- remordre
- (re-mor-dr') v. a.Il se conjugue comme mordre.1° Mordre de nouveau. Son chien l'a mordu et remordu.2° Fig. Causer des remords.• Sa faute le remord ; Mégère le regarde, MALH. II, 12.• Notre conscience qui nous remord, LE P. SIMON MARS Myst. du roy. de Dieu, p. 618, dans POUGENS..3° V. n. Mordre de nouveau. Ce fruit est si âpre que, quand on y a mordu, on n'y veut plus remordre.Fig. Remordre à l'hameçon, se laisser reprendre au piége dont on s'était échappé.4° Attaquer de nouveau, en parlant des chiens. Ce chien a été si maltraité, qu'il ne veut plus remordre.Il se dit aussi de troupes qui ne veulent plus retourner à une attaque après avoir été repoussées.Fig. et familièrement. Il n'y veut plus remordre, il a bien de la peine à y remordre, se dit d'un homme rebuté d'une entreprise, d'une étude, et qui y renonce.5° Causer du remords (emploi vieilli).• Il y a des consciences si tendres, ou plutôt si importunes, qu'elles crient et qu'elles remordent sans cesse, LE P. SIMON MARS Myst. du roy. de Dieu, p. 243.XIIe s.• Ta conscience ne te remorderad, ne tu n'en plurras [pleureras], Rois, p. 100.XIIIe s.• Tout ensemble dire ne puis ; Mès tout vous conteré par ordre, Que l'en n'i sache que remordre, la Rose, 704.• Et se gens encontre moi groucent, Et se troblent et se courroucent, Qui sentent que je les remorde Par ce chapitre...., ib. 15447.XIVe s.• Je ne me suis pas confessé, quand ma conscience me remordoit, Ménagier, I, 3.XVIe s.• Fort suis dolent, et regret me remord, MAROT II, 325.• Ils [des charlatans] les font mordre [les aspics] dedans de gros morceaux de chair, à fin de tirer leur venin.... puis ils leur font remordre sur l'heure quelque composition, qui leur estouppe les conduits par lesquels le venin a de coustume de sortir, PARÉ XXIII, 30.• [Pays où les femmes], si un pouil les mord, sont tenues par debvoir de magnanimité de le remordre, MONT. I, 113.Provenç. remordre ; catal. remordir ; espagn. remorder ; ital. remordere ; du latin remordere, de re..., et mordere (voy. mordre).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.