- surprise
- (sur-pri-z') s. f.1° Action par laquelle on prend ou l'on est pris à l'improviste.• Ah ! que je crains vos nuits, et la surprise de l'air de Grignan !, SÉV. 1er nov. 1688.• Nous devrions être assez convaincus de notre néant ; mais, s'il faut des coups de surprise à nos coeurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci [la mor de Madame] est assez grand et assez terrible, BOSSUET Duch. d'Orléans..• J'ai vu des gens vouloir, par des surprises, accoutumer les enfants à ne s'effrayer de rien la nuit ; cette méthode est très mauvaise, J. J. ROUSS. Ém. II.• Cette éternelle surprise de l'amour, sujet unique des comédies de Marivaux, est la principale critique qu'il ait essuyée sur le fond de ses pièces, D'ALEMB. Élog. Mariv..2° Action par laquelle on attaque à l'improviste.• Pendant que le duc d'Enghien s'avance pour recevoir la parole des vaincus, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque, BOSSUET Louis de Bourbon..• Comme il avait ordre de ménager les troupes, et que d'ailleurs il craignait les surprises, FLÉCH. Hist. de Théodose, III, 63.• Quand les descendants d'Hercule revinrent au Péloponnèse, Cresphonte obtint par surprise le trône de Messénie, BARTHÉL. Anach. ch. 41.3° Action inattendue par laquelle on induit ou est induit en erreur ou en faute.• Une femme d'honneur peut avouer sans honte Ces surprises des sens que la raison surmonte, CORN. Poly. I, 3.• Vous voyez, mon père, que le degré éminent où sont les papes ne les exempte pas de surprise, PASC. Prov. XVIII.• Étonné d'un tel discours, selon lequel tous les péchés de surprise ne pourraient être imputés, PASC. ib. IV.• Le pontife parlait ensuite des fautes que les rois pouvaient commettre ; mais il supposait toujours qu'ils n'y tombaient que par surprise ou par ignorance, BOSSUET Hist. III, 3.• On s'éclaire les uns les autres [dans une discussion] ; et celui dont l'espérance est dans la surprise veut avoir le moins de témoins qu'il peut, BOSSUET Rem. Réponse, VIII, 7, 26.• Il dit.... que les meilleurs rois étaient malheureux en ce qu'ils faisaient souvent, par la surprise des flatteurs, les maux qu'ils ne voulaient pas, FÉN. Tél. VI.• C'est.... le plus grand service qu'on puisse rendre aux princes, de leur faire voir la surprise qu'eux et leurs ministres souffrent, quoique bien intentionnés..., BOISGUILLEB. Disc. sur la nat. des rich. III.• Il est encore plus glorieux d'avouer sa surprise que de n'avoir pas été surpris, MASS. Pet. carême, Écueils..4° Sentiment qu'on éprouve en face de l'inattendu, étonnement, trouble.• Mais, seigneur, d'où vient cette surprise ?, CORN. Sertor. IV, 1.• Ce changement est grand, ma surprise est extrême, RAC. Bérén. III, 2.• Cette lettre me jeta dans une étrange surprise, FÉN. Tél. XIII.• Ce qui fait les grandes beautés, c'est lorsqu'une chose est telle que la surprise est d'abord médiocre, qu'elle se soutient, augmente et nous mène ensuite à l'admiration, MONTESQ. Goût, Progression de la surprise.• La surprise est toujours le premier mouvement des sots, COMTE DE CAYLUS (GROSLEY), Oeuvr. t. IX, p. 262, dans POUGENS.• Comme les plaisirs de l'esprit ne sont que des plaisirs de surprises, BARTHÉL. Anach. ch. 58.• [Le décorateur] De surprise en surprise et l'amuse et l'entraîne, D'une scène qui fuit fait naître une autre scène, DELILLE Jard. IV.Petite botte renfermant un ressort qui se détend lorsqu'on lève le couvercle et qui présente un objet inattendu.On dit aussi boîte à surprise.5° Cadeau, plaisir inattendu que l'on fait à quelqu'un. Il a fait à sa femme une surprise pour le jour de sa fête.6° Pièce qui sert à assurer l'effet de la sonnerie dans une horloge.XIVe s.• Sans paier à nous ne à nos successeurs seigneurs de Joinville tailles, prises, surprises, courvées...., DU CANGE surprisia..XVIe s.• Et après le soupper, qui fust fort excellent pour une surprise, M. de Vieilleville se retira au logis, CARL. VIII, 31.• Surprise [action de surprendre], AMYOT Cam. 47.Surpris.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.