- sable
- sable 1.(sa-bl' ; quelques-uns prononcent sâbl' ; mais il n'y a aucune raison de lui donner le son d'â circonflexe comme dans âme) s. m.1° Substance minérale, pulvérulente, provenant de la désagrégation, par les eaux, des roches calcaires, granitiques, siliceuses, etc. qui se trouve dans le lit des rivières, sur les bords de la mer, qui forme les dunes, les déserts, et qui entre pour une certaine proportion dans les terrains d'alluvion.• Ils se mirent tous en campagne avec leurs troupes, qui consistaient en une multitude de gens de pied aussi nombreuse que le sable qui est sur le rivage de la mer, SACI Bible, Josué, XI, 4.• Nous vîmes serpenter, sur un sable plus jaune que l'or, plusieurs petits ruisseaux...., LESAGE Gil Bl. V, 1.• Triton, Cymothoë, d'une main secourable, Délivrent ses vaisseaux [d'Énée] de leurs prisons de sable, Leur ouvrent une route, MALFIL. Génie de Virg..• Ce n'est pas une supposition précaire ou gratuite, que d'avancer, comme je l'ai fait, que les glaises, les argiles et les sables ont été formés par les scories et les écumes vitrifiées du globe terrestre, BUFF. Hist. nat. preuv. théor. terre, Oeuv. t. I, p. 387.• Il y a souvent de ces nuées de sable en Arabie, qui obscurcissent l'air et forment des tourbillons dangereux, BUFF. ib. t. II, p. 260.• Je suis bien porté à croire, comme M. de Luc, que les sables ne sont point tous des produits du brisement ou détritus des pierres, SAUSSURE Voy. Alpes, t. V, p. 294, dans POUGENS.• Depuis les sables inhabités de l'Inde jusqu'aux glaces de l'Ourse, BAILLY Atlantide, p. 116.• On distingue trois sortes de sables, celui de mer, celui de rivière et celui de terre, qu'on appelle communément sable terrain ou sable de cave, parce que, pour l'avoir, il faut creuser dans la terre, GENLIS Maison rust. t. I, p. 31, dans POUGENS.• J'ai connu un homme qui avait fait une collection de sables, qu'il a vendue cent louis à un amateur, GENLIS ib. t. I, p. 103.• En Afrique, cinq livres de sable contiennent souvent soixante-trois grains d'or, tandis qu'en France il est assez rare de trouver du sable qui, sur cent livres, en tienne plus de vingt à vingt-quatre grains, FOURCROY Conn. chim. t. VI, p. 354.Sable mâle, sable femelle, se dit de deux espèces de sable dans un même lit, dont la première est d'une couleur plus foncée, et l'autre d'une couleur moins chargée.Sables bouillants, sables mêlés d'eau qui, lorsqu'on les enlève, sont à l'instant remplacés par d'autres sables qui s'élèvent du fond en bouillonnant.Sables mouvants, sables qui s'enfoncent sous le pied, ou qui se laissent disperser par les vents.• Les sables mouvants de l'Afrique septentrionale et des bords de la Syrie voisins de l'Égypte, peuvent-ils être autre chose que les sables de la mer qui sont demeurés amoncelés quand la mer s'est peu à peu retirée ?, VOLT. Moeurs, Introd..• Il dort couché sur les sables mouvants, Ce noble ami plus léger que les vents, MILLEVOYE l'Arabe et son coursier..Fig.• [Dans la réforme] on tourne à tout vent de doctrine, et il n'y a point de sable si mouvant, BOSSUET 2e avert. 17.Fig. Bâtir, fonder sur le sable mouvant, ou, simplement, bâtir, fonder sur le sable, fonder des projets, des entreprises, des établissements sur quelque chose de peu solide.• Le bien de la fortune est un bien périssable ; Quand on bâtit sur elle, on bâtit sur le sable, RACAN la Retraite..• Voilà [la faveur] le sable sur quoi l'on bâtit, et voilà la feuille volante à quoi l'on s'attache, SÉV. 19 août 1676.• On sentait une religion bâtie sur le sable, qui n'avait pas même de stabilité dans ses confessions de foi, BOSSUET Var. XII.• Se ménager des établissements qui sont fondés sur le sable, MASS. Pet. carême, Drapeaux..Fig. Semer sur le sable, perdre sa peine.• C'était, comme on dit, semer sur le sable, LESAGE Gil Blas, VII, 12.Fig. et familièrement. Avoir du sable dans les yeux, éprouver une envie de dormir qui, appesantissant les paupières, fait qu'on y porte souvent la main pour les frotter et se tenir éveillé.Le petit homme lui a jeté du sable dans les yeux, se dit d'un enfant que l'envie de dormir saisit.2° Bain de sable, sable dont on entoure un vaisseau qu'on veut chauffer. Distiller au bain de sable.3° Terme de fondeur. Composition faite avec du sable et dans laquelle on moule les monnaies, les médailles, etc. Un sable net. Jeter une médaille en sable.• Le sable de mouleur doit être un peu terreux ; et, s'il ne l'est pas, il faut y ajouter un peu d'argile pour lui donner de la liaison, DUHAMEL Instit. Mém. scienc. t. III, p. 319.Fig. Jeter en sable, avaler un verre de vin (voy. sabler).• Il y a un Tigillin qui souffle ou qui jette en sable un verre d'eau-de-vie, LA BRUY. XIII.Sable vert, dans quelques fonderies, mélange de sable et de poussier de houille ou de charbon.4° Synonyme peu usité de sablier.Terme de marine. Manger du sable, retourner trop tôt un sablier.5° Gravier qui s'engendre dans les reins et qui forme la gravelle.• Cromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère, PASC. Pens. III, 7, éd. HAVET..• Ce sel qu'on nomme communément sable de l'urine est de l'acide urique, FOURCROY Instit. Mém. scienc. t IV, p. 380.• C'est là qu'un plus beau ciel peut-être dans mes flancs Éteindra les douleurs et les sables brulants, A. CHÉN. Élég. I, 10.XVIe s.• Bancs de sable, DU BELLAY VIII, 16, recto..Lat. sabulum, sable ; origine inconnue, comparez saburra, lest de navire.————————sable 2.(sa-bl') s. m.Terme de blason. La couleur noire. Il porte de sable à un lion d'or. Le sable se représente en gravure par des traits croisés.XIIIe s.• Moult i ont trové or et paile d'Aumarie, Argent et siglatons et sables [zibelines] de Roussie, Ch. d'Ant. IV, 448.• De tous cevaliers convenables Estiez vous ermines et sables, Vous estiez au bon Hector pers [pair, égal], PH. MOUSKES ms. p. 228, dans LACURNE.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESABLE.4° Ajoutez :• Dans chacune de nos cellules nous avons placé une tête de mort et un sable pour les objets de notre contemplation, LETOURNEUR Trad. de Clarisse Harlowe, lettre CCCLXI, ou t. VIII, p. 266, Genève, 1785.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.