- pipe
- (pi-p') s. f.1° Musette, chalumeau ; ce qui est le sens propre, tout à fait oublié aujourd'hui.2° Sorte de chalumeau dont le prêtre célébrant s'est servi autrefois pour humer le vin consacré.3° Tuyau terminé par une espèce de petit vase dans lequel on allume du tabac dont on aspire la fumée.• N'ayant d'attention qu'à sucer une pipe à tabac qui était vide il y avait plus d'une heure, SCARR. Rom. com. II, 16.• Qu'une pipe à la main, sur un large sopha Mollement étendu, le pesant Moustapha...., VOLT. Ép. CI.Allumer sa pipe, allumer le tabac qui est dans le fourneau de la pipe.Fumer une pipe, prendre en fumée autant de tabac qu'il en peut tenir dans le fourneau de la pipe.• Crébillon, qui a plus fumé de pipes en sa vie que Voltaire n'a pris de lavements, PIRON dans GRIMM, Corresp. t. II, p. 395.Fig. Fumer sa pipe, en parlant d'un apoplectique, voy. fumer 1.Je n'en fais pas plus de cas que de ma pipe, je n'en tiens aucun compte.• Avec tout son esprit, j'en fais moins de cas que de ma pipe, AL. DUVAL Jeunesse de Henri V, II, 9.Fig. Populairement. Casser sa pipe, mourir.Fig. Fumer sans pipe, bouillir de colère.On remplit, on vide sa pipe, on met du tabac dans sa pipe ; c'est toujours du fourneau, et non du tuyau, que l'on parle, tandis que, pour désigner celui-ci, on dit le pied ou le tuyau de la pipe, LEGOARANT.4° Habitude, action de fumer. La pipe diminue l'appétit.5° Par extension du sens de tuyau, grande futaille qui contenait un muid et demi.Pipe commune de Saumur, contenant 420 litres. Pipe Cognac, contenant 624 litres Pipe Saint-Gilles, contenant 710 litres.6°• Tige de métal ou bien une pierre, même un rubis, aussi long que l'épaisseur du parchemin, et auquel s'attachaient les sinets ; l'usage s'en est conservé pour les livres d'église jusqu'à nos jours, en prenant quelquefois le nom de registre, de tuyau à tourner les feuillets, et de pençoir, DE LABORDE Émaux, p. 450.7° Terme de serrurier. Petite cale servant à serrer une barre de fer qui passe dans une autre barre, dans une pierre, ou dans une pièce de bois.8° Poisson du genre des syngnathes.9° Dans la Bourgogne et le Gâtinais, on donne le nom de pipes aux narcisses et, en général, aux fleurs printanières provenant d'oignons.Pipe-de-tabac, nom vulgaire de l'aristolochia sipho, à cause de la forme de sa fleur.XIIIe s.• Ne ne prisent [et ils n'estiment pas] tresor deus pipes, la Rose, 5075.XIVe s.• Et est la pippe des dites heures garnie de deux balaiz et un saphir, Hist. litt. de la France, t. XXIV, p. 370 Jehan de Montauban vendit au dit exposant une pipe de vin à la mesure du dit païs ; la quelle mesure est telle que la pipe de vin tient quatre chevaux ou sommiers chargiés de vin, DU CANGE pipa..• Il avoit desiré ou souhaidié la pipe ou musette de un varlet de la ville, DU CANGE ib..XVe s.• Icellui Girart feri l'exposant de son plançon ou pipe un grant cop, DU CANGE ib..• Pipes, canemeaux et flagos, Et musettes à bourdons gros, FROISS. Poésies. mss. p. 282, dans LACURNE.• Le roy Edouard fit mourir son frere le duc de Clarence en une pippe de malvoisie, COMM. I, 7.XVIe s.• Beau nez, dont les rubis ont cousté mainte pipe De vin blanc et clairet, BASSEL. XVII.XVIe s.• Celui qui a fait les cheminées devra hausser la pipe [tuyau] jusqu'au plus haut de la fenestre du voisin, Nouv. coust. génér. t. I, p. 1270.Prov. pipa, pipe, barre, bâton, tuyau, pimpa, pipeau, musette ; espagn. pipa, sorte de mesure ; ital. pipa et piva ; du lat. pipare, crier, piauler. La série des sens est : musette, puis tuyau ; pipe à fumer, puis pipe, mesure de liquide, pipe, tonneau ; et même, dans l'ancien français et le provençal, bâton, barre. L'all. Pfeif ; angl. pipe ; isl. pîpa ; dan. pibe ; gall. et écoss. pib, viennent des langues latines.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.