- soulager
- (sou-la-jé. Le g prend un e devant a et o : soulageant, soulageons) v. a.1° Débarrasser de quelque partie d'un fardeau. Il fatigue trop, allez le soulager.• Celui-ci [mulet], glorieux d'une charge si belle, N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé, LA FONT. Fabl. I, 4.Fig.• âme de mes conseils et qui seul tant de fois Du sceptre dans ma main as soulagé le poids, RAC. Esth. II, 5.Soulager un plancher, une poutre, diminuer la charge qu'ils portent.En termes d'art, soulager la main, la rendre plus légère.• L'on doit conduire son burin suivant les hauteurs et cavités des plis, élargissant les tailles sur les jours, les resserrant dans les ombres ....soulageant sa main, de sorte que les contours soient formés et conclus sans être tranchés ni durs, FLORENTIN LE COMTE Cabinet des singularités, t. I, p. 124.2° Terme de marine. Soulager un navire dans une tempête, jeter à la mer une partie de sa plus grosse charge.Changer de direction ou d'orientation pour diminuer l'effort du vent sur un navire, un mât, une voile. Soulager une voile.3° Fig. Alléger le travail, la peine, le mal.• Lorsqu'un médecin vous parle d'aider, de secourir, de soulager la nature, MOL. Mal. imag III, 3.• Elle [Mme de Grignan] m'assure qu'elle me soulagera bientôt de vous écrire, et qu'elle vous remerciera elle-même, SÉV. à Guitaut, 13 juin 1679.• Sénèque, dont les soins me devraient soulager, RAC. Brit. III, 2.• Ne faites que ce que nul autre ne peut faire pour vous soulager ; vous ferez alors les véritables fonctions de roi, FÉN. Tél. XXIII.• Ambroise : Mais.... pour vous soulager, madame Évrard. - Mme Évrard : Qui, moi ? oh ! je n'ai pas du tout besoin qu'on me soulage, COL. D'HARLEV Vieux célib. III, 5.4° Diminuer un nombre, une quantité qui embarrasse.• Et la terrible loi de la nécessité D'un peuple trop nombreux soulage leur cité, DELILLE Trois règ. VIII.5° Diminuer le fardeau des impôts.• Il [Servius Tullius] porta directement au peuple toutes les affaires ; il le soulagea des taxes, et en mit tout le fardeau sur les patriciens, MONTESQ. Esp. XI, 12.6° Diminuer la misère, secourir.• Les conseils du prince de Condé se réglaient plus que jamais par la justice ; on y soulageait la veuve et l'orphelin...., BOSSUET Louis de Bourbon..• La mémoire des malheureux qu'on a soulagés donne un plaisir qui renaît sans cesse, J. J. ROUSS. Hél. v, 2.• L'aspect des misères humaines Est plus touchant qu'il n'est affreux : Craint-on de voir les malheureux, Quand on veut soulager leurs peines ?, BERNIS Quatre sais. hiv..• Il faut rendre meilleur le pauvre qu'on soulage, ST-LAMB. Sais. IV.7° Fig. Délivrer quelqu'un d'une partie de ses souffrances morales.• La faveur que me font trois si excellentes personnes me soulage de toutes mes peines, VOIT. Lett. 25.• Croyez-vous que je sois fatiguée de vous avoir écrit ? au contraire, j'en suis soulagée, j'en suis charmée, SÉV. 7 oct. 1687.• Vous ne sauriez croire de quel poids énorme la lettre de Votre Majesté m'a soulagé, VOLT. Lett. à Cather. II, 28 nov. 1769.• Va, pleure, si les pleurs peuvent te soulager, M. J. CHÉN. Gracques, III, 7.Soulager son coeur, diminuer le chagrin dont on est oppressé.• Je n'ai pu m'empêcher de vous dire tout ce détail dans l'intimité et l'amertume de mon coeur, que l'on soulage en causant avec une bonne, dont la tendresse est sans exemple, SÉV. 16 nov. 1684.• Il soulageait son coeur en poussant des gémissements et en versant des larmes, FÉN. Tél. XXIII.Absolument. Cela soulage, cela diminue nos regrets, notre peine.• Ce Granus et cet Agrippa me font voir que Charlemagne était aussi ignorant que moi ; et cela soulage, VOLT. Phil. ignor. 53.Il se dit aussi des souffrances qu'on diminue.• À raconter ses maux souvent on les soulage, CORN. Poly. I, 3.• Et cette illusion soulageant sa disgrâce, J. B. ROUSS. Cantate, Circé..• On ne soulage point les douleurs qu'on méprise, VOLT. Adél. du Guesclin. v, 1.8° Se soulager, v. réfl. Se débarrasser d'une partie d'un fardeau. Le crocheteur reprit sa marche, après s'être soulagé d'une partie de sa charge.Fig.• Pourvu que nos riches oisifs aillent tous les jours pendant trois heures se soulager, au théâtre, du poids du temps qui les accable, peu leur importe qu'on s'amuse ailleurs, D'ALEMB. Lett. à J. J. Rouss..9° Fig. Diminuer son travail, sa peine. Il avait un emploi qui l'accablait, il a pris deux commis pour se soulager.• Si cela [écrire] vous fait la moindre incommodité et le moindre mal de tête, croyez que c'est me plaire que de vous soulager, SÉV. 7 août 1675.10° Fig. Décharger son coeur de ce qui l'oppresse. Il s'est soulagé par l'aveu de sa faute. La douleur se soulage par la plainte.• M. le Prince insulta Chavigny, et sortit après s'être soulagé de la sorte en bonne compagnie, SAINT-SIMON 8, 99.11° Absolument. Se soulager, satisfaire quelque besoin naturel.XIIe s.• Nus hom ne scet l'aveir esmer [estimer], Qu'il jeterent al funz de mer, Pur lur nés [navires] auques suzlegier, BENOIT I, V. 1871.XIVe s.• Et aucuns autres le soulegent en prenant une partie de tel faez, ORESME Éth. 289.XVe s.• Le vaisseau trop chargié Est beaucoup soulaigié ; La charge et l'équipage Sont presque dans le port, BASSELIN XIII.• Par quoy l'eust peu soullager en plusieurs façons [son royaume], COMM. V, 12.XVIe s.• Si la compagnie [pour mourir] vous peut soulager, MONT. I, 88.Sousleger, dont soulager n'est qu'une variation, vient de sous et leger ; c'est le même que soulever.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESOULAGER.2° Terme de marine. Ajoutez :Soulager, soulever, faire flotter.• Il a été reconnu qu'un mètre cube environ de ce gaz [hydrogène] pourrait soulager dans l'eau à peu près une tonne.... l'inventeur a fait des essais sur un modèle du Vanguard, assez lourd pour que deux hommes ne fussent pas capables de le soulager sur le fond, Journ. offic. 6 août 1876, p. 6029, 3e col..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.