- rejaillir
- (re-ja-llir, ll mouillées, et non re-ja-yir) v. n.Il se conjugue comme jaillir.1° Jaillir en sens inverse, rebondir.• De sorte que le plus faible doit rejaillir avec un mouvement égal à la quantité du choc, ou continuer son mouvement avec une augmentation égale aussi à la quantité du choc, MALEBR. Rech. vér. lois des mouv. part. 1.• Ils se choquèrent rudement, et de ce coup ils rejaillirent chacun de leur côté, MONTESQ. Lett. pers. 128.• Le mouvement d'une balle de paume qui, après avoir touché le mur vers lequel on la lance, rejaillit vers celui qui l'a lancée, BRISSON Traité de phys. t. I, p. 73.Il se dit de la lumière.• Une lumière qui tombe sur un miroir et qui en rejaillit en formant un angle de réflexion égal à celui d'incidence, BUFF. Hist. min. introd. part. exp. Oeuv. t. VII, p. 317.Fig.• Elles nous accablèrent d'abord de traits plaisants et fins, qui, tombant toujours sans rejaillir, épuisèrent bientôt leur carquois, J. J. ROUSS. Hél. II, 21.2° En parlant des liquides, il ne signifie souvent rien de plus que jaillir.• Leur sang a rejailli sur ma robe, et tous mes vêtements en sont tachés, SACI Bible, Isaïe, LXIII, 3.• De mille coups mortels son audace est punie, Son infidèle sang rejaillit sur Junie, RAC. Brit. V, 8.• Ceux qui, sous le même règne [de Charles VI], firent rejaillir sur le Dauphin le sang de deux maréchaux de France, et qui massacrèrent dans les rues de Paris trois mille cinq cents gentilshommes, VOLT. Philos. Disc. de Bellegier..3° Fig. Il se dit du bien, du mal, de l'honneur, du déshonneur qui s'étend de quelque chose à quelqu'un ou à quelque chose.• Tu veux à ce héros rendre un devoir suprême ; L'honneur que tu lui rends rejaillit sur toi-même, CORN. Pomp. V, 4.• D'où il s'ensuit que la malice n'en doit pas être seulement attribuée au médisant, mais qu'elle doit rejaillir sur tous ceux qui contribuent à la médisance, BOURDAL. Exhort. Faux témoignages rendus contre J. C. t. II, p. 28.• Et pourquoi me cacher ? et par quelle injustice Faut-il que sur mon front sa honte [d'Hélène] rejaillisse ?, RAC. Iphig. III, 2.• Le siècle fut plus grand que Louis XIV ; mais la gloire en rejaillit sur lui, VOLT. Dict. phil. Arts..• L'humeur que lui donnait sa situation [censeur] rejaillissait sur les ouvrages qui avaient le malheur de tomber entre ses mains, D'ALEMB. Éloges, Crébillon..• La bassesse d'un secrétaire rejaillit sur son maître, GENLIS Théât. d'éduc. le Magistrat, I, 1.• Quelques-uns [des vainqueurs dans les jeux] font rejaillir les distinctions qu'ils reçoivent sur les chevaux qui les leur ont procurées ; ils leur ménagent une vieillesse heureuse ; ils leur accordent une sépulture honorable...., BARTHÉL. Anach. ch. 38.• Nos fautes rejailliront sur nos fils ; nous sommes tous solidaires, CHATEAUBR. Génie, I, I, 6.4° Fig. Résulter.• ....Ou plutôt sans pâlir Considérez l'honneur qui doit en rejaillir, RAC. Iphig. I, 5.Il se conjugue avec le verbe avoir.XVIe s.• Le dos en gemissoit, Et sans playe l'espée en haut rejaillissoit, RONS. 843.• Ce qu'on void journellement au cours des fontaines qui rejaillissent en haut, O. DE SERRES 771.• Une ame forte et solide, contre laquelle les traicts de la fortune venants à donner, il est force qu'ils rejaillissent et s'esmoussent, MONT. I, 388.• Cette piperie rejaillit sur celui qui la faict, MONT. III, 285.Re..., et jaillir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.