- procession
- (pro-sè-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.1° Marche solennelle du clergé et du peuple qui se fait dans l'intérieur de l'église ou au dehors, en chantant des hymnes, des psaumes ou des litanies.• Le chantre aux yeux du choeur étale son audace, Chante les orémus, fait des processions, Et répand à grands flots les bénédictions, BOILEAU Lutr. I.• On permet aux chrétiens de faire leurs processions dans le vaste quartier qu'ils ont à Constantinople, et on voit quatre janissaires précéder ces processions dans les rues, VOLT. Moeurs, 192.• La procession de la Ligue, où douze cents moines armés firent la revue dans Paris, ayant Guillaume Rose, évêque de Senlis, à leur tête, VOLT. Henr. IV, notes..Procession du recteur, cérémonie que le recteur de l'université de Paris faisait tous les trois mois, dans une église, accompagné des quatre facultés.2° Il se dit aussi de cérémonies païennes analogues aux processions des chrétiens.• Cette procession [d'Athènes à Éleusis] était très nombreuse, et il s'y trouvait ordinairement jusqu'à trente mille personnes, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. V, p. 22, dans POUGENS.• Les édiles ornaient d'étoffes précieuses, de statues, de tableaux, toutes les rues et toutes les places par où devait passer une procession solennelle qui précédait toujours la célébration des jeux, CONDIL. Hist. anc. XI, 1.3° Familièrement. Une longue suite de personnes qui marchent comme à la file l'une de l'autre. C'est une procession continuelle.• On vend toujours ici la bibliothèque de ce rouge tyran [Mazarin] ; seize mille volumes en sont déjà sortis ; il n'en reste plus que vingt-quatre mille ; tout Paris y va comme à la procession, GUI PATIN dans le Dict. de DOCHEZ..Faire comme la procession, aller par un chemin et revenir par un autre.Il se dit aussi de choses qu'on transporte, qu'on déménage.• Nous commençons à porter les in-quarto [dans le déménagement d'une bibliothèque], auxquels succéderont les in-octavo, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la procession, qui durera encore un mois, GUI PATIN Lett. t. II, p. 67.4° Terme de théologie. La procession du Saint-Esprit, la production éternelle du Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils.PROVERBE On ne peut pas sonner et aller à la procession, c'est-à-dire on ne peut pas faire deux choses qui s'empêchent ou se contredisent réciproquement, occuper deux places incompatibles.XIIe s.• Li muine [les moines] e la gent l'unt receü à grant gré ; à grant processiun sunt contre lui alé, Th. le mart. 126.XIIIe s.• Après la grant joie del couronement en fu li empereres menés à grant oneur et à grant pourcession el riche palais de Bouche de Lion, VILLEH. CXIII.XIVe s.• En pluiseurs rues où li pourcession devoit passer, CAFFIAUX Régence d'Aubert de Bavière, p. 51.• Il firent assembler mainte religion [maint couvent], Qui receurent les princes faisant procession, Guesclin. 21175.XVe s.• Elle trouva le gentil escolier qui faisoit la procession [se promenait] tout autour de la maison, LOUIS XI Nouv. XCIII.XVIe s.• On en fait aussi peu de cas que d'une procession en chemise blanche, FROUMENTEAU Finances, liv. III, p. 395.Prov. processio ; espagn. procesion ; ital. processione ; du lat. processionem, de processum, supin de procedere, procéder.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.