- serrure
- (sè-ru-r') s. f.1° Machine qu'on applique à une porte, à un coffre etc. et qui sert à les fermer et à les ouvrir par le moyen d'une clef. Une serrure à double tour. Une serrure à secret. Lever une serrure.• D'une main tremblante je mis la clé dans la serrure, GENLIS Voeux témér. t. I, p. 201, dans POUGENS.Tenir sous la serrure, tenir enfermé.• Tenant leurs femmes sous des serrures, HAMILT. Gramm. 9.Brouiller une serrure, la déranger.Fig. Sa serrure est brouillée, il a l'esprit troublé.• Je viens de recevoir une grande visite de votre intendant ; la serrure était bien brouillée ; mais je n'ai pas laissé d'attraper qu'il vous honore beaucoup, SÉV. 423.• Quand je l'entends parler à l'infini [M. Rouillé].... je ne puis oublier ce qu'on a dit de lui, que c'était une clef dans une serrure, qui tourne, qui fait du bruit, et qui ne saurait ouvrir ni à droite ni à gauche,... franchement la serrure est brouillée fort souvent, SÉV. 18 mai 1680.Serrure de sûreté, serrure à deux pênes, avec garnitures soit droites soit cintrées.Serrure de sûreté à gorge mobile dite incrochetable.Serrures bénardes, celles dont la clef n'est pas forée.Serrure à deux pênes, à clef forée ou à clé bénarde.Serrure à pêne dormant, serrure à deux tours.Serrure demi-tour, serrure à cloison dite à garde-robe.Serrure tour et demi, avec bouton double ou simple en fer ou en cuivre ; elle peut avoir un verrou de nuit.Serrure à vielle, serrure garnie d'un loquet sans cloison.Serrure de coffre, serrure avec moraillon à obronnière.Serrure à ressort, celle qui se ferme en tirant la porte.Serrure à combinaisons, celle qui ne peut être ouverte que lorsque les différentes pièces de son mécanisme sont ajustées dans certaines positions.2° Boucle, agrafe. Et seront lesdits ouvrages faits d'une égale force et bonté dans toute leur étendue, sans maille, double maille mordue, arrachures, serrures ni ouvertures, Arrêt du Conseil, 30 mars 1700.PROVERBE Vous avez la clef, et nous avons la serrure, c'est-à-dire malgré toutes les précautions que vous prendrez, nous obtiendrons ce que nous voudrons.XIIe s.• Lode [loue] tun Deu, Syon ; kar il confortad les seredures de tes portes, Liber psalm. p. 228.• Cist estoit maistres sur sexante citez ki grandes erent [étaient] e closes de mur à portes e à serrures e à fermetez, Rois, p. 238.XIIIe s.• Il conforta les serreures de tes portes, Psautier, f° 177.• [Moi saint Pierre] Ki du cel [ciel] guvern la sereure, Édouard le Conf. V. 1760.• Nus serreuriers ne puet vendre à Paris serreure neuve, se ele n'est garnie de toutes gardes ; quar ele est fause, Liv. des mét. 51.XIVe s.• Une sierure à deux clés, mise à le cambe [la chambre]...., H. CAFFIAUX Nicole de Dury, p. 95.XVe s.• Je m'en vins à l'huys, tac : quella [qui est là] ? Je regarday par la serrure ; La chambriere je veiz là, Qui me vint faire l'ouverture, COQUILLART Monol. de la botte de foin.• Le suppliant et icellui Mahieu rompirent la serreuse d'un coffre, auquel ilz prindrent trois goubeletz, trois tasses, une serreuse [boucle] d'argent à usaige de femme, DU CANGE sarreuria..• La sarruze d'un buffet, DU CANGE ib..• Il faut ceintures, Il faut brodures Et mirlifiches ; Il faut fourreures, Il faut serreures [boucles], Dagues et niques, le Blason des faulces amours, p. 270, dans LACURNE.• L'ostel de Guillemin Sanguin, en la rue Bourbonnois, d'excellent edifice, où il a de sereures autant comme il a de jours en l'an, DE LABORDE Émaux, p. 498.XVIe s.• Elle apprit comment, la clef du celier estant perdue, la femme du gouverneur avoit fait lever les serrures, D'AUB. Hist. II, 60.• Ils savent tant bien approprier leurs clefs à tcutes serrures et à tous huis, qu'on diroit qu'ils ont exercé l'art de serruriers toute leur vie, CALV. Instit. 974.• Contre coignée serrure ne peut, COTGRAVE .Berry, sarrure, sarruse, serruse ; wallon, saîr ; prov. serradura ; catal. cerradura ; ital. serratura ; du lat. serare (voy. serrer). On remarquera dans le Berry serruse, qui se trouve aussi dans le XVe siècle, et qui était dû à un vice de prononciation des Parisiens substituant le z à l'r ; serruse se dit aussi dans le pays de Caux (Normandie).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.