- rufien
- (ru-fiin) s. m.Homme débauché, qui vit avec des femmes de mauvaise vie, ou qui en procure aux libertins.• Ce vieux rufien qui ne fit pas moins de cocus que d'orphelins, BALZ. le Barbon..XIVe s.• Icellui suppliant respondi qu'il valoit bien un ruffien, que oncques il n'avoit esté ruffien, et que les hommes mariés qui menoient estranges femmes par le païs estoient ruffiens, DU CANGE ruffiani..XVe s.• Lequel sergent accompaignant de vint ruffians [recors] ou environ...., ib..• Li josne enfant deviennent rufien, Joueurs de dez, gourmans et plein d'yvresse, E. DESCH. Poés. mss. f° 307.XVIe s.• Que, sauf les ruffiens, à homme ne loise [soit permis] porter en son doigt anneau d'or ny robbe delicate [ordonnance de Zaleucus], MONT. I, 337.• Mechmet, celuy qui subjugua Constantinople.... pareillement indefatigable ruffien et soldat, MONT. III, 158.Provenç. rufian, rofian ; catal. rufiá ; espagn. rufian ; portug. rufião et refião ; ital. ruffiano. Des étymologistes portugais l'ont tiré de l'hébreu rephion, mollesse, dissolution ; mais comment ce mot hébraïque aurait-il pénétré dans les langues romanes ? Du Cange le dérive du latin rufus, blond, à cause des blonds cheveux des courtisanes ; mais ni le sens ni la forme ne se prêtent à la dérivation. Diez y voit un terme d'injure tiré vaguement du radical germanique ruf, qui se trouve dans ruf signifiant teigne, rogne, ancien français rofée, dans raufen, batailler, quereller et dans Ruffer, maquereau, ruffeln, faire le maquereau. Cette étymologie paraît très bonne.• Au XVIe siècle, il y avait une sorte de fortification qu'on nommait ruffienne : Casemates, ravelines, ruffiennes, CARLOIX VI, 40.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRERUFIEN. Ajoutez : - REM. On trouve aussi rufian :• Le grand cadavre, gisant à l'autre bout de la chambre, assassiné par des rufians coupe-jarrets, produit une impression des plus dramatiques, TH. GAUTIER Portraits contemporains, Delaroche.Rufian est la forme italienne et ne vaut pas rufien, qui est la forme française dès le XIVe siècle.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.