Disc. de récept..
   Cette cour [de Rome] où tout se passe en cérémonie, était le tribunal où se jugeaient ces vanités de la grandeur [les préséances], VOLT. Louis XIV, 7.
   Au plur. Des personnes vaines. Facilités offertes à certaines vanités pour arriver à la conquête de titres.... Journ. offic. 24 fév. 1872, p. 1316, 2e col.
PROVERBE Une once de vanité gâte un quintal de mérite.
   XIIe s.
   Pur quei amez vus vanitet e querez menceunge ?, Liber psalm. p. 3.
   Il esperat en la multitudine de ses richeises, e miez valut en sa vanitet, ib. p. 69.
   Laissez de cest siecle les vanitez, Rois, p. 41.
   XIIIe s.
   Vanitez est là où veritez ne converse, Psautier, f° 10.
   Jonesce qui tout a gité [jeté] Son preterit en vanité, la Rose, 4550.
   XVe s.
   Et des deliz de chacier ensement, Et de voler [chasser au vol] et de tournoiement, Vanitez sunt, croy donc certainement ; Car tout desplait fors estude et science, E. DESCH. Plais. de l'étude..
   XVIe s.
   S'arrester aux vanitez de la divination, MONT. I, 47.
   Puisque je n'ai rien profité par mes raisonnemens de ce soir sur la vanité des esmeutes populaires, D'AUB. Hist. I, 132.
   Prov. vanitat, vanetat ; esp. vanidad ; ital. vanità ; du lat. vanitatem, de vanus, vain.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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