- tare
- tare 1.(ta-r') s. f.1° Déchet dans une marchandise ; diminution soit dans la quantité, soit dans la qualité. Cette marchandise a subi beaucoup de tare.Nombre de grammes que, sur un poids quelconque de marchandises, on compte de moins au profit de l'acheteur, en raison de la tare.• L'incertitude de la vérité des balances et de la fidélité des poids a fait naître l'embarras de la tare et la nécessité des déductions, BUFF. Ess. arith. mor. Oeuv. t. x, p. 192.Tare d'espèces, rabais que l'on supporte dans le compte de l'argent, lorsqu'on change un billet ou une monnaie, et qui est le droit du changeur.Tare de caisse, perte qui se trouve sur les sacs d'argent, soit à cause des fausses espèces, soit à cause des mécomptes, en payant ou en recevant.2° Fig. Vice, défaut. Ce bois est bon, il n'y a pas de tare.• ....ressembler à ces fontaines Dont les conduites souterraines Passent par un plomb si gâté, Que, toujours ayant quelque tare, Au même temps qu'on les répare, L'eau s'enfuit d'un autre côté ?, MALH. III, 3.• Comme il n'y a point de si beau corail qui n'ait sa tare, de si parfait diamant qui n'ait sa paille, LA MOTHE LE VAYER Dial. d'Orat. Tubero, t. II, p. 142.3° Terme de maquignon. Dans le cheval, c'est une défectuosité, d'une origine quelconque, maladive ou non, qui a son siége à la peau ou dans les parties sous-jacentes, et qui diminue plus ou moins la valeur du cheval.4° Fig. Tache, sujet de blâme.• Ils en ôtent l'éclat et laissent une tare Au plus riche ornement dont la terre se pare, VOIT. Poés. Oeuv. t. II, p. 78.• Daguesseau et sa femme étaient soupçonnés de jansénisme ; avec cette tare, c'était merveille comme ses vertus et ses talents l'avaient porté où il était arrivé, SAINT-SIMON 69, 134.• Il est surprenant que, malgré cette tare [son livre à l'index], il [le père Tellier] ait été confesseur du roi, SAINT-SIMON 217, 177.• Soit esprit de retour, soit désir de se nettoyer d'une fâcheuse tare, il [Biron] désira des lettres d'abolition, SAINT-SIMON 450, 53.C'est un homme sans tare, qui n'a ni tare, ni défaut (locution qui a vieilli), c'est un homme irréprochable.5° Poids des barils, pots, enveloppes, etc. dont on s'assure d'abord, pour connaître le poids net des marchandises que l'on y mettra. On déduira la tare, et l'on ne tiendra compte que du poids net.6° Répondre tare pour barre, dire un mot pour l'autre, répondre de travers. Il voulut s'essayer au latin, et il répondit tare pour barre.XVe s.• Anglois fort à congnoistre sont ; En eulx ne se fault rigoller, N'en leur maintien n'en leur parler ; Frappent et tuent sans dire gare ; Ne fyer ne vous y vueillez, Que il y aroit beaucoup tare, Mistere d'Orleans, p. 468.XVIe s.• Numa considerant que la tare de l'inegalité [entre le cours du soleil et celui de la lune] est de unze jours, pour ce que les douze revolutions de la lune se font en 354 jours, et celle du soleil en 365...., AMYOT Numa, 31.• La curiosité est un desir de sçavoir les tares et imperfections d'autrui, AMYOT De la curiosité, 2.• Il y avoit quarante mil escus pour la tare de l'or, outre lesdits douze cens mille escus [les écus ayant été pris au poids et au titre, non au cours, ces 40,000 écus représentaient la différence], M. DU BELL. 161.• Il fera passer ces allées à travers de ses forets, si faire se peut, sans grande tare [dommage], O. DE SERRES 16.• Quand j'imagine l'homme tout nud.... ses tares, sa subjection naturelle et ses imperfections, MONT. II, 203.• Enfance, jeunesse, virilité, vieillesse, chacune a ses propres et particulieres tares, CHARRON Sagesse, I, 36.• Il n'est cheval qui n'ait sa tare, COTGRAVE .Provenç. espagn. et ital. tara ; anc. esp. atara ; bas-lat. tara, poids ; de l'arabe tarha, ou, avec l'article, at-tarha, déchet, tare.————————tare 2.(ta-r') s. f.Terme de blason. Se disait autrefois des grilles qui couvraient la visière du casque.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.