- pèlerin
- pèlerin, ine(pè-le-rin, ri-n') s. m. et f.1° Celui, celle qui va en pèlerinage.• De pèlerins, dit-on, une troupe grossière En public à Paris y monta la première [sur le théâtre], BOILEAU Art p. III.• Une reine de France, que l'on croit être Catherine de Médicis, fit voeu que, si elle terminait heureusement une entreprise, elle enverrait à Jérusalem un pèlerin qui en ferait le chemin à pied, en avançant de trois pas et reculant d'un pas à chaque troisième, SAINT-FOIX Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 135, dans POUGENS.• A-t-il besoin de revoir un parent, un ami, il fait un voeu, prend le bâton et le bourdon du pèlerin ; il franchit les Alpes ou les Pyrénées, visite Notre-Dame de Lorette ou saint Jacques en Galice...., CHATEAUBR. Génie, III, V, 6.• À Notre-Dame de Lorette J'ai promis, dans mon noir chagrin, D'attacher sur ma gorgerette.... Les coquilles du pèlerin, V. HUGO Ballade, La fiancée du timbalier.Pèlerin de Saint-Michel, pèlerin de Saint-Jacques, pèlerin qui va à Saint-Michel, à Saint-Jacques, ou qui en revient.Les pèlerins d'Emmaüs, les deux disciples qui allaient à Emmaüs, après la résurrection de Jésus-Christ.Se dit aussi des mahométans qui font le voyage de la Mecque.2° Voyageur, voyageuse.• Marché fait, les oiseaux forgent une machine Pour transporter la pèlerine [tortue qui voulait voir le pays], LA FONT. Fabl. X, 3.Adj.• Cette pauvre princesse pèlerine [Christine, reine de Suède] a fait son abjuration à Inspruck, où elle a embrassé la religion catholique, GUI PATIN Lettres, t. II, p. 231.3° Fig. et familièrement. Personne, individu. C'est une adroite pèlerine.• Nos gaillards pèlerins, Par monts, par vaux et par chemins, Au gué d'une rivière à la fin arrivèrent, LA FONT. Fabl. II, 10.• Si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui, MOL. Don Juan, I, 1.• Je connus d'abord le pèlerin, je m'aperçus qu'il voulait passer pour un saint personnage, LESAGE Gil Blas, I, 17.4° Nom d'une espèce de faucon, nommé ainsi parce qu'il est oiseau de passage.Pèlerin très grand, grand squale des mers du Nord,PROVERBESRouge au soir, blanc au matin, c'est la journée du pèlerin, c'est-à-dire ces deux couleurs du ciel montrent qu'il doit faire beau temps durant le jour. Cela signifie aussi par plaisanterie : il faut boire du vin rouge le soir, et du vin blanc à déjeuner.Vent du soir et pluie du matin n'étonnent pas le pèlerin.La pluie du matin réjouit le pèlerin [parce qu'elle abat la poussière].XIe s.• Li pelerin le veient qui là vont, Ch. de Rol. CCLXIX.XIIe s.• Diex ! quant crieront outrée, Sire, aidez à pelerin [croisé], Pour qui [je] sui espouvantée, Car felon sont Sarazin, Dame de Faiel.XIIIe s.• Et quant li dus de Venise le sot [le danger des croisés à l'assaut de Constantinople], si fist ses gens retraire.... et dist qu'il voleit vivre ou morir avec les pelerins [les croisés], VILLEH. LXXXII.• Tout li segneur doivent moult penre garde que li pelerin ne soient pris ne destorbé por petite occoison, BEAUMANOIR XXV, 25.XIVe s.• Tatius non pas seulement de peuple pelerin et estrange, mes encore de peuple anemi et adversaire, BERCHEURE f° 19, recto.• Faucons pelerins sont ceulx qui sont pris au filé et se sont peüs et ont volé aux champs, Ménagier, III, 2.XVe s.• Dieu sçait qui est bon pelerin, LEROUX DE LINCY Prov t. I, p. 17.• Prince, après ce qu'on ot mangié, Et beu tant qu'on estoit blecié, Vont estuver li pelerin [les bons compagnons], E. DESCH. Poésies mss. f° 365.XVIe s.• Si quelqu'un avoit fait promesse d'aller en une avanture à quelqu'une de ces pelerines [donzelles], qui marchoyent tousjours toutes seules avecques eux...., LANOUE 144.• Pelerin qui chante larron epouvante, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 39.• Pelerine de Venus, COTGRAVE .Provenç. pelegrin, pelegri, pelleri, peleri ; catal. pelegri, peregri ; espagn. peregrino ; ital. pellegrino ; du lat. peregrinus, étranger, de pereger, parti pour un pays lointain, de per, outre, au-delà, et ager, champ.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.