- travestir
- (tra-vè-stir) v. a.1° Faire prendre des habits qui n'appartiennent pas soit au sexe, soit à la condition. On a travesti des soldats en paysans pour surprendre la place.2° Fig. Changer un ouvrage sérieux en ouvrage burlesque. Scarron a travesti Virgile.• Il [Marivaux] était digne de se faire connaître d'une manière plus avantageuse qu'en travestissant des productions immortelles, et Marianne a fait oublier le Télémaque et l'Homère travestis, D'ALEMB. Élog. Mariv. note 3.3° Donner à une chose un caractère mauvais qu'elle n'a pas.• Ses invectives [de Killegrew contre Mme de Shrewsbury] l'attaquèrent depuis la tête jusqu'aux pieds ; il fit une peinture affreuse de sa conduite, et travestit en défaut les charmes qu'il venait de célébrer, HAMILT. Gram. 11.• Ils ont travesti ses défauts en vices, ses fautes en crimes, les faiblesses de sa jeunesse en noirceurs de son âge mûr, J. J. ROUSS. 2e dial..• Cette religion qu'ils travestissaient en la prêchant, D'ALEMB. Oeuv. t. v, p. 51.Travestir la pensée de quelqu'un, lui donner une fausse interprétation.4° Se travestir, v. réfl. Prendre un vêtement qui ne convient pas au sexe, à la condition.• Actuellement la maîtresse et la servante se travestissent, MARIV. Jeux de l'am. et du has. I, 4.Fig. Changer sa manière ordinaire, déguiser son caractère. Il se travestit aisément.• Il n'y a dans votre coeur qu'un seul homme toujours souple et dépravé, qui se travestit en cent façons pour faire toujours également le mal, FÉN. Dial. des morts anc. (Socrate, Alcib. et Timon)..XVIe s.• Et qu'il eut à luy envoyer un sien fidele transvesty, M. DUBELL. 525.• Plusieurs soldats transvestiz en païsans, M. DUBELL. ib..• Ce sont delices aux princes, c'est leur feste, de se pouvoir quelquefois travestir et desmettre à la façon de vivre basse et populaire, MONT. I, 331.Tra ou trans, marquant changement, et vestir ou vêtir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.