- pistole
- (pi-sto-l') s. f.1° Pièce d'or qui n'était point battue au coin de France et qui valait onze livres et quelques sous.2° En France, terme de compte qui se disait de dix livres tournois, et qui se dit aujourd'hui de dix francs.• Je jetai cinq cents pistoles par les fenêtres de l'hôtel de ville, RETZ Mém. t. I, liv. II, p. 288, dans POUGENS.• Le nombre de ceux qui se convertissent ici [à Rochefort] est très grand, et il est arrivé fort souvent de rendre catholiques des familles entières pour une pistole, Lett. etc. de Colbert, t. III, 2, p. 383.• Il [Louis XIV] avait gratifié Racine et Boileau, cha cun de mille pistoles, qui font vingt mille livres d'aujourd'hui, pour écrire son histoire, VOLT. Fragm. sur l'hist. 28.• Thompson lui donna [à Milton] trente pistoles de cet ouvrage [le Paradis perdu], qui a valu plus de cent mille écus aux héritiers de ce Thompson, ID. Ess. poés. ép. VII.Il est cousu de pistoles, se dit d'un homme fort riche.• Un de ces jours on me viendra chez moi couper la gorge, dans la pensée que je suis tout cousu de pistoles, MOLIÈRE l'Avare, I, 5.La pistole volante, pistole que la légende suppose toujours revenir à celui qui la dépense. Cet homme fait tant de dépense qu'on dirait qu'il a la pistole volante.Pistole de gueux, un liard.3° Dans les prisons, chambre à part et autres commodités qu'un prisonnier obtient moyennant la pistole, c'est-à-dire en payant.4° S. f. pl. Pruneaux de Brignoles.PROVERBE Cette chose-là vaut mieux pistole qu'elle ne valait écu, c'est-à-dire elle a augmenté de prix par les soins qu'on y a donnés.XVIe s.• Gagea cent pistoles, qu'il tireroit, et n'y manqua pas, D'AUB. Faen. III, 6.• Le boulet qui eschappe de nostre pistole, MONT. I, 382.• La pistolle ne fait quasi nul effect, si elle n'est tirée de trois pas, LANOUE 312.Voy. pistolet. Le sens propre de pistole est petite arme à feu. On peut concevoir ainsi la relation entre ce sens et celui de pièce de monnaie : remarquons que pistole, qui, dans notre langue, désigne une monnaie d'or étrangère ou plus précisément espagnole, ne se trouve ni en espagnol, ni en italien en ce sens ; ceci posé, on verra à l'historique de pistolet que ce nom fut donné par plaisanterie en France au demi-écu d'or d'Espagne ; pistole et pistolet, qui étaient synonymes comme armes, le devinrent aussi comme monnaies.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPISTOLE. Ajoutez :5° Ancienne arme, dite aussi pistolet à rouet, employée principalement par la cavalerie (XVIe et XVIIe siècles).• Dans la forêt on avait vu cinq hommes avec des pistoles, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.