- pâté
- (pâ-té) s. m.1° Sorte de pâtisserie qui renferme de la chair ou du poisson. Les pâtés de foie gras de Strasbourg. Les pâtés au gibier de Chartres.• Un monstrueux pâté, BOILEAU Lutrin, v..• On dressa une petite table, sur laquelle on servit un gros morceau de pâté de venaison, LESAGE Guzm. d'Alf. VI, 1.Hacher menu comme chair à pâté, mettre en pièces, hacher par morceaux.Pâté en pot, hachis de viande assaisonné d'épices, de marrons, etc. et cuit dans un pot.Pâté en terrine, voy TERRINE.Pâté de veille, se disait d'un pâté que le maître donnait à ses apprentis, le jour où commençaient les veillées.Par plaisanterie. Pâté d'ermite, figue sèche dans laquelle on a enfermé une noix, une noisette ou une amande.2° Petit pâté, sorte de petite pâtisserie renfermant un peu de viande et qu'on sert, dans les dîners, après le potage.C'est un prix fait comme celui des petits pâtés, c'est-à-dire c'est un prix réglé, connu de tout le monde.Je mangerais des petits pâtés sur ta tête, c'est-à-dire je suis beaucoup plus grand que toi.Elle crie les petits pâtés, se dit d'une femme qui, en travail d'enfant, crie beaucoup (autrefois les marchands criaient dans la rue leurs petits pâtés).Anciennement. Pâté de requête, sorte de petits pâtés chauds.3° Fig. et familièrement. Un gros pâté, un enfant gros et gras.4° Fig. Goutte d'encre tombée sur du papier.• Le mot est si mal écrit, il y a un pâté, BEAUMARCH. Mar. de Fig. III, 15.• À un si horrible spectacle (il parle de ce pâté que je fis sur son bouquin), mon sang se gela dans mes veines....voyez-vous, monsieur ? ce pâté, c'est pour lui [Furia, bibliothécaire] la tête de Méduse, P. L. COUR. Lettre à Renouard..5° Terme d'imprimerie. Caractères mêlés et confondus par la rupture d'une forme, ou d'un paquet, ou même d'une ligne.Terme de gravure. Se dit des endroits noirs qui se trouvent dans les ombres par la confusion que l'eau forte fait sur les hachures serrées et croisées.6° Terme de fortification. Espèce de plate-forme, ou de terre-plein, d'une figure irrégulière, et bordée d'un parapet, qui se construit pour couvrir la porte d'une place.• Un autre ouvrage revêtu en derrière appelé le pâté, le cours de l'Escaut pour fossé devant le pâté, et le même Escaut, mais plus profond et plus rapide, entre le pâté et la muraille de la ville, PELLISSON Lett. hist. t. III, p. 174, dans POUGENS.7° Assemblage de maisons, ou édifice isolé, ayant une forme arrondie ou carrée, comme les pâtés.8° Dans les académies de jeu, faire le pâté, arranger les cartes par tricherie pour se donner beau jeu. Il met tous les rois ensemble et il se les donne ; il a fait le pâté.9° Terme de joaillier. Assemblage de plusieurs pierres précieuses de nature et de forme différentes que l'on expose en vente.Chez les brocanteurs, plusieurs petites curiosités qu'on assemble pour vendre ou acheter en bloc.10° Assemblage de lames de vieux fer qu'on soude et qu'on corroie ensemble.11° Masse de plâtre à laquelle on donne une forme convexe, et qui sert à construire une voûte sphérique ou autres constructions curvilignes.12° Pâtés de grenades, se dit de pots remplis de poudre de guerre et de grenades.13° Petit ustensile de brodeur à plusieurs cases.14° Espèce de came, coquille.PROVERBE Croûte de pâté vaut bien pain.On dit des petits pâtés, et non de petits pâtés, parce que l'adjectif fait corps avec le substantif.XIIIe s.• Del sengler mengerent au poivre, Et del cerf firent bons lardez, Et des chapons firent pastez, Ren. 22780.• Niules, oublées, gibelés, Et pastés de vis oiselés ; Et quant il ces pastés brisoient, Li oiselet par tot voloient, Fl. et Bl. 3187.XIVe s.• J'ai oÿ recorder et dire par maint jour, Qu'on ne peut les pastez mieux prendre en lor chalour, Qu'en l'heure proprement qu'on les sache [tire] du four, Guesclin. 20858.XVIe s.• La faute vint, que l'apprenti avoit toujours ouï dire grille, feminin, et non pas gril ; qui fut ce qui descouvrit le pasté [le pot aux roses], DESPER. Contes, XLVIII.Bourg. patai. Pasté a la forme d'un participe passif formé de paste, pâte : ce qui a été pasté, fait avec la pâte.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.