- schisme
- (chi-sm') s. m.1° Séparation du corps et de la communion d'une religion.• Saint Athanase était un homme appelé Athanase, accusé de plusieurs crimes, condamné en tel et tel concile pour tel et tel crime ; tous les évêques y consentaient et le pape enfin ; que dit-on à ceux qui y résistent ? qu'ils troublent la paix, qu'ils font schisme, PASC. Pensées sur le pape et l'Église, 21, édit. FAUGÈRE..• Nous ferons voir, du propre aveu de nos adversaires, que l'Église peut prendre parti dans les choses que l'Évangile laisse indifférentes, et que, lorsqu'elle l'a pris, on ne peut s'y opposer ni lui désobéir sans se rendre coupable de schisme, BOSSUET Déf. de la trad. sur la communion, Avertiss. 2.• Je distingue le schisme où la foi est intéressée d'avec les schismes où l'on tombe innocemment sur de purs faits, BOSSUET 2e instr. sur les prom. de l'Église, 58.• Le plus ancien schisme parmi les chrétiens est celui de Nestorius, 1re instruct past. 18.• Le schisme est toujours connu par son auteur ; la plaie ne se ferme pas par le temps, et, pour peu qu'on y regarde de près, la rupture paraît toujours fraîche et sanglante, BOSSUET Polit. VII, III, 5.• Le jansénisme trouble la France, mais sans faire de schisme, sans exciter de guerre civile, VOLT. Louis XIV, 24.• D'autres croient que le premier siége de cette peste [les guerres religieuses] fut l'Égypte, et que les chiens et les chats, qui étaient en grande considération, étant devenus enragés, communiquèrent la rage du schisme à la plupart des Égyptiens qui avaient la tête faible, VOLT. Dict. phil. Schisme..Schisme d'Orient ou des Grecs, séparation de l'Église grecque et de l'Église romaine provoquée par Photius en 862.• C'est sous son règne [de Basile à Constantinople] qu'est l'époque du grand schisme qui divisa l'Église grecque de la latine, VOLT. Moeurs, 29.Schisme passif, nom que les protestants donnent à leur séparation, parce que, disent-ils, c'est l'Église elle-même qui les a repoussés.2° Schisme des dix tribus, se dit quelquefois de la séparation du peuple juif en deux royaumes, l'an 979 avant Jésus-Christ.• Elle [l'Écriture] nous parle du schisme de Jéroboam comme d'une action détestable, qui a commencé par une révolte, qui s'est soutenue par une idolâtrie formelle...., BOSSUET Var. XV, 77.Le schisme des Samaritains, la division qui existait entre Jérusalem et Samarie.• Plutôt que répudier cette étrangère.... il embrassa le schisme des Samaritains, BOSSUET Hist. I, 8.3° Le grand schisme d'Occident, anarchie qui eut lieu dans l'Église catholique pendant une partie du XIVe et du XVe siècle, et dans laquelle il y eut à la fois plusieurs papes qui se prétendaient légitimes.4° Par analogie. Il se dit en matière de politique, de morale, de littérature, d'usages. Le romantisme, au moment de son apparition, fut un schisme dans la littérature.• La révérence en mante, que les dames de Lorraine vinrent faire au roi sur la mort de la reine-duchesse, mère de M. de Lorraine, fit schisme entre elles, SAINT-SIMON 53, 133.SCHISME, HÉRÉSIE. Dans le langage de l'Église catholique romaine, il y a schisme quand, ne se séparant pas sur des points essentiels de doctrine, on se sépare de la communion avec l'Église et de l'autorité du saint-siége ; il y a hérésie, quand on se sépare de l'Église sur des points considérables : les Grecs sont schismatiques, les protestants sont hérétiques. L'hérésie entraîne le schisme ; mais le schisme n'entraîne pas l'hérésie.XIIe s.• Pur cel cisme qu'il fist cuntre Deu e raisun, Th. le mart. 28.XVe s.• Pour le temps que ce scisme vint en l'Eglise, France, Castille et Escosse estoient conjointes ensemble par alliance, FROISS. II, III, 27.• Ô roi très crestien, ensuivez vos predecesseurs, qui tousjours à faire cesser le scisme de saincte eglise ont mis tout leur estude singulierement sur tous aultres, GERSON dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 376.Provenç. scisma, sisma ; espagn. cisma ; ital. scisma ; du lat. schisma, qui vient du grec , schisme, séparation, du grec, fendre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.